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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
31.01.2025
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Rubrique "Libres commentaires liturgiques Année III". Suite du billet N°4185.
Extrait de "Commentaires philosophiques des textes de la liturgie catholique, Année III", A.Mendiri, Amazon.
Prochain billet demain lundi 19 septembre.
TEXTES :
Livre d’Amos (8,4-7)
Écoutez ceci, vous qui écrasez le malheureux pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : « Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances. Nous pourrons acheter le faible pour un peu d'argent, le malheureux pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu'aux déchets du froment ! » Le Seigneur le jure par la Fierté de Jacob : Non, jamais je n'oublierai aucun de leurs méfaits.
Lettre de St Paul à Timothée (2,1-8)
J'encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d'État et tous ceux qui exercent l'autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. En effet, il n'y a qu'un seul Dieu ; il n'y a aussi qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous. Aux temps fixés, il a rendu ce témoignage, pour lequel j'ai reçu la charge de messager et d'apôtre - je dis vrai, je ne mens pas - moi qui enseigne aux nations la foi et la vérité. Je voudrais donc qu'en tout lieu les hommes prient en élevant les mains, saintement, sans colère ni dispute.
Évangile selon St Luc (16,1-13)
Jésus disait encore aux disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : "Qu'est-ce que j'apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant." Le gérant se dit en lui-même : "Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n'en ai pas la force. Mendier ? J'aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu'une fois renvoyés de ma gérance, des gens m'accueillent chez eux." Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : "Combien dois-tu à mon maître ?" Il répondit : "Cent barils d'huile." Le gérant lui dit : "Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante." Puis il demanda à un autre : "Et toi, combien dois-tu ?" Il répondit : "Cent sacs de blé." Le gérant lui dit : "Voici ton reçu, écris quatre-vingts." Le maître fit l'éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l'argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n'avez pas été dignes de confiance pour l'argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n'avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent. »
COMMENTAIRE :
« …vous qui écrasez le malheureux pour anéantir les humbles…je n'oublierai aucun de leurs méfaits ». (Livre d’Amos) ; « J'encourage… à faire…des prières…pour… tous ceux qui exercent l'autorité, afin que nous puissions mener notre vie… en toute piété et dignité… car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (St Paul) ; « Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande…. Si donc vous n'avez pas été dignes de confiance pour l'argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ?... Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent. » (St Luc)
« Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’argent ». Nombre de lecteurs considéreront à l’issue d’une lecture sans doute trop rapide qu’il s’agit là de propos bien intentionnés mais angéliques. Chacun connaît la nécessité et l’utilité de l’argent afin d’assurer le cours ordinaire de la vie. Certes, nous pouvons toujours espérer une société où l’argent deviendrait inutile. L’utopie proposée par Marx va dans ce sens. Celui-ci décrit un processus possible du cours de l’histoire où à l’issue de luttes révolutionnaires pour abolir les conditions d’exploitation que subit l’humanité et grâce aux progrès continus des technologies, le travail contraint se verra aboli et les biens nécessaires à la vie quotidienne produits par des robots et ce, en abondance. Les luttes internes aux sociétés afin de se répartir la pénurie n’auront plus aucun objet et la répartition des biens ne s’effectuera plus selon le travail accompli ou le mérite mais selon les besoins. Dès lors, l’argent ou la monnaie comme médiateurs indispensables afin d’acquérir des biens disparaîtra. Les activités humaines ne seront plus contraintes mais choisies en fonction de ses compétences et de ses goûts. Alors finira la « préhistoire de l’humanité » et commencera sa véritable histoire, celle où celle-ci, libérée de toutes les contraintes sociales, pourra mener ses activités en fonction des besoins de ce qui caractérise l’homme par excellence, à savoir son esprit.
Nous n’aborderons pas ce jour les difficultés conceptuelles liées à ces analyses de Marx ni le caractère purement hypothétique de ce processus puisque selon l’auteur, ce dernier ne pourra s’effectuer que si l’humanité prend conscience des conditions de son exploitation et lutte pour que celles-ci cessent. Remarquons seulement dans l’immédiat qu’il s’agit d’un idéal purement humain où les considérations sur un destin de l’homme en-dehors étroit de ce cadre n’ont évidemment aucune place.
Bien entendu, le texte évangélique ne se situe pas dans cette perspective. Il n’annonce pas ce temps lointain où l’argent n’aura plus ni sens ni nécessité. Il n’appelle pas non plus à renoncer à l’argent ce qui relèverait d’un irréalisme absolu. Les textes qui précèdent l’Évangile du jour soulignent même que Dieu « n’oubliera pas » les méfaits des hommes qui exploitent leurs frères en humanité et appellent ceux qui détiennent une autorité ou un pouvoir quelconque à en faire bon usage afin que les peuples puissent vivre avec le plus de dignité possible, c’est-à-dire à l’abri de l’extrême pauvreté ou de l’indigence.
De quoi s’agit-il alors ? Chacun sait combien nombre d’hommes sont obnubilés par l’argent. Ils le sont parce que l’argent est le moyen pour asseoir son pouvoir sur autrui, sur les rouages de la société et pour se procurer tous les biens et les satisfactions auxquels aspirent les hommes. Tout s’achète, hormis le respect ou l’amour d’autrui. Or, comme nous le rappelle avec force Heidegger, l’homme est un être « pour la mort ». Celle-ci est son horizon inévitable et certain. Dès lors, la plupart des hommes sont traversés par ce violent désir de vie et de jouissance dans le temps qui leur est donné. Cette vie terrestre est un absolu et l’argent qui permet d’accéder aux satisfactions qu’elle peut procurer devient une idole, c’est-à-dire une valeur absolue et en même temps illusoire aux yeux de ceux qui croient en un sens authentique. Nous retrouvons là le culte du « veau d’or » dénoncé par Moïse.
Cette attitude n’a de sens que dans le cadre de l’humanité repliée sur elle-même, coupée de la transcendance, c’est-à-dire inspirée par la seule « chair », cette union indissociable pour les juifs du corps et de l’âme et dont les seuls horizons se limitent à la finitude. Certes, certains d’entre eux demeurent des personnes admirables qui, privées de l’espérance procurée par la certitude ou la présomption ontologique du sens, restent « raisonnables » et voient le cours de leur vie gouvernée comme dirait Platon par « l’intelligence ». Mais ce n’est pas la pente naturelle de la commune humanité.
Car la présence du sens ou la présence présumée de ce sens, non seulement conduit à jeter un regard différent sur la vie ici et maintenant, mais qui plus est ouvre des horizons nouveaux et dépassant les limites de la finitude. Par essence, le sens relève de l’absence de limites et de l’infini ou de l’absolu. Dès lors, les valeurs authentiques, celles découlant de l’«amour agapè », de l’amour gratuit, de l’amour désintéressé, de l’amour qui ne s’achète pas mais qui se donne, du désir de faire du bien sans l’attente d’une contrepartie, peuvent-elles se développer sans artifice, sans contrainte, sans sens du devoir ou d’une quelconque obligation. C’est ce que les textes du Nouveau Testament désignent par le terme de charité. Telle est la véritable richesse, celle délivrée par l’Esprit, cette dimension de notre être lorsque nous sommes reliés à la transcendance, lorsque nous nous la dévoilons, lorsque nous l’accueillons, lorsque nous nous laissons vivifier par elle. Nulle trace de renoncement dans cette démarche, car il s’agit d’une démarche libératrice, d’une démarche où nous ne sommes plus esclaves des biens de ce monde de finitude, où nous sommes dépossédés de soi au profit de ces biens illusoires lorsqu’ils sont absolutisés, mais qui sont accueillis pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des manifestations du sens dès maintenant et destinés à être utilisés avec les lumières de l’Esprit, qui ne confond jamais l’«avoir » et l’ « être ».
A.Mendiri