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4216 L'IRRATIONNEL, OBSTACLE A L'HUMAIN

Publié le 12/10/2022 à 06:06 par cafenetphilosophie Tags : sur bonne vie coup soi chez homme travail société mort heureux nature pouvoir demain

Rubrique "Rationnel et Irrationnel".

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome vII, A.Mendiri (en cours de rédaction)

 

Prochain billet demain jeudi 13 octobre.

 

 

La langue française distingue deux sens très différents concernant le terme d’irrationnel. Le sens le plus courant d’irrationnel renvoie à ce qui est contraire à la raison. Par exemple si je crains qu’un parapluie ouvert au sein d’une lieu clos provoque un malheur, il s’agit d’une superstition car il n’y a aucune raison de l’ordre de la raison qu’il existe un tel lien de causalité entre ces deux évènements. Cette conclusion est contraire au bon sens et s’avère purement arbitraire, autrement dit ne s’appuie pas sur des raisons clairement identifiables.

Mais il y a un second sens d’irrationnel, à savoir ce qui est non pas contraire à la raison mais étranger à elle. Un exemple simple suffira à saisir en quoi consiste ce caractère étranger. Supposons que nous désirions faire comprendre à un aveugle de naissance ce qu’est une couleur quelconque. Aucun mot du langage usuel, aucun raisonnement n’y parviendront. Il en va de même du physicien qui est parfaitement capable de nous indiquer à quelle longueur d’onde correspond une couleur donnée mais qui qui ne peut nous expliquer pourquoi à telle longueur d’onde correspond telle couleur et non pas une autre. Bref une sensation comme une couleur s’éprouve mais ne se prouve pas. Il s’agit là d’une réalité étrangère aux compétences de la raison.

Commençons par examiner l’origine et le rôle de l’irrationnel comme contraire à la raison chez l’homme. Il nous faut pour cela rappeler les caractéristiques originales de celui-ci. L’homme est dépourvu d’instincts c’est-à-dire de canalisations naturelles de l’agressivité dont il a hérité de l’animal. Ce dernier possède l’agression comme comportement vital destiné à protéger son territoire et donc sa source de nourriture, mais aussi en vue de capturer ses proies et enfin chez les mâles pour déterminer le mâle dominant et donc celui qui pourra féconder les femelles de son espèce. Cela amène certes à des combats entre mâles mais les dominés se retirent et de tels combats n’aboutissent qu’accidentellement à la mort d’un des deux protagonistes.

Chez l’homme il n’y a pas de canalisations naturelles de l’agressivité. La sélection naturelle de type darwinien n’a pas conservé des instincts qui lui seraient inutiles puisque l’homme possède grâce à son intelligence des capacités d’adaptation quasi illimitées. Des instincts constitueraient un frein avec les rigidités que cela suppose à cette adaptation. Mais cela a pour conséquence que seule l’espèce humaine connaît la guerre intraspécifique, la torture, la vengeance, le viol, les crimes. Il peut mettre son individualité en danger mais également la survie de son espèce par ses comportements. L’homme est l’animal le plus dangereux pour l’homme. L’homme, comme le soutenait Hobbes, est un loup pour l’homme.

Il est vrai qu’a contrario il peut être l’auteur de comportements héroïques, très nobles, sacrifiant délibérément sa vie pour une cause ou au service d’autres personnes. Toujours est-il que tous ses comportements ceux jugés habituels ou les comportements extrêmes que nous venons d’évoquer sont colorés voire exacerbés par des facteurs culturels touchant aux croyances, aux opinions, aux idéologies diverses et variées, au désir de possession et de conquête, mais également au besoin de reconnaissance par autrui, besoin lié à son statut d’être conscient.

Bettelheim souligne qu’une personne qui entretient de mauvaises relations avec elle-même, c’est-à-dire qui ne s’aime pas, qui se vit comme dépourvu de valeur entretient corollairement de mauvaises relations avec autrui. C’est sans doute une des causes fondamentales des actes de délinquance. A l’opposé une personne qui entretient de bonnes relations avec elle-même, qui estime qu’elle vaut le coup, entretient de bonnes relations avec autrui. Or les bonnes ou mauvaises relations qu’un individu entretient avec lui-même sont tributaires pour une large part du regard porté sur lui par autrui.

Ainsi, tous ces comportements erratiques, qui relèvent de la violence, sont contraires à la raison, c’est-à-dire à ce que nous enseigne à froid cette faculté concernant notre intérêt ainsi que celui de la société sans laquelle nous ne serions pas véritablement des hommes, puisque c’est la société qui permet de développer en nous toutes les potentialités de l‘espèce ainsi que nos propres potentialités, comme un langage faute de disposer d’une langue naturelle, comme la pensée qui ne s’actualise que par la médiation du langage, comme les valeurs qui nous sont transmises et qui nous hissent au- dessus de notre agressivité primaire, comme les diverses compétences nous insérant au sein d’une communauté dont nous bénéficions du partage des tâches qu’elle instaure.

Il est vrai que si nous n’avons plus d’instincts notre recherche de satisfactions s’exprime sous forme de pulsions Une pulsion n’est pas un instinct. C’est une force intérieure impérieuse qui nous pousse à chercher et à trouver des satisfactions, celles-ci étant indéterminées mais devant trouver une issue, quelles qu’elles soient. Nous sommes traversés par des pulsions de vie mais également par des pulsions de mort selon Freud. Les pulsions de vie recherchent des satisfactions positives et les pulsions de mort visent à se faire du mal et du mal à autrui, étant entendu que ces comportements morbides nous apportent également des satisfactions. La pulsion de mort serait naturelle si l’on en croit Freud même si ses successeurs, hormis Mélanie Klein, ont considéré qu’elle était d’origine culturelle.

Voici comment s’exprime Freud à ce propos dans «Malaise dans la civilisation»: «L’homme n’est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d’amour, dont on dit qu’il se défend quand on l’attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de ses données pulsionnelles une bonne somme d’agressivité. Pour lui, par conséquent, le prochain n’est pas seulement un auxiliaire et un objet sexuels possibles, mais aussi un objet de tentation. L’homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son travail sans dédommagements, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ses biens, de l’humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer ».

Et il poursuit en insistant sur le caractère irrationnel de tels comportements:«Cette tendance à l’agression, que nous pouvons déceler en nous-mêmes et dont nous supposons à bon droit l’existence chez autrui, constitue le facteur principal de perturbation dans nos rapports avec notre prochain ; c’est elle qui impose à la civilisation tant d’efforts. Par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine...les passions pulsionnelles sont plus fortes que les intérêts rationnels».

Les théories des sciences humaines contemporaines comme celle de Freud valident les conceptions philosophiques de Platon, le fondateur de la pensée philosophique au V° siècle av J.C. Pour ce penseur, l’essence de l’homme, ce qui le distingue des autres espèces, c’est la raison. Non la raison calculatrice, celle qui recherche les meilleurs moyens en vue d’assouvir ses désirs ou ses passions irrationnelles. Car la réflexion ainsi que l’expérience de la vie nous apprennent assez que désirs et passions peuvent parfois nous apporter des satisfactions immédiates mais non un bonheur authentique qui consiste à servir nos intérêts véritables. «Car, tous tant que nous sommes, nous désirons être heureux».

Car l’usage de la raison tel que nous venons de le décrire nous conduit à être rationnel mais au service de la monstruosité parfois. La raison revendiquée par Platon est celle qui fixe les fins, qui dicte notre conduite, qui réfléchit à la nature de son bien véritable, qui examine, juge et contrôle désirs et passions afin de savoir dans quelle mesure et comment il est possible de leur donner une suite favorable. «L’intelligence, dit Platon, doit tenir le gouvernail», en vue de faire ce que l’on veut, c’est-à-dire être heureux et pas seulement ce qui nous plaît et qui nous conduit à ne plus être conforme à notre nature profonde, à ne plus être vraiment humain mais au contraire à nous complaire dans les désordres de la conduite et à sombrer dans l’inhumain.Une telle conduite est raisonnable. Il ne faut pas confondre le rationnel et le raisonnable.

En d’autres termes un homme conforme à son essence voit les trois parties qui symboliquement le composent, le ventre lieu des désirs, le cœur lieu des passions, la tête lieu de l’intelligence à respecter une hiérarchie naturelle: les désirs pour être vraiment humains doivent être subordonnés aux sentiments; les sentiments pour savoir s’ils sont conformes aux exigences éthiques de l’humain doivent être subordonnés à l’intelligence. Sans le respect de cet ordre, sans cette maîtrise, l’homme court à sa perte.

C’est précisément la nécessité de cette maîtrise que Calliclès, un personnage vraisemblablement fictif de Platon dans son œuvre «Le Gorgias», conteste violemment: «Pour bien vivre, objecte-t-il, il faut entretenir en soi-même les plus fortes passions au lieu de les réprimer. Mais cela, sans doute, n’est pas à la portée du vulgaire: de là vient que la foule blâme ceux qu’elle rougit de ne pouvoir imiter, dans l’espoir de cacher par là sa propre faiblesse...La vérité...la voici... la vie facile, l’intempérance, la licence, quand elles sont favorisées, font la vertu et le bonheur».

En somme Calliclès attribue au ressentiment, qui consiste à critiquer ce que l’on rêve de posséder ou d’être, le fait de vouloir être raisonnable. Pourtant pratiquer la maîtrise de soi ne relève pas d’un souci moral mais vise simplement notre bien véritable et non les illusions suscitées par les intérêts apparents et trompeurs. Encore une fois, le bon et indispensable usage de la raison conduit à rester raisonnable et à ne pas servir la pure rationalité lorsque celle-ci devient l’esclave, c’est-à-dire la propriété, des désirs déréglés et des passions exacerbées.