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4237 L'IRRATIONNEL SOURCE DE SENS

Publié le 02/11/2022 à 06:08 par cafenetphilosophie Tags : sur vie france monde chez homme travail société histoire nature pouvoir demain

Rubrique "Irrationnel et rationnel". Suite du billet N°4230.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome VII, A.Meniri

 

Prochain billet demain jeudi 03 novembre

 

 

La condition humaine, que ce soit sur le plan moral ou politique, est traversée par l’irrationalité conçue comme ce qui est contraire à la raison, c’est-à-dire par les désordres de toutes sortes , ceux suscités par nos intérêts particuliers, par les soucis de servir nos désirs ou nos passions, par tous les excès liés à l‘absence de canalisations naturelles caractérisant notre espèce.

C’est le cas en premier lieu de la vie morale. Nous avons une conscience morale qui nous invite à accomplir notre devoir. Si celle-ci nous enjoint de le faire, c’est bien le signe que ce n’est pas naturel, que cela demande un effort. Bien entendu cet ordre de la raison morale ne sera pas nécessairement ni peut-être fréquemment suivi d’effets. Mais le «Tu dois» de la raison morale nous indique pour le moins que nous pouvons le faire. Les êtres conscients que nous sommes sont libres. Nous pouvons vaincre tous nos désirs immédiats, même les plus impérieux, comme le désir de vie. Ce n’est que la mauvaise foi, ce mensonge que nous faisons à nous-mêmes ou bien la décision délibérée de ne pas tenir compte de cette exigence de la conscience morale qui peuvent nous amener à ignorer l’injonction de celle-ci.

Il en va de même sur le plan politique. Les intérêts particuliers constituent le principal obstacle à la vie démocratique, c’est-à-dire au bon fonctionnement d’un régime politique censé garantir l’intérêt général et donc l’intérêt de chacun, sans compter la liberté naturelle qui selon Rousseau, caractérise tout homme. Une démocratie authentique suppose que chaque citoyen «consulte sa raison avant d’écouter ses penchants», c’est-à-dire tout ce qui fait obstacle au souci du bien public.

Il s’agit donc pour chaque citoyen d’être raisonnable, non pour honorer des valeurs seulement morales, mais également pour servir les intérêts authentiques de la collectivité et par là même les intérêts de chaque citoyen. En faisant cela nous obéissons à la loi tout en restant libres, puisque obéir à la loi revient à obéir à sa propre raison donc à nous-mêmes. Mais cela exige un tel effort que Rousseau juge que seul un peuple de dieux pourrait se gouverner démocratiquement.

C’est cette difficulté que prétend résoudre Montesquieu. Puisque les hommes ne sont pas vertueux ou risquent de ne pas l’être, faisons en sorte que les institutions le soient afin que les hommes, gouvernants et simples citoyens, soient contraints de faire «comme si» ils l’étaient. C’est dans cette optique que Montesquieu proclame que tout pouvoir doit être contrôlé, encadré, limité par un contre-pouvoir afin qu’il n’y ait jamais d’excès de pouvoir suscités soit par l’attrait d’intérêts particuliers ou par un excès de vertu. Un pouvoir ainsi canalisé conduira à des décisions modérées et au service de tous.

Cependant dans ces deux sphères de l’activité humaine, à savoir la vie morale et la politique, tout ce qui s’oppose à la raison, tout ce qui est contraire aux injonctions de celle-ci, tout ce qui incarne en un mot l’irrationnel est donc analysé comme foncièrement négatif, comme destructeur des conditions servant le bien authentique des hommes. Or, des courants de pensée ont, à partir du XIX° siècle, attribué à l’irrationnel un rôle qui pouvait s’avérer positif. C’est ce qu’il nous faut examiner maintenant.

Le premier penseur qui a introduit cette nouvelle problématique concernant le rôle de l’irrationnel c’est Hegel. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cette doctrine s’est développée à cette époque. Les conceptions philosophiques ne sont pas hors sol et expriment à leur manière les exigences de leur temps. Examinons donc le contexte culturel du XIX° siècle. Cela fait alors deux siècles que la science moderne, la science fondée sur la méthode expérimentale et le langage mathématique, est née. Cela a entraîné des applications technologiques qui ont bouleversé l‘économie, bouleversement qui a révolutionné les modes de vie de tous les hommes. Pour la première fois depuis la révolution agricole et la sédentarisation du V° millénaire av J.C, les générations qui se succèdent prennent conscience qu’elles ne vivent plus comme les précédentes ni comme celles qui vont suivre.

En somme, deux idées philosophiques nouvelles vont prendre corps, au moins chez les élites intellectuelles: celle de progrès magnifiée par la philosophie des Lumières au XVIII° siècle ainsi que la notion de l’homme comme être historique et pas seulement naturel. Certes l’idée de progrès suppose que les circonstances nouvelles soient positives pour les hommes et répondent à leurs aspirations. De ce point de vue, il n’est ps sûr que les ouvriers travaillant dans l’industrie perçoivent les choses de cette façon. Mais si on prend du recul, si on met entre parenthèses les souffrances individuelles, la révolution industrielle ouvre des perspectives nouvelles et sans cesse augmentées, sans commune mesure avec la société quasi immuable qui caractérisait la civilisation agricole.

C’est en ce sens que les hommes vont peu à peu prendre conscience qu’ils ne sont plus seulement des êtres strictement naturels mais des êtres historiques, si on appelle histoire ce déploiement du temps où les hommes sont les auteurs des changements qu’ils connaissent dans leur vie sociale. Hegel est donc le penseur de cette époque. C’est un penseur rationaliste. Il prolonge la pensée classique, celle née en Grèce avec Platon notamment mais en introduisant au sein de l’Être, ce qui est vraiment au-delà des apparences, le temps comme dimension essentielle.

Car jusque là le temps était conçu comme étant étranger à l’Être. Le temps n’était que ce qui permettait de mesurer le mouvement. Or le mouvement appartenait à une forme de non-être puisqu’un être en mouvement est à la fois ce qu’il est et en même temps change et donc ne l’est plus. Si le temps exprime l’Être lui-même, cela signifie que l’Être a une histoire, que la raison qui est sa nature profonde possède également une histoire, et qu’il en va de même de la vérité qui se déploie par la médiation de la raison.

En rationaliste dit absolu, Hegel proclame que «tout ce qui est réel est rationnel et que tout ce qui est rationnel est réel». Certes, il n’ignore pas les innombrables manifestations de désordre et d’irrationalité apparente qui caractérisent les phénomènes naturels et historiques. Mais de telles manifestations ne sont pas à vrai dire étrangères à l’Être et sa rationalité profonde. Comment concevoir la pertinence d’une telle conviction philosophique?

Hegel est un philosophe dialectique. Cela signifie de manière un peu jargonnante qu’il part du fait que la notion d’Être ne peut pas se penser sans lui associer de manière consubstantielle celle de non-être. Cette opposition initiale n’est pas figée. Elle est appelée à se dépasser, à engendrer une nouvelle notion qui en même temps conserve l’opposition précédente. Cette nouvelle notion, c’est le mouvement. Et ainsi de suite des paires d’opposition engendreront des notions nouvelles et des êtres nouveaux. Ainsi se déploie l’Être dans le temps.

Dès lors, comme on peut le constater, les phénomènes de non-être relatif, comme le mouvement, ne sont plus étrangers à l’Être mais en expriment un aspect. Hegel en conclut donc que le non-sens et l’irrationalité apparents sont en fait témoignages et source de sens. Hegel propose dans «la Raison dans l’Histoire» un exemple désormais célèbre, celui de l’épopée napoléonienne. Napoléon poursuivait des ambitions personnelles et nationales. En prolongeant les objectifs de la politique extérieure de la monarchie absolue et de la Révolution française, à savoir atteindre les frontières naturelles de la France qui allaient jusqu’à l’embouchure du Rhin, il s’attira l’hostilité des monarchies européennes, ce qui entraîna des guerres allant de Lisbonne à Moscou. En conséquence les jeunes conscrits français, imprégnés des idées de la Révolution répandirent involontairement celles-ci sur l’ensemble de l’Europe. Telle n’était pas l’objectif de Napoléon.Tels furent les résultats. C’est la fameuse «ruse de la raison».

Afin de mieux éclairer sa nature, voici un court extrait de «La raison dans l’histoire»: C’est leur bien propre que peuples et individus cherchent et obtiennent dans leur agissante vitalité, mais en même temps ils sont les moyens et les instruments d’une chose plus élevée, plus vaste qu’ils ignorent et accomplissent inconsciemment...La Raison gouverne le monde et par conséquent gouverne et a gouverné l’histoire universelle. Par rapport à cette raison universelle...tout le reste est subordonné et lui sert d’instruments et de moyen… Il résulte des actions des hommes quelque chose d’autre que ce qu’ils ont projeté et atteint, que ce qu’ils savent et veulent immédiatement. Ils réalisent leurs intérêts, mais il se produit en même temps quelque autre chose qui y est cachée, dont leur conscience ne se rendait pas compte et qui n’entrait pas dans leurs vues».

Ainsi l’histoire a un sens. Du désordre peut sourdre l’ordre, du mal un bien. Marx reprendra ce modèle d’explication mais, dit-il en bon matérialiste, en le rétablissant sur ses pieds. Toute l’histoire humaine peut s’expliquer par des raisons matérielles et économiques. En effet, toutes les sociétés humaines, depuis les origines connaissent une pénurie relative de biens. Cela signifie qu’il n’y a pas assez de biens produits afin de satisfaire les besoins de toute la population. En conséquence, toutes les sociétés humaines feront l’objet de luttes internes afin de se procurer le maximum de bien. C’est la fameuse lutte des classes, une classe sociale se définissant en fonction du statut de ses membres par rapport à la propriété des biens de production, agricole ou plus tard industrielle.

De telles luttes suppose un arbitre afin que la société puisse survivre. Cet arbitre c’est l’État. Mais c’est un arbitre qui siffle toujours dans le sens des intérêts des dominants, non volontairement mais par nécessité. Par exemple, la concurrence au sein du système économique capitaliste exclut la possibilité de mesures favorables pour les exploités ou les dominés. Il faut donc supprimer ce système économique et faire la révolution. Dès lors la lutte des classes, qui incarne une forme de violence, une forme de désordre, est source de progrès. Car les classes dominantes favoriseront les conditions technologiques permettant de satisfaire partiellement la demande des dominés tout en conservant les conditions de leur domination.

Mais de proche en proche, ces luttes, qui ne peuvent se poursuivre que si les exploités prennent conscience de leur exploitation et prennent en main leur destin, aboutissent non seulement à des bouleversements technologiques, à des révolutions dans la structure des relations sociales (avec par exemple passage de l’opposition maître-esclave à celle de seigneurs à serfs, puis de maîtres de jurande à compagnons et enfin à l’opposition bourgeois-prolétaires) pour aboutir, à l’horizon de l’histoire à une société d’abondance où les biens seront distribués en fonction des besoins et non plus en fonction du travail accompli ou du mérite, où la monnaie qui mesure l’inégalité de possession des biens aura disparu ainsi que tout travail contraint puisque les techniques produiront en quantité inimaginable les biens en question. Il n’y aura plus de luttes internes, devenues par le fait même, obsolètes. Ce sera la fin de la préhistoire de l’humanité et le début de sa véritable histoire, celle où les hommes cultiveront librement leurs intérêts, un peu à l’image des citoyens Grecs grâce aux esclaves qui assuraient leur quotidien. Telle est l’utilité, la positivité de la violence interne aux sociétés, violence que les moralistes ont le tort de condamner en bloc, sans autre forme de procès.