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4744 L'USAGE ILLEGITIME DE LA RAISON

Publié le 09/11/2022 à 06:02 par cafenetphilosophie Tags : sur vie moi place monde soi chez mode fond société dieu nature pouvoir demain

Rubrique "Rationnel et irrationnel". Suite du billet N°4737

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome VII, A.Mendiri

 

Prochain billet demain jeudi 10 novembre.

 

 

L’irrationnel conçu comme contraire à la raison est un obstacle à surmonter concernant la vie morale et politique de l’homme. Cependant, certains courants philosophiques considèrent que les phénomènes de désordres, des formes de violence, des comportements qui n ‘apparaissent pas raisonnables, constituent en fin de compte des facteurs favorisant le progrès humain. C’est le cas, chez Hegel, de la ruse de la raison universelle qui gouverne le monde et qui utilise les intérêts particuliers des hommes, leur irrationalité à son service afin d’atteindre ses fins propres. C’est le cas chez Marx où la lutte des classes, conséquence inévitable de la pénurie des biens caractérisant les sociétés humaines depuis les origines conduit in fine celles-ci vers l’abondance et le terme de ces luttes, devenues sans objet.

Dans ces deux cas de figure il s’agit de la première acception de la notion d’irrationalité, à savoir ce qui se présente comme contraire à la raison, comme ce qui fait obstacle à ses fins mais qui pour d’autres apparaît au contraire comme un auxiliaire d’ intérêts supérieurs réalisant en fin de compte les aspirations humaines les plus conformes à un ordre rationnel.

Cependant, il existe un deuxième sens du terme d’irrationnel. C’est ce qui est non pas contraire à la raison mais étranger à elle. L’exemple le plus simple pour faire comprendre de quoi il s’agit renvoie à une qualité sensible comme une couleur quelconque où langage usuel et raisonnement s’avèrent inaptes à faire comprendre à un aveugle de naissance de quoi il s’agit. C’est une réalité qui se situe en-dehors des possibilités d’explication de la raison et du langage.

Dans cet esprit, il y a des pans entiers de la culture humaine où l’usage de la raison est illégitime, où il n’est pas justifié, où il n’a pas sa place. C’est le cas notamment de la métaphysique, tout au moins si nous prenons en considération la théorie de la connaissance de Kant. Rappelons d’abord en quoi consiste la métaphysique. Gusdorf (XX° siècle) en propose une excellente définition : « Chaque fois qu’on interprète la nature de l’homme et son destin, chaque fois que l’on parie sur Dieu ou contre lui, on extrapole, on se prononce sur les fins dernières de l’homme. On donne un sens à l’existence, en posant la question du « pourquoi » (sous-entendu pour quelles raisons) et non plus celle du comment » (sous-entendu le mode de fonctionnement).

Or pour Kant, l’usage de la raison est illégitime pour traiter de ces questions Qu’est-ce qui l’amène à ces conclusions ? Kant constate que la métaphysique, fondée sur l’analyse purement rationnelle, c’est-à-dire en s’appuyant sur la seule raison ou ce qu’il appelle la raison pure, est stérile. En effet, les analyses en question n’aboutissent à aucune conclusion sûre, à aucun savoir, mais tout au contraire à des systèmes de pensée différents et qui se réfutent le uns les autres.

Pourtant, ce n’est pas la raison en elle-même qui est en cause. Car celle-ci est extraordinairement féconde en mathématiques et en sciences expérimentales où elle est utilisée afin d’inventer des hypothèses ou des dispositifs expérimentaux. Si elle n’a pas le même succès en métaphysique, c’est que la raison n’est pas faite pour cela. Comment expliquer cet échec ?

En effet, nous comprenons comment fonctionne la nature. Comprendre, c’est pouvoir prendre ensemble ce qui est séparé. Par exemple si je lance un caillou contre un carreau et que le carreau se casse, je comprends ce qui se passe grâce au principe de causalité qui relie les deux phénomènes séparés. Je comprends que le carreau s’est cassé parce que le caillou a été lancé. Ce « parce que » est une structure innée de notre esprit ou de notre entendement, c’est-à-dire de la faculté qui permet de comprendre, car ce n’est pas à force de percevoir la succession des deux phénomènes que l’idée de causalité naîtra en moi. L’expérience répétée, l’expérience empirique ne peut pas m’offrir ce qu’elle ne contient pas par elle-même. Le principe de causalité ne peut provenir que de mon esprit. Il est a priori, c’est-à-dire qu’il est posé avant même toute expérience. L’animal, un chien par exemple, percevra une succession, un caillou lancé et un carreau cassé et non une relation de causalité.

Le sujet, par la médiation de l’entendement, donne forme aux réalités que nous percevons. Notre connaissance possible se restreint donc à ce que nous pouvons percevoir. Par exemple, si nous utilisons le principe de causalité au sujet de réalités qui échappent à notre perception, si nous disons que puisque tout a une cause, le monde a une cause et cette cause est Dieu, notre raisonnement est stérile, car le monde dans sa totalité et Dieu ne sont pas des objets de la perception.

En conséquence la raison n’a rien à dire sur ces questions. Pourtant, la raison est traversée par un besoin de trouver des explications, d’autant plus lorsqu’il s’agit de questions qui engagent le sens de l’existence. Ce besoin la pousse à en proposer au-delà de sa sphère de compétence. Mais ce sont des réponses illusoires et illégitimes. C’est en ce sens que la métaphysique est stérile.

Nous connaissons un autre domaine où le recours à la raison est également illusoire et illégitime. C’est le domaine de la connaissance de soi grâce à l’introspection ou à la conscience de soi. En effet, avec les théories de Freud sur la nature, le rôle, le fonctionnement de l’inconscient psychique, tout recours à la seule conscience de soi en vue de nous connaître est une démarche qui n’a pas de sens. Bien entendu, de même qu’il faut admettre pour vraie la théorie de la connaissance de Kant pour avaliser ses conclusions concernant la démarche métaphysique, il faut accepter les théories de Freud concernant l’inconscient pour délégitimer tout discours de la conscience sur nous-mêmes.

«Pour bien comprendre la vie psychique, Freud affirme dans «L’interprétation des rêves» qu’«il est indispensable de cesser de surestimer la conscience. Il faut...voir dans l’inconscient le fond de toute vie psychique...L’inconscient est le psychique lui-même et son essentielle réalité. Sa nature intime nous est aussi inconnue que la réalité du monde extérieur, et la conscience nous renseigne sur lui d’une manière aussi incomplète que nos organes des sens sur le monde extérieur».

Freud propose dans «Cinq leçons de psychanalyse» des cas très simples et courants de comportements quotidiens auxquels, selon lui, nous attribuons des explications ou des interprétations fallacieuses et dont pourtant le sens nous échappe complètement. C’est le cas par exemple «d’oublis inexplicables (par exemple l’oubli momentané de noms propres), les lapsus linguae, les lapsus calami, les erreurs de lecture, les maladresses, la perte ou le bris d’objets, etc, toutes choses auxquelles on n’attribue aucune cause psychologique, qu’on considère simplement comme les résultats du hasard, des produits de la distraction, de l’inattention, etc. A cela s’ajoute encore les actes et les gestes que les hommes accomplissent sans les remarquer, et, à plus forte raison, sans y attacher d’importance psychique: jouer machinalement avec des objets, fredonner des mélodies, tripoter ses doigts, ses vêtements… Ces petits faits… expriment des pulsions et des intentions que l’on veut cacher à sa propre conscience… C’est par eux que l’homme trahit le plus souvent ses secrets les plus intimes».

Il faut cependant remarquer une grande différence entre l’usage illégitime de la raison concernant la métaphysique et concernant l’inconscient. Il est vrai que dans les deux cas, cet usage illégitime de la raison n’a de sens que si l’on admet pour vraies la théorie de la connaissance pour la première et la théorie de l’inconscient telle que l’a développé Freud pour la seconde. Il s’agit donc d’une illégitimité hypothétique ou sous condition. Mais si on retient la véracité des deux conceptions en question, l’illégitimité de l’usage de la raison en métaphysique conduit à renoncer à avoir des réponses théoriques sur les questions métaphysiques. La réalité telle qu’elle est par exemple au-delà de que je puis en connaître grâce aux structures de mon esprit qui donnent formes aux données de mon expérience relève de l’inconnaissable.

Tel n’est pas le cas à propos de l’inconscient. Certes, le contenu de l’inconscient psychique échappe à la conscience du sujet et ce, précisément parce que la conscience en question censure, refoule dit Freud ce qui gênerait mon équilibre conscient. Mais c’est le but de la cure psychanalytique de briser peu à peu les résistances de la conscience afin de dévoiler le contenu de l’inconscient. Dès lors, dans le cas de l’inconscient l’usage illégitime de la raison consciente afin de prétendre me connaître ne conduit pas à affirmer que l’inconscient est inconnaissable. Il est tout au plus inconnu du sujet conscient mais il peut être dévoilé par un thérapeute.

Reste un autre domaine où l’usage de la raison, tout au moins de la raison morale serait illégitime, c’est l’activité politique. C’est là le point de vue soutenu par Machiavel (XVI° siècle) dans son ouvrage «Le Prince». Ce philosophe politique a été souvent incompris. Machiavel n’est pas un immoraliste par principe. Il considère simplement que le devoir impérieux de tout gouvernant consiste à garantir la paix civile et la stabilité de l’État qui en est le garant.

Or pour ce faire, il convient d’avoir le souci de l’efficacité et de choisir les moyens les plus appropriés pour parvenir à de tels objectifs. Dès lors, si Machiavel prétend que la morale n’a pas sa place au sein de l’action politique c’est dans la mesure où il considère que l’immense majorité des hommes et donc des gouvernés ne sont pas réellement moraux. Dès qu’ils en ont l’occasion lorsque leurs intérêts sont en jeu, ils font fi des exigences morales. Vouloir que la politique qui a pour mission de fixer les fins collectives d’une société et les meilleurs moyens pour y parvenir soit subordonné aux lois que nous prescrit la raison morale conduit à sombrer dans l’irréalisme, à ne pas tenir compte des réalités humaines effectives et par là même, avec les meilleures intentions du monde, à mettre en danger l’autorité de l’État.

Machiavel s’exprime de la manière suivante concernant les rapports entre la politique et la morale:«si tous les hommes étaient des gens de bien, mon précepte serait condamnable». Cependant il peut être utile que le prince fasse semblant d’être moral. S’il l’était vraiment, cela «lui porterait préjudice; mais si ce sont de simples apparences, il en tirer profit. Ainsi, tu peux sembler-et être réellement -pitoyable, fidèle, humain, intègre, religieux: fort bien; mais tu dois avoir entraîné ton cœur à être exactement l’opposé, si les circonstances l’exigent».

Ainsi, dans le cas des rapports morale-politique, l’usage de la raison morale est aux yeux de Machiavel illégitime uniquement parce que cet usage est inadapté pour la fonction politique. Il est seulement possible d’être moral dans les circonstances où cela n’entraîne pas des conséquences fâcheuses pour les objectifs politiques poursuivis. Bien entendu, cette conception de Machiavel est tributaire de l’idée qu’il se fait de la nature humaine. De plus sa faiblesse réside dans le fait qu’il n’a pas proposé comme Montesquieu plus tard des institutions qui contraignent les gouvernants, qui sont eux aussi des êtres immoraux, à faire comme si ils étaient vertueux alors qu’au fond d’eux-mêmes ils ne le sont pas.