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Rubrique"Les fondements de la violence". suite du billet N°4239.
Extrait de Philosophie pour tous, Tome VII, A.Mendiri, Amazon.
Prochain billet demain samedi 12 novembre
La violence est au cœur de la condition humaine. La pensée classique en fait un phénomène purement négatif, source de destruction des vies individuelles et potentiellement de l’ordre social. Mai avec Hegel au XIX° siècle apparaît une idée nouvelle : la violence et tous les phénomènes de désordre en général peuvent être les vecteurs d’un ordre nouveau, sont appelés à servir in fine les exigences de la raison.
Il faut rappeler que Hegel soutient un rationalisme absolu. « Tout ce qui est réel est rationnel et tout ce qui est rationnel est réel ». Seulement il fait du temps et donc de l’histoire, des caractéristiques constitutives de l’Être, de ce qui est vraiment au-delà des apparences. Dès lors, l’Être, la vérité, la Raison qui l’exprime ont une histoire et se déploient progressivement dans le temps. Elles ne sont plus figées au sein d’une éternité immobile comme c’était le cas dans le cadre de la pensée classique, celle de Platon notamment.
Mais il y a plus. Hegel développe une pensée dialectique selon laquelle toute réalité conceptuelle ou naturelle suppose son contraire et de cette dualité surgit une réalité nouvelle qui la dépasse en la conservant. L’ordre suppose un désordre et de cette relation est engendrée un ordre nouveau qui dépasse en le conservant la dualité précédente. En somme, les phénomènes de désordre ne sont pas extérieurs ou étrangers à l’Être rationnel. Ils en sont les vecteurs incontournables et involontaires.
C’est ainsi que Napoléon en voulant faire aboutir ses ambitions a atteint un but qu’il ne visait pas, à savoir répandre les idées de la Révolution française sur l’ensemble du continent. C’est là l’expression de la ruse de la raison qui utilise à son service à la fois le bien mais également le mal afin réaliser ses objectifs propres.
Marx sera un héritier de Hegel. Il prétend simplement remettre Hegel sur ses pieds, c’est-à-dire substituer à une interprétation rationaliste de l’histoire une interprétation matérialiste.Le matérialisme de Marx s’avère à bien des égards original par rapport au matérialisme classique, notamment celui développé au cours du XVIII° siècle notamment par Diderot, d’Holbach ou La Mettrie.
Examinons en premier lieu les idées clefs du matérialisme de Marx. Pour lui, en bon matérialiste, les conditions matérielles d’existence et donc les structures d’organisation économique ou ce qu’il appelle l’infrastructure engendrent le monde des idées, la superstructure, que ce soit les croyances religieuses, les conceptions philosophiques, les valeurs morales, les opinions politiques et même l’évolution des idées scientifiques ou techniques, tributaires des besoins de l’humanité du moment.
Mais il reprend la démarche dialectique de Hegel. Le monde des idées ou la superstructure modifie en retour l’infrastructure ou les conditions matérielles d’existence. Cette causalité circulaire est constitutive d’un mouvement historique d’ensemble qui est facteur de progrès et qui par conséquent assigne un sens à l’histoire des hommes. Comme on peut le constater, la démarche matérialiste de Marx est originale puisque elle prétend s’appuyer sur des faits afin d’étayer ses thèses et lui donner ainsi un caractère scientifique mais elle porte en même temps un jugement de valeur sur le déroulement historique de ces faits en assignant à l’histoire humaine un sens, même si c’est un sens qui résulte de causes strictement matérielles.
Quels sont les processus historiques sur lesquels s’appuie Marx et son collaborateur Engels afin de proposer une interprétation matérialiste de l’histoire ? Marx part du constat suivant : depuis les origines de l’humanité, toutes les sociétés ont connu une situation de pénurie relative à propos des biens produits. Cela signifie qu’il n’y a jamais eu suffisamment de biens afin de satisfaire les besoins de l’ensemble d’une population.
Cette situation matérielle entraîne plusieurs conséquences. En premier lieu, les sociétés connaîtront une répartition inégale des biens mis à disposition. Cela est dû en particulier à la civilisation agricole et à la sédentarisation qui voient apparaître la propriété de la terre, propriété qui se retrouve dans les mains d’une élite sociale. Ainsi se voient constitués les éléments matériels d’une lutte interne aux différentes sociétés afin de s’approprier le maximum de biens. Au sein de chaque société des classes sociales se constituent et s’opposent si on appelle classe sociale le statut des différents membres d’une société donnée par rapport à la propriété des moyens de production, les terres agricoles en premier lieu, les usines plus tard en second lieu. Une société quelconque est donc composée de ceux qui possèdent la propriété des moyens de production et de ceux qui ne disposent de rien d’autre que de leur force de travail.
Voici comment Marx s’exprime à ce propos dans « Le Manifeste du parti communiste » de 1848 : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes.Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande (N.B : les maîtres des corporations) et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte… La société bourgeoise moderne...a simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en plus en ...deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat ».
Cette lutte interne aux sociétés nécessite qu’elle soit contenue sans quoi la société ne pourrait subsister. Or, l’homme est un être social puisque les potentialités de son espèce ne peuvent s’épanouir qu’au sein de la société. L’arbitre des conflits internes à une société, c’est l’État. Engels souligne que « pour que les antagonismes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas, elles et la société, en une lutte stérile, le besoin s’impose d’un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit,le maintenir dans les limites de « l’ordre » : et ce pouvoir, né de la société, mais qu se place au-dessus d’elle et lui devient de plus en plus étranger, c’est l’État ».
Néanmoins, cette lutte des classes, ce conflit ouvert entre classes sociales est un facteur de progrès. En effet, la classe dominante se préoccupe de créer des conditions de production, notamment technologiques, afin de produire davantage de biens afin de satisfaire les besoins de plus en plus pressants des dominés tout en conservant leur domination et leurs avantages concernant la répartition des biens.
Cependant, ce processus provoque de temps à autre des transformations sociales brutales, des points de rupture marquant le passage d’un type de société à un autre. Cette violence interne se présente donc comme le moteur de l’histoire et un facteur de progression de l’humanité dans la production toujours plus importante de biens. La violence en question ne peut donc faire l’objet d’un jugement moral qui la condamnerait et ce pour deux raisons : Elle est issue de nécessités matérielles et non de la volonté des hommes qui témoignerait par là d’une supposée méchanceté naturelle ; de plus, elle est par excellence le vecteur du progrès matériel des sociétés en question.
Ce processus historique connaîtra-t-il un terme ? Marx annonce que si ce processus se poursuit il aboutira à une société d’abondance, c’est-à-dire une société où il n’y aura plus de conflits internes, où les biens seront distribués en fonction des besoins et non plus en fonction du travail accompli ou du mérite, où il n’y aura plus de monnaie puisque celle-ci n’est que la mesure de l’inégale répartition des biens, où le travail contraint aura disparu, les progrès technologiques permettant une production illimitée et en peu de temps d’une quantité prodigieuse de biens.
Certes, cette notion d’abondance interroge. Correspond-elle à la satisfaction des seuls besoins vitaux ? Mais ces derniers ne sont-ils pas jugés en fonction des moyens qu’offre une époque ? Si c’est le cas, la création de nouveaux besoins pourra-t-elle avoir un terme et effacera-t-elle l’impossibilité que l’ensemble de la population y ait accès d’emblée ruinant l’idée de fin des conflits internes et de la nécessité du travail contraint afin de les satisfaire à terme ? Cet objectif n’est-il pas une utopie, un simple horizon, cette ligne imaginaire qui s ‘éloigne au fur et à mesure que l’on avance ? Toujours est-il que pour Marx la société d’abondance signe la fin de la préhistoire de l’homme et le début de sa véritable histoire, celle qui le verra cultiver ses intérêts hors nécessité à l’image du citoyen grec qui disposait pour cela d’esclaves. L’activité humaine ne sera plus un travail, c’est-à-dire une activité non choisie mais correspondra à ce que les Grec désignaient comme étant un loisir,
Maisl’aboutissement de ce processus de libération de toutes les contraintes incarnées par la société d’abondance suppose que le régime économique capitaliste soit aboli. Car l’exploitation des dominés par les dominants n’est pas un problème d’ordre moral. Des gouvernants ou des patrons d’entreprise peuvent avoir ici ou là des intentions généreuses. Mais celles-ci sont réduites à néant par les nécessités du système économique, notamment par les lois de la concurrence qui ruinent ce type de tentative. Certes, il est vrai que le système capitaliste, précisément à cause de la concurrence et des contradictions qu’elle suscite creuse sa propre tombe, selon Marx. Il n’en resta pas moins vrai que si les dominés ne prennent pas conscience de leur exploitation, le processus historique de libération peut s’interrompre. La nécessité de la prise de conscience souligne que les hommes ont leur destin en main et l’importance de la constitution d’un parti révolutionnaire afin d’organiser les luttes sociales.
En revanche, si un tel processus poursuit son cours, le prolétariat « s’emparera, écrit Engels dans « l’Anti-Düring », du pouvoir d’État et transformera les moyens de production en propriété d’État… Mais par là il se supprimera lui-même en tant que prolétariat ». Dès lors, « l’intervention d’un pouvoir d’État dans des rapports sociaux devient superflus dans un domaine après l’autre, et entre alors naturellement en sommeil. Le gouvernement des personnes fait place à l’administration des choses … L’État n’est pas aboli, il s’éteint ». Tel est d’ailleurs le point de rupture avec les anarcho-syndicalistes qui estiment que l’abolition de l’État doit suivre immédiatement la suppression du système économique capitaliste car tout État, y compris prolétarien, est par nature un système d’oppression.
Toujours est-il que la pensée marxiste fait de la lutte des classes et donc de la violence non pas un facteur parmi d’autres du progrès comme c’est le cas chez Hegel mais la condition exclusive de la libération de l’humanité de ses chaînes.