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4259 GENESE, SOLIDITE, AUTHENTICITE DU LIEN SOCIAL

Publié le 24/11/2022 à 06:00 par cafenetphilosophie Tags : sur bonne vie france soi société nature pouvoir demain

Rubrique" Nécessité et limite de la loi". Suite du billet N°4252.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome III, A.Mendiri, Amazon.

 

Prochain billet demain vendredi 25 Novembre

 

 

 

 

 

Les sociétés contemporaines connaissent un rapport à la loi assez différent de celui que connaissaient les premières sociétés humaines. Les sociétés contemporaines distinguent en effet une sphère publique et une sphère privée. De plus, les lois sont écrites et créées par un Etat ou un pouvoir politique. Cette distinction entre sphère publique et privée d’une part et cette notion d’Etat demandent à être précisées.

 

Commençons par la notion d’Etat. Le langage courant a tendance à utiliser un même terme afin de désigner deux réalités différentes. Un Etat peut renvoyer à un territoire donné soumis aux mêmes lois ou plus précisément au même pouvoir politique. C’est ainsi que l’on évoquera la réunion des Etats européens lors d’une conférence quelconque. Mais un Etat peut renvoyer à la seule dimension des lois, de leur origine, de leur défense, des conditions de leur application. A ce titre un Etat est un ensemble d’institutions ayant précisément pour fonction de créer des lois, de les faire appliquer, de les défendre à l’intérieur de frontières territoriales bien délimitées ou vis-à-vis d’ennemis extérieurs. Un Etat ainsi considéré possède une tête, à savoir un pouvoir politique, c’est-à-dire des dirigeants et des assemblées plus ou moins délibératives, et différents membres comme une administration chargée de faire appliquer les lois, des instances judiciaires destinées à régler les différends entre membres de la société ou bien entre ces membres et l’Etat, une police qui incarne la force interne faisant respecter la loi vis-à-vis des récalcitrants, une armée ayant pour mission de défendre la loi, c’est-à-dire indirectement la manière de concevoir les rapports sociaux sur un territoire donné, vis-à-vis d’autres Etats. La plupart des membres de ces institutions portent symboliquement un uniforme afin de souligner que les décisions qu’ils prennent ne les engagent pas à titre personnel mais ne sont que l’expression des lois uniformes qu’ils représentent et défendent.

 

Certes, ces deux notions de l’Etat peuvent apparaître, au premier abord, assez proches, mais pourtant elles correspondent à des réalités idéologiquement distinctes. C’est ainsi que le courant anarchiste ne contesterait pas l’Etat-territoire régi par les mêmes règles d’organisation mais refuse catégoriquement l’Etat comme institutions spécialisées destinées à créer, faire appliquer et défendre les lois. Pour eux ces institutions ne servent que des intérêts économiques dominants et non l’intérêt général. Les règles sociales doivent être décidées directement par l’ensemble des acteurs sociaux intéressés et non par des institutions créées soi-disant dans ce but mais qui, en réalité, en poursuivent d’autres, beaucoup moins nobles. Nous y reviendrons.

 

D’ailleurs, il faut bien reconnaître que les sociétés comme les nôtres n’ont pas toujours connu l’Etat entendu comme ensemble d’institutions spécialisées telles que nous les avons décrites ci-dessus. Un Etat de ce type suppose des territoires relativement étendus et une population nombreuse d’une part et une vie sociale assez complexe du point de vue de la division sociale des tâches. Cela exclut les premières sociétés qui ne répondaient à aucun de ces deux critères ainsi que les sociétés dites féodales par exemple régie par un « seigneur » et ce sur un territoire restreint et essentiellement peuplé de paysans, le seigneur ayant comme charge essentielle de les protéger au sein d’un château de défense en cas de besoin, ce pouvoir de protection étant rétribué par la possibilité de lever l’impôt. C’est ainsi qu’à la suite de la chute de l’Empire romain au IV° siècle, l’Europe n’a plus connu de véritables Etats pendant longtemps, seule l’Eglise étant demeurée une institution stable et relativement solide dans la tourmente, ce qui explique qu’elle se soit chargée et emparée pendant des siècles de services sociaux aussi importants que l’éducation et la santé. Ce n’est qu’au XIII° siècle, avec Philippe-Auguste en France, qu’un embryon d’Etat fut instauré et ce fut l’œuvre de la monarchie absolue de créer de toutes pièces et progressivement l’Etat français dont la Révolution française et l’Empire furent les héritiers et qui poursuivirent et renforcèrent ce long et sans doute indispensable projet.

 

Voyons maintenant ce qu’il en est de la distinction entre la sphère publique et la sphère privée. L’idée même de sphère privée suppose que les individus composant la société possèdent une marge d’initiative personnelle ou, si l’on préfère, que toutes les activités conduites par ces individus ne soient pas régies par des règles sociales. Et si on y réfléchit quelque peu, ce domaine d’action non régi par des règles communes ou des lois est très large. Aucune loi ne fixe l’heure où je dois me coucher ou me lever, dès lors que ce choix n’interfère pas avec mes obligations sociales. Aucune loi ne m’indique si je dois entretenir mes dents ou plus encore si je dois utiliser un dentifrice et si oui lequel précisément. Aucune loi ne m’impose la composition de mon repas et des achats que je dois opérer en conséquence. Aucune loi ne m’oblige à saluer mon voisin. Aucune loi ne m’astreint à visionner telle ou telle chaîne de télévision et ainsi de suite, car une telle litanie serait infiniment longue et fastidieuse.

 

C’est d’ailleurs en ce sens que Hobbes (XVI° siècle), théoricien d’un Etat autoritaire afin de préserver la société, selon lui, des dangers suscités par les hommes « méchants » par nature qui la composent, pouvait dire que l’homme est libre à la fois parce qu’il vit en sécurité grâce aux dispositions prises par cet Etat autoritaire mais également par la liberté d’initiative dont il dispose pour la plupart des actes qu’il a à accomplir lors d’une journée.

 

Certes, il serait possible d’objecter à ce type d’analyse, que les individus, à défaut d’obéir à des lois, sont soumis à des coutumes, des traditions voire des croyances qui limitent cette marge d’initiative mais il n’en reste pas moins vrai qu’il ne s’agit aucunement de la loi en l’occurrence. Bref, l’existence de cette sphère d’activités privées conduit à opposer ce qui relève de l’Etat, source de la loi, et de la société dite « civile », c’est-à-dire à l’abri de « l’uniforme » qui symbolise l’autorité de la loi.

 

Cependant, la notion de sphère privée ne se limite pas à ces simples considérations. Elle renvoie à une autre dimension, beaucoup plus intériorisée, et qu’on désigne par la morale. Depuis tout particulièrement l’avènement du christianisme, est apparue et s’est développée la notion de personne, autrement dit d’un être libre et responsable de ses actes et qui amène à distinguer les actes accomplis conformément aux règles sociales, aux lois, ou bien les actes accomplis en fonction de ce que les croyances communes ou les représentations collectives attendent des individus dans la sphère privée et ce qu’ils vivent intérieurement, autrement dit à leur degré de sincérité et d’adhésion à ces règles de toute nature.

 

Bref est apparu la distinction entre la sphère politique et sociale et la sphère morale. Autrement dit, toute la question est de savoir si un individu donné obéit aux lois ou bien aux coutumes sociales par peur du regard d’autrui ou de la sanction, ou bien s’il le fait par conviction, son comportement restant alors le même lorsque des circonstances particulières balaient l’ordre social ou bien autorisent à des violations de ces règles en toute impunité. Nous retrouvons là la problématique soulevée par Platon lorsqu’il exposait le fameux mythe de l’anneau de Gygès, ce berger disposant d’un anneau lui permettant d’être invisible à volonté ou bien des analyses de Kant distinguant entre l’acte accompli simplement en conformité avec le devoir et l’acte accompli par respect absolu du devoir et sans en attendre une quelconque contrepartie ou bien encore la célèbre  « charité » telle que l’évoque St Paul et qui ne renvoie pas à une générosité de bon aloi pour se donner bonne conscience mais à une disposition intérieure voulant sincèrement du « bien » à ceux à qui elle s’adresse. Or, de telles dispositions intérieures sont les piliers les plus solides de l’ordre social et des relations interhumaines authentiques et à l’abri des soubresauts de l’histoire ou même du cours ordinaire de nos vies.