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4260 LA RECHERCHE DU BONHEUR

Publié le 25/11/2022 à 06:00 par cafenetphilosophie Tags : sur vie monde soi animal chez homme enfants belle société heureux divers nature demain

Rubrique "Le bonheur". Suite du billet N°4253.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome VII, A.MENDRI, (En cours de rédaction)

 

Prochain billet demain samedi 26 novembre.

 

 

Si l’on en croit Platon « Tous tant que nous sommes nous voulons être heureux ». En effet si l’on demande par exemple à un étudiant pourquoi il désire poursuivre des études, hormis l’intérêt éventuel qu’il porte à la discipline qu’il a choisie, il répondra que c’est en vue d’avoir un bon métier. Pourquoi avoir un bon métier ? Pour que celui-ci soit intéressant et qu’il lui permette d’avoir des rémunérations satisfaisantes. Pourquoi désirer de telles rémunérations ? Celles-ci lui permettront d’acquérir un certain confort et de fonder une famille à l’abri du besoin. Quel est le but de ces objectifs ? Tout simplement d’être heureux. Tous les objectifs intermédiaires ne sont jamais que des moyens en vue d’un autre moyen. Mais être heureux n’est pas un simple moyen en vue d’autre chose. C’est une fin en soi.Cet objectif, précise Platon, clôt l’interrogatoire.

Blaise Pascal va dans le même sens dans son ouvrage « Les Pensées » : « Tous les hommes, affirme-t-il, recherchent d’être heureux ; cela est sans exception ; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre, et que les autres n’y vont pas, est ce même désir, qui est dans tous les deux, accompagnés de différentes vues. La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions des hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre ».

Pourtant, ce qui peut apparaître comme une évidence peut être mis en doute. C’est ce que fait Nietzsche dans « La volonté de puissance ».Pour lui l’homme n’aspire pas au bonheur mais à l’affirmation et à la croissance de la vie . Voici comment il s’exprime à cet égard : « L’homme aspire au bonheur...qu’est-ce qui est vrai là-dedans ? Pour comprendre ce qu’est la vie, quelle sorte d’aspiration et de tension exige la vie, la formule doit s’appliquer aussi bien à l’arbre et à la plante qu’à l’animal. « A quoi aspire la plante ? »… chacun de ces individus...aspire-t-il au bonheur ?...Toute tendance à s’étendre, toute croissance, est une lutte contre quelque chose qui est accompagnée de sensations de déplaisir : ce qui est le motif agissant veut certainement autre chose en voulant le déplaisir et en le recherchant sans cesse. Pourquoi les arbres d’une forêt vierge luttent-ils entre eux ? Pour le « bonheur » ? Pour la puissance !...L’homme devenu maître des forces de la nature, l’homme devenu maître de sa propre sauvagerie et de ses instincts déchaînés, représente une énorme quantité de puissance et non pas une augmentation de « bonheur ». Comment peut-on prétendre qu’il a aspiré au bonheur ? ».

D’ailleurs, dans les « Fondements de la métaphysique des mœurs » Kant souligne que la notion de bonheur n’est pas claire, qu’elle demeure « un concept indéterminé » et qu’en conséquence à la question « qu’est-ce qui peut apporter le bonheur ? », la réponse est à vrai dire impossible : « Le concept de bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu’a tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents, ce que véritablement il désire et il veut…Pour l’idée de bonheur...un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire. Or il est impossible qu’un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu’on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu’il veut ici véritablement. Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d’envie...ne peut-il par là attirer sur sa tête ? Veut-il beaucoup de connaissances et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que lui donner un regard plus pénétrant pour lui

 

représenter d’une manière d’autant plus terrible les maux qui jusqu’à présent se dérobent encore à sa vue...Le problème qui consiste à déterminer d’une façon sûre et générale quelle action peut favoriser le bonheur d’un être raisonnable est un problème tout à fait insoluble ».

De plus, Raymond Polin (XX° siècle) attire notre attention sur le fait qu’il convient de ne pas confondre bonheur et simple bien-être. Le bonheur humain est inséparable de la conscience du bonheur. « comment un bonheur inconnu, un bonheur vécu, mais ignoré, pourrait-il encore être un bonheur ? » (Du bonheur considéré comme l’un des beaux-arts). De ce point de vue, « il n’y a pas de bonheur animal , parce qu’il n’y a pas de bonheur sans réflexion sur le bonheur ».Il en va de même concernant les jeunes enfants. Très souvent nous sommes tentés de confondre insouciance et bien-être biologique avec le bonheur enfantin. « Le bonheur de l’enfant est fait , en vérité, de naïveté, d’inconscience, d’irréflexion, de complète hétéronomie, de sécurité extérieure : tout vient des autres, rien n’y vient de soi ».

L’auteur ajoute d’ailleurs que « ce prétendu bonheur est condamné, de l’intérieur, par le désir de devenir grand, de devenir autre, de devenir adulte, par le refus du maintien dans l’état présent, aussi fort chez l’enfant que sa capacité d’adaptation et d’abandon à l’actuel. Ce serait un bonheur dont l’enfant lui-même, s’il était capable d’en prendre une conscience plus réfléchie, ne se satisferait pas. Le bien-être biologique de l’enfant, qu’on ne niera pas, n’a rien à voir avec le bonheur qui est un concept et une valeur adulte ». Très logiquement, R. Polin poursuit en affirmant qu’identifier le bonheur adulte en prenant pour idéal la condition de l’enfant traduit « la nostalgie d’un état protégé et irresponsable » et c’est « faire preuve d’infantilisme ». Il conclut par cette belle formule : « Le bonheur ne vient pas avant le bien et le mal ; il n’est pas innocent ».

D’une manière plus générale, l’idée de bonheur est indissociable d’une réflexion sur les caractéristiques originales de la nature humaine ou sur le statut de la condition humaine si l’on préfère, cette dernière formulation nous rappelant que l’homme n’est pas condamné à détenir des propriétés imposées par une nature biologique et immuable mais à choisir le visage de son humanité.

La caractéristique la plus originale de l’homme réside sans doute dans la possession de la conscience. Certes, le débat reste ouvert pour savoir si la conscience se manifeste à des degrés divers dans le monde animal de la bactérie jusqu’à l’homme ou bien si elle constitue au contraire une émergence radicale à partir d’un certain degré de complexité du système nerveux central. Mais quelle que soit l’hypothèse retenue elle prend chez l’homme une dimension inconnue dans toutes les autres espèces au regard des capacités de son cerveau sans commune mesure avec celui du restant du monde animal.

La conscience renvoie à cette capacité de recul ou de non-coïncidence à soi avec les contenus du monde intérieur, y compris avec la dimension temporelle du présent. L’être conscient sr projette toujours en avant de lui-même. C’est, par nature, un être de projet. De ce fait il est nécessaire de bien distinguer au sein de la condition humaine le désir du besoin, quelle que soit la nature du besoin considéré.

Examinons cette distinction et commençons par la notion de besoin. Le besoin se traduit par le sentiment d’un manque qui peut être ponctuellement satisfait. J’ai faim ; je mange ; dans l’immédiat je n’ai plus faim. L’homme partage avec le monde animal les besoins vitaux ou d’ordre biologique que ce soit sur le plan de l’alimentation ou même de la sexualité considérée du strict point de vue hormonal. Seulement les besoins humains ne se réduisent pas à des besoins vitaux. Car l’homme est également un être culturel. Dès lors, l’homme a besoin d’un certain nombre d’équipements comme l’habitat, l’habillement,des instruments domestiques, des moyens de transport sur terre, sur les eaux, de nos jours dans les airs ainsi que des armes pour défendre son territoire et ses biens. Il a également des besoins intellectuels liés à sa soif de savoir ; des besoins esthétiques suscités par la fascination pour toutes les formes de beauté ; des besoins spirituels soulevés par ses interrogations sur le sens de la vie. Et surtout, en tant qu’être conscient, il éprouve le besoin d’être reconnu par autrui afin de briser sa solitude métaphysique. D’une manière générale, la culture et l’ intelligence créatrice humaines engendrent des besoins toujours nouveaux, nombre d’innovations tendant à le libérer l’homme de toutes les formes de contraintes, naturelles et sociales.

Ces besoins toujours nouveaux doivent-ils être considérés comme indispensables à l’épanouissement de l’homme ou bien au contraire comme artificiels ? Cette question demeure d’ordre éthique. Les besoins nouveaux ne sont ni indispensables ni artificiels par nature. Tout dépend en quoi ils consistent et surtout les jugements portés s’avèrent tributaires d’une certaine idée que l’on se fait de l’homme. C’est à cette aune que l’on pourra les qualifier ou non de raisonnables ou bien qu’ils se verront condamnés car expression d’une forme de démesure ou comme disaient les Grecs d’« hubris ». Comme on le voit la légitimité des besoins nouveaux est d’un côté incontestable car liée à l’intelligence créatrice de l’homme, intelligence créatrice naturelle et non artificielle est d’un autre côté certains d’entre eux se verront rejetés en fonction d’une idée philosophique de l’homme. A vrai dire l’intelligence créatrice n’est qu’un moyen mis à la disposition des hommes afin de le libérer de toutes les contraintes qui l’affectent et l’usage de cette intelligence en vue de fixer des fins ou des objectifs doit-il être subordonné à des exigences morales, en particulier le respect des personnes et des conditions assurant leur vie collective.

A cet égard l’accès à ces besoins toujours nouveaux conduit à distinguer la notion de pauvreté de celle d’indigence. La première est de nature culturelle et conventionnelle puisqu’elle se définit habituellement par rapport à une moyenne., celle des biens possédés ou accessibles à une population donnée Sont considérés comme pauvres au sein d’une société ceux dont l’accès à ces besoins est inférieur à la moyenne. En revanche, l’idée d’indigence est une notion d’ordre naturel puisqu’elle renvoie à l’impossibilité de satisfaire des besoins considérés comme vitaux.

Cette satisfaction des besoins vitaux ou des besoins moyens au sein d’une société présente-t-elle un lien avec la notion de bonheur ? Aristote soutient dans l’«Éthique à Nicomaque » le point de vue suivant : « Il apparaît nettement qu’on doit faire entrer en ligne de compte les biens extérieurs… car il est impossible, ou du moins malaisé, d’accomplir de bonnes actions quand on est dépourvu de ressources pour y faire face...l’absence de certains avantages gâte la félicité...On n’est pas ,en effet, complètement heureux si on a un aspect disgracieux, si on est d’une basse extraction ou si on vit seul et sans enfants… de là vient que certains mettent au même rang que le bonheur, la fortune favorable, alors que d’autres l’identifient à la vertu...On ne doit pas s’imaginer pour autant que l’homme aura besoin de choses nombreuses et importantes pour être heureux...ce n’est pas en effet, dans un excès d’abondance que réside... la pleine suffisance...et on peut accomplir de nobles actions… car même avec des moyens médiocres on sera capable d’agir selon la vertu ».

Tel est l’apport de la notion de besoin à celle de bonheur. Mais quant est-il concernant le désir ? Telle sera l’objet de notre prochaine analyse.