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31.01.2025
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Rubrique "Nécessité et limite de la loi". Suite du billet N°4259.
Extrait de Philosophie pour tous, Tome III, A.MENDIRI, Amazon
Prochain billet demain vendredi 02 décembre.
Nous avons eu l’occasion de voir que l’homme a vocation à vivre en société, même si aucune exigence naturelle ne vient l’y contraindre. Cependant sa faiblesse physique couplée à son intérêt de bénéficier des possibilités illimitées de l’espèce, amènent l’homme à vivre en société. Or toute société suppose une organisation, sans quoi les possibilités collectives de l’espèce resteraient lettre morte. Bref, même si les règles sociales, écrites ou non écrites, ne régissent pas toutes les activités des individus, ces règles ont tendance à être considérées comme strictement fonctionnelles afin de permettre à ladite société de se maintenir et de faire bénéficier ses membres des capacités collectives de l’espèce.
Pourtant, cette idée selon laquelle les règles ou les lois sociales se caractériseraient par le seul critère de fonctionnalité est totalement factice et ce, pour des raisons anthropologiques évidentes. L’action humaine, en effet doit être, afin de demeurer efficace, régie par des règles. Mais n’oublions pas que cette action se donne des objectifs qui se voient inspirés par de raisons certes vitales mais également par les représentation que les hommes se font d’eux-mêmes, de ce que doivent être leurs comportements afin d’être fidèles à ces représentations, à l’idée qu’ils se font des relations de l’homme avec des forces transcendantes ou divines, à la conception qu’ils développent à propos des relations interhumaines et donc au respect d’éventuelles hiérarchies entre les individus. Bref, l’homme étant un être culturel, étant dépourvu de nature, l’organisation sociale doit être inventée de part en part, et à partir de considérations façonnées par une vision de l’homme, du monde, des relations avec des forces divines ou transcendantes. En somme les règles sociales humaines reposent sur des considérations fonctionnelles certes, mais celles-ci sont destinées à servir le mieux possible un système de croyances et de valeurs.
Dès lors la légitimité des règles sociales est fonction de ces croyances, de ces représentations culturelles, de ces valeurs. Certes, il y a tout lieu de penser que la distinction entre des règles de fait ou si l’on préfère la légalité et des règles légitimes, des règles qui devraient être afin de respecter un idéal, ne peut faire son apparition qu’à partir du moment où une sphère privée se détache de la sphère publique, que les individus gagnent une part d’autonomie par rapport aux exigences sociales qui leur sont prescrites, situation qui est elle-même envisageable qu’à partir du moment où les dangers naturels relâchent leur terrible étreinte. Une telle distinction ne concerne donc sûrement pas les premières sociétés, les plus reculées dans le temps.
Ainsi, la légitimité des règles ou des lois sociales n’a de sens qu’en fonction d’un système de croyances. C’est ainsi que de nos jours, notre conception de la justice se voit fonction à la fois de l’héritage du christianisme qui proclame l’éminente égalité et dignité de tous les hommes au regard de Dieu, de la philosophie des Lumières qui reprend en le laïcisant ce message, de la Révolution française qui lui a donné un contenu politique et juridique. Forts de ces représentations de l’homme, nous avons acquis une certaine idée de ce qui est juste ou injuste. A partir de là la fonction des lois consistera à réaliser cet idéal tout en permettant à la société de fonctionner de manière viable.
C’est ainsi que les sociétés occidentales contemporaines, influencées par cette vision égalitaire de l’homme mais également par les prodigieuses possibilités offertes par la technique, par les capacités de ces techniques à nous libérer des contraintes de la nature d’abord, des contraintes sociales ensuite, en particulier de nous libérer de la dureté et du volume de travail à accomplir afin de subsister mais également en vue d’accroître notre liberté et notre bien-être, ces sociétés tentent en permanence de concilier au mieux des dimensions au premier abord contradictoires de l’homme. Car l’homme est mû par l’intérêt. Son action est d’autant plus efficace et féconde, qu’il trouve un intérêt à son succès. D’où chez l’homme l’importance de la recherche du profit personnel.
Mais dans le même temps, l’homme est un être qui se pose des questions morales, des questions où le respect de certaines valeurs peut conduire à limiter ses passions et son égoïsme spontané. Nous venons de rappeler les valeurs en question, à savoir le respect de l’éminente dignité de toute personne humaine et la conviction que tous les hommes sont fondamentalement égaux, dans la mesure où ce qui les définit c’est l’état conscient et non des qualités quelconques dans quelque domaine que ce soit, qualités qui renvoient à ce que Aristote appelait des « accidents ». Être un bon mathématicien ou un excellent menuisier ne permet pas de définir l’homme. En revanche, la possession de la conscience conduit à distinguer l’homme du singe par exemple, puisque celle-ci autorise l’épanouissement de la pensée et la fondation d’une culture ou d’une civilisation.
De ce fait, les lois sociales devront subordonner ce moteur de l’action humaine, à savoir le service de l’intérêt particulier, au respect de la dignité et de l’égalité morale de tous les hommes. La légitimité ou la justice des lois sociales est mesurée à l’aune de ces exigences.
Pourtant, il est possible de prendre ses distances avec une telle conception des lois et de leur rôle. Pour Marx, de telles analyses se situent au niveau des apparences. Ces apparences, comme c’est souvent le cas, s’avèrent illusoires. L’organisation sociale obéit à des lois cachées destinées à maintenir un ordre social certes indispensable mais qui reste par la force des choses au service de la domination des plus puissants.
En effet, depuis les débuts de l’humanité, nous ne connaissons que des sociétés de relative pénurie. Cela signifie que les sociétés en question ne sont pas en mesure de produire suffisamment de biens afin de satisfaire les besoins de l’ensemble de la population. Le gâteau est trop petit. Dès lors, il y aura une lutte entre différents groupes sociaux afin de s’accaparer la plus grosse part. Cette lutte intestine au sein de toute société est source de progrès. Les groupes dominants, ceux qui possèdent les moyens de production, les terres et plus tard les usines, s’efforceront de trouver les moyens d’accroître la quantité de biens produits à la fois pour pouvoir satisfaire pour une faible partie les demandes de la majorité de la population mais également et surtout pour maintenir, voire asseoir encore plus, leur domination sociale. Telle est l’origine de la lutte des classes et son rôle de moteur de l’histoire, selon Marx.
Cette lutte ne doit pas se concevoir de manière naïve. Elle n’est pas de nature morale. Ce n’est pas parce que les hommes sont « méchants » comme le croit Hobbes (XVI° siècle) qu’elle a lieu. Des gouvernants ou des propriétaires des moyens de production désirent parfois sincèrement l’amélioration de la situation des gouvernés ou des ouvriers ou employés. Mais les exigences impitoyables du système capitaliste ruinent de manière inéluctable leurs bonnes intentions. Par exemple (purement fictif), si le gouvernement édicte des lois sociales favorables au monde ouvrier, les patrons feront valoir légitimement que ces lois les mettront en situation impossible à assumer face à la concurrence, les contraignant à des licenciements ou bien à des faillites, faisant ainsi reculer le pouvoir politique. La terrible logique du système capitaliste interdit en quelque sorte de telles évolutions et sert objectivement et de fait les intérêts de la classe dominante. Dans ce contexte, la loi n’est jamais qu’un habillage destiné à maintenir cette domination et surtout à la masquer. Il nous faudra donc examiner s’il existe des moyens de dépasser cette conception, fort critique, du rôle des lois.