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4343 LES RISQUES DE LA CIVILISATION TECHNIQUE

Publié le 16/02/2023 à 06:08 par cafenetphilosophie Tags : prix center sur vie france place monde couples chez gain fond société mort pari demain nature

Rubrique "Technique et destin de l'homme". Suite du billet 4336.

 

Extrait de Philosophie pour tous Tome III, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet demain vendredi 17 février.

 

 

 

La civilisation technique a commencé à libérer l’humanité, tout au moins les populations qui d’ores et déjà en bénéficient, de nombre de contraintes naturelles et sociales. A nos yeux, l’avenir de la technique est prodigieux et nous n’avons ici et maintenant aucune idée du monde en gestation qui se prépare. Mais à coup sûr ce monde dépassera tout ce que nos imaginations débridées mais rivées à effectuer de simples variations ou uniquement des prolongements extravagants du déjà connu, sont susceptibles de concevoir.

 

Il n’en reste pas moins vrai que la civilisation technique présente également des dangers ou des risques de perversions à la mesure même de sa puissance. En effet, les facilités des techniques nous déshabituent à nous confronter avec la nature sans son aide. Les désarrois consécutifs à la tempête de 1999 en France n’auraient pas eu le même impact au début du XX° siècle, époque où la société essentiellement rurale et ne connaissant pas l’électricité était confrontée aux rigueurs de la nature et savait s’y adapter.

 

En second lieu, la civilisation technique peut être considérée à certains égards comme un colosse aux pieds d’argile. Songeons combien nos sociétés se voient tributaires du transport d’électricité aux périodes de grand froid ou de risques d’accidents informatique pouvant paralyser l’activité économique et sociale sur une grande échelle. Il n’est pas excessif de dire que la civilisation technique illustre parfaitement la dialectique du maître et de l’esclave de Hegel : un maître (l’homme) s’étant habitué à ne rien faire puisque son esclave (la technique) faisait tout à sa place, est devenu l’esclave de son esclave.

 

Mais au-delà de ces considérations, la technique peut être un danger pour l’espèce humaine au regard des caractéristiques de la condition humaine. Rappelons, s’il en est besoin, que l’homme est dépourvu de canalisations naturelles concernant son comportement, présentes chez toutes les autres espèces animales et qu’on appelle ordinairement des instincts. L’homme est un être créateur, disposant d’une forme de liberté quant à la gestion de son environnement naturel et social et cette exceptionnelle capacité fait à la fois sa force, force qui l’amène à dominer progressivement l’ensemble de la nature, mais qui constitue dans le même temps sa faiblesse.

 

L’absence de canalisations naturelles à ses comportements le condamne à se donner lui-même les limites sans lesquelles il sombre dans des excès qui remettent en question les vies individuelles mais également le destin de l’espèce et in fine les équilibres naturels eux-mêmes. Ces limites sont celles fixées par la raison morale dans l’idéal ou bien des traditions de prudence issues du fond des âges et inspirées par l’idée, fausse à nos yeux, que la nature est un modèle face auquel il convient de s’incliner et qui doit inspirer notre conduite ou bien encore telles ou telles croyances religieuses l’invitant à inscrire son action dans le respect de l’ « œuvre » divine.

 

Mais il s’agit là de limites qui définissent davantage un idéal ou ce qui devrait se faire que les lignes directrices de l’action collective effective de l’humanité. En effet, sur le plan individuel comme sur le plan collectif ou politique, l’action des hommes est d’abord guidée par le besoin, l’appât du gain, le désir de puissance. Cela explique notamment l’exploitation inconsidérée de forêts réputées constituer les poumons de la planète, la destruction d’espèces entières animales ou quasiment que ce soit sur terre, dans les mers ou dans les airs, le pillage irréfléchi des ressources naturelles, les pollutions industrielles ou agricoles de toutes sortes mettant en péril la qualité de notre environnement, de nos vies quotidiennes et au-delà la survie même de notre espèce.

 

Certes, nous demeurons, peut-être à tort, résolument optimistes. Nous sommes persuadés que face à un danger imminent et d’une exceptionnelle gravité, l’humanité réagira car elle n’a pas de pulsions suicidaires et elle conserve néanmoins, en dépit de son éloignement de la nature originelle, quelque chose de son ancien instinct de conservation. Les techniques nouvelles imaginées pour la circonstance et dans l’urgence, permettront sans doute de parer à l’essentiel. Mais le risque est de le payer au prix fort.

 

Car la condition humaine est telle qu’elle n’agit que sous la contrainte. C’est vrai, la plupart du temps, sur le plan des vies individuelles et encore plus sur le plan collectif. Aussi longtemps que les contraintes n’imposent pas leurs lois, les individus, sauf exceptions qui leur valent admiration et respect de la part de leurs congénères, ainsi que les collectivités, se laissent aller aux facilités du moment, aux égoïsmes spontanés, à la satisfaction aveugle de besoins effrénés, aux délices de l’instant.

 

Tel est le premier danger et sans doute le plus important, d’un point de vue vital, de la civilisation technique. A vrai dire ce n’est pas tant la technique qui est dangereuse en elle-même que l’utilisation qu’on en fait, que la puissance qu’elle délivre dès lors qu’elle est entre les mains d’êtres aussi peu inspirés par des raisons éthiques que l’humanité.

 

Mais il y a d’autres dérives possibles et qui sont en définitive aussi graves pour le devenir de notre espèce que la satisfaction égoïste et aveugle de nos désirs. Cette civilisation nous donne de plus en plus l’impression que l’homme peut résoudre tous les problèmes qui se posent à lui, qu’en conséquence les échecs sont impardonnables, les accidents interdits et imputables à d’inévitables responsables indûment protégés. Cette civilisation nous désapprend à penser au long terme tant ses techniques nous habituent aux satisfactions immédiates. Elle change donc notre rapport au temps et efface peu à peu les perspectives d’entreprises à long terme et même seulement à moyen terme. Les politiques menées doivent, impérativement, obtenir des résultats immédiats sans quoi elles sont jugées comme étant incompétentes.

 

Mieux, cette civilisation est de plus en plus tournée vers les satisfactions matérielles, la quantité de biens produits, le désir de consommation immédiat au détriment d’inquiétudes spirituelles. Ce n’est pas un hasard si l’Occident voit le recul des croyances religieuses, se sécularise à grand pas alors que d’autres contrées du monde infiniment moins comblées sur le plan matériel que la nôtre ignorent cette désertification spirituelle et d’ailleurs la juge sévèrement. Ce n’est pas un hasard si en Occident, la mort tend à devenir un sujet tabou, un sujet dont on ne parle pas et si la vieillesse et ses manifestations les plus éprouvantes sont tenues à l’écart de la vie sociale et cantonnées dans des lieux spécialisés, loin du regard de la société qui développe le culte de la jeunesse, des apparences et des soins du corps, de la beauté et de la jouissance immédiate (et dont la publicité nous abreuve chaque jour).

 

Ce nouveau rapport au temps, marqué par le souci de l’instant, du très court terme, de la consommation et de la jouissance immédiates tendent à transformer les relations individuelles et collectives au sein des sociétés contemporaines. C’est ainsi que sur le plan individuel les sentiments immédiats et égoïstes tendent à prendre le pas sur les projets à long terme au sein des couples. Au nom de l’authenticité des sentiments, c’est-à-dire en fait de leurs variations au gré des sollicitations multiples, se font et se défont très aisément les unions matrimoniales. Le rapport avec l’enfant lui-même tend à s’effectuer par la médiation de l’objet offert ou promis plutôt que par le précieux temps consacré à ce dernier et qui, pourtant, est de loin ce qui correspond à sa véritable attente.

 

Sur le plan collectif ou sur le plan politique, la primauté des désirs et des « libertés » individuelles prend le pas sur le souci ou la prise en compte de l’intérêt collectif et des limitations consenties à son action que celui-ci suppose. Or, nous savons bien depuis les sages analyses des philosophes grecs du grand siècle (V°-IV° av. J.C), confirmées par toutes les connaissances anthropologiques, que le bon fonctionnement de la société et donc le service de l’intérêt général sont les fondements mêmes de l’intérêt véritable de chacun des membres du corps social. La pensée libérale qui est devenue au sein de nos sociétés la pensée dominante pour ne pas dire quasi exclusive, oublie qu’une société ne se réduit pas à une somme d’intérêts particuliers et que l’individualisme est le cancer des sociétés.

 

Telles sont les dérives occasionnées, selon nous, par l’illusion de puissance sans limite délivrée par la civilisation technique. Mais ces constats ou ces analyses sévères ne doivent pas remettre en cause notre confiance dans l’avenir. Nous sommes convaincus que demain sera meilleur qu’aujourd’hui ou à coup sûr qu’hier. Après tout, cette civilisation est encore fort jeune. Nous sommes les témoins des vagissements de son enfantement. Après ces soubresauts, nul ne sait comment l’humanité évoluera. Pour notre part, nous faisons le pari qu’elle ouvre des horizons qui enchanteront les générations futures.