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Rubrique "Sources de la morale". Suite du billet N°4378.
Extrait de Philosophie pour tous, Tome III, A.MENDIRI, Amazon.
Prochain billet demain vendredi 31 mars
Les sources de la morale telles que les analysent Kant et Stuart Mill sont radicalement différentes. La première consiste à fonder en raison les conceptions chrétiennes qui font du respect de la personne humaine et de sa dignité particulière la valeur la plus haute ; la seconde défend une conception utilitariste qui justifie l’attitude morale en la rattachant et en la réduisant à la recherche de son intérêt bien compris, bref en en faisant une des dimensions de la quête du bonheur.
L’époque contemporaine adopte une position ambiguë à nos yeux par rapport à ce dilemme théorique mais aux grandes conséquences pratiques comme nous l’avons vu lors du dernier billet portant sur cette question. Il semble que sur un plan théorique, la civilisation occidentale se réfère à la conception de Kant. Si on examine attentivement les valeurs sous-jacentes contenues dans la « Déclaration des droits de l’homme » de 1789 prolongée, complétée et confortée par la « Déclaration universelle des droits de l’homme » de 1948, ces valeurs rejoignent, en les laïcisant, les valeurs de deux mille ans de christianisme. La personne humaine, sa dignité éminente sont les socles de tous les droits « naturels » qu’on lui reconnaît et on n’y perçoit pas la justification de ces droits par le respect d’intérêts réciproques.
En revanche, les valeurs mises en avant par la culture dominante contemporaine, influencées en cela par le développement économique, le consumérisme qui en découle et au-delà par les soucis d’un confort matériel effaçant largement les soucis spirituels, par la fuite en avant dans les satisfactions à court terme et immédiates, conduisent cette culture à épouser une forme d’hédonisme, c’est-à-dire de recherche quasi-exclusive du plaisir et à magnifier l’individualisme, attitude qui privilégie l’intérêt particulier et tend à oublier l’intérêt général. Dans ce cadre, le respect absolu de la personne humaine ne semble plus être le critère de l’action morale.
Certes, le respect des personnes ou plus précisément de sa personne est mis en avant lorsque les institutions sociales, ou autrui, bafouent nos intérêts, ou apparaissent indifférents à ceux-ci. Mais ce respect n’a rien de général ou d’universel. Il semble s’inscrire dans le cadre étroit de la défense d’intérêts individuels, de la justification ultime de ces intérêts. C’est en cela, si nos analyses sont fondées, que nous pouvons dire que les valeurs morales ne sont jamais qu’une facette de la quête du bonheur individuel.
Dès lors, la distinction entre la morale authentique et la simple éthique prend toute sa justification. L’éthique est souvent évoquée au sein de nos sociétés. Il existe ainsi des comités d’éthique rassemblant des personnes qualifiées issues d’horizons différents afin de réfléchir sur la conduite à tenir sur les questions sensibles de bioéthique en particulier. A vrai dire l’éthique consiste à réfléchir sur les comportements que l’humanité est invitée à adopter afin que l’homme fasse effectivement son bien. Il s’agit ici de renouer en quelque sorte avec les préoccupations de la sagesse antique où la recherche du bien pour l’individu et de manière indissociable pour le corps social constitue la finalité de la réflexion philosophique quand elle se donne pour objet l’action humaine.
Nous comprenons de ce fait un certain nombre de réponses ou d’attentes des élites contemporaines face à des problèmes sensibles comme le statut de l’embryon, les conditions de fin de vie, la peine de mort, le statut et la fonction de la prison, le sort réservé aux personnes âgées etc. Face à ces questions, la confusion semble régner, les positions s’avèrent contradictoires même si, au-delà de ces contradictions, un fil directeur se dégage, à savoir la primauté de l’intérêt plutôt que celui du caractère sacré de la personne humaine.
Expliquons-nous brièvement sur quelques-uns de ces points. Hormis quelques moralistes, l’abolition de la peine de mort, lorsqu’elle est sincèrement acceptée, est généralement fondée non sur une question de principe (la société n’a pas à utiliser les méthodes du truand et doit respecter toute personne, y compris celle du criminel) mais sur la conviction qu’elle reste inutile ou inefficace. L’euthanasie est avalisée davantage par peur de la souffrance personnelle que par respect de la dignité humaine (étant entendu que dans le cadre de ce billet nous n’avons pas l’intention de développer cette épineuse question). L’embryon, pour des raisons liées à des enjeux économiques, est décrété comme un simple amas de cellules, afin de servir les intérêts de l’industrie pharmaceutique. C’est peut-être le cas, mais force est de constater qu’en l’occurrence, le principe de précaution, si prisé par ailleurs, est mis sous le boisseau alors même que le même type de cellules que les cellules embryonnaires ou cellules souches se retrouvent sur le cordon ombilical, dans de multiples endroits de l’organisme adulte ou que des techniques d’involution cellulaire sont à portée de main pour peu que la recherche s’en préoccupe vraiment. Cependant, les obstacles que représentent ces autres opportunités, l’appât du gain, la course de vitesse entre différents laboratoires internationaux, tout concourt à être peu regardant sur les moyens utilisés.
Il en va de même concernant le sort réservé aux personnes âgées ou bien aux prisonniers. Les premières doivent être prises en charge par la société et si possible mises à l'écart de la vie ordinaire afin de ne pas troubler le confort des familles. Le sort des prisons est le dernier souci de la plupart des citoyens qui considèrent de manière souvent fantasmatique que la société et l’impôt accordent déjà beaucoup trop de largesses à ces lieux d’enfermement qui se caractérisent pourtant par des conditions indignes et sans la préoccupation de tenter de réhumaniser ses occupants.
Comme on le voit, l’utilitarisme nous semble l’éthique de fait des sociétés développées contemporaines. De ce point de vue, ces sociétés, déjà fragiles d’un point de vue technique (pensons aux risques que fait courir éventuellement l’énergie nucléaire ; à la paralysie que peuvent induire des dysfonctionnements informatiques etc.), se caractérise également par une fragilité morale. Car si les circonstances sont telles que la défense individualiste d’intérêts particuliers est appelée à prospérer dans le cadre d’une dissociation sociale occasionnée par les aléas de l’histoire, alors la voie est ouverte au retour à la barbarie. C’est en cela que les conceptions morales défendues par Kant ne sont pas un simple luxe théorique mais un impératif pratique afin que la civilisation puisse traverser sans encombre toutes les périodes de l’histoire humaine, y compris les plus troublées.