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4393 LANGAGE USUEL ET COMMUNICATION

Publié le 07/04/2023 à 06:07 par cafenetphilosophie Tags : sur vie moi place monde soi animal chez homme travail société histoire nature message pouvoir demain

Rubrique "Philosophie par les textes". Suite du billet N°4386.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome VI, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet  demain samedi 08 avril.

 

 

Les langues usuelles, dites encore langues vernaculaires, sont les moyens qu’utilisent les hommes afin de communiquer entre eux au sein de la vie sociale. De ce point de vue, la langue usuelle et l’existence du langage en général, sont les fondements sans lesquels il n’y aurait pas de sociétés humaines possibles. Inversement, sans la vie sociale, il n’y aurait pas de mise en place du langage, puisque celui-ci, témoignage de la capacité de penser, tributaire à ce titre des capacités naturelles du cerveau humain, dépend cependant pour son actualisation d’un bain de langue apporté par les relations sociales. L’homme ne devient véritablement homme, c’est-à-dire actualise les potentialités de son espèce, qu’au contact des hommes. Ce lien étroit entre le statut d’homme, le langage et la société peut raisonnablement conduire à affirmer, comme Aristote, qu’en dépit de l’absence d’instinct social comme chez la fourmi ou le termite, que l’homme est un « animal naturellement social ».

 

Il est vrai que des débats et des doutes subsistent quant au type de communication qu’autorise une langue quelconque. Tout le monde reconnaît à une langue la capacité à communiquer sur un plan social, c’est-à-dire à mettre en commun des messages indispensables à son fonctionnement. Mais précisément parce qu’une langue est un instrument social, elle est souvent accusée de ne pouvoir communiquer ce qui est individuel. Toute la question est alors de s’interroger sur ce qu’on désigne comme étant individuel ou singulier et donc au premier abord irréductible à ce qui est commun et social.

Remarquons tout d’abord qu’il existe plusieurs niveaux de communication à considérer. Il va de soi que les messages strictement fonctionnels ne souffrent d’aucune limitation, excepté si les communicants ne disposent pas des mots adéquats, défaillance qui d’ailleurs est la plupart du temps compensée par la connaissance des éléments de la situation de communication qu’on appelle les paralangages (contexte, gestes, expressions du visage, ton employé, regard, etc.). « Passe- moi le sel » est un message d’une clarté indiscutable.

Si nous abordons les échanges d’ordre idéologique, nous savons qu’ils font souvent l’objet d’incompréhension. Mais ces difficultés sont essentiellement liées au caractère passionnel des échanges en question et au fait que les acteurs de ceux-ci n’attribuent pas exactement le même sens aux mêmes mots. Ou plus précisément, les mots ou les concepts utilisés sont associés à ce que les linguistes désignent par le terme de connotations, c’est-à-dire de significations qui ne sont pas neutres, purement fonctionnelles, mais chargées d’histoire, d’émotions, de préjugés, c’est-à-dire d’idées fausses, ou de préventions, c’est-à-dire de méfiances non justifiées dans l’absolu. Ce peut être le cas par exemple des notions de liberté, d’égalité, de révolution, de péché, de morale etc. Cependant, comme toute l’œuvre de Platon s’efforce d’en faire la démonstration, ces difficultés peuvent être levées si les interlocuteurs ont une intention de vérité et non le désir d’imposer leur point de vue, s’ils « consultent leur raison avant d’écouter leurs penchants » comme le demandait Rousseau, s’ils s’expliquent sur le sens véritable des mots utilisés. A défaut d’aboutir à un accord, ils comprendront clairement leurs positions respectives ainsi que l’origine exacte de leurs désaccords.

Reste le point le plus délicat, à savoir la communication des sentiments ou du domaine affectif en général. En effet, tout être humain est non seulement un être unique sur le plan biologique mais également sur le plan de son histoire, et donc de sa mémoire, personnelles. Comment partager ce qui est, par nature, strictement individuel ? Le langage, instrument social, ne conduit-il pas à la négation de l’individualité ? Si on considère que la partie la plus riche, la plus importante de notre vie intérieure relèvent de la stricte individualité, le langage n’exprime-t-il pas la part la plus superficielle, comme le proclamait Nietzsche, de cette individualité ?

Ces analyses négligent, à nos yeux, plusieurs facteurs. En premier lieu, il va de soi que notre vie intérieure et sa coloration unique font elles-mêmes l’objet d’une lecture et d’une compréhension où les mots intérieurs interviennent de manière décisive. Sans quoi ce monde intérieur demeurerait purement émotionnel et sensitif. Il est vrai en revanche que les mots qui traduisent notre monde intérieur sont aidés par les fameux paralangages dont nous faisions état plus haut. Mais ces paralangages intérieurs, autrement dit ces significations qui s’ajoutent aux mots, qui les complètent ou se substituent à eux, ne sont connus que par le sujet concerné. C’est là la difficulté de la communication des sentiments individuels si on s’en tient aux mots censés les exprimer et qui restent très partiels et insuffisants.

Certes, il convient de relativiser de telles difficultés. D’abord parce que les sentiments, fussent-ils individuels, traduisent aussi des expériences de la commune humanité. Il n’existe pas d’individuel absolu. Toute expression individuelle s’inscrit au sein d’une forme d’universalité même si elle ne s’y réduit pas. Ensuite, faute de connaître les paralangages intérieurs, nos interlocuteurs peuvent éventuellement plus ou moins bien connaître le sens à attribuer aux paralangages extérieurs et visibles (nos habitudes, notre forme de sensibilité, notre histoire, nos attentes, etc.). Enfin, ces fameux paralangages intérieurs invisibles sont susceptibles d’être traduits en mots. Il est nécessaire pour cela de disposer d’une capacité de performance linguistique de bon niveau ou bien d’avoir recours à l’écrit avec ce que cela mobilise comme travail sur les mots, comme organisation de la pensée, comme explicitation des émotions ressenties. Bref, comme le soutient Hegel, il est sans doute exagéré de croire que le monde intérieur des sentiments individuels relève de l’ineffable. Tout au contraire, cet effort de clarification, de conceptualisation élève ce monde intérieur au stade du véritablement pensé, autrement dit du véritablement humain.

Cela ne signifie pas pour autant que la communication de ce monde intérieur par ce travail d’élaboration et de conceptualisation conduise à la transparence totale de ce dernier et en définitive à la négation d’une part irréductible d’individualité et d’incommunicabilité. Il nous faudra cependant approfondir cette question en nous interrogeant sur les possibilités et les limites des autres formes de langage que celles dont dispose le langage usuel ou vernaculaire.