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31.01.2025
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Rubrique "Art et Métaphysique". Suite du billet N°4424
Extrait de Philosophie pour tous, Tome II, A.MENDIRI, Amazon
Prochain billet demain matin mardi 16 mai
Les langues usuelles, dans leur diversité culturelle, se présentent comme des codes de communication conventionnels et qui doivent donc passer par l'épreuve d'un apprentissage afin d'être compréhensibles. Cette réalité est bien connue de tous les collégiens et lycéens de par le monde. De plus, ces codes conventionnels sont des instruments de communication socialisés ne permettant pas ou très difficilement de servir de support à la transmission de messages singuliers, individuels, uniques. Ces codes utilisent des mots communs et gomment par là même toutes les différences. D'ailleurs, le terme de communication ne suppose-t-il pas dans sa racine même l'idée de mise en commun ?
Si on considère que l'art est un langage, autrement dit un moyen de transmission d'un message sur le monde et le destin de l'homme, un moyen afin de diffuser un sens, alors les différences avec les langues usuelles apparaissent aussitôt. Les œuvres d'art sont des réalisations uniques d'un créateur unique au sein d'une époque et d'une culture singulières. Ces œuvres sont censées révéler une âme, un monde intérieur que les langues usuelles sont peut-être inaptes à dévoiler, même si lalittérature, qui fait partie des arts majeurs, y parvient pour une part, ce qui laisse supposer que le travail sur les mots aidé par un talent aiguisé et beaucoup de temps permettent de surmonter les obstacles offerts par les outils proposés par ces langues usuelles.
Remarquons tout d'abord que de ce point de vue, les œuvres d'art comme support d'un message unique, personnalisé se situent aux antipodes des langues spécialisées du savoir objectif, en particulier les mathématiques ou la physique. Il est légitime de considérer ces activités comme des langages, puisque qu'elles se composent de symboles conventionnels, abstraits, porteurs d'un sens rigoureusement univoque et dont les relations sont définies par des règles strictes, non conventionnelles puisque qu'elles sont commandées soit par les exigences de la raison logique pour les mathématiques ou bien par l'ordre même de la nature tel que nous sommes à même à un moment donné de l'histoire du savoir de le vérifier expérimentalement. A ce titre, ces langues sont universelles, s'imposent à tous les esprits et ne comportent aucune des ambiguïtés propres aux langues usuelles.
Mais à l'opposé des œuvres d'art, ces langues qui véhiculent le savoir objectif, s'avèrent rigoureusement impersonnelles. Elles ne parlent de personne, y compris de celui ou de ceux qui en sont à l'origine, de ceux qui les ont inventées. La physique mathématique de la Relativité ne nous apprend rien sur l'homme Einstein. En revanche, les œuvres d'art nous dévoilent quelque chose de leur créateur, sont révélatrices par excellence de son monde intérieur, de sa sensibilité, voire des méandres plus ou moins obscurs de sa psychologie habituellement masquée dans le cadre de la vie usuelle.
Certes, il convient de ne pas oublier que le créateur en art réalise non pas ce qu'il veut mais ce qu'il peut en fonction des techniques dont il dispose et du talent pour en tirer parti. Néanmoins, même ses approximations, ses maladresses trahissent quelque chose de ce qu'il est et de ce qu'il ressent, de sa manière d'interpréter le monde. D'ailleurs, l'avantage que les œuvres d'art possèdent sur la communication usuelle ne tient pas uniquement au moyen technique utilisé, au code spécifique à ces deux types de communication. En effet, dans le cadre de la communication usuelle et socialisée, il est difficile de communiquer des fantasmes ou à tout le moins est-ce condamné par les règles sociales ou morales. En revanche, les œuvres d'art ne connaissent pas ce type de censure et peuvent librement exprimer les profondeurs et les obscurités parfois ambiguës d'une âme. Car, contrairement aux langues usuelles qui règlent la vie pratique et qui à ce titre sont soumises aux limites du droit ou des exigences d'ordre social, l'œuvre d'art appartient au monde de l'imaginaire et comme nous l'avons en son temps précisé est un témoignage de la dimension de la gratuité propre à l'humanité. Certes, la censure peut également limiter cette libre expression. Nous y reviendrons lors de prochains billets. Mais, d'une manière générale, dès lors que le message diffusé ne présente aucun danger pour l'ordre social, qu'il ne se veut pas le support d'un prosélytisme menaçant pour celui-ci, qu'il n'est pas une incitation ouverte à des comportements pouvant remettre en cause les relations admissibles dans telle ou telle société, les autorités d'une part, le public d'autre part restent ouverts au dévoilement dans les œuvres de ce qui apparaîtrait incongru au niveau de la communication sociale ordinaire. L'art est bien un moyen honorable d'exprimer l'inexprimable habituel.
Mais il y a plus. Le mystère de l'art réside incontestablement dans sa capacité à "parler" à tous les contemplateurs, quelle que soit leur culture ou leur nationalité et ce sans la nécessité de passer par l'acquisition d'un code conventionnel ou arbitraire. Certes, cette affirmation mérite nuances et explications. Nous aurons l'occasion de nous en expliquer prochainement. Il n'en reste pas moins vrai qu'un texte écrit en serbo-croate ne provoquera chez moi aucune réaction si je ne connais pas cette langue alors qu'une œuvre musicale, picturale, architecturale etc. issue d'une culture étrangère à mon monde habituel me feront réagir, parleront à ma sensibilité. Certes, cette réaction "spontanée" sera plus ou moins pertinente. Mais l'œuvre aura au moins le mérite et la capacité de susciter une réaction, bref de me "parler". Cela nous amène à un deuxième mystère de l'art : comment se fait-il que des œuvres réalisées au sein d'une époque et d'une culture dont je ne sais rien et révolues depuis longtemps puisse provoquer et parler à ma sensibilité ? Telles sont les prochaines questions qui feront l'objet des billets consacrés au statut de l'art comme langage.