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4493 IDEE DE NATURE ET TRANSHUMANISME

Publié le 26/07/2023 à 06:11 par cafenetphilosophie Tags : sur bonne vie monde coup soi animal presse homme femme travail société histoire fille divers nature cadre enfant demain

Rubrique "Le transhumanisme". Suite du billet N°4476.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome vII, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet demain jeudi 27 juillet.

 

 

Le transhumanisme a mauvaise presse. Mais de quoi s’agit-il ? Il se donne pour objet, d’un point de vue philosophique, d’utiliser le savoir scientifique et technique afin d’améliorer voire augmenter les possibilités physiques et intellectuelles de l’espèce humaine. Nombre d’observateurs ou de penseurs condamnent ce projet et crient au scandale. Qu’en est-il ? Il va de soi que n’importe quel projet, en fonction de l’usage qu’on en fait, peut légitimement susciter le scandale. Cependant il nous reste à juger ce projet indépendamment des perversions qui pourraient être les siennes.

Si on prend la définition du transhumanisme à la lettre, et au risque de choquer nombre de lecteurs, il nous semble qu’il épouse parfaitement la vocation de l’homme depuis son apparition sur cette planète et qu’il correspond à sa nature profonde qui, comme nous avons tenté de le démontrer consiste précisément à être dépourvue de nature, si nous entendons par nature les nécessités en matière de comportement qui seraient susceptibles de s’imposer à lui, comme c’est le cas pour la totalité des autres espèces animales.

Bref, le projet transhumaniste recoupe à la fois celui qui est inscrit dans les deux récits de la Genèse dans la Bible ainsi que celui qui est proclamé par Descartes consistant à assigner à l’homme la volonté de devenir « maître et possesseur de la nature ». N’oublions pas que le célèbre philosophe français vouait une grande admiration pour la médecine, persuadé qu’il était que celle-ci permettrait d’améliorer l’espèce humaine non seulement en guérissant et en vainquant toutes sortes de maladies mais également en améliorant les comportements humains par l’action de substances appropriées à cet effet.

Car en définitive, difficile d’établir une distinction et encore moins une opposition entre le statut de l’homme consistant à s’arracher peu à peu et de plus en plus à sa condition purement biologique afin de construire un monde artificiel et culturel qui lui soit propre, qui soit son œuvre, qui le libère de toutes les contraintes naturelles d’abord, sociales ensuite. Bref, c’est une affirmation extrêmement banale de souligner que l’homme, par nature, sur le plan comportemental, est d’abord un être culturel.

Ce projet grandiose est partagé par des courants de pensée aussi différents en apparence que le courant religieux issu des textes sacrés du judaïsme et du christianisme, du courant spiritualiste et de la philosophie du sujet incarné par Descartes ainsi par exemple que la vision matérialiste propre à Marx et consistant à préparer les conditions d’émergence d’une société d’abondance où l’homme, libéré de toutes les contraintes sociales, en particulier celle du travail contraint , pourra enfin s’adonner aux libres activités vraiment humaines que les citoyens Grecs, grâce à l’existence des esclaves en vue d’assurer leur quotidien, appelaient le Loisir.

Il est en effet dans la vocation de l’homme, dans sa nature d’être libre. « L’homme est né libre » proclame Rousseau dès la première ligne du « Contrat social ». En effet, libéré par la nature des contraintes de ce savoir inné qu’on appelle instinct, pourvu d’une conscience lui laissant la responsabilité de choisir ce qu’il voudra être sur le plan comportemental, l’homme incarne vraiment cet être libre de toute limite naturelle et ayant pour vocation de s’arracher à sa nature originelle et de devenir par-là véritablement un homme. Nous nous annexerons la pensée de Rousseau, en la détournant il est vrai de son sens premier, en affirmant que ce n’est pas la société ou la culture qui pervertissent l’homme mais la société mal gouvernée, c’est-à-dire inspirée par des valeurs contestables, en ajoutant comme le fait Rousseau dans le « Contrat social » que grâce à la société et au développement de la raison qu’elle implique, « l’homme d’un animal stupide et borné » devient véritablement « un être intelligent et un homme ».

Toute l’histoire humaine, si nous appelons histoire ce temps propre à l’homme et consistant à être l’auteur des changements qu’il connaît à travers le temps, témoigne de cet effort constant, légitime et en fin de compte naturel au sens conforme à sa vocation d’être dépourvu de nécessités s’imposant à lui sur le plan comportemental, de s’arracher toujours plus à sa condition présente afin d’élaborer un monde humain où se déploie de mieux en mieux sa liberté originelle.

Mais doit-on opérer une distinction entre la transformation et la maîtrise possibles du monde environnant et celles pouvant concerner l’homme lui-même, son corps, son affectivité, son intellect, les premières étant considérées comme légitimes et normales, les secondes comme illégitimes, voire immorales ou à tout le moins amorales ?

Un tel distinguo nous apparaît complètement artificiel et dépourvu de fondements. L’homme appartient à part entière à la nature et il n’y a aucune raison qu’il s’interdise d’améliorer son sort. D’ailleurs que fait d’autre la médecine ? Mais, objectera-t-on, il s’agit par la médiation du savoir médical de rétablir l’organisme dans son fonctionnement normal sans le modifier d’aucune façon. Pourtant, le savoir médical, de plus en plus technicisé, ne s’arrête pas à ce type d’intervention. Que penser en effet des transplantations cardiaques, des greffes d’organes, des implants dentaires, des prothèses de toutes sortes, des médicaments permettant de calmer les douleurs tant physiques que morales ? Cependant, là encore il sera possible d’arguer qu’il ne s’agit que de réparer un organisme afin qu’il retrouve son fonctionnement normal et naturel.

Pourtant, tel n’est pas le cas à propos des méthodes contraceptives permettant de contrôler les naissances et de conférer à l’acte sexuel non la seule fonction de reproduction, ce qui est sa finalité strictement biologique, mais un rôle social, affectif, apportant des satisfactions d’ordre personnel et détournées de leur fonction initiale et purement biologique.

Cette intervention de l’homme en vue de contrôler les mécanismes de son propre corps, présente pourtant un intérêt considérable sur divers plans. Il libère la femme sur le plan de sa sexualité, la protégeant de grossesses à répétition et non désirées ; Il permet éventuellement d’encadrer à la convenance de l’humanité l’explosion démographique mondiale ; il favorise l’élévation du niveau de vie qui serait victime de familles trop larges et non choisies ; il conduit à des naissances désirées et non imposées par le hasard. Il dissocie enfin l’acte sexuel de sa seule finalité procréatrice en lui affectant un rôle proprement humain considérable sur le plan affectif ou pour l’obtention de simples plaisirs charnels. Il y a là, rupture avec l’ordre naturel immuable ou supposé tel.

Il en va de même à propos de l’homosexualité, souvent liée à des questions d’ordre génétique ou à la limite préparées par un développement psychologique où le hasard joue un grand rôle et qui font que la personne homosexuelle n’a nullement choisi son statut en la matière mais le subit, au même titre, soit dit en passant, que l’attirance hétérosexuelle. Certes, dans le cadre d’un projet transhumaniste, il serait envisageable par des moyens médicaux sans doute de surmonter une attirance pour le même sexe. Mais au nom de quelle norme ? Une norme « naturelle », c’est-à-dire strictement d’ordre biologique ? Cette norme tomberait sous le coup de l’accusation légitime à nos yeux de vouloir enfermer l’homme dans un cadre uniquement biologique alors même qu’il a la possibilité et surtout la vocation de s’en libérer.

Il en va de même concernant la nature de la parentalité. Un enfant nous dit-on de manière fondée sur un constat au premier abord incontournable est le fruit de l’union d’une cellule mâle et d’une cellule femelle, bref d’un homme et d’une femme. Oublions un moment les possibilités ouvertes par la parthénogenèse ou la reproduction par la médiation de la stimulation d’une cellule femelle et conduisant à l’engendrement d’une fille, copie conforme de sa mère biologique. Oublions également la possibilité théorique et prochaine de faire involuer une cellule humaine quelconque jusqu’au stade de cellule souche, avec sans doute ouverte la capacité d’engendrer un nouvel être. Toutes ces perspectives, sans compter celles vraisemblables encore inconnues soulignent si besoin est que la nécessaire intervention d’une composante mâle et d’une composante femelle en vue de donner naissance à un nouvel être n’est pas une condition incontournable à jamais. Le génie créateur humain pourra dépasser, surmonter ces nécessités du jour et inventer d’autres procédures.

De même, pourquoi serait-il interdit de refuser le joug de la nature dès lors que celle-ci nous impose des souffrances insupportables et ôte tout sens à la vie ? Ajoutons pour faire bonne mesure que l’eugénisme positif, la sélection de gènes en vue de ne pas laisser la nature œuvrer sans notre intervention afin d’éviter des malformations, des maladies génétiques, des laideurs « naturelles », ou en vue de choisir le sexe de l’enfant etc. entre parfaitement dans le cadre de la maîtrise humaine de la nature tout à fait conforme à la vocation de notre espèce.

Mieux, si ces interventions sur le patrimoine de l’espèce ouvrent la possibilité de capacités intellectuelles encore supérieures à celles que la nature permet en étroite collaboration avec l’action éducative, pourquoi nous en priverions-nous ?

Reste à se demander si toutes ces perspectives étonnantes s’avèrent compatibles avec les valeurs qui fondent la civilisation occidentale et en particulier avec la source de ces valeurs à savoir le christianisme, et qui ont conduit la naissance de ce qu’on appelle l’humanisme. Ce sera l’objet de la prochaine analyse.