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4621 L'ETAT SOCIAL EST-IL NATUREL OU ARTIFICIEL?

Publié le 02/12/2023 à 05:53 par cafenetphilosophie Tags : soi centerblog sur roman vie place sport homme mode société histoire demain nature cadre pouvoir

Rubrique "Cours: philosophie politique". Suite du billet N°4614.

 

Extrait de Manuel de Philosophie, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet demain dimanche 03 décembre

 

 

C’est l'absence d’instinct et donc d’instinct social qui conduit l’espèce humaine à tous les excès, y compris ceux remettant en cause sa propre espèce comme les crimes organisés, les violences de toutes sortes et en particulier la guerre. Ce sont ces comportements négatifs et dangereux qui ont particulièrement attiré l’attention du philosophe britannique Hobbes (XVII° siècle). Il en fait l’origine de la vie sociale. Car, naturellement, rien ne contraint l’homme à vivre en société. La fourmi ne choisit pas d’évoluer en société. Il semble que pour l’humanité, il n’en aille pas de même et que ce soit un choix.

 

Qu’est-ce qui amène l’homme à vivre en société alors qu’aucun instinct ne l’y contraint et qu’à l’état de nature il dispose d’une liberté naturelle totale, puisque aucune règle ne régit son activité? En effet, il est clair pour Hobbes que la vie en société s’avère pour l’homme tout à fait artificielle. Pourtant, la vie sociale incarne la condition ordinaire et quasiment générale de l’humanité. D’où cela vient-il? L’homme à l’état de nature – qui, rappelons-le est un état fictif-, est«un loup pour l’homme». Hobbes reprend à son compte cette célèbre sentence du poète latin Plaute. En effet, faute d’instinct, faute de cette canalisation naturelle des nécessaires comportements agressifs des espèces animales afin de capturer leurs proies ou un partenaire sexuel, la violence humaine ne trouve plus de limites, exceptées les limites fixées avec plus ou moins de réussite par l’éducation ou la culture. Or, précisément, à l’état de nature ces limites culturelles que tout sujet intériorise et fait siennes n’existent pas. La liberté naturelle devient théorique ou formelle. Tout homme est menacé par ses congénères dans sa vie même. Personne n’est à l’abri dans la mesure où un homme réputé fort trouve toujours plus fort que lui. C’est pour cela qu’Hobbes peut affirmer dans le «Léviathan» «qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre tous.

  

 L’intérêt de la vie sociale et de ses lois apparaît alors. Dans l’absolu, du point de vue de sa nature, elle reste artificielle mais l’humanité n’a trouvé que ce moyen afin de se mettre à l’abri de ses dangereux congénères. Les lois protègent chaque homme de la violence des autres hommes. L’ensemble des lois renvoie à la notion de droit. Par essence, le droit s’oppose à la force. Car que le droit soit considéré comme juste ou injuste, il n’en reste pas moins vrai que le droit fixe des limites conventionnelles à notre action, c’est-à-dire des limites posées et créées par l’homme.

  

Prenons l’exemple, afin d’éclairer notre propos, d’un sport de combat comme la boxe. Chacun sait que dans le cadre de ce sport, tous les coups ne sont pas permis. Il y a des règles, des limites. En revanche, si un individu est agressé dans la rue, il va de soi qu’il n’y a plus de règles. Seules les lois de la nature s’exercent et ce sans aucune limite, exceptées les limites naturelles des forces de l’agresseur. Ainsi, le droit, par essence se distingue de la force. Le droit suppose l’idée de limite et la force exclut cette dernière. C’est d’ailleurs en ce sens que Rousseau pouvait proclamer avec raison que l’expression «le droit du plus fort» est dépourvue de sens, puisque le droit exclut la force et la force le droit.

 Ainsi le droit s’oppose à la force. Le droit est conventionnel, culturel, inventé par l’homme alors que la force relève de la nature. Peut-on dire alors, comme Aristote, que la société et ses lois sont naturelles ou doit-on, au contraire comme Hobbes proclamer qu’elles sont artificielles quoique nécessaires? Ces deux conceptions sont-elles définitivement inconciliables ? Ne peut-on pas supposer que l’homme aspire naturellement à l’état social mais que dans le même temps cet état contrarie ses tendances tout aussi naturelles à vouloir dominer ses semblables et à se comporter comme s’il vivait en solitaire au sein de l’état de nature?

  

C’est ce point de vue que soutient Kant dans «Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique»:

 

«J’entends ici par antagonisme l’insociable sociabilité des hommes, c’est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d’une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagréger cette société. L’homme a un penchant à s’associer, car dans un tel état, il se sent plus qu’homme par le développement de ses dispositions naturelles. Mais il manifeste aussi une grande propension à se détacher (s’isoler), car il trouve en même temps en lui le caractère d’insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens; et de ce fait, il s’attend à rencontrer des résistances de tous côtés, de même qu’il se sait par lui-même enclin à résister aux autres.

  

C’est cette résistance qui éveille toutes les forces de l’homme, le porte à surmonter son inclination à la paresse, et, sous l’impulsion de l’ambition, de l’instinct de domination ou de cupidité, à se frayer une place parmi ses compagnons qu’il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer. L’homme a alors parcouru les premiers pas, qui, de la grossièreté, le mènent à la culture dont le fondement véritable est la valeur sociale de l’homme; c’est alors que se développent peu à peu tous les talents, que se forme le goût, et que même, cette évolution vers la clarté se poursuivant, commence à se fonder une forme de pensée qui peut, avec le temps, transformer la grossière disposition naturelle au discernement moral en des principes pratiques déterminés».

  

Dans cet extrait Kant propose donc une synthèse séduisante entre les points de vue d’Aristote et de Hobbes. Cette dernière tient compte en effet des exigences naturelles qui amènent l’homme à vivre en société mais également de l’absence d’instinct social qui porte spontanément l’individu à défendre ses intérêts égoïstes, à commettre tous les excès, ces tendances négatives amenant paradoxalement les hommes à développer les dispositions naturelles de leur espèce afin de surmonter les «résistances» qui s’offrent à son action, mais ce, dans le cadre des limites fixées par la société et ses lois. Ainsi l’homme, selon Kant, est naturellement un être social, c’est-à-dire porté à vivre en société, même s’il n’est pas naturellement sociable, c’est-à-dire porté à établir des relations avec autrui sur un mode positif et empreint d’empathie.