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02.03.2025
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Rubrique "Cours: philosophie politique". Suite du billet N°4642.
Extrait du Manuel de Philosophie, A.MENDIRI, Amazon.
Prochain billet demain dimanche 31 décembre.
Cette critique radicale de la loi n’est pas la seule qui ait vu le jour au cours de l’histoire de la pensée. Au XIX° siècle, Marx et Engels proposent un autre type de critique sans concession de la loi mais aux antipodes de celle de Calliclès. Nous savons en effet que la loi est créée par un État. Or, quelle est la fonction cachée d’un État et donc des lois ? Pour Marx et Engels toute société connaît des conflits sourds ou ouverts entre des catégories sociales dont les intérêts sont divergents. Ces conflits opposent ce qu’ils appellent des classes sociales, une classe sociale étant définie par le statut de ses membres par rapport à la propriété des moyens de production, c’est-à-dire les terres et les usines. Même si l’analyse peut être affinée en la matière, il existe en fin de compte deux classes fondamentales au sein des diverses sociétés : celle qui est propriétaire de ces moyens de production et celle qui ne possède rien d’autre que sa force de travail et qu’on appelle le prolétariat.
L’origine historique de ces conflits et de cette division en classes sociales est simple. Elle n’est pas de nature morale. Ce n’est pas parce que les hommes sont « méchants » que de telles inégalités existent. C’est tout simplement parce que depuis les origines, les sociétés connaissent une pénurie relative de biens produits. Cela signifie qu’il n’y a pas assez de biens pour pouvoir satisfaire tous les besoins de l’ensemble d’une population donnée. Cela entraîne des luttes afin de s’approprier le maximum de biens possible. Ces conflits ont donc une origine matérielle et sont inévitables jusqu’au jour très lointain où l’humanité parviendra à une société d’abondance, une société où les biens seront précisément tellement abondants qu’une lutte pour se les approprier aura perdu toute signification.
Or, une société ne peut durablement se maintenir s’il existe en son sein des conflits ouverts. Il faut donc qu’il y ait des instances capables d’arbitrer ces conflits. L’ensemble des institutions jouant ce rôle d’arbitre correspond à l’État. Telle est la fonction de l’État. Il crée certes des lois mais ces dernières sont destinées à étouffer ces conflits internes et inévitables au sein d’une société. Seulement l’État en question arbitre toujours dans le même sens, à savoir au service des intérêts de la classe dominante.
Comment expliquer ce phénomène ? Car il ne s’agit pas de diaboliser les gouvernants ni d’ailleurs la totalité des propriétaires des moyens de production. Nombre d’entre eux souhaitent sincèrement agir au mieux, de la manière la plus équitable possible, améliorant ainsi la condition des prolétaires. Seulement, ces souhaits généreux éventuels sont voués à l’échec. Cela est dû non à la mauvaise volonté des hommes mais à la nature même du système économique, en particulier le système économique capitaliste. Ce ne sont pas les hommes qui sont mauvais, c’est le système économique qui est mauvais par nature.
Exposons un scénario théorique et schématique afin de mieux comprendre ce que Marx et Engels avancent. Supposons qu’un gouvernement veuille prendre des dispositions sociales favorables à la classe ouvrière. Ces dispositions peuvent conduire à alourdir les charges des grandes entreprises concernées de telle sorte que la concurrence avec des entreprises étrangères se trouve faussée et que, si le gouvernement en question maintient sa position, il s’expose à des faillites, dramatiques en termes de chômage notamment. Ce gouvernement y renoncera alors, contraint et forcé par la logique du système économique capitaliste. En conséquence, la loi s’avère, en fin de compte, toujours favorable aux intérêts des propriétaires des moyens de production ou si l’on préfère à la classe dominante. Ainsi, la justification ultime d’un État réside-t-elle dans la défense de tels intérêts. Ce type d’analyse aboutit donc à des conclusions diamétralement opposées à celles de Calliclès. La loi, émanation d’un État, est par essence au service des plus puissants. C’est ce qu’écrit Engels dans « L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État » :
>« L’État n’est donc pas un pouvoir imposé du dehors à la société…Il est bien plutôt un produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il est l’aveu que cette société s’empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en oppositions inconciliables qu’elle est impuissante à conjurer . Mais pour que les antagonismes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas, elles et la société, en une lutte stérile, le besoin s’impose d’un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de « l’ordre » : et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d’elle et lui devient de plus en plus étranger , c’est l’État ; […] Comme l’État est né du besoin de réfréner des oppositions de classes, mais comme il est né, en même temps, au milieu du conflit des classes, il est, dans la règle, L’État de la classe la plus puissante, de celle qui domine au point de vue économique et qui, grâce à lui, devient aussi classe politiquement dominante et acquiert ainsi de nouveaux moyens pour mater et exploiter la classe opprimée.[…]L’État n’existe donc pas de toute éternité. Il y a eu des sociétés qui se sont tirées d’affaire sans lui, qui n’avaient aucune idée de l’État et du pouvoir d’État. A un certain stade du développement économique, qui était nécessairement lié à la division de lasociétéen classes, cette division fit de l’État une nécessité ».