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Date de création : 26.02.2011
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31.01.2025
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Rubrique "Pensées du chaos". Suite du billet N°4648.
Extrait de Philosophie pour tous, Tome VIII, (en cours de rédaction) A.Mendiri,
Prochain billet demain samedi 06 janvier.
Michel Foucault (1926-1984) est un philosophe français contemporain. Il a fait des études de philosophie, de psychologie et de psycho-pathologie. Professeur dans plusieurs universités françaises et à l'étranger, il est nommé en 1970 au Collège de France où il enseignera jusqu'à sa mort. Assumant mal son homosexualité, il tenta par deux fois de se suicider et ses principaux ouvrages concernent les phénomènes de marginalité au sein des sociétés.
Il s'inscrit dans un courant de pensée dominant au cours des années 1960 où sous l'influence de la psychanalyse et surtout du structuralisme initié par Lévi-Strauss, l'étude et l'attention au langage deviennent des préoccupations philosophiques quasi exclusives. En effet, la science étant considérée comme seule habilitée à l'étude extra-linguistique, la philosophie se replie sur l'étude du langage, y compris du langage scientifique. Toute expérience humaine s'effectuant par la médiation du langage, de telles investigations contribuent donc indirectement à éclairer les choses. De plus la science et la technologie ayant tendance à dévaloriser le rapport symbolique au réel au profit d'un rapport purement opératoire, il s'agirait de la part des philosophes épousant ce type de préoccupations d'une démarche de surprotection par la médiation du langage afin d' analyser notre rapport au monde.
Quelles sont les idées-clefs de Michel Foucault? En premier lieu il part du principe que tout, autrement dit la nature et le monde humain, est chaos, désordre dépourvu de sens. Il partage la conviction nietzschéenne selon laquelle les idées de vérité et de valeurs universelles relèvent de mythologies illusoires. Dès lors, il récuse Hegel et l'idée d'une Histoire qui serait un grand récit continu et sensé vers un progrès et en particulier un progrès de la raison. Il récuse également Marx sur deux points : pour lui l'histoire n'a pas de sens eten-deça des déterminismes économiques, il y a des facteurs plus profonds de pouvoirrégissant les relations humaines et les sociétés.
En effet l'idée qu'au sein des relations humaines de multiples formes de pouvoirs sont omniprésentes constitue le fil directeur de toutes ses analyses de la condition humaine. Ce qu'il faut bien avoir en tête c'est que le pouvoir dont parle Foucault et qu'il appelle "gouvernance générale" n'est pas de nature politique, n'est pas non plus subjectif ou d'ordre conscient et encore moins objectif ou sous forme de contraintes explicites, mais c'est un pouvoir inconscient qui structure les sujets. Dès lors route relation entre deux individus définit un pouvoir que ce soit sur une personne, une famille, un groupe, une société, et détermine de manière inconsciente des comportements.
Comparons par exemple le mode de gouvernementalité au cours du Moyen-Age et à notre époque. Au Moyen-Age ce qui intéresse le souverain est relatif au prélèvement fiscal et non à la vie quotidienne des gens. Celle-ci reste néanmoins l'objet de l'attention des clercs. En revanche, de nos jours, l'importance prise sur le plan économique par la consommation conduit à des régulations subtiles et inconscientes des comportements en la matière.
En-dehors de la vie quotidienne, le savoir lui-même est traversé ou même façonné à certains égards par des modes spécifiques de pouvoirs. Foucault prétend que chaque époque se caractérise par un mode inconscient d'interprétation du monde, ce qu'il appelle des "épistémés". Impossible de trouver entre les "épistémés" successives un lien logique quelconque. Cette succession est régie par le hasard et illustre un chaos temporel. Mais Foucault, à la façon de Nietzsche, procède à une "archéologie du savoir", autrement dit au dévoilement des besoins qui les ont successivement fait naître. Cette recherche, appliquée aux seules sciences humaines, met à jour les conditions culturelles qui, quoique étrangères à proprement parler au savoir en question, peuvent rendre compte des formes qu'il prend à un moment donné.
C'est ainsi que les sciences humaines, apparues pour l'essentiel au XIX° siècle, étudient l'homme en général. Cette notion est donc une invention récente et à certains égards paradoxale dans la mesure où les sciences humaines, dominées par le structuralisme contemporain, ne retiennent que des structures générales laissant échapper le monde concret des hommes et conduisant, selon Foucault à la "mort de l'homme". Certes, Foucault s'oppose à la philosophie traditionnelle de l'homme centrée sur le sujet conscient rationnel et libre mais se refuse à ne retenir de son étude que des structures générales et abstraites.
Mais ce qui caractérise notre époque ce sont toutes les formes de ce que Foucault désigne par l'expression de "bio-pouvoirs", c'est-à-dire les pouvoirs régissant les rapports à la vie, au sexe, à la mort. C'est ainsi que la médecine traditionnelle se contentait d'assister le malade dans sa maison vers la guérison ou la mort. Par contre, la médecine moderne utilise des techniques comme le stéthoscope et agit sur des causes comme les agents infectieux et parfois opère, ce qui suppose l'hôpital.
D'une manière plus générale le droit de vie et de mort change en fonction des époques. C'est ainsi qu'à Rome le père de famille dispose du droit de mort sur ses enfants et sur les esclaves. Lors de la période classique le souverain n'en dispose qu'en cas de nécessité : soit à la suite de complots soit lors de guerres menées pour préserver le pays et non pour le souverain. A l'opposé, de nos jours , les gouvernants sont centrés sur la gestion de la vie avec des normes régulatrices. Des politiques spécifiques concernent la natalité, la longévité, la santé publique, l'habitat, la migration et des règles de vie régissent les écoles , les casernes, les prisons.
C'est particulièrement vrai concernant la vie sexuelle des membres de la société, car celle-ci est en rapport direct avec la vie du corps et de l'espèce. A partir du XIX° siècle, les préoccupations normatives et scientifiques à propos du sexe envahissent le champ individuel, s'intéressant aux rêves, aux premières années de l'enfance en vue d'un dressage. Mais elles concernent également le champ social avec des incitations ou des freins à la procréation, mais aussi avec des campagnes de moralisation et surtout avec la psychiatrisation des perversions. Ainsi la sexualité loin d'être réprimée est au contraire à certains égards suscitée, car exprimant un champ privilégié pour la régulation des comportements.
A vrai dire les sociétés contemporaines sont dominées par deux soucis: la surveillance et la normalisation. La surveillance se traduit par les modalités de l'acte de punir. Dans les sociétés anciennes et jusqu'au XVIII° siècle, l'acte de punir est exceptionnel. En effet la loi émane du souverain. Dès lors toute violation de la loi constitue une atteinte à son pouvoir. En conséquence le supplice se doit d'être monstrueux afin de manifester la force physique du souverain. Le supplice constitue un rituel politique au même titre que la cérémonie de couronnement ou l' entrée du souverain dans une ville.
De nos jours, l'acte de punir vise non l'exemple mais l'amélioration de l'individu. Tous les actes délictueux sont poursuivis. Les supplices disparaissent mais apparaît la police et son système d'enfermement et de surveillance, conséquences directes de la généralisation de la punition. L'institution policière, introduite en Europe lors de la deuxième partie du XVIII° siècle, s'est répandu partout dans le monde.
Ce souci de l'amélioration des individus se traduit la plupart du temps par une visée de normalisation. avec la caution de la science en vue de les assujettir . Les institutions sociales telles que les prisons, les écoles et les hôpitaux sont des lieux de pouvoir où les individus sont disciplinés et contrôlés. De même, les identités sociales telles que la race, le genre et la sexualité sont des constructions sociales utilisées pour maintenir le pouvoir et la domination.
La psychiatrie et la psychanalyse se distinguent particulièrement en tant qu'institutions visant à la normalisation sociale. Elles font de la folie une pathologie dont les causes sont contrôlables. Le pouvoir psychiatrique s'étend d'ailleurs bien au-delà de son domaine spécifique. L'asile, la prison en marge des sociétés se voient organisées selon des normes exceptionnelles et selon un pouvoir garanti par la science psychiatrique. Un tel pouvoir s'exerce dans tous les secteurs de la société. Il s'étend au domaine de l'échec scolaire, aux problèmes sexuels de l'adolescent, à l'examen des présumés coupables au moment des assises. Comme on le voit l'omniprésence d'un pouvoir, sous des formes multiples et variées, est bien au cœur de la pensée de Michel Foucault.
Notons ses œuvres principales : La folie (Histoire de la folie à l'âge classique 1961);Le crime (Surveiller et punir 1975) ; La sexualité (La volonté de savoir 1976) où interviennent des savoirs scientifiques nouveaux; L' intérêt pour ces nouvelles sciences humaines dans "Les mots et les choses 1966" et dans "L'archéologie du savoir" 1969, Foucault critique la science.