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4739 SOCIETE CIVILE ET LIBERTE

Publié le 29/03/2024 à 06:12 par cafenetphilosophie Tags : sur center vie place monde chez homme enfants article société demain nuit nature pouvoir

Rubrique "Liberté dans la Cité". Suite du billet N°4732.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome VII, A.MENDIRI, Amazon

 

Prochain billet demain samedi 30 mars.

 

 

La liberté au sein des sociétés structurées par un État peuvent demeurer plus théoriques que réelles. La Révolution de 1789 est considérée par Marx et Engels comme une révolution bourgeoise en dépit du fait qu'elle ait mis fin à l'arbitraire royal en imposant une constitution ou des règles présidant au pouvoir politique et en proclamant des droits valant non seulement pour les citoyens français mais pour tous les hommes. C'est d'ailleurs ce caractère universaliste de la Révolution de 1789 qui lui a valu son prestige et son renom à travers les siècles.

Cependant les droits en question portent essentiellement sur les libertés individuelles et négligent aux yeux de Marx et Engels les droits réels, à savoir des droits sociaux qui seuls sont susceptibles de garantir des libertés effectives au sein des sociétés pour tous ses membres sans privilégier les plus favorisés pour qui l'exercice de ces droits se verrait de fait réservé. De plus, n'oublions pas que la Déclaration de 1789, en son article 17 proclame et préserve le droit de propriété et donc celui des moyens de production. Or nous savons que la propriété des moyens de production est pour Marx et Engels le fondement de toutes les exploitations de l'homme par l'homme, garantissant par là même les privilèges d'une classe dominante.

Certes les choses ne sont pas si simples. Bakounine, au nom des anarchistes dénonce toute forme d'État; y compris l'État prolétarien, celui qui accompagne le corps social vers la société d'abondance et qui a vocation à s'éteindre progressivement au fur et à mesure que cet objectifs se verrait rempli. Car, aux yeux de Bakounine, tout État crée des inégalités et reste répressif. Comme on le voit, il n'est pas facile de dépasser le stade des simples libertés formelles, même lorsque la propriété des moyens de production est devenue collective.

Bien entendu, les analyses qui précèdent s'appuient sur des présupposés philosophiques concernant la nature et le rôle d'un État. Il s'agit d'ailleurs de théories matérialistes qui accordent aux conditions matérielles d'existence un rôle exclusif pour rendre compte du devenir des sociétés humaines, ignorant par là même les facteurs proprement anthropologiques, à savoir les caractéristiques et les limites de la nature humaine sur un plan biologique et culturel.

Ce sont ces derniers facteurs qu'il nous faut maintenant rappeler et examiner. Hobbes est le premier qui, au XVII° siècle a proposé une critique de l'état de nature pour mieux justifier la nécessité de l'état social et du rôle d'un État. Rappelons que pour ce philosophe l'état de nature est un état qui ne décrit pas une situation historique originelle mais un état fictif visant à imaginer ce que serait la condition humaine hors d'une société organisée.

En effet, Hobbes prend acte des caractéristiques naturelles, selon lui, de l'homme. Dépourvu, contrairement aux autres espèces animales de savoir naturel canalisant son comportement, l'homme est porté à tous les excès et à servir son intérêt particulier au détriment de ses congénères, par la force s'il le faut. Bref, comme il le proclame de manière célèbre, reprenant par là un propos de Plaute, "l'homme est un loup pour l'homme".

Or la force ne connaît aucune limite, hormis les limites des forces naturelles. En revanche toute société est structurée par le droit qui établit des limites conventionnelles à l'action humaine permettant la coexistence pacifique entre ses membres et garantissant leur liberté. Voici ce que Hobbes écrit dans "Du citoyen": Hors de la société civile chacun jouit d'une liberté très entière, mais qui est infructueuse, parce que comme elle donne le privilège de faire tout ce que bon nous semble, aussi elle laisse aux autres la puissance de nous faire souffrir tout ce qu'il leur plaît...Hors de la société, chacun a tellement droit sur toutes choses, qu'il ne peut s'en prévaloir et n'a la possession d'aucune; mais dans la république, chacun jouit paisiblement de son droit particulier. Hors de la société civile, ce n'est qu'un continuel brigandage et on est exposé à la violence de tous ceux qui voudront nous ôter les biens et la vie; mais dans l'État, cette puissance n'appartient qu'à lui seul. Hors du commerce des hommes, nous n'avons que nos propres forces qui nous servent de protection, mais dans une ville, nous recevons le secours de tous nos concitoyens".

Il est vrai qu'aux yeux de nombre d'hommes, les lois semblent contradictoires avec la liberté conçue comme capacité à faire ce que l'on veut. Pourtant les lois empêchent autrui de nous dominer de manière arbitraire. De plus les lois ne couvrent pas l'ensemble des activités mais seulement celles nécessaires pour assurer la paix civile. C'est ce que soutient Hobbes dans "Le Léviathan".

"Étant donné qu'il n'existe pas au monde de république où l'on ait établi suffisamment de règles pour présider à toutes les actions et paroles des hommes (car cela serait impossible), il s'ensuit nécessairement que, dans tous les domaines d'activité que les lois ont passés sous silence, les gens ont la liberté de faire ce que leur propre raison leur indique comme leur étant le plus profitable. Car si nous prenons le mot liberté en son sens propre de liberté corporelle, c'est-à-dire de n'être ni enchaîné ni emprisonné, il serait tout à fait absurde de crier comme ils le font pour obtenir cette liberté dont ils jouissent si manifestement."

Hobbes précise alors en quoi consiste le rôle des lois et la nécessité d'un 'État : "Si nous entendons par liberté le fait d'être soustrait aux lois, il n'est pas moins absurde de la part des hommes de réclamer comme ils le font cette liberté qui permettrait à tous les autres hommes de se rendre maîtres de leurs vies. Et cependant, aussi absurde que ce soit, c'est bien ce qu'ils réclament, ne sachant pas que leurs lois sont sans pouvoir pour les protéger s'il n'est pas un glaive entre les mains d'un homme (ou de plusieurs) pour faire exécuter ces lois".

Il en conclut alors que tout citoyen est "libre dans le silence des lois" : "Par conséquent, la liberté des sujets réside seulement dans les choses qu'en réglementant leurs actions le souverain a passées sous silence, par exemple la liberté d'acheter, de vendre, et de conclure d'autres contrats les uns avec les autres, de choisir leur résidence, leur genre de nourriture, leur métier, d'éduquer leurs enfants comme ils le jugent convenable et ainsi de suite".

Hannah Arendt, pour sa part, fait de la liberté civile ou de la liberté politique la condition de la liberté intérieure : "Il semble qu'on puisse affirmer que l'homme ne saurait rien de la liberté intérieure, s'il n'avait d'abord expérimenté une liberté qui soit une réalité tangible dans le monde.Nous prenons conscience d'abord de la liberté ou de son contraire dans notre rapport avec d'autres non dans le commerce avec nous-mêmes" ('Qu'est-ce que la liberté? 1954)

Cependant Hannah Arendt précise que n'importe quelle société civile ne conduit pas à l'émergence de la liberté intérieure au sein des sujets humains: "Manifestement, la liberté ne caractérise pas toute forme de rapports humains et toute espèce de communauté. Là où les hommes vivent ensemble mais ne forment pas un corps politique-par exemple, dans les sociétés tribales ou dans l'intimité du foyer- les facteurs réglant leurs actions et leur conduite ne sont pas la liberté, mais les nécessités de la vie et le souci de la conservation".

Il serait possible d'ajouter comme le fait Benjamin Constant dans "De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes" (1819), que l'activité politique doit être telle qu'elle favorise effectivement la liberté individuelle. En effet, la vie politique des Anciens, dont la démocratie grecque constitue l'exemple emblématique, se distingue radicalement de la vie politique moderne telle qu'elle s'est développée depuis la Révolution française.

En quoi consistait la liberté des Anciens selon Benjamin Constant? "Celle-ci consistait à exercer collectivement, mais directement, plusieurs parties de la souveraineté toute entière, à délibérer, sur la place publique, de la guerre et de la paix, à conclure avec les étrangers des traités d'alliance, à voter les lois, à prononcer les jugements, à examiner les comptes, les actes, la gestion des magistrats, à les faire comparaître devant tout le peuple, à les mettre en accusation, à les condamner ou à les absoudre; mais en même temps que c'était là ce que les anciens nommaient liberté, ils admettaient comme compatible avec cette liberté collective l'assujettissement complet de l'individu à l'autorité de l'ensemble..."

En effet "toutes les actions privées sont soumises à une surveillance sévère. Rien n'est accordé à l'indépendance individuelle, ni sous le rapport des opinions...ni surtout sous le rapport de la religion. La faculté de choisir son culte, faculté que nous regardons comme l'un des droits les plus précieux, aurait paru aux anciens un crime et un sacrilège....Ainsi chez les anciens, l'individu, souverain habituellement dans les affaires publiques, est esclave dans tous les rapports privés".

La conception de la liberté chez les modernes est tout à fait différente : "La liberté individuelle... voilà la véritable liberté moderne. La liberté politique en est la garantie; la liberté politique est par conséquent indispensable. Mais demander aux peuples de nos jours de sacrifier comme ceux d'autrefois la totalité de leur liberté individuelle à la liberté politique, c'est le plus sûr moyen de les détacher de l'une et quand on y serait parvenu, on ne tarderait pas à leur ravir l'autre."

Benjamin Constant en tire une conclusion concernant l'organisation politique des sociétés modernes: "Comme la liberté qu'il nous faut est différente de celle des anciens, il faut à cette liberté une autre organisation que celle qui pourrait convenir à la liberté antique; dans celle-ci, plus l'homme consacrait de temps et de force à l'exercice de ses droits politiques, plus il se croyait libre; dans l'espèce de liberté dont nous sommes susceptibles, plus l'exercice de nos droits politiques nous laissera de temps pour nos intérêts privés, plus la liberté nous sera précieuse".

C'est ainsi que la Déclaration de 1789 définit en plusieurs de ses articles ce que l'on doit entendre par cette liberté individuelle : "La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi" (article 4).

Dans l'article 5, la Déclaration précise la fonction de la loi: " La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas". Enfin dans l'article 10, elle rejoint les analyses de Benjamin Constant en proclamant que "nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi".

Il nous faudra donc examiner les fondements théoriques et politiques de la liberté moderne telle que Benjamin Constant l'a bien mise en lumière.