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4745 L'ORIGINALITE DE LA CONDITION HUMAINE

Publié le 04/04/2024 à 06:10 par cafenetphilosophie Tags : sur vie monde coup soi animal chez homme fond travail société heureux dieu divers nature texte demain

Rubrique "Philosophie par les textes". Suite du billet N°4738.

 

Extrait de Philosophie pour tous, Tome IV, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet demain vendredi 05 avril.

 

 

Le texte sur lequel nous comptons réfléchir pour en tirer des conclusions philosophiques est un extrait de l’«Existentialisme est-il un humanisme ? » de J.P Sartre :

 

« S’il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait la nature humaine, il existe pourtant une universalité humaine de condition. Ce n’est pas par hasard que les penseurs d’aujourd’hui parlent plus volontiers de la condition de l’homme que de sa nature. Par condition ils entendent avec plus ou moins de clarté l’ensemble des limites a priori qui esquissent sa situation fondamentale dans l’univers. Les situations historiques varient : l’homme peut naître esclave dans une société païenne ou seigneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne varie pas, c’est la nécessité pour lui d’être dans le monde, d’y être au travail, d’y être au milieu d’autres et d’être mortel… Et bien que les projets puissent être divers, au moins aucun ne me reste-t-il tout à fait étranger parce qu’ils se présentent tous comme un essai pour franchir ces limites ou pour les reculer ou pour les nier ou pour s’en accommoder. »

Ce texte peut interpeller nombre de lecteurs. Sartre nous dit en effet d’emblée « qu’il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait la nature humaine ». Rappelons que l’essence d’une réalité renvoie à toutes les caractéristiques qui caractérisent celle-ci et la distingue de toutes les autres. Par exemple, pour la pensée classique, c’est-à-dire en tout premier lieu la pensée philosophique grecque, l’essence du couteau consiste à couper, l’essence de l’œil à voir, l’essence de l’homme correspondant à la raison, faculté qui le distingue par rapport à toutes les autres espèces animales.

Or, l’auteur conteste ici l’idée même d’une essence de l’homme et donc par ricochet l’idée d’une « nature humaine ». Pourtant, nous savons combien cette idée de nature humaine semble communément partagée, que ce soit pour lui attribuer des qualités ou des défauts apparemment inhérents à son être et ce, depuis le fin fond des âges. De plus, chacun peut constater que seul l’homme pense, possède un langage permettant précisément de développer la pensée et que ce privilège le conduit à créer une culture, toutes choses évidemment absentes du restant de la nature. De ce point de vue, la pensée commune rejoint à certains égards la pensée grecque traditionnelle.

Il y a plus. Tous les jours, en fonction de l’actualité mondiale ou plus modestement de faits divers proches, les médias et la plupart d’entre nous évoquons des « actes inhumains », ce qui laisse entendre en toute logique qu’il existe a contrario des actes « humains », autrement dit considérés comme devant être ceux de tout homme « normal », même si cette dernière expression contient pas mal d’ambiguïtés ou d’équivoques.

Il va de soi que J.P Sartre ne peut pas ignorer cela, d’autant qu’il appartient à une époque qui a vu, avec les évènements tragiques de la seconde guerre mondiale, apparaître l’idée juridique et morale de « crimes contre l’humanité ». Alors que veut-il dire ? Prenons tout d’abord en considération l’affirmation classique selon laquelle la raison est le propre de l’homme, son essence, bref sa nature. Rappelons à cet égard que les Grecs ne se contentent pas de constater que l’homme possède une faculté lui permettant de calculer, de raisonner, contrairement au singe par exemple. La raison dont il parle n’est pas celle du calcul froid, autorisant une habileté purement intellectuelle comme c’est le cas lorsque le truand commet un crime qui se veut parfait. Car dans ce cas, la raison en question est au service de la passion qui anime le criminel en question.

A vrai dire, la raison que les philosophes Grecs évoquent au titre d’essence de l’homme, c’est la raison éthique, celle qui permet d’éviter tout excès, qui conduit à être raisonnable et non pas comme le criminel évoqué ci-dessus seulement rationnel quant au comportement adopté. Certes, nous pourrions nous demander en quoi et pourquoi nous devrions être raisonnables. Pour les penseurs Grecs, il ne s’agit pas d’une question morale, d’un devoir à accomplir afin par exemple de respecter la personne humaine, de se draper dans une forme de dignité, c’est seulement en vue de servir nos intérêts authentiques et du même coup les intérêts de la collectivité. Car les hommes font l’expérience quotidienne que les excès conduisent souvent à des maux de toutes sortes. La passion et le désir sont très souvent fort mauvais conseillers. « Tous tant que nous sommes nous voulons être heureux », dit Platon, c’est-à-dire que nous voulons faire notre bien. En faisant notre bien, nous faisons ce que nous voulons et par là même nous devenons authentiquement libres alors même que nous étions esclaves de nos désirs et de nos passions, autrement dit nous ne nous appartenions plus mais nous appartenions à ces désirs et ces passions comme l’esclave appartient à son maître.

Seule la raison éthique, celle qui a vocation « à nous gouverner », à « tenir le gouvernail » précise Platon, peut nous éclairer en la matière et ce, dans la mesure où contrairement au restant de la nature animale, nous sommes dépourvus de ces canalisations naturelles constituées par les instincts. En étant raisonnables pour mon compte, je ne nuis pas à la collectivité, au bien collectif, ce qui est doublement raisonnable tant nous savons combien l’homme a besoin de la société pour devenir véritablement homme et exploiter les possibilités de l’espèce, que ce soit grâce à l’éducation reçue ou au partage social des tâches.

J.P Sartre ignorerait-il tout cela ? Oser le penser serait évidemment absurde. Ce qu’il constate d’abord, c’est que, être raisonnable n’est pas une contrainte naturelle mais un choix. Le termite ne choisit pas d’être termite et de se comporter en termite. L’homme, pourrait dire certains, choisit d’être homme, c’est-à-dire raisonnable. Or, ce n’est pas le seul choix possible pour l’homme. Nous voulons dire par là que ce n’est pas le seul choix éthique possible, le seul horizon légitime qu’il peut donner à sa vie. Il peut, par exemple, se refuser à faire ce « bien » très tempéré. Il peut préférer l’ivresse des excès quitte à affronter et à assumer les conséquences néfastes qui s’ensuivent pour un temps. Il peut refuser ce type de « liberté dite authentique » qui impose autant de contraintes et qui se refuse à explorer les chemins extrêmes. Bref, ce que veut dire Sartre, c’est que la représentation normative que les Grecs se font de l’homme n’est nullement une réalité qui s’imposerait naturellement, ce n’est qu’un choix, qu’un projet de vie, qu’un engagement particulier.

Car, à vrai dire, il n’y a chez l’homme aucune caractéristique, aucune manière d’être qui puisse s’imposer comme c’est le cas pour le termite ou la fourmi ou tout autre animal. Oui, me direz-vous, mais l’homme est vraisemblablement le seul à posséder une conscience. Peut-on alors en conclure que c’est cette possession de la conscience qui constitue la nature humaine ? Soit, sauf que la conscience en question n’enferme aucune caractéristique qui commanderait une manière d’être précise. La conscience est pure liberté, pure capacité d’acquiescer ou de refuser, de dire oui ou de dire non. C’est en ce sens que l’homme se voit dépourvu de nature et se voit condamné à choisir ce qu’il estime devoir être. Il n’échappe pas à cette liberté. Ne pas choisir, c’est encore choisir, en l’occurrence choisir de ne pas choisir. La conscience nous « condamne à la liberté ».

 

Telle est la condition humaine. Il y a certes des faits communs que tous les hommes rencontrent et connaissent : ils naissent sans l’avoir demandé ; ils vivent avec autrui ; ils sont appelés à mourir. Mais face à cela, ils se voient condamnés à assumer librement les caractéristiques de cette condition humaine. Aucun de ces trois faits ne condamne à un choix particulier et de surcroît « naturel ».

Concluons en remarquant que les écrits bibliques, aussi surprenants que cela puisse apparaître, sont très proches de cette conception. L’homme n’est pas revêtu d’une nature immuable. Il se doit de choisir entre deux paris : soit se replier sur sa seule finitude en en faisant un absolu et en donnant à cette finitude le visage qu’il désirera ; soit en acceptant et en accordant crédit à la parole et à la promesse divine qui l’appellent à s’élever au-dessus de la simple finitude et à partager la plénitude divine, offerte gratuitement par son Dieu. Telle est la condition de l’homme évoquée par la Bible.