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31.01.2025
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Rubrique "Philosophie politique". Suite du billet N°4774.
Extrait de Manuel de Philosophie, A.MENDIRI, Amazon.
Prochain billet demain dimanche 12 mai.
Il n’en reste pas moins vrai que si de telles précautions d’ordre psychologique sont sans doute fondées, ne pas limiter ou encadrer l’action politique par des considérations morales peut conduire à des pratiques peu à l’honneur de la civilisation. C’est ainsi que la torture policière peut se voir légitimée afin de lutter efficacement contre le risque d’actions terroristes par exemple. Nul ne doute que nombre de citoyens approuveront, au nom du souci moral pour les éventuelles victimes, ces actions sans prendre conscience que l’Etat de droit est alors remis en cause ainsi que les valeurs fondatrices de la civilisation issue du christianisme et de la philosophie des Lumières. Ces réactions émotionnelles valident de fait les philosophies politiques pour qui l’efficacité dans l’action est le seul critère à retenir.
Il convient en effet d’insister sur le fait que l’immoralité des moyens utilisés se voit souvent légitimée au nom de valeurs réputées supérieures, que ce soit la protection des enfants, des handicapés, des vieillards etc. ou de manière plus idéologique la défense d’acquis révolutionnaires, de valeurs religieuses, d’intérêts patriotiques etc. Tous les moyens, même les plus barbares, sont alors considérés comme « naturels » ou légitimes. Songeons à l’Inquisition entre le XIII° et le XVI° siècle ; la terreur impulsée par Robespierre ou Staline ; les actions terroristes inspirées par Ben Laden. Le caractère sacralisé des fins justifie l’horreur des moyens afin d’y parvenir. Lénine ne se plaisait-il pas à proclamer que « le mensonge était révolutionnaire » ?
Remarquons à cet égard que ce type d’action, tout en ignorant les exigences morales lorsque cela est jugé nécessaire, ne se rattache pas aux démarches décrites par Hobbes ou Machiavel. Ces derniers avaient le souci de l’efficacité raisonnée. Leurs conduites n’étaient pas inspirées par la passion, l’émotion, voire le fanatisme idéologique. Car ce qui prime, dans ces derniers cas c’est l’idéologie plutôt que l’efficacité. Mais il est possible de s’interroger et d’être dubitatif concernant des pratiques inspirées davantage par l’émotion que par la raison. Relevant de la violence pure, elles sont souvent condamnées à subir des violences en retour, immédiatement ou de manière différée, dans un cercle sans fin. Nous sommes là aux antipodes du souci majeur de Machiavel ou Hobbes consistant précisément à prémunir la société et l’action politique qui s’y exerce de toute forme de violence ou d’affrontement afin d’assurer la paix civile et l’adhésion des foules à la conduite des affaires publiques, fusse-t-il par des moyens étrangers à la morale.
Au nom de l’efficacité ou de certaines valeurs sacralisées ou absolutisées, l’action politique est parfois considérée comme ne devant pas s’embarrasser de considérations morales qui sont censées faire obstacle à cette efficacité, relever de l’angélisme ou bien confondre de manière inopportune les nécessités de l’action publique avec celle de l’action privée. Pourtant, il est clair que de telles conceptions dépendent d’une certaine idée de l’homme d’une part, du rôle que peuvent jouer les institutions d’autre part. Comme nous l’avons vu, Hobbes ou Machiavel se font une idée assez sombre de la commune humanité. En conséquence, les institutions étatiques ont pour seule mission d’assurer la cohésion sociale en utilisant souvent des moyens que la morale réprouve. De même, les régimes dominés par une idéologie font de cette dernière la fin exclusive au service de laquelle tout doit être sacrifié, en premier lieu les hommes qui y font obstacle, voire des peuples entiers, comme les totalitarismes hitlérien et stalinien en ont témoigné avec une sinistre éloquence.
Cependant, il est vrai qu’aucun régime politique n’est philosophiquement neutre. Les démocraties n’échappent pas à la règle. Elles aussi sont fondées sur une valeur sacralisée. Il s’agit en l’occurrence de la valeur et donc du respect absolus de la personne humaine. Tous les hommes sont considérés comme fondamentalement égaux dans la mesure où ils participent à la même essence, à savoir la nature consciente. En conséquence, toutes les fins de l’activité politique et tous les moyens pour y parvenir qui ne prendraient pas en compte ce respect de la personne humaine s’avèreraient étrangers à la nature profonde de la démocratie. Or, ce respect absolu de la personne humaine est également le fondement même de la morale, celle inspirée directement du christianisme et que Kant, en tant que philosophe des Lumières, a su fonder sur des bases rationnelles. En d’autres termes le régime politique démocratique et la morale telle que nous l’avons définie ont parties liées.
C’est pourquoi le régime démocratique, en vue de servir l’intérêt général le mieux possible, à savoir assurer la sécurité des personnes et des biens, défendre et développer les libertés individuelles, être le garant de la justice sociale, met en place des institutions vertueuses qui prémunissent contre les excès de pouvoir, offrant des garanties pour l’ensemble des citoyens et favorisant débats et compromis. C’est en ce sens que nous avions dit que la démocratie n’est pas seulement un régime politique mais également et surtout un système de valeurs.