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· 13 CROYANCES, RITES ET FÊTES DU JUDAÏSME
· NATURE HUMAINE ET CONDITION HUMAINE.
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· 10 LA FONCTION DU MYTHE
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· 12 MOÏSE, FONDATEUR DU JUDAÏSME
· 1 COURS DE PHILOSOPHIE: LA PHILOSOPHIE SPONTANEE.
· 289. INCONSCIENT PSYCHIQUE ET CONNAISSANCE DE SOI.
· 286. LES MANIFESTATIONS DE L'INCONSCIENT PSYCHIQUE.
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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
02.03.2025
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Rubrique "Nécessité et limites de la loi". Suite du billet N° 631.
Prochain billet demin 14 juin : Lecture philosophique de la Bible.
Lors de notre précédent billet, nous avons vu que l’homme, dépourvu d’instinct au sens rigoureux du terme et donc d’instinct social, avait toujours vécu, depuis les origines, au sein de sociétés organisées. Nous avions à cet égard formulé quelques hypothèses permettant de comprendre cette situation apparemment paradoxale. Si la vie en société ne relève pas d’un impératif naturel, comme cela peut être le cas pour la fourmi ou le termite par exemple, il n’en reste pas moins que ses caractéristiques anatomiques d’une part qui le mettent en situation de faiblesse par rapport aux dangers de la nature et l’exploitation des potentialités immenses de son espèce qui exigent afin de se déployer une vie sociale, amènent l’homme à vivre tout naturellement en société.
L’absence d’instinct entraîne cependant une autre conséquence. La vie sociale de l’homme ne saurait être réglée par des lois naturelles. Or, toute vie sociale exige une organisation. Une société n’est pas une simple juxtaposition d’individus au sein d’un territoire bien délimité. D’ailleurs, sans cette organisation, il ne saurait être envisagé que le partage des tâches soit effectif et donc que la raison majeure de cette vie sociale, à savoir l’exploitation des possibilités de l’espèce bénéficiant en retour à tous les individus qui la composent, puisse s’épanouir. Faute de règles naturelles d’organisation et face à la nécessité vitale qu’il y ait des règles, il appartient à l’homme d’inventer ces règles indispensables. Toute société humaine est régie par des règles, écrites ou non-écrites dans un premier temps.
Bien entendu, l’absence d’instinct conduit les composantes de ces sociétés humaines à pouvoir violer ou transgresser ces règles, mettant ainsi en danger le corps social et, directement ou indirectement, l’ensemble des autres composantes de ladite société. Il y a là un problème majeur, inconnu des sociétés animales ou, en toute hypothèse dans des proportions infiniment plus réduite, les écarts de conduite dans les sociétés animales les plus proches de l’homme étant dictés par des tentatives de certains, essentiellement de jeunes mâles, d’établir leur domination, conflits qui sont réglés précisément par des règles naturelles en la matière.
Ainsi, toute société humaine exige d’établir une autorité chargée non seulement d’établir ces fameuses règles mais également de les faire respecter, sanctions à l’appui, avec usage de la force si nécessaire. Bien entendu, les mécanismes d’instauration des règles et de leur maintien au sein des premières sociétés humaines touchent à la question des origines qui, quel que soit le sujet abordé, demeure largement énigmatique, si ce n’est pas tout simplement des faux problèmes, les évolutions biologiques d’une part et les adaptations comportementales d’autre part obéissant sans doute à des transitions multiples et sans solution de continuité.
Il reste cependant vrai que les sociétés humaines et leur nécessaire organisation connaissent, comme les sociétés animales, des rapports de domination internes mais dont l’origine n’est pas dictée par une mémoire héréditaire et qui appelle une grande diversité de manifestations, puisque ces rapports sont créés par les hommes, bref sont d’origine culturelle.
Néanmoins, il y a tout lieu de supposer que les sociétés humaines, telles qu’elles existaient il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, constituaient des groupes humains relativement restreints et ce, pour plusieurs raisons. En premier lieu, la densité de population humaine était relativement faible. En second lieu, ces populations étaient nomades par nécessité, ignorant encore les possibilités d’exploiter un territoire donné grâce à l’agriculture et l’élevage. Dès lors, ces groupements humains demeuraient relativement en situation d’extrême vigilance vis-à-vis des dangers naturels. L’humanité ne disposait pas encore des moyens artificiels ou culturels pouvant asseoir sa domination sur son environnement naturel.
Cette situation a dû tout naturellement commander le type d’autorité, de hiérarchie sociale et de partage des tâches au sein de ces sociétés. Il y a tout lieu de supposer que la force physique jouait un rôle primordial, conduisant les hommes à assurer les tâches mobilisant cette force physique, la chasse ou la défense du territoire, même provisoire de ces populations, laissant aux femmes le soin d’assurer les tâches domestiques et d’assurer la reproduction de l’espèce, d’autant plus indispensable que les conditions de vie assez dures conduisaient certainement à une grande mortalité infantile. La division sexuelle des tâches sociales trouve là certainement un de ses fondements rationnels. Cela ne signifie d’ailleurs nullement que la place de la femme soit mineure, car précisément son rôle dans le processus de reproduction étant capital du point de vue de la survie du groupe, il est possible que la femme fût honorée à ce titre et d’ailleurs les représentations préhistoriques semblant magnifier la fécondité vont sans doute dans ce sens.
Néanmoins, contrairement aux représentations naïves et spontanées que certains contemporains pourraient se faire de cette vie « proche de la nature », les règles sociales étaient d’autant plus dures et rigides que leur obéissance absolue était une nécessité vitale. L’idée de personne ou d’individus ayant une marge possible d’initiative ou encore la distinction entre une sphère publique objet de règles communes et une sphère privée, régi par des règles morales ne dépendant que du jugement intérieur des consciences, n’existait sûrement pas. L’individu se réduisait à une simple composante du corps social, sans guère de marge d’initiative personnelle. A ce titre, à la fois pour les raisons que nous venons d’énoncer et également par rapport à l’importance du renouvellement de l’espèce, les règles en matière sexuelle devaient être sans doute d’une extrême rigueur.
Bien entendu, nous avons affaire, au sein de ces sociétés lointaines à des hommes et donc à des êtres qui se posent immanquablement des questions sur les mystères de la nature et sur les mystères de l’existence en général. L’homme est un animal religieux, si on entend par religion cette dimension culturelle qui conduit les hommes à tenter de se relier à des forces mystérieuses qui les dépassent et qui semblent être les maîtres de leur destin. Nous savons que même l’homme de Néandertal, peut-être pas si éloigné de notre espèce comme on l’a trop longtemps cru et soutenu, inhumait ses morts avec des rituels précis donnant à penser que des croyances en une forme d’immortalité et en un au-delà étaient sans doute très présents dans la conscience de ces hommes.
D’ailleurs, très certainement que ce souci religieux ne concernait pas seulement le moment du passage de la vie à la mort. Il devait imprégner la totalité des actes sociaux et de la vie de ces groupes et, et ce avec d’autant plus de force que la nature, avec ses beautés mais aussi ses dangers permanents, constituait une source d’étonnement et de mystère beaucoup plus grand que de nos jours où la puissance technique sert d’écran illusoire entre les hommes et la réalité masquant pour partie les profonds mystères qu’elle enferme et éteignant l’étonnement qu’elle devrait susciter. De ce fait, l’ensemble des actes quotidiens et des règles sociales étaient sans doute marqués et inspirés par de telles croyances, la distinction entre le profane et le sacré n’existant sans doute pas.
Tel est le tableau vraisemblable qu’il est possible de tracer des premières sociétés humaines, celles concernant notre espèce ou des espèces très voisines, sans que ces considérations ne puissent prétendre à une scientificité de bon aloi.
A. Mendiri