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749 LE STATUT DE L'HOMME DANS L'UNIVERS

Publié le 04/11/2013 à 05:59 par cafenetphilosophie Tags : enfant vie homme roman nature animaux soi pensée pensées extrait blog

Rubrique "Cours: qu'est-ce que l'homme?". Suite du billet N°743.

Extrait de "Cours de philosophie pour toutes les sections de l'enseignement secondaire", Editions Scripta,  de l'auteur du blog.

Prochain numéro demain 05 novembre (Philosophie au fil des thèmes)

 

 

  Ce débat autour de la nature et de l'importance de la conscience est capital si l'on souhaite se prononcer sur le statut de l'homme dans l'univers. Voilà ce que Kant écrit à ce propos dans "Anthropologie du point de vue pragmatique":

 

     « Posséder le "Je" dans sa représentation: ce pouvoir élève l'homme au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par là il est une personne; et grâce à l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c'est-à-dire un être entièrement différent, par le rang et la dignité de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise; et ceci, même lorsqu'on ne peut pas encore dire le Je, car il l'a cependant dans sa pensée.

 

   Il faut remarquer que l'enfant, qui sait déjà parler assez correctement, ne commence qu'assez tard... à dire Je; avant, il parle de soi à la troisième personne (Charles veut manger, marcher, etc.); et il semble que pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire Je; à partir de ce jour, il ne revient jamais à l'autre manière de parler. Auparavant il ne faisait que se sentir; maintenant il pense ».

 

     Pascal va dans le même sens lorsqu'il proclame dans les "Pensées:

 

    « La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable.

 

  C'est donc être misérable que de se connaître misérable; mais c'est être grand que de connaître qu'on est misérable.

 

   Penser fait la grandeur de l'homme.

 

   Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête (car ce n'est que l'expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds). Mais je ne puis concevoir l'homme sans pensée: ce serait une pierre ou une brute.

 

     L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser: une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien.

 

    Toute notre dignité consiste donc en la pensée ».

 

    Ainsi, la conscience et la pensée donnent à l'homme une dignité particulière par rapport à toutes les autres espèces animales. Car la conscience révèle à tout homme sa propre existence mais aussi sa dimension morale. La conscience semble lui donner la liberté qui lui permet de surmonter, s'il le veut, ses intérêts égoïstes au nom de valeurs supérieures. Cette possibilité qui lui est offerte le rend responsable de ses actes. La perte de l'innocence animale et la noblesse éventuelle de ses choix moraux lui valent le respect qui est attaché à toute personne humaine.

 

  A cette conception classique de l'homme, qui fait de la conscience et de la pensée les fondements de sa dignité et de sa supériorité, s'oppose un autre courant de pensée dont Nietzsche est un des plus illustres représentants.

 

   Nietzsche remet en cause radicalement la conception classique qui fait de la conscience l'originalité de l'homme, lui affectant une dignité particulière au sein de la nature. Voici ce qu'il écrit à ce propos dans "La volonté de puissance": 

 

 « Nous considérons que c'est par une conclusion prématurée que la conscience humaine a été si longtemps tenue pour le degré supérieur de l'évolution organique et la plus surprenante des choses terrestres, voire comme leur efflorescence suprême et leur terme. Ce qui est plus surprenant, c'est bien plutôt le corps.

 

 La splendide cohésion des vivants les plus multiples, la façon dont les activités supérieures et inférieures s'ajustent et s'intègrent les unes aux autres, cette obéissance multiforme, non pas aveugle, bien moins encore mécanique, mais critique, prudente, soigneuse, voire rebelle, tout ce phénomène du "corps" est, au point de vue intellectuel, aussi supérieur à notre conscience, à notre "esprit", à nos façons de penser, de sentir et de vouloir, que l'algèbre est supérieure à la table de multiplication ».

 

    Dans "Le Gai Savoir", Nietzsche relativise l'importance de la pensée et de la conscience:

 

     « Nous pourrions en effet penser, sentir, vouloir, nous ressouvenir, nous pourrions de même "agir" dans tous les sens du terme: tout ceci n'aurait nullement besoin d'"entrer dans notre conscience". La vie entière serait possible sans pour autant se voir réfléchie: c'est effectivement ainsi d'ailleurs que pour nous la majeure partie de la vie continue à s'écouler sans pareille réflexion, -y compris même notre vie pensante, sensible, voulante- si malsonnant que puisse être ceci aux oreilles d'un ancien philosophe. Pourquoi d'ailleurs absolument de la conscience, dès lors qu'elle est superflue à l'essentiel? »

 

   A cette dernière question, Nietzsche, toujours dans "Le Gai Savoir",  y répond de la manière suivante:

 

   "Je me trouve en droit de supposer que la conscience ne s'est développée que sous la pression du besoin de communiquer; qu'elle était nécessaire et utile au début que dans les rapports d'homme à homme (notamment pour le commandement), et qu'elle ne s'est développée que dans la mesure de cette utilité. La conscience n'est qu'un réseau de communications entre hommes: c'est en cette seule qualité qu'elle a été forcée de se développer: l'homme qui vivait en solitaire, en bête de proie, aurait pu s'en passer. Si nos actions,pensées, sentiments et mouvements parviennent -du moins en partie- à la surface de notre conscience, c'est le résultat d'une terrible nécessité qui a longtemps dominé l'homme, le plus menacé de tous les animaux: il avait besoin de secours et de protection, il avait besoin de son semblable, il était obligé de savoir dire ce besoin, de savoir se rendre intelligible; et pour tout cela, en premier lieu, il fallait qu'il eût une "conscience",, qu'il "sût" lui-même ce qui lui manquait, qu'il "sût" ce qu'il sentait, qu'il "sût" ce qu'il pensait. Car comme toute créature vivante, l'homme, je le répète, pense constamment, mais il l'ignore; la pensée qui devient consciente ne représente que la partie la plus infime, disons la plus superficielle, la plus mauvaise, de tout ce qu'il pense: car il n'y a que cette pensée qui s'exprime en paroles, c'est-à-dire en signes d'échanges, ce qui révèle l'origine même de la conscience. Bref le développement du langage et le développement de la conscience... vont de pair. (...)

 

   Je pense comme on le voit, que la conscience n'appartient pas essentiellement à l'existence individuelle de l'homme, mais au contraire à la partie de sa nature qui est commune à tout le troupeau; qu'elle n'est, en conséquence, subtilement développée que dans la mesure de son utilité pour la communauté, le troupeau; et qu'en dépit de la meilleure volonté qu'il peut apporter à se "connaître", percevoir ce qu'il a de plus individuel, nul de nous ne pourra jamais prendre conscience que de son côté non individuel et "moyen"."

 

  Ces textes de Kant, Pascal, Nietzsche, mettent en évidence les ambiguïtés à propos de la définition de la conscience et de la pensée. Il est clair que pour Nietzsche la conscience et la pensée sont assimilées au psychisme en général. La conscience et la pensée ne sont que des aspects superficiels de ce psychisme, les aspects communs à tous les membres de l'espèce et qui n'apparaissent que sous la pression du besoin et par l'intermédiaire du langage. Ce qui est remarquable, c'est le corps et cette complexité du corps n'est pas le propre de l'homme.

 

  En revanche, pour la pensée classique, non seulement la conscience et la pensée ne se réduisent pas à un psychisme plus développé mais se présentent comme des dimensions nouvelles de la réalité, fondements de la spécificité et de la dignité particulières de l'homme. Comme nous le verrons, ces deux interprétations différentes à propos du statut de la conscience et de la pensée éclaireront nombre de conclusions à propos des capacités d'action et de connaissance de l'espèce humaine.

A. Mendiri