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750 LES DIFFERENTES FORMES DE PERCEPTION DU MONDE

Publié le 05/11/2013 à 06:27 par cafenetphilosophie Tags : blog image vie monde histoire mode dieu cadre nature soi enfant art extrait

Rubrique "Le sens et le statut de la foi". Suite du billet N°744.

Extrait de "Si l'infini m'était conté..." Edilivre, de l'auteur du blog.

Prochain billet demain 06 novembre (Extraits de textes philosophiques).

 

  Certes, il nous faudra ultérieurement préciser en quoi la conscience ou un mode d’existence ou de manifestation ontologique de ce genre caractérise plus particulièrement l’infini. Il nous faudra également justifier ici en quoi nous devons nous incliner devant les exigences de la raison qui déclare inepte et impossible l’hypothèse selon laquelle de rien peut surgir quelque chose ou de l’absence de possibilité peut sourdre une réalité quelconque. Car un tel examen nous conduira à nous interroger sur les compétences exactes de la raison en matière métaphysique. Mais pour l’heure il nous faut tirer toutes les conséquences des analyses qui précèdent concernant la nature et la légitimité d’une foi religieuse.

 

  Les analyses qui précèdent nous ont conduit à affirmer que toute réalité enfermait en elle la présence de l’infini. Les réalités dans leur infinie diversité enferment l’Infini à leur manière, selon leur nature propre, selon le réseau de formes qui leur sont spécifiques. Tout être conscient porte donc en son sein l’Infini à sa manière, à savoir sur le mode de la conscience. Or, nous avons également affirmé que l’Infini se caractérisait à sa manière par la conscience ou, à tout le moins n’était pas étranger à cette dernière. Cela signifiait que l’Infini qui est le « Tout autre » par rapport à un quelconque être fini est bien évidemment au-delà de toutes les caractéristiques affectant ces êtres finis. Mais il ne leur est pas étranger car il est la source de ces caractéristiques, le fondement même de leur possibilité ou plus précisément l’origine ultime de l’émergence à l’Etre de ces caractéristiques. En ce sens, l’infini est également, à sa manière, le « Tout Proche ».

 

   Dès lors, tout être conscient peut entrer en contact avec cette présence de l’Infini qu’il porte en lui. L’Infini est présent au sein de sa conscience et sur le mode de cette conscience. Par nature, par essence, il existe une proximité possible entre cet être conscient et l’Infini. Néanmoins, ce contact n’est pas une nécessité et ne revêt pas des formes universelles, univoques et intemporelles. Expliquons-nous à cet égard. Rappelons en effet qu’un être conscient se manifeste au sein du multivers  par une infinité de formes possibles. Certes, la conscience constitue un point commun, celui-là même qui permet à tous ces êtres, dans leur diversité extrême, à se dévoiler l’existence de l’infini ou plus précisément à se poser la question de l’infini. Mais cette prise de conscience, qui requiert un degré de complexité d’un écheveau donné de formes, se manifeste par la médiation d’une infinité possible de structures naturelles, organiques, ou si l’on préfère par une infinité d’écheveaux de formes possibles, chacun d’entre eux étant le résultat d’un très long temps d’évolution aléatoire et donc contingent.

 

 Qui plus est, dans le cadre de cette structure organique aléatoire, source d’une représentation pratique ou vitale du monde bien déterminée, représentation source elle-même d’une forme de bon sens adaptatif, les êtres conscients en question connaissent une histoire culturelle elle-même aléatoire dans son déroulement et dans les voies qu’elle emprunte. Dès lors, le dévoilement éventuel de l’infini que tout être conscient porte en lui se verra tributaire de cette double relativité ou spécificité. La représentation de l’infini dépendra à la fois des modalités de cette structure organique mais également de l’exploitation culturelle et historique de cette dernière.

 

   Ceci rend compte de la diversité des formes sous lesquelles l’infini se voit représenté et donc la diversité des religions, mais également de la nature du langage religieux ainsi que des phénomènes de la croyance et de l’incroyance. Examinons ces différents points. Si l’infini est présent au sein de tout être conscient et ce à la manière d’un être conscient, bref s’il y a en l’homme plus que l’homme, alors comment rendre compte de l’incroyance ou bien même de l’agnosticisme, qui s’interroge sans apporter de réponses ou encore de l’indifférence ?

 

  La réponse à ces questions s’avère relativement simple. Quelques rappels suffiront à éclairer le débat. Tout enfant est capable de parler, d’utiliser un langage. Mais il ne peut actualiser cette possibilité native de son espèce que s’il entre en relation avec des congénères qui lui parlent et le mettent en contact avec un « bain linguistique ». Le langage s’apprend. L’éducateur ne crée pas de toutes pièces cette capacité langagière, il permet seulement que cette dernière puisse s’actualiser.

 

  De même, tout être humain est sensible à la beauté, mais concernant les beautés culturelles, celles produites par l’art, faut-il encore qu’il ait été familiarisé avec les œuvres majeures pour pouvoir y pénétrer, se dévoiler leur qualité, jouir de cette grande richesse qui s’y voit enfermée. La perception esthétique ne va pas de soi. Elle n’est qu’une potentialité humaine car il va de soi que l’éducation artistique d’un singe est vouée à l’échec. Certes, l’éducation par des  tiers n’est pas toujours indispensable. Certains sujets se dévoilent par eux-mêmes, à la faveur d’évènements privilégiés qui ont suscité leur curiosité ou leur envie, les richesses d’un art donné. Cependant, que ce soit par des éducateurs ou bien par soi-même, un tel dévoilement de la beauté esthétique, la formation du goût, l’éducation de la perception esthétique supposent un cheminement, une expérience et ne se mettent pas en place d’emblée comme s’il s’agissait d’évidences natives.

 

 Certes ces remarques ne valent pas pour la perception de la beauté naturelle. Cette dernière résulte des possibilités natives et naturelles des êtres concernés. En revanche, dès lors que l’accès à la beauté est moins évident, que cet accès suppose un affinement de la perception, cette démarche requiert un apprentissage. La beauté naturelle renvoie à des apparences et donc à des formes et des différences qui par définition s’avèrent repérables par les capacités elles-mêmes naturelles des formes constitutives des êtres concernés. Il n’en va pas de même lorsqu’il s’agit de formes culturelles, car la culture exprime toujours un dépassement de la nature, une exploration de formes qui requiert le dévoilement d’une expérience collective, d’une histoire, d’un au-delà de l’apparence immédiate, de formes qui échappent au sens commun purement adaptatif. L’apprentissage ou l’auto apprentissage sont les voies obligées afin d’accéder à ce type de beauté.

 

  On pourrait tenir un raisonnement similaire concernant une autre forme de perception, à savoir la perception scientifique.  Chacun conviendra qu’un biologiste observant une coupe de cellule  sous un microscope non seulement verra ce qu’il y a à voir mais y trouvera un très grand intérêt, émerveillé de constater de visu les détails de son savoir théorique. En revanche, le profane ne percevra qu’un grand désordre sans intérêt et ces images dépourvues de sens l’ennuieront profondément. Bref, la perception scientifique suppose un apprentissage et n’a rien de spontané tant dans son contenu que dans l’intérêt que l’on peut porter à celui-ci, et ce dans la mesure où les formes qui sont l’objet de cette observation s’avèrent éloignées des formes usuelles, celles correspondant à l’adaptation au milieu et au bon sens.

 

    Ce qui est vrai notamment pour le langage, la perception esthétique, la perception scientifique se retrouvera concernant la vie spirituelle. Tout être conscient porte en lui l’Infini. Tout être conscient se pose la question du sens, du « pourquoi » du monde et de lui-même. Cette question théorique découle de la nature même de la conscience. Mais la recherche d’abord, la découverte ensuite de cette présence de l’Infini au sein de la vie intérieure requiert une démarche qui ne relève plus de la simple nature, de la simple essence immédiate de la conscience. L’existence de Dieu ou de ce que nous avons appelé l’Infini est d’abord une question théorique et existentielle. Mais le dévoilement de la présence de l’Infini au sein de la vie intérieure de tout être conscient n’a pas la force de l’évidence. Cette présence n’est que potentielle. Elle suppose pour pouvoir se manifester un apprentissage, une expérience, une familiarisation, un cheminement volontaire. Le dévoilement de cette présence ne va pas plus de soi que le dévoilement de la beauté d’une œuvre d’art ou le dévoilement du sens et de l’intérêt de cette coupe de cellule que nous évoquions il y a quelques lignes. Car là encore ce dévoilement va au-delà des apparences usuelles, au-delà des formes que nécessite la seule adaptation à notre environnement habituel. Ces analyses rendent compte de la variété des relations qu’entretiennent les êtres conscients avec cette question de l’infini et plus particulièrement avec le dévoilement de sa présence au sein de la vie intérieure.

 

  Bref, la question de l’Infini se pose certes à toute conscience, demeure une question naturelle, autrement dit consubstantielle à la nature intime de la conscience mais elle demeure une question purement théorique, intellectuelle, profane en un mot aussi longtemps que le sujet n’apprivoise pas intérieurement cette question, n’en fait pas une expérience vécue, ne s’en dévoile pas la présence au sein de sa vie intérieure et pas seulement dans le cadre de sa vie intellectuelle, bref aussi longtemps que cette question de l’Infini ne quitte pas le champ profane pour accéder à la dimension du sacré, c’est-à-dire de l’expérience effective d’une présence tout à la fois proche et étrangère, « à son image » et infiniment éloignée, expérience que l’on a coutume de désigner comme étant une expérience spirituelle.

A. Mendiri