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Rubrique "Le sens et le statut de la foi". Suite du billet N° 782.
Extrait de l'ouvrage "Si l'infini m'était conté" Edilivre, de l'auteur du blog.
Prochain billet demain 15 décembre (Libres commentaires liturgiques).
Comment le sujet en question pourra-t-il résoudre ce cas dramatique, cornélien au sens plein du terme, puisque quelle que soit sa décision, il fera mal ? Le sujet devra s’adresser à sa raison, non comme arbitre suprême, puisque nous avons établi l’impuissance de cette dernière en la matière. Mais la raison se mettra avec humilité au service de la charité et de la foiafin de l’aider à effectuer un choix. La raison deviendra subordonnée à une instance au-dessus d’elle et aura pour seule vocation d’aider cette instance supérieure à y voir plus clair. Cela montre que ni la foi, ni la charité ne peuvent se vivre et se développer, ne peuvent exercer leur autorité et leurs lumières sans le recours à la raison, coupées de cette raison. Cependant la raison n’est plus qu’un moyen au service de la charité et non plus la faculté qui gouverne souverainement l’action humaine comme le souhaitait Platon. Elle est certes ramenée au statut de moyen mais non au service du désir ou du sentiment livrés à eux-mêmes avec les dérives possibles que nous avons analysées, mais au service d’une disposition intérieure qui est supposée épouser notre vocation divine, notre humanité plénière, en nous mettant en contact avec cette présence transcendante qui nous habite et nous éclaire.
Mais que pourrait-nous dire la raison dans le cas dramatique que nous avons évoqué ? Ne serait-elle pas confrontée aux mêmes limites qui étaient les siennes lorsqu’elle opérait en solitaire et en maîtresse absolue ? Examinons quelques réponses qu’elle pourrait suggérer au sujet. Rappelons tout d’abord que ces réponses ont pour seule ambition de proposer des choix conformes à la charité et à la foi, bref à l’exigence d’Amour. La raison pourrait nous dire par exemple que l’exigence d’Amour voudrait que ce soit l’intérêt de l’être le plus faible qui soit préservé et que dans ce cas ce soit la mère qui soit sacrifiée. Mais elle pourrait également nous dire que la mère est déjà une personne qui a une identité forte, une histoire, un réseau de relations établi avec d’autres personnes, peut-être des responsabilités à remplir vis-à-vis d’autres enfants, de personnes âgées, vis-à-vis de son couple. A ce titre sa disparition volontaire et délibérée serait la source de souffrances et de difficultés auxquelles le désir généreux mais avorté de donner naissance à une autre vie ne confère aucune légitimité.
Alors que choisir ? Comment trancher ? Mais existe-t-il une solution unique, s’imposant quelles que soient les circonstances ? A l’évidence, non. Ceux qui se voient confrontés à un tel choix et qui sont habités par ce que St Paul appelle la charité prendront une décision qui n’a aucune valeur de généralité ou qui pourrait même faire jurisprudence si nous adoptons un langage juridique pour mieux nous faire comprendre. Autrement dit, non seulement il n’y a pas de règle générale et d’ailleurs s’il y avait dû en avoir, la raison l’aurait indiquée, mais même dans deux cas similaires, très proches, voire identiques pour des observateurs extérieurs, la même réponse ne s’impose pas.
Pourquoi cela ? Quelle est la justification de telles affirmations ? La libre décision que prendront les personnes intéressées ou impliquées directement au sein de ce drame résultera de la rencontre unique entre des personnes uniques, porteurs d’histoires personnelles uniques, de relations uniques avec cette présence transcendante qu’elles portent dans le secret de leur intériorité, dans des circonstances elles-mêmes uniques en dépit des apparences contraires aux yeux de ceux qui jugent uniquement de l’extérieur et sur des considérations qui leur apparaissent, sans doute à tort, générales.
Cela signifie-t-il que le choix soit entièrement subjectif, au-dessus de toute règle, arbitraire en un mot ? Tout dépend alors de ce qui se trame dans le secret des intimités concernées. Car la charité renvoie à des exigences qui sont supposées dépasser les personnes en question. La charité appelle à se rallier à des principes et des valeurs qui ne sont pas seulement de nature subjective ou des facilités de circonstance mais qui découlent d’une présence et d’une autorité qui sont en nous mais qui ne sont pas nous. Tout au moins si nous acceptons cette idée selon laquelle il y a en tout homme plus que l’homme, et que celui-ci peut entrer en contact avec cette présence divine.
Dans ce cadre, seules les personnes concernées sont en mesure de savoir quelles sont les sources ultimes de leur choix. Est-ce une décision purement égoïste, une décision purement humaine, émanant de l’homme volontairement replié sur sa seule humanité avec ses faiblesses, ses limites, ses lâchetés, ses facilités ? Est-ce une décision émanant de cette rencontre unique entre une personne unique et une présence transcendante elle-même unique, dans le cadre d’une histoire, d’une relation, d’une « alliance » toutes aussi uniques ?
Si c’est ce deuxième cas de figure qui intervient dans la décision prise, celle-ci perd sa subjectivité. Elle émane d’un principe supérieur à toute Loi générale, à savoir l’Esprit de la loi qui par essence, par nature échappe à toute généralisation. Si l’Esprit de la Loi obéissait lui-même à des considérations générales, il se ramènerait à la Loi. Si seule la Loi pouvait apporter in fine une réponse, alors autant s’en remettre à la raison si l’on veut échapper à l’arbitraire éventuel d’une prescription ou d’une tradition qui, dans leurs aspects généraux et contraignants revêtiraient une irrationalité coupable, si on entend ici par irrationnel ce qui est, non pas contraire à la raison, mais étranger à elle.
Ainsi l’Esprit de la loi transcende-t-il non seulement la Loi mais également la subjectivité des personnes impliquées dans le choix à effectuer. L’Esprit de la loi, c’est-à-dire ce que nous avons désigné comme étant la charité, appelle des décisions uniques, imprévisibles, contingentes si on entend ici par contingentes le fait que ces décisions échappent à toute nécessité de l’ordre de la Loi. Si nous acceptons la possibilité et la légitimité d’une telle démarche, se pose alors la question de la sincérité de la décision prise au regard des principes avancés. Le sujet, dont la sincérité n’est pas en cause, ne peut-il être victime de mauvaise foi, c’est-à-dire se mentir à lui-même, lorsque dans le secret de son intimité, il est amené à trancher ?
Cette question nous conduit au cœur même de cette expérience intérieure qu’on appelle la foi. La foi, par essence, est une rencontre. Une rencontre entre une personne, son histoire, sa vie intérieure avec tous ses secrets et une présence mystérieuse qui est en lui mais qui semble ne pas être lui. Bien entendu, cette présence, réelle ou illusoire, se manifestera par des signes. La foi, par nature, est quête de signes. C’est en ce sens que nous avons déjà, à de multiples reprises, affirmé que la foi était une forme de perception, un dévoilement de ce que ceux qui sont étrangers à cette disposition intérieure ne cherchent ni ne voient. Ce type de perception ou de dévoilement requiert donc une interprétation, une forme d’exégèse personnelle non de textes en l’occurrence mais des évènements vécus par le sujet. Ce qui fait signe n’obéit à aucune règle générale ou à tout le moins s’il y a des principes généraux qui structurent cette perception de la réalité, ceux-ci sont surdéterminés de manière très personnelle.
A. Mendiri