1000 films pour aimer le Western

UNE FEMME SANS LOI de Louis King « Frenchie » 1950—USA (**)

                          Frenchie Fontaine (Shelley Winters ) revient sur sa terre natale de Bordenek autant pour y installer un casino bar avec spectacle affriolant que pour venger son père assassiné 15 années auparavant par deux hommes dont Pete Lambert (Paul Kelly) . Elle y vient avec sa troupe gérée par la Comtesse (Elsa Lanchester ) et son bras droit Lance Cole (John Russell ) .L’affaire la heurtera au sheriff Tom Banning (Joel McCrea) lui aussi en exil suite à une déception amoureuse avec Diane Gorman (Marie Windsor) marié à Clyde Gorman (John Emery ) un notable qui n’apprécie guère ces deux retours . Banning non insensible au charme de Frenchie va s’allier à elle au grand dam de Diane, son époux et Lambert désireux de s’approprier le casino devenue affaire juteuse

                               Le film peut se ranger dans deux catégories : celle-ci qui clame la suprématie féminine et l’autre qui revendique un humour pince sans rire. A ce comique de circonstance s’ajoute un scénario travaillé et plein de trouvailles mettant en opposition notamment deux couples quelque peu réactifs ( Frenchie et Banning – Diane et Clyde ) des seconds rôles attachants et importants comme Rednose soulard et allié de la paire vedette. Ce duo atypique montre une femme énergique, décidée téméraire , prête à en découdre avec tout un chacun ( sa bagarre avec Diane est mémorable et son aplomb renversant) Elle incarne le tintamarre personnifié , la femme maitresse à l’instar d’une Marlene Dietrich dans « L’ange des maudits » de Joan Crawford dans « Johnny Guitar » ou de Barbara Stanwyck dans « Quarante tueurs » avec l’atmosphère mélodramatique en moins. Face à elle un homme de loi atypique presque jamais sans arme qui passe son temps à sculpter des pièces miniatures et à faire des paraboles philosophiques , il est la force tranquille , calculateur et malicieux, serein et vif ( d’un coup de pied il fait valser l’arme de Lambert venu l’agresser) juste et respectueux de la loi .

                             L’auteur fut celui de Les forbans (1955) de Jesse Hibbs avec Jeff Chandler, de Sur le territoire des comanches (1950)George Sherman deux westerns déjà présentés dans nos colonnes et fort attrayants et de Romance inachevée (1954) une biographie de Glen Miller signée A.Mann. son apport est indéniable et son humour dévastateur ( une pancarte de la ville indique : Bienvenue à Bordenek ville paisible qui entend le rester » et le héros va chercher sur la jambe de l’héroîne estomaquée l’arme pour se defendre)

                            Elle c’est Shelley Winters une star reconnue et fêtée ( 2 oscars pour Le Journal d'Anne Frank 1959 et Un coin de ciel bleu 1966 ) qui la même année tournera avec James Stewart le fameux « Winchester 73 » de Anthony Mann . Elle sera la partenaire de James Mason pour le culte « Lolita »de Kubrick , de Robert Mitchum dans le ténébreux « La nuit du chasseur » de Paul Newman , Burt Lancaster dans son autre bon western « Le chasseur de scalps » tournant pour Robert Wise, Robert Aldrich , Roman Polanski, Blake Edwards Paul Mazursky George Cukor George Stevens Raoul Walsh

                            Lui c’est Joel McCrea avec au compteur 35 westerns sous la houlette de Howard Hawks (Ville sans loi (1935) ) William Wellman (Buffalo Bill (1944) C.B de Mille (Pacific Express (1939) Raoul Walsh (La fille du désert (1949) et surtout Jacques Tourneur qui lui offrira ses meilleurs rôles dans le genre( Stars in My Crown (1950 (Un jeu risqué (1955)- le reste fut assez inégal à l’exception de Coups de feu dans la Sierra (1962) de Peckinpah qui dénaturera le western . Il ne faut point l’enfermer là car il fut aussi interprète d’œuvres marquantes : L'oiseau de paradis (1932) Correspondant 17 1940 d' Alfred Hitchcock Les Voyages de Sullivan de Preston Sturges :1941

                                     Face à eux il y a des seconds rôles imposants Elsa Lanchester qui fut en 1935 : La Fiancée de Frankenstein , Marie Windsor consacrée « Reine de la série B » vue dans les superbes L'Énigme du Chicago Express (1952 ) de Richard Fleischer La Femme et le rôdeur 1957 de John Farrow L'ultime razzia (1956) de Kubrick Paul Kellyun autre méchant de service du cinéma américain (Le tueur du Montana (1953) ) comme John Russell celui qui affronte John Wayne dans « Rio Bravo (1959) » et Clint Eastwood dans « Josey Wales hors-la-loi (1976) «

                                         Louis King est un réalisateur de chez Universalpeu connu ; Il était le frère du réalisateur Henry King une autre pointure ; ce qui ne l’empêcha point de s’affirmer avec ce western rondement mené sans temps mort . Il dirigera 40 westerns dans les années 20-30 notamment et celui-ci reste le seul que nous connaissons soucieux de voir le reste de sa filmographie tant celui-ci nous a enchantés.

                            (**) Sortie Mai 2012 avec une présentation de Patrick Brion et Bertrand Tavernier