1000 films pour aimer le Western

LA VILLE SOUS LE JOUG 1953 Edward Ludwig "The Vanquished"

                    Attaquons le script d’office pour rectifier le tir (1) : La fin de la guerre de Sécession voit des contrées régies par le vainqueur .Les villes sont administrées par deux représentants nordistes dont certains en profitent pour accroitre leur bien être pécuniaire.

                    Dans l’une le dit régisseur est Roger Hale (Lyle Bettger) qui fait la pluie : pendaison et le beau temps jamais. Le général Hildebrandt (Charles Evans) prévenu par les autochtones envoie Rock Grayson (John Payne ) un gars du pays qui va s’acoquiner avec le triste sire pour mieux le confondre au risque de passer pour les habitants et pour un ex amour Jane Colfax (Coleen Gray) pour un « vendu ».

                    La venue dudit général va dévoiler son double jeu et le faire passer pour un criminel responsable de ma mort de ce dernier assassiné par Hale .Voilà Grayson seul contre tous contraint de rétablir la vérité.

                     Le synopsis est on ne peut plus classique (rivalité morale, politique sentimentale ) mais qu’importe,  quand le tout est mené tambour battant avec les moyens généreux d’un petit film : photo impeccable, couleurs flamboyantes notamment dans les costumes et interprétation aussi homogène que sa musique , cela passe assez bien.

                         Bien que peu connu, le film n’est point inédit (2) et de Edward Ludwig nous connaissons surtout ses collaborations avec ( 3) dont un western Big Jim McLain (1952) ; genre qu’il abordât peu (The Fabulous Texan 1947 ) La peur du scalp (4) au profit du polar.

                         Il est un produit de la firme Paramount, - le terme n’est pas péjoratif - pour laquelle il fit des dizaines de films et qui sont reconnaissables dans leur facture conforme, classique et néanmoins bien emballée : photo discrète et splendide  comme sa musique (Lucien Cailliet) , couleurs chatoyantes ( Les deux femmes rivalisent de toilettes ) et interprétation haute en couleurs

                     Le moins atypique reste dans les personnages : le Révérend Babcock qui prône la révolte alors que souvent les hommes d’églises dans  ont des rôles passéistes ou pacifistes dans les westerns et ailleurs , l'autre demeure  la troublante Rose Slater (Jan Sterling ) au comportement ambigu et calculateur qui dénonce le héros et contrecarre Hale son compagnon et dont l’avenir est laissé en suspens .

                 Coleen Gray qui ne fut jamais consacrée par ses pairs eut pourtant une carrière intéressante jouant pour Howard Hawks (1948 : La Rivière rouge (Red River) Frank Capra :1950 : Jour de chance (Riding High) 'Allan Dwan (1955 : Le Bagarreur du Tennessee ou Le mariage est pour demain(Tennessee's Partner) Stanley Kubrick 1956 : L'Ultime Razzia (The Killing) . Son rôle est basique servant de faire valoir  dans de nombreux  westerns (1948: Massacre à Furnace Creek (Fury at Furnace Creek) d'H. Bruce Humberstone : 1951 : Quand les tambours s'arrêteront (Apache Drums) d'Hugo Fregonese : 1956 : Frontier Gambler de Sam Newfield.

 Jan Sterling au rôle plus ambigu est remarquable et en impose en jouant les garces comme pas deux ,les personnages égoïstes et égocentristes comme celui dans Ace in the Hole 1951 (Le gouffre aux chimères (1951)) de Billy Wilderoù elle fut brillante, mais qui ne l'est pas sous la férule de ce dernier. 

                  Elle fut la partenaire d’Humphrey Bogart et Rod Steiger dans Plus dure sera la chute (1956) de John Wayne dans Écrit dans le ciel (1954) de William A. Wellman. Elle sera présente dans une dizaine de westerns télé incluse (L'homme au fusil 1995 face à Robert Mitchum, Le triomphe de Buffalo Bill avecCharlton Heston—et des séries tv -Bonanza La grande caravane--Le Virginien )

 .

                    Lyle Bettger  restera un de nos méchants préférés , car sous ses airs hospitaliers, il en ressort plus terrible. Il fut dans les grands westerns(Règlement de comptes à O.K. Corral où il fut un des Clanton, les ennemis jurés de Wyatt Earp ) comme dans les moindres (1966 : Nevada Smith de Henry Hathaway –L'aventure est à l'Ouest de Lloyd Bacon Le justicier solitaire 1956 de Stuart Heisler ) et dans une multitude de séries télé(1961 : Lawman- Maverick -The Tall Man -Have Gun - Will Travel --1962 : Rawhide -1968 : Bonanza)

               Tout crédible fut-il , John Payne a un rôle trop lisse contrairement aux westerns d’Allan Dwan qui lui apportèrent une certaine aura (Le mariage est pour demain 1952-Quatre étranges cavaliers 1954 film apocalyptique qui prévenait de la fin d’un monde) ses autres westerns contrastèrent (El Paso, ville sans loi 1949 -L'aigle et le vautour 1950 et La caravane des évadés signés tous trois par Lewis R. Foster qui d’ailleurs coadapta celui-ci et un autre The Blazing Forest pour Edward Ludwig toujours avec John Payne).

                    Il tournera d’autres films avec son pygmalion Allan Dwan : un de guerre Le bataillon dans la nuit et un superbe polar on ne peut plus noir tiré d’un roman de James M. Cain (6) Il fut comme Rory Calhoun, Dale Robertson des cowboys de réserve bien qu’il est une carrière plus ambitieuse

Au final une pure démonstration du travail artisan certes bien fait mais non mémorable.

(1) pour montrer déjà que les résumés sur Internet sont incomplets et laisse entendre que ce film n’à point été vu car la retranscription scénaristique est quasiment la même partout.

(2) 26 Octobre 1955 (France)

(3) Alerte aux marines (1944)-- Le réveil de la sorcière rouge (1948)

(4) Non crédité signé Stuart Gilmore,

(5) Qui glana un oscar pour la photo de Le tour du monde en 80 jours (1956)

(6) Auteur du mythique et érotique Le facteur sonne toujours deux fois

(7) Lucien Cailliet qui signa celles des films de Ford (Dieu est mort (1947)-- Le fils du désert (1948)- Le massacre de Fort Apache (1948)- La charge héroïque (1949))