1000 films pour aimer le Western

MI AMIGO roman de W.R.Burnett ACTES SUD 2016

Postface de Bertrand Tavernier

                     Le 7 ième art ne fut pas la première manifestation du western malgré sa pérennité (1) La littérature lui emboita le pas bien avant sa naissance . Prenons pour exemple Owen Wister (The Virginian: A Horseman of the Plains (1902) James Fenimore Cooper (Le Dernier des Mohicans (The Last of the Mohicans) (1826) Zane Grey (The Last of the Plainsmen 1908)Karl May (Winnetou 1875)

                      La seconde génération d'auteurs voit apparaitre Ernest Haycox (Stage to Lordsburg 1937 La Chevauchée fantastique ) Louis Lamour (Hondo (1953) Elmore Leonard (3 h 10 pour Yuma 1953) et l’auteur de ce livre captivant. W.R.Burnett 1899-1982 fut un touche à tout talentueux, un écrivain de romans noirs que l’on mit à la hauteur d’un Hemingway ou d’un Faulkner et à lire l’ouvrage ; la comparaison, n’est pas usurpée.

                        Mais son travail pour le cinéma virant quelquefois dans la facilité l’a quelque peu discrédité comme auteur véritable qui se targuait de lire Honoré de Balzac, Prosper Mérimée, Gustave Flaubert, Guy de Maupassant.

                       Toujours est il que ses romans furent adaptés par Mervyn LeRoy (Little Caesar 1931) John Ford (The Whole Town's Talking - Toute la ville en parle 1935) William Dieterle (Dr. Socrates (1935) Raoul Walsh (Dark Command - L'escadron noir 1940--- High Sierra - La grande évasion 1941) John Huston (The Asphalt Jungle- Quand la ville dort 1950) Douglas Sirk (Capitaine Mystère (Captain Lightfoot) 1955) qu’il travailla pour Howard Hawks, William Wyler, Raoul Walsh John Sturges et parfois non crédité

                   Ce palmarès et  ce flot d’artistes nous renseignent sur l’importance de cet écrivain que la Série Noire à l’aube des années 50 nous fit connaitre, que l’homme ne peut être sans intérêt comme les personnages de ce western littéraire. Mais cet écrivain fut autre chose que cette image cataloguée à lire Saint Johnson (2) où le superbe Le Petit César (3). D’ailleurs la moitié de son travail est traduit en français (4)

                        « MI AMIGO »écrit en 1959  au titre si chaleureux narre la rencontre d’un vieux loup de mer le sergent Desportes et d’un gamin énigmatique au franc parler et à l’arme redoutable.

                         Le premier est présenté ainsi : « Il avait bien l’air un peu français, mais ne prétendait pas l’être … semblait parfaitement bien installé dans l’existence … et pourtant il apparaissait parfois… comme un homme très seul, sans vie sociale, sans femme, presque sans amis » Le second « un visage jeune et tanné par le soleil, un nez retroussé, des yeux bleu clair, des dents blanches…un gamin «

                      L’adulte va éviter à l’adolescent prénommé Bud d’une mort certaine l’extrayant de blocs montagneux qui l’immobilisaient ; Sauvetage qui va engendrer une admiration si ce n’est un amour commun. Il représente si fortement la loi que le gamin va s’y plier mais ce n’est pas son caractère et sa vraie nature va surgir le mettant en opposition avec son bienfaiteur pourtant symbole de la figure paternelle

                     W R Burnett ne s’attarde qu’à ses seuls rapports chaleureux pour décrire ceux aussi de Natty un autre Briscard qui se montrera jaloux de la relation filiale du jeune protégé, du commandant Etheredge supérieur et modèle de Desportes, de Lolita sa fille qui s’éprendra de ce jeune rebelle qui semble porté un autre prénom et être double, de Aigle Noir un jeune indien de 20 ans qui ne jure que par le sergent Desportes et qui fermera l’histoire face à son idole en clamant un « Mi Amigo »

                    L’écriture de Burnett n’est pas linéaire, il décroche volontiers faisant un pied de nez à la narration conformiste, pour nous entrainer vers différentes personnalités vers d’autres contrées violentes aussi soulignant que ce fut aussi une époque de heurts et de conflits , un lieu d’entourloupes ne fusse que par la peinture de son juvénile héros mi sincère et mi manipulateur.

                   Son regard est incisif et sa plume alerte et concise.IL demeure un écrivain à connaitre dont l’ouvrage présenté est un régal de lecture

(1) qui se concrétisa en 1903 avec The Great Train Robbery de Edwin S. Porter

 (2) sorti chez acte sud et donc nous parlerons prochainement et qui aux dires d’un Bertrand Tavernier « un film magnifique en fut tiré Law and Order (1932) de Edward L. Cahn »

(3) Ecrit en 1929 paru en France en 1948 et réédité plusieurs fois (1968-79-87)

(4) Gallimard Editions de l’Ombre, Payot et rivages, Actes sud , Robert Laffont