1000 films pour aimer le Western

FEU SANS SOMMATION The Quick Gun (1964)

                de Sidney Salkow USA DVD Sidonis Calysta

sortie 27 mai 2016 (*)

                            Nous avons ici un western  bien ficelé qui décide de montrer pavillon encore, malgré la décadence du genre , l’adieu aux armes si je puis dire des anciens ( Walsh – Ford) et l’émergence du western européen ( italien et allemand surtout) qui allait redessiner les contours du genre

                       Clint Cooper (Audie Murphy) revient dans son patelin où il fut déconsidéré par les habitants suite à un règlement de comptes avec le clan Morrisson dont il tua par légitime défense les 2 fils.Sur sa route il croise d’anciennes connaissances malfaisantes : la bande de Spangler (Ted de Corsia ) dont il arrive à se défaire non sans heurts. Celle est décidée d’envahir sa ville pour en soutirer l’argent déposé par les marchands de bétail.

                        Cooper va s’installer dans sa région pour vivre des biens de son père et de l’amour de sa fiancée Helen (Merry Anders). Il doit affronter des habitants hostiles à sa venue, Morrison père (Walter Sande ) et son neveu Rick (Rex Holman) hantés par la vengeance et un shérif Scotty Grant qui le met en garde contre tout conflit et qui se trouve être le nouveau fiancé de sa bien-aimée. Il prévient néanmoins ce monde des intentions de Spangler et offre son concours pour le repousser. Cela ne se fera sans mal tant le danger est à l’intérieur et à l’extérieur et ne trouvera que peu d’alliés hormis sa dulcinée et Dan (Frank Ferguson)

                     Le scénario est dû à Steve Fisher et avait déjà amené deux films Top Gun (1955) de Ray Nazarro avec Sterling Hayden et en 1960 Noose for a Gunman (1960) de Edward L. Cahn avec Jim Davis et Ted de Corsia . IL est fait de personnages complexes et tordus qui tous dans l’ensemble ne dérogent point à leurs buts , l’un cherche le butin (Spangler) L’autre la quiétude, la rédemption ( Cooper) où le châtiment (Morrisson) et d’autres encore prônent l’intolérance (Les habitants) ou tendent maladroitement la joue droite (Le révérend).

                          Ceci n’élève pas ce western au firmament car le tout est juste un bon petit produit avec une intrigue sans coup de théâtre, ni grande originalité. Une seule scène reste énigmatique : les retrouvailles de Copper et Hélen qu’il invite à venir dans ses bras et qui soudain se retire gênée après une grimace : le révolver de Cooper ne semblait pas être la seule chose proéminente ? et Cooper de rajouter « J’ai pensé à toi , ces 2 dernières années »

                     On retrouve Steve Fisher dans une dizaine de westerns modestes à petit budgets de cette décennie signés Edward L. Cahn, William F. Claxton (Law of the Lawless - Condamné à être pendu 1964) Christian Nyby (Young Fury (1965)) Sidney Salkow, Lesley Selander (Fort Utah (1967-- Arizona Bushwhackers (1968)) et surtout R.G. Springsteen (Black Spurs Les éperons noirs 1965-Johnny Reno - Toute la ville est coupable 1966--Hostile Guns 1967--Red Tomahawk -Fort Bastion ne répond plus1967) . Il fut l’un des scénaristes des plus productifs ; près de 100 adaptations ou scénarios au cinéma dont Dead Reckoning (1947) En marge de l'enquête de John Cromwell et Tokyo Joe (1949) de Stuart Heisler pour son ami Humphrey Bogart. Il est l’auteur de polars dont certains sont parus dans la fameuse collection, : Série noire (L'Ami des Cœurs, (Be still my Heart, 1959), Série noire n° 614, 1960-Flambe la Baraque, (No House Limit, 1958), Série noire n° 545, 1960-Vicky, (I wake up screaming, 1941), Série noire n° 2394, 1993)

                  Son travail dans le western fut imposant ; il savait planter une intrigue et en garder l’intensité tout au long de son déroulement. Il participera à différentes séries (L’ile fantastique – Starsky et Hutch). Il était crédité de près de 100 scénarii à sa mort.

                   Nous avions déjà présenté 2 westerns de Sidney Salkow: Sitting Bull 1954 (Chronique N°394) et The Iron Sheriff (1957) Le sheriff de fer (Chronique N°487) dont nous vantions le savoir faire de ce réalisateur bon artisan qui donna la meilleure adaptation du roman de Richard Matheson Je suis une légende en 1964 et dont nous ne connaissons point les autres westerns ( Gun Brothers (1956) Jack McCall, Desperado (1953) Robbers' Roost (1955) Gun Duel in Durango (1957) ces 3 derniers avec George Montgomery et d’autres encore inédits

                        Il tourna aussi des films d’horreur avec Vincent Price (Twice-Told Tales (1963) qu’il réutilisera pour The Last Man on Earth Je suis une légende (1964) et participera dans les années 40 à la série « the Lone Wolf » un ex voleur de bijoux devenu détective privé en en réalisant quatre.  

                       Ted de Corsia est le tueur dans le chef d’œuvre d’orson Welles The Lady from Shanghai La dame de Shanghai (1947) et le méchant dans de nombreux polars (L'Ultime Razzia (1956-- 1951 : La Femme à abattre (The Enforcer) de Bretaigne Windust et Raoul Walsh -- 1955 : Association criminelle (The Big Combo) de Joseph H. Lewis) et westerns (1950 : Le Convoi maudit (The Outriders) de Roy Rowland-- 1951 : La Vallée de la vengeance (Vengeance Valley) de Richard Thorpe -- 1953 : Vaquero (Ride, Vaquero !) de John Farrow -- 1957 : Règlements de comptes à OK Corral (Gunfight at the O.K. Corral) de John Sturges -- 1966 : Nevada Smith d'Henry Hathaway -- 1968 : Cinq cartes à abattre (5 Card Stud) d'Henry Hathaway)un palmarès avec des films cultes c’est la reconnaissance absolue fut-il second ou troisième couteau surtout en France pour lui ; son ultime film sera Un homme est mort de Jacques Deray face à Jean-Louis Trintignant

                      James Best autre figure du genre commença timidement sa carrière avec Winchester '73 (1950) de Anthony Mann, travailla pour George Sherman (Comanche Territory (1950)- The Battle at Apache Pass (1952) pour Budd Boetticher The Cimarron Kid (1952) où il croisa pour la première fois Audie Murphy pour acquérir peu à peu des rôles plus importants (The Left Handed Gun Le gaucher d’ Arthur Penn (1958) --- Ride Lonesome La chevauchée de la vengeance (1959) de Budd Boetticher et se faire happer par le petit écran (Rawhide -Perry Mason-Bonanza- Shérif, fais-moi peur!)

                     Merry Anders fut une actrice modeste à la carrière courte qui prit fin à 38 ans et qui ne laisse pas de souvenirs périssables malgré un film avec Elvis Presley Tickle Me Chatouille-moi (1965) et quelques westerns en deuxième ou troisième rôle féminin (Young Fury (1965 de Christian Nyby) ou premier rôle (The Gambler Wore a Gun (1961) de Edward L. Cahn et Young Jesse James (1960) où elle est la légendaire Belle Starr et un western pro- féministe The Dalton Girls (1957) de Reginald Le Borg.

                      Audie Murphy tourne son premier western en 1950 : The Kid from Texas de Kurt Neumann qui n’est point son meilleur .Il se rattrapera puisqu’il en fit une bonne trentaine sous la direction il est vrai de réalisateurs inégaux et pour ne citer que ses plus représentatifs nous avons Huston (La charge victorieuse (The red badge of courage) 1952--The Unforgiven (1960) Le vent de la plaine) Jack Arnold Une balle signée X (No Name on the Bullet) un rôle pas toujours sympathique 1959--L'étoile brisée (Ride a Crooked Trail) 1958-- Don Siegel (The Duel at Silver Creek Duel sans merci 1952) George Marshall Le nettoyeur (Destry) 1954 Budd Boetticher (The Cimarron Kid À feu et à sang (1952)-- )

                         Il reste une des figures attachantes du western auréolé d’une réputation de soldat brave et courageux et même le plus décoré durant la seconde guerre mondiale ; pan de  sa biographie qu’il portât à l’écran sous la direction, de Jesse Hibbs qui lui fera tourner plusieurs films dont des westerns (Chevauchée avec le diable 1953 L'Homme de San Carlos 1956-- L'Étoile brisée 1958) .

                        Le 28 mai 1971, Murphy mourut dans un accident d'avion à l’âge de 45 ans non sans avoir professé son aversion pour l’industrie cinématographique qu’il jugeait hypocrite et tourné son dernier western A Time for Dying Qui tire le premier? (1969) de Budd Boetticher qu’il produisit et où  il fit une apparition

                        (*) Présentation de Patrick Brion