1000 films pour aimer le Western

814-TIEMPO DE MORIR(Un temps pour mourir) d’Arturo Ripstein Mexique 1966

Dvd- Blu-Ray Sidonis Calysta sortie Mai 2017 (*)

Le western mexicain est un genre typé dans un genre qui s’offrit 1000 démonstrations. Il est peu nombreux contrairement aux personnages mexicains dans le cinéma américain. Celui-ci va proposer un traitement original jurant sur les films d’alors. Il s’arroge le droit non de singer à l’instar du western italien, mais d’honorer ce genre par des évocations visuelles et identifiables et d’imposer un traitement autre que celui attendu nonobstant les obstacles, instituant une dramaturgie particulière appuyée sur la tragédie typique de ce pays où famille et honneur sont des entités terribles si ce n’est terrifiantes

Juan Sayago revient dans son village natal après 18 ans passés derrière les barreaux pour avoir tué Ral Trueba un vendeur de chevaux. S’il rencontre des anciennesconnaissances ; il désire avant tout retrouver sa bien-aimée

           Mariana Sampedro (Marga López). Mais les 2 fils de Trueba : Pedro (Enrique Rocha) et   Julián (Alfredo Leal) ont juré de venger la mort du père. Celle-ci est veuve avec un jeune enfant et ne veut quitter sa terre, ce que les autochtones du shérif au barman conseillent à Juan. Juan est stoïque las de ces querelles et cherche outre le réconfort, le repos. Mais comment les trouver face à un Julian hystérique qui ne veut déroger aux lois anciennes et accumule provocation sur provocation avec hargne.

Le script est signé de 2 géants de la littérature : Carlos Fuentes (I) (1928–2012) fort critique de la société mexicaine (1958, La Plus Limpide région,) et Gabriel García Márquez (1927-2014) prix Nobel de littérature en 1982 tous deux fort épris de cinéma (ils totalisent à eux deux 80 films inspirés de leurs romans incluant les participations directes). Il est vrai concernant le second dramaturge que le film aurait pu s’appeler Chronique d'une mort annoncée roman de 1981. Tous deux œuvrèrent pour dégager de ce script le sentiment de solitude et la peinture d’un mondetraditionaliste à la fois paternaliste et machiste.A qui doit-on cette scène admirable et étonnante où le héros devant l’ex amoureuse qui tricote reprend l’ouvrage quand celle-ci est trop émue pour continuer et ce personnage Casidio homme handicapé cloué au lit qui marque son désaccord et sa colère à coups derevolver dans le vide.

 Au-delà de ce matériau riche subsiste un film qui ne l’est pas moins par sa singularité (ton et son atmosphère peu usités) par ce noir et blanc qui ramène aux héros jusqu’au-boutistes et impose une noirceur absolue sous un soleil aussi torride que le paysage est abrupt.

 Nous sommes dans une tragédie absolue où le destin semble tracé : Arturo Ripstein le confirme par ses symboles choc et par cette vision d’un village désert aux longues rues et par cette peinture pathétique d’un héros refusant la fuite et le combat ; cherchant une quiétude qui ne trouvera jamais.

 Le cinéaste avait 21 ans quand il réalisera ce premier film ; il en avait déjà dans l’esprit plusieurs qui lui serviront de références comme ce héros traversant tel Gary Cooper dans Le train sifflera trois fois (1952) High Noon une ville vidée de ses habitants et qui semble s’être arrêté dans le temps. Arturo Ripstein éclectique abordera avec succès d’autres genres avec en 1972  Le Château de la pureté (El Castillo de la pureza)  huis clos familial qui fleure le Bunuel , en 1994 : La Reine de la nuit (La Reina de la noche) biographie imaginaire d’une chanteuse, en 1997 Carmin profond son film le plus connu sur un couple de meurtriers dévastant les Etats Unis  à la fin des années 40, en 1999 Pas de lettre pour le colonel » adaptation du roman éponyme de l'écrivain colombien Gabriel García Márquez.

Tiempo de morir est fort original , Arturo Ripstein est puissamment mexicain. Nous savons que plus un film est régional ; plus il devient international.

Alfredo Leal tourna des westerns mexicains (Río Hondo (1965 de Rogelio A. González-- Carne de horca (1973) de Julio Adama inédits à priori) Il a le physique mince et élancé de l’être rancunier   pour ne pas dire du tueur patenté. Il symbolise l’honneur, le chef et cette malheureuse tradition qu’est la vengeance ( apparition de barreaux aux fenêtres qui  suit une porte qui se ferme au départ de Juan (plan que tout un chacun attribuerait è celui de « La prisonnière du désert de Ford 1956 » et ce héros nonchalant qui marche comme un automate sur des rails ; symbole de l’infini)

Marga López actrice mexicaine ne tournera que dans son pays de 1945 à 2003. Un de ses films connus reste Nazarin de Luis Buñuel en 1959 et tournera sous la direction d'Emilio Fernández un des plus grands réalisateurs mexicains (1949 : Les Bas-fonds de Mexico (Salon Mexico)

Jorge Martínez de Hoyos est d’une sobriété impressionnante, il incarne un pacifiste qui refuse de prendre les armes de rallumer la guerre. Il est le seul de la distribution à avoir côtoyé le cinéma américain durant les années 60 en campant le mexicain de service dans quelques westerns : Les 7 mercenaires (1960)The Magnificent Seven de John Sturges-- Les professionnels (1966) The Professionals de Richard Brooks -- Le jour des Apaches (1968) Day of the Evil Gun de Jerry Thorpe -- La poursuite sauvage (1972)The Revengers  de Daniel Mann -------- Il n’insista pas las  peut-être de  l’image stéréotypée qu’on lui renvoya et rejoignit le cinéma mexicain pour qui il avait donné 100 films

(*)Présentation du film par Bertrand Tavernier et Patrick Brion

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