1000 films pour aimer le Western

L’HOMME DU KENTUCKYThe Kentuckian 1955 USA de Burt Lancaster

 Sortie le 8 mars 2018 Editeur : Sidonis Calysta (*)

Les vedettes de westerns ne furent pas légion à passer derrière la caméra (John Wayne-Kirk Douglas) surtout s’ils se doublaient de producteurs ce qui déplaisaient à ces deux professions qui ne se bousculaient pas pour les seconder. Ce besoin ne relevait pas d’un narcissisme, ni de bousculer l’ordre établi, mais peut-être des 2 à la fois et de la nécessité de stipuler que l’acteur n’était pas qu’un pion, mais une personnalité sociale, politique et économique.

 Ces trois là étaient connus pour leurs positions dans les actions gouvernementales de leur pays. Burt Lancaster était de gauche , participa à la marche sur Washington de Martin Luther King en 1963, s’engagea contre la Guerre du Viêt Nam et le Maccarthysme et milita les droits des homosexuels. Et ses films notamment les derniers étaient des déclarations politiques

 Cet aparté nous amène à l’histoire de film inégal dont c’est la première réalisation de cet acteur qui cherchait les compromis tout en se marginalisant.

Elias Wakefield (Burt Lancaster), Un veuf - l’épouse n’est jamais évoquée- originaire du Kentucky, part pour le texan avec Eli son fils de 9 ans pour y commencer une nouvelle vie et fuir les rivalités qui opposent les Wakefield aux Fromes. Ces derniers représentés par 2 frères le poursuivent de leur haine et il leur échappera grâce à une servante Hannah (Diane Foster) dont il rachète la liberté au patron du saloon où elle travaille. Tous trois vont se réfugier chez le frère d’Elias, le très british et très respectable Zack Wakefield dont ses qualificatifs poussés à l’excès le rendent intolérant au point de ne pas accepter cette nouvelle présence féminine.

Hannah trouve du travail chez Stan Bodine (Walter Matthau) surnommé « "homme au fouet" tant il est habile avec cette arme tandis que Elias se lance la pêche aux moules qui lui ramènera aucun et deviendra la risée de son entourage. Plus chanceux au casino ; il se taille une position sociale agrémentée d’une future union avec l’institutrice Susie (Diana Lynn).Il devra affronter son jeune fils qui ne partage pas son choix amoureux et la cruauté de Bodine avant de s’apercevoir que son avenir est au près d’Hannah.

Ce scénario simple , limite simpliste rappelle la relation paternelle d’Alan Ladd avec son fils muet dans Le Fier Rebelle (The Proud Rebel) réalisé par Michael Curtiz en 1958 et en moindre L'Homme des vallées perdues (Shane) de George Stevens en 1953 qui était scénarisé par A.B. Guthrie Jr responsable de ce script adapté d’un livre deFelix Holt.

A.B. Guthrie Jr autre écrivain vu ses romans adaptés au cinéma (La captive aux yeux clairs (1952) The Big Sky d’ Howard Hawks-- Duel dans la boue (1959) -- These Thousand Hills  de Richard Fleischer -- La route de l'Ouest (1967) The Way West d’ Andrew V. McLaglen ) des romans qui traitaient d’êtres marginaux , de conquérants nouveaux et d’êtres sans patrie réelle c=herchant une terre promise. Certains de ses écrits furent traduits en français : Wild Pitch (1973) sous le titre Retour de bâton, Paris, Gallimard, Série noire no 2347, 1994--- The Genuine Article (1977) Le Produit d'origine, Paris, Gallimard, Série noire no 2429, 1996 --- No Second Wind (1980) Les loups sont innocents, Paris, Gallimard, Série noire no 1827 en 1981 .

Le film nous l’avons deviné lorgne vers le film familial ; limite un produit Walt Dysney avec des scènes violentes et larmoyantes sur un fond de réalisme : s’uniformiser, se sédentariser ; se civiliser est-il possible sans altérer sa liberté. D’autant plus que cela se pose dans le crâne d’un homme gentil et naïf qui doit affronter la bêtise humaine et son sacrifice le rendra vulnérable. Chronique sympathique certes mais que l’absence d’une réalisation uniforme nuit à ce propos fort recevable ; effectivement la première partie est limite digeste et la seconde moins pantouflarde acquiert une vitalité dont l’absence faisait défaut.

A son actif parlons des 2 frères Fromes représentés par 2 grands gaillards aux positions identiques, stoïques comme robotisées «épousant la même démarche statique , de marbre et de vêture similaires, , barbus et chapeautés comme originaux dangereux le regard perdu comme si la vengeance  était aveugle et inéluctable. Ce qui nous vaudra une des deux scènes fortes du film, celle où Burt Lancaster traverse la rivière rapidement vers son ennemi avant que est le tempsc de rechercher son fusil à un coup. La seconde scène puissante est l’affrontement de l’homme au fouet et du héros  qui n’est pas sans rappeler celle toute aussi sadique confrontant de Karl Malden confrontant Marlon Brando dans le film de ce dernier réalisé en 1961 : La Vengeance aux deux visages (One-Eyed Jacks)

L’acteur reprendra les rênes d’un polar  20 ans après pour Le flic se rebiffe en 1974 et même parfois de façon non créditée  dans Le roi des îles His Majesty O'Keefe de Byron Haskin. Par contre il sut s’entourer d’acteurs crédibles dans ce film et dans ceux qu’il produisit notamment pour les films deROBERT ALDRICH (Bronco Apache (1954)-- Vera Cruz (1954)-- Fureur apache 1972)pour qui il tournera aussi  en 1977 : L'Ultimatum des trois mercenaires (Twilight's last gleaming) et pour SYDNEY POLLACK (Les chasseurs de scalps (1968) EDWIN SHERIN (Valdez (1971) John Huston (Le vent de la plaine (1960)Et il ne produisit pas que des westerns ; il y eut d’autres où il ne joua point et  glana des oscars : quatre pour Marty (1955) de  Delbert Mann  --La nuit des maris (1957) du même

 Pour celui il choisira : John Carradine, John McIntire, Walter Matthau, Diana Lynn, Dianne Foster

JOHN CARRADINE joue un rôle épisode d’un vendeur ambulant à la faconde facile digne de ses personnages qu’il joua pour John Ford (1936 : Je n'ai pas tué Lincoln (The Prisoner of Shark Island) --1938 : Quatre hommes et une prière (Four Men and a Prayer) --1939 : La Chevauchée fantastique (Stagecoach)-- 1939 : Sur la piste des Mohawks (Drums Along the Mohawk) --1958 : La Dernière Fanfare (The Last Hurrah) ---1962 : L'Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance) donc l’acteur n’est presque plus a présenter

JOHN MCINTIRE  et Burt LANCASTER

JOHN MCINTIRE s’acoquina avec George Sherman (1948 : Bandits de grands chemins (Black Bart) et Le Barrage de Burlington (River Lady)-- 1949 : Le Mustang noir (Red Canyon)-- 1953 : À l'assaut du Fort Clark (War Arrow) avec Anthony Mann dans 3 chefs d’œuvre (1950 : Winchester '73---1954 : Je suis un aventurier (The Far Country)-- 1957- Du sang dans le désert- The Tin Star) et chez John Sturges (1956 : Coup de fouet en retour (Backlash) en père meurtrier prêt à abattre son rejeton joué par Richard Widmark ) Il ne fut pas toujours le méchant de service mais aussi un brave homme prête comme dans ce film à réviser ses idées préconçues

WALTER MATTHAU avant d’être l’acteur comique employé par Billy Wilder pour affronter Jack Lemmon  dans  La Grande Combine (The Fortune Cookie) 1966--Spéciale première (The Front Page) 1974--Victor la gaffe (Buddy Buddy) reprise du film français L'Emmerdeur, réalisé par Édouard Molinaro où il reprenait le rôle de Lino Ventura ; fut présent dans quelques westerns : 1955 : La Rivière de nos amours (The Indian fighter), d'André De Toth--1958 : L'Étoile brisée (Ride a crooked trail), de Jesse Hibbs--. Très bon comédien qui livre une scène mémorable face à Burt Lancaster sera demandé par Stanley Donen , Sidney Lumet , Edward Dmytryk , Don Siegel,Roman Polanski ,Oliver Stone .

DIANA LYNN l’actrice la moins connue du lot dans le rôle de la sempiternelle maitresse d’école que 9 fois sur 10 le héros épouse n’a pas une filmographie heureuse hormis Uniformes et jupon court (1942) The Major and the Minor de Billy Wilderet en rôle principal 3 polars signé John Farrow Les pillards de Mexico Plunder of the Sun (1953) avec Glenn Ford et l’autre un John Sturges réputé :  Le peuple accuse O'Hara (1951) avec Spencer Tracy et le dernier L'impitoyable Ruthless (1948) de Edgar G. Ulmer

DIANNE FOSTERfit aussi une carrière courte puisqu’elle se retira à 28 ans après être apparut dans une petite vingtaine de films dont quelques westerns (1954 : Trois heures pour tuer (Three Hours to kill) d'Alfred L. Werker -- 1955 : Le Souffle de la violence (The Violent Men) de Rudolph Maté- 1957 : Le Survivant des monts lointains (Night Passage) de James Neilson ) Elle reste un des vecteurs importants du film

 Burt Lancaster est une des figures fortes du western : 1951 : La Vallée de la vengeance (Vengeance Valley) de Richard Thorpe -- 1954 : Bronco Apache (Apache) et  Vera Cruz  et 1972 : Fureur apache (Ulzana's Raid)  - tous trois de Robert Aldrich -- 1957 : Règlements de comptes à OK Corral (Gunfight at the O.K. Corral)  et en de 1965 : Sur la piste de la grande caravane (The Hallelujah Trail) de John Sturges  -- 1960 : Le Vent de la plaine (The Unforgiven) de John Huston : 1966 : Les Professionnels (The Professionals) de Richard Brooks -- 1968 : Les Chasseurs de scalps (The Scalphunters) de Sydney Pollack -- 1971 : L'Homme de la loi (Lawman) de Michael Winner   et Valdez (en)) (Valdez Is Coming) de Edwin Sherin .

 Ce ne fut pas que ses seuls temps forts dans sa filmographie ; incluons les drames où il montra son talent : 1953 : Tant qu'il y aura des hommes (From Here to Eternity) de Fred Zinnemann -- 1960 : Elmer Gantry le charlatan (Elmer Gantry) de Richard Brooks -- 1962 : Le Prisonnier d'Alcatraz (Birdman of Alcatraz) de John Frankenheimer  et un film indépendant comme il aimait en tourner  -- 1962 : Un enfant attend (A child is waiting) de John Cassavetes –

JOHN CARRADINE- Walter MATTHAU et Burt LANCASTER

Cette filmographie qui en ferait rêver plus d’un s’agrémentera - cerise sur le gâteau *d’une double invitation du grand Luchino Visconti avec 2 personnages magistraux : Prince Don Fabrizio Salina dans Le Guépard (Il gattopardo) en 1963 et d’un vieil professeur à la retraite dans Violence et passion (Gruppo di famiglia in un interno) en 1974 : puis de celles de Bernardo Bertolucci avec « 1900 » fresque réalisée en 1975 et de Louis Malle en 1980  avec Atlantic City (Atlantic City, USA)

C’est ce pan de carrière hétéroclite et riche que retiendra le public.

(*) Bonus : présentation Patrick Brion avec un documentaire : Burt Lancaster 50’

Format DVD et Blu-Ray -- Boîtier Blu-ray avec fourreau-- Combo

durée : 104 mn • technicolor • format : 2:55 • 16/9

son mono d’origine • version : VF et VOST français restaurée