1000 films pour aimer le Western

L’ETRANGE INCIDENT The Ox-Bow Incident 1942 de William A. Wellman

center;">ESC Editions  Mars 2019(*)

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Etrange film, western singulier qui jure par ses différences ; fi le “Happy end” fi le héros dont la raison l’emporte, fi la raison d’état ; la noirceur l’emporte et imprime la déception, le défaitisme et cela en pleine seconde guerre mondiale.

Les héros sont moins raisonnables, leurs raisons vacillent et leurs mœurs deviennent néfastes

Dès lors cette œuvre impartiale prend des allures de chefs d’œuvre, qualificatif qui enseigne que plus rien ne peut-être ajouté et cette vision endeuille un pays en recherche d’identité, d’équité et qui se dévoile inique. Et cette vision pessimiste nuit à, son auteur, à son pays d’origine au point de jeter l’opprobre, de subir un rejet voire une censure d’autant plus que son représentant est prohibé et ses actes désavoués. Diable !  un film hollywoodien qui tourne le dos à Hollywood

Le synopsis est dû à un écrivain peu connu WALTER VAN TILBURG CLARK (1909-1971) dont un autre roman fut adapté : The Track of the Cat un western signé de nouveau par William A. Wellman et réintituléTrack of the Cat (1954)   un des rares à se passer dans un décor neigeux avec Robert Mitchum, Teresa Wright (1) . Il écrivit aussi d’autres choses comme des nouvelles et de la poésie

 L’adaptation aux dires des connaisseurs (voir bonus) reprend des dialogues du livre et est signée par LAMAR TROTTI solide scénariste qui glana un oscar pour le scénario deWilson (1944) qui relate la vie d’un président américain Woodrow Wilson et est signé par Henry King avec qui il travailla n souvent : 1938 :La Folle Parade (Alexander's Ragtime Band)--  1947 : Capitaine de Castille (Captain from Castile). Nous lui devons plusieurs travaux pour John Ford : 1934 :Judge Priest ---1935 : Steamboat Round the Bend ---1939 :Vers sa destinée (Young Mr. Lincoln) ---1939: Sur la piste des Mohawks (Drums Along the Mohawk)  qui sont tous des perles et où il montra un humour corrosif . 5 ans plus tard il retrouvera William A. Wellman pour l’adaptation d’un roman de W.R. Burnett :La ville abandonnéeYellow Sky (1948) rare western qu’il fit avec La reine des rebelles Belle Starr (1941) de Irving Cummings et Brigham Young (1940) tous deux avec des rôles de femmes fortes et de personnes solidement étoffés

 Ce roman date de 1940 (2) et montre l’affolement d’autochtones qui faute de loisirs vont s’en créer un : L’auto justice quand ils découvriront qu’un des leurs a été volé et tué par trois étrangers (Dana Andrews-- Anthony Quinn—Francis Ford) . Cette meute barbare va les juger à la six-quatre-deux rt les pendre malgré l’opposition d’une menue partie d’entre eux dont Gil Carter (Henry Fonda) et Art Croft (Harry Morgan) fraichement arrivés dans cette ville déserte et aride. L’exécution finie , le shérif accourt – comme la cavalerie toujours en retard – pour dire que la victime n’est point morte et les coupables arrêtés. Nouvelle qui fera qu’aggraver la tension entre Jeff Farnley (Marc Lawrence) et son père (Frank Conroy)  : un militaire sectaire et adorant commander et qui seule justice du film mettra fin à ses jours

WILLIAM WELLMAN est un cinéaste à redécouvrir et non pas que pour ses westerns qui sont tous enthousiasmants et loin d’être fades ( Les conquérants (1932) un des rares que nous ne connaissons point  1948 :La ville abandonnee 1951 :Convoi de femmes (Westward the women) avec Robert Taylor  etAu-delà du Missouri (Across the wide Missouri) avec Clark Gable et Track of the Cat (1954) avec Robert Mitchum ) mais aussi pour ses drames (Une étoile est née A Star Is Born  (1937 dont il est l’auteur et qui verra 3 à 4   remakes ) ses polars ( le célébrissime 1931 :L'Ennemi public (The Public Enemy) avec un James Cagney déchainé et même ses comédies (La Joyeuse Suicidée (Nothing Sacred)

Déjà dansLa ville abandonnée , nous spécifions que « On lui doit le côté indompté de cette aventure faisant fi de tout mélo, de tout pathos tout en gardant une trame dramatique matérialisée par des affrontements psychologiques de plus en plus intenses » remarque que l’on peut appliquer dans ce court film ( 75 mn) qui commence sur un ton badin et avec un esprit ludique ( tour à tour une remarque sur un tableau quelque érotique et une légère bagarre) pour se tourner progressivement vers l’important , l’inquiétant et le stressant .

Il n’y a plus réellement de protagonistes car Wellman filme la foule, la meute et les hommes en formant un huis-clos où les échanges entre ces derniers seront violents, pathétiques et révoltants. C’est un des westerns les plus noirs – si ce n’est le – car il commence par la comédie, flirte avec le polar se termine en drame et le pire tourne le dos à la morale (les coupables ne seront pas punis) Son prochain western Buffalo Bill (1944) véhément de nouveau montrera sa patrie sous un jour peu flamboyant . C’était long d’être un conformiste et ce western hors pair reste dans nos mémoires même au fil des années

FRANK CONROY que Wellman avait déjà employé dans L'appel de la forêt Call of the Wild ( (1935) et plus tard dans 1943: L'Étrangleur (Lady of Burlesque) jouât souvent des personnages obtus est un acteur britannique de théâtre et de cinéma remarqué dans:La Cité sans voiles (The Naked City) de Jules Dassin en 1948 un polar digne d’interet où il fut le Capitaine Donahue adjoint de celui qui mène une enquête le Lieutenant Dan Muldoon

 IL est ici détestable à souhait puisqu’il incarne l’intransigeance face à la justice et face à un fils qui réfute sa morale néfaste

MARC LAWRENCE joue son fils , son antagoniste à l’esprit plus libéral et qui déteste autant son géniteur que les excités qui l’accompagnent et se révoltera vers le premier de façon frontale

FRANCIS FORD frère de John réalisateur dans les années 1910-20, fut acteur  notamment pour Thomas H. Ince ( 50 films muets ensemble, eb fit une bonne vingtaine pour son frère et non des moindres : 1935 :Le Mouchard (The Informer) -- 1936 :Je n'ai pas tué Lincoln (The Prisoner of Shark Island) de John Ford  -- 1939 :La Chevauchée fantastique (Stagecoach) et Sur la piste des Mohawks (Drums Along the Mohawk) -- 1950 :Le Convoi des braves (Wagon Master) de John Ford -- 1952 :L'Homme tranquille (The Quiet Man) -- 1953 :Le soleil brille pour tout le monde (The Sun Shines Bright) . Activité puissante qui ne l’éméchera point de tourner pour Lewis Milestone, Cecil B. DeMille , Joseph Kane pour un western 1948 :Les Pillards (The Plunderers), genre où il fut omniprésent . il avait pas loin de 500 films à son actif.

il incarne de nouveau un vieil , une des victimes de la horde barbare , moitié amnésique , moitié hébété qui ne saisit point l’emballement naissant , ni ne comprend ce présent irréel, ni ne pressentant réellement sa mort future

JANE DARWELL actrice fordienne mémorable notamment pour son rôle de Ma Joad pour lequel elle obtint un oscar mérité ; mère de Henry Fonda dans le chef d’œuvre que John Ford tira d’un roman de John Steinbeck :Les raisins de la colère - The Grapes of Wrath (1940) fut présente dans La poursuite infernaleMy Darling Clementine (1946) Le fils du désert -3 Godfathers (1948) et dans Le convoi des bravesWagon Master (1950)La dernière fanfare (1958) The Last Hurrah du même cinéaste ; incarne ici une autre figure du mal tout aussi dévastatrice que son entourage ; Elle fut au générique d’autres westerns dans des personnages extravagants , de râleuse de service principalement :Red Stallion (1947) de Lesley Selander

Le mustang noir (1949) Red Canyon  de George Sherman --Redwood Forest Trail (1950) de Philip Ford --Surrender (1950) de Allan Dwan --Autant en Emporte le Vent (Gone With the Wind) de Victor Fleming 1939. Sa dernière apparition sera dans l’amusantMary Poppins de Robert Stevenson en 1964.

 Elle est ici détestable et tout aussi crapuleuse, excitée de la tournure des évènements comme son entourage, elle véhicule une image sale de l’Amérique bien-pensante, sûr de ses actes  et qui s’arroge des nouveaux droits . Elle est la vacharde du groupe

ANTHONY QUINN n’est plus à présenter ; il débuta en 1934 comme figurant (1936 :Une aventure de Buffalo Bill (The Plainsman) de Cecil B. DeMille :) , puis troisième (1938 :Les Flibustiers (The Buccaneer) de Cecil B. DeMille)  et deuxième rôle  (1952 :Vaquero(Ride, Vaquero!) de John Farrow -- 1953 :L'Expédition du Fort King (Seminole) de Budd Boetticher : 1956 :La Vie passionnée de Vincent Van Gogh (Lust for Life) de Vincente Minnelli) avant de devenir une  star et même une vedette singulière car il fut dès les années 50  le premier comédien européen tournant dans plusieurs pays las d’être enfermé dans le sien et dans des rôles pas assez étoffés. Ce parcours commença avec l’ItalieLa strada (1954) de Federico Fellini dans l’un  de ses plus grands rôles Zampano, un forain tonitruant et truandant sa partenaire la douce et frêle Giulietta Masina, puis l’Angleterre Lawrence d’Arabie (Lawrence of Arabia) de David Lean , la Grèce avec encore un personnage hors norme :Zorba le Grec de Michael Cacoyannis, La France avec 2 films d’ Henri Verneuil :La Vingt-cinquième Heure 1967 etLa Bataille de San Sebastian l’année d’après , la Lybie avecLe Message de en 1977 et en 1980 :Le Lion du désert (Lion of the Desert) deux films signés Moustapha Akkad, le Mexique avecLes Vendanges de feu A Walk in the Clouds de Alfonso Arau

 Il reste incontournable du western : 1957 :La Chevauchée du retour (The Ride Back) de Allen H. Miner -- 1959 :L'Homme aux colts d'or (Warlock) de Edward Dmytryk  époustouflant en handicapé  bras droit de Henry Fonda  -- 1959 :Le Dernier Train de Gun Hill (Last Train from Gun Hill) de John Sturges  où il affronte un ami d’enfance Kirk Douglas

Il est le deuxième innocent condamné à tort qui aura un moment de révolte et dont le passé est trouble : est-il le mexicain Juan Martinez recherché  pour meurtre ou ce Francesco Martinez, deuxième accusé qui travaille en toute quiétude pour Martin.Il devient aussi pathétique que le vieil homme en demandant à un autre membre de son pays d’écouter sa confession pour la transmettre à un prêtre

DANA ANDREWS possède un jeu si discret sans esbroufe qu’on peine à le voir acteur tant il est sobre ; Otto Preminger retiendra cela en l’employant dans 5 films dont le mythique Laura en 1944 où il est un détective obnubilé , fasciné par le portrait d’une morte sur laquelle il enquête ; suivrontCrime passionnel (Fallen Angel) en 1945Femme ou Maîtresse (Daisy Kenyon en 1947. etMark Dixon, détective (Where the Sidewalk Ends) en 1950

 Son jeu plut à Jean Renoir (1941 :L'Étang tragique (Swamp Water) à John Ford (1941 :La Route au tabac (Tobacco Road) Howard Hawks (1941 :Boule de feu (Ball of Fire) et Fritz Lang qui lui offriyt 2 superbes rôles : 1956 : La Cinquième Victime (While the City Sleeps) et L'Invraisemblable Vérité (Beyond a Reasonable Doubt) la même année

Il fut présent dans quelques westerns :La Reine des rebelles (Belle Starr the Bandit Queen)  de Irving Cummings 1941. --Le Passage du canyon (Canyon Passage) est un film américain réalisé par Jacques Tourneur, sorti en 1946Trois heures pour tuer Three Hours to Kill)  réalisé par Alfred L. Werker 1954.---Le Fleuve de la dernière chance (Smoke Signal)  de Jerry Hopper,1955  --Comanche de George Sherman 1956. – les décevantsQuand parle la poudre  Town Tamer de Lesley Selander 1965.Toute la ville est coupable -Johnny Reno) de R. G. Springsteen 1966

 Il est le plus lucide des 3 détenus, et élément déroutant le plus croyant en l’homme ; sa missive sera lue après sa mort et remise à son épouse.

HENRY FONDA marqua profondément le cinéma et pas seulement que le western. Il joue ici un semi-héros , quelqu’un qui n’a pu calmer la foule sauvage, seul – ainsi qu’une partie des témoins – à lutter contre la bêtise humaine meurtrière. Il est ce cowboy amoureux venu chercher da bien-aimée qui ne l’a point attendue et qu’il croisera avec son nouveau cavalier sans échanger un traite mot ; elle-même étant une traitresse. Il demeure ce témoin démocrate

, anti populiste qui une fois le vérité rétablie, c’est-à-dire après mort d’hommes innocents va lire à ceux qui ne le sont pas la lettre de mansuétude, déchirante d’un condamné pas si aigri que cela. C’est une scène émouvante, accusatrice, terrible pour l’Homme et pour la démocratie car le film montre une justice inique perpétrée par des justiciers du dimanche, assoiffés d’acteurs veules et racistes

Ses personnages d’homme intègre, juste et droit y furent pour beaucoup il incarnait la raison  dans toute sa puissance, l’homme du peuple en perpétuelle révolte contre la société , l’injustice et les hommes. Il quitta une unique fois ce symbole américain pour être dans Il était une fois dans l'Ouest) (Once Upon a Time in the West) 1968 de Sergio Leone en contre-emploi mais l’acteur avait déjà sa carrière derrière lui-même s’il tourna une bonne dizaine d’années ensuite

Celle-ci débuta à l’aube des années 30 dans des premiers rôles et dans des films peu marquants () jusqu’à sa rencontre avec Fritz Lang 1937 :J'ai le droit de vivre (You Only Live Once) violente charge conte une Amérique vindicative et fit de lui un individualiste. Cette marginalité sera développée avecLe Brigand bien-aimé (Jesse James) de Henry King et sacralisée avec 1940 :Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath) de John Ford ; cinéaste avec qui avant de se fâcher il fit 8 films

 Ses rôles les plus marquants resteront celui de John Ford et de Léone précités ainsi que l’irremplaçable film politique de Sidney LumetDouze hommes en colère 12 Angry Men (1957) que des westerns : 1939 : Vers sa destinée (Young Mr. Lincoln) de John Ford 1946 : La Poursuite infernale (My Darling Clementine) 1948 :Le Massacre de Fort Apache (Fort Apache) de John Ford  1959 :L'Homme aux colts d'or (Warlock) de Edward Dmytryk-- 1956 :Le Faux Coupable (The Wrong Man) de Alfred Hitchcock

(1)          Le couple maudit de l’admirable Raoul Walsh

(2)          sera présentée en 1947 par Gallimard et retraduit chez Actes Sud avec une préface de Bertrand Tavernier

(*) Conversation entre Frédéric Mercier et François Bégaudeau (34’)

La ballade des pendus, avec Frédéric Albert Lévy (60’)

Posse comitatus, avec IAC (7’)