1000 films pour aimer le Western

L’ESCADRON NOIR de Raoul Walsh (Dark Comand)  1940 USA

    Sidonis Calysta avril 2019

présentation Patrick Brion et Bertrand Tavernier

Ce huitième western su sieur Walsh que nous vous présentons (1) est un film hybride donc ébranlant au final. Cette dualité nuit à l’ouvrage pourtant non sans talent. La déstabilisation vient aussi du regard erroné de L’Histoire ; deux points sur lesquels nous reviendront car il forme la stature de l’œuvre.

L’histoire qui débute en 1859 quelques temps avant la guerre de Sécession voit s'affronter deux hommes honorables pour le poste de shérif , le vainqueur demeure Bob Seton (John Wayne) un cow-boy et le perdant un instituteur Will Cantrell (Walter Pidgeon) qui vit avec sa mère . ce dernier ne va pas toujours se montrer sociable puisqu’il se lance dans le trafic d’armes en plein début des hostilités entre le Nord et le Sud. De surcroît accroissant l’illégalité s’instaure en chef d’une bande de mercenaires cruels et violents voire meurtriers rendant la région en feu.

Seton va lutter contre eux , devenus une engeance et tenter de gagner l’amour de Mary, (CLAIRE TREVOR) la fille d'Angus McCloud, le propriétaire de la banque locale qui vient d épouser son rude adversaire et de défendre le frère de celle-ci Fletch,( ) arrêté pour avoir tué accidentellement un homme.

La fameuse guerre éclate rendant Cantell certes détestable mais plus puissant et riche. L'affrontement entre le bien et le mal va s’accentuer.

Le générique contient plus de noms que de personnages principaux et ne nous parle réellement : JAN FORTUNE inconnu sans jeu de mots au bataillon qui se spécialisa dans la biographie d’américains célèbres (Sam Houston-- Robert Yancey – Cantrell ) LIONEL HOUSER sorti de la RKO (2) plus prolifique certes mais aussi sans œuvre majeure F. HUGH HERBERT est l’auteur du scandaleux film de Otto Preminger La lune était bleue The Moon Is Blue (1953) où pour la première des mots chastes comme vierge et virginité sont usités et non moins provocateur La Petite Hutte (The Little Hut) réalisé par Mark Robson en 1957 qui évoquait sans l’aborder réellement le triolisme enfin le trio amoureux -- GROVER JONES à la filmographie plus étendue est de : Haute pègre - Trouble in Paradise 1932 de Ernst Lubitsch, de Les trois lanciers du Bengale (1935) The Lives of a Bengal Lancer et 1937 Âmes à la mer Souls at Sea 1941 Prisonnier de la haine The Shepherd of the Hills de Henry Hathaway The Virginian (1929) de un des premiers westerns parlants et que des films collégiaux scénaristiquement parlant ; différents horizons pour un film différent .

Quand nous parlions d’un film bancal , c’est qu’il joue dans deux registres ; d’un côté la comédie sympathique bon enfant et de bon aloi qui nous dévoile un Bob Seton bagarreur à foison , non sans calcul car toutes les victimes se retrouvent chez un dentiste (George "Gabby" Hayes) qui accroît son budget et révèle être son ami et l’autre un drame qui voit sous une identité gracieuse un instructeur ( William Cantrell) devenir une bête immonde et cruelle.

Raoul Walsh est le maître du western psychologique et même psychanalytique, comme Ford et A.Mann il ne rata que peu de westerns sans omettre ses polars (1939 : Les Fantastiques Années 20 (The Roaring Twenties) (L'enfer est à lui (1949) (La Femme à abattre 1951) qui sont autant de preuves de son savoir faire ici dévoilée à moitié dans cette vision de carte postale de l’Histoire de l’ouest.
Parmi la réussite des premiers se trouvent La Charge fantastique 1941--La Vallée de la peur 1947-- La Fille du désert (1949)-- Une corde pour te pendre (1951) -- Les Implacables (1955) : 5 perles

Il maîtrise néanmoins cette œuvre incomplète , insatisfaisante grâce aux jeunes acteurs ( il avait offert un rôle fort et capital à John Wayne en 1930, aux cascades de Yakima Canutt, un des rois de ce sport. Ce film trop souvent rabaissé en vaut bien d’autres trop souvent loués.

Pourtant l’auteur du roman W.R. BURNETT ne l’était pas ; il fut comme le précédent un écrivain , un scénariste , un adaptateur et un docteur qui remettait sur pieds des scripts branlants. Il coopéra souvent avec Raoul Walsh (La grande évasion High Sierra (1941)-- ) au point de voir apparaître ce cinéaste de façon non créditée dans les films qu’il adaptât (San Antonio (1945)-- - The Man I Love (1947) ) et que ses romans furent adaptés par William A. Wellman (La ville abandonnée Yellow Sky 1948) William Dieterle ( un polar Docteur Socrate (1935) Mervyn LeRoy avec un autre qui lança Edward G. Robinson Le petit César Little Caesar (1931) qui représentera un de ses personnages enfin deux dans Toute la ville en parle (1935) The Whole Town's Talking de John Ford , par John Huston ( le non moins fameux Quand la ville dort The Asphalt Jungle (1950).

Nous ne connaissons point ce roman The Dark Command: A Kansas Iliad pas encore traduit en France Les premiers ont-ils su rendre l’atmosphère de cet auteur singulier ; nous avons pour une partie du film peine à le croire Il faut pour affirmer cela lire Saint Johnson (3) qui est de la bonne littérature et ces polars édités en français (4) .

Les personnages sont inégaux d’intérêt John Wayne plus grand acteur par sa présence que comédien hors pair par son jeu à l’instar d’un Audie Murphy avec seulement une carrière plus riche, est le symbole du quidam bon et droit dans ses bottes. Son coéquipier récupère un rôle caricatural de blagueur et d’ami sûr , que l’acteur GEORGE "GABBY" HAYES qui l’interprète promènera dans plus de 100 westerns de série B (5)

Mary Mc cloud est une fille honnête qui essaie de panser les plaies et s’apercevra apres son union amoureuse de sa méprise. CLAIRE TREVOR jouera souvent les filles victimes transbahutes d’un bord a l’autre en attendant de trouver le bon (6)

Son frère  est un jeune impulsif qui se trompe de colère et va tenter de rectifier le type. Ce fut une des rares rôles fouillés de Roy Rogers qui deviendra l’image d’Epinal dans des westerns chantants (7)

MARJORIE MAIN (8) joue la mère de Cantrell qui elle aussi croit en honnêteté de son fils avant de comprendre l’homme pervers qu’il représente et qu’elle veut éliminer tant elle est peu fière d’être sa génitrice

Le personnage le plus touffus et le plus prenant demeure celui de William Cantrell qui dans la réalité fut bien plus terrible et que le cinéma américain manipulateur à souhait diminuera sa réalité- joué par un autre grand acteur Walter Pidgeon (9) -est un homme malade avec une relation avec sa mère aussi ambiguë que celle avec son entourage.

JOHN WAYNE qui chevaucha durant un demi siècle tourna une centaine de westerns et ce sont les cinquante derniers qui l’installeront comme vedette. L’autre moitié le fit tourner tout et n’importe quoi avec parfois dans les années 30 notamment 4 à 8 westerns par an dont vraiment peu sont mémorables. C’est cette décennie qui le lancera vraiment et la suivante qui l’immortalisera 

(1) Chroniques N° : 137-141-224- et 225 -497-893-944

(2) RKO la la plus ancienne des sociétés américaines indépendantes quiu produisit Howard Hawks (3 films) , Orson Welles (3) , William Wyler , Alfred Hitchcock (3) , Jacques Tourneur (8 films) , Fritz Lang (3) , Frank Borzage , Edward Dmytryk (5 films) , ,

(3) Paru chez Actes Sud avec une présentation de Bertrand Tavernier

(4) Little Caesar (1929) Publié en français sous le titre Little Caesar Paris, successivement paru en 1933. « Série Noire » no 17, 1948 ; réédition, 1968, 1979 ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1987-------- High Sierra (1941) dernière réédition Christian Bourgois, coll. « 10/18. Nuits blêmes » no 2108, 1990

(5) Où il eut souvent pour partenaires Randolph Scott (6 fois ) William Boyd ( alias Hopalong Cassid dans 22 épisodes de la série éponyme , Wild Bill Elliott ( 10 fois) John Wayne , Bob Steele et surtout Roy Rogers : Avec quarante-et-une collaborations pour la Republic Pictures entre 1939 et 1946. Ce faire valoir en inspirera d’autres ( Walter Brennan - Jay C. Flippen)

(6) Qui restera pour toujours Dallas la fille de mauvaise vie avec qui John Wayne, qu elle croisera dans Le Premier Rebelle (Allegheny Uprising) réalisé par William A. Seiter, sorti en 1939., désire partager sa vie dans La Chevauchée fantastique (Stagecoach) de John Ford toujours en 1939. Son autre titre de gloire qui lui apportera un oscar est un polar de John Huston Key Largo (1948). Elle sera néanmoins présente dans d’autres westerns : en 1938 : La Vallée des géants (Valley of the Giants) de William Keighley ,en 1941 : Franc jeu (Honky Tonk), de Jack Conway et Texas de George Marshall et en 1943 : Les Desperados (The Desperadoes) de Charles Vidor et l’inoubliable en 1955 : L'Homme qui n'a pas d'étoile (Man Without a Star) de King Vidor. Cette grande actrice fut réclamée par Vincente Minnelli , Ida Lupino , William A. Wellman, Edward Dmytryk , Robert Wise , Anthony Mann , William Wyler, Allan Dwan qui loin loind’être des maigres talents comme elle.

(7) ROY ROGERS eut son heure de gloire dans les années 30-50 tournant 5 à 7 westerns par an, devenant une icone de la série B sous la direction notamment de Joseph Kane une bonne trentaine de westerns*

(8) Elle jouât souvent des rôles de mère sévère mais compréhensives tels que Dead End de William Wyler (1937), Rue sans issue (Dead End) de William Wyler 1941), 1937 :Le chant diu Missouri ( Meet of St Louis de Vincente Minelli(1944), et La loi du Seigneur ( Friendly persuations ) de william Wyler

(9) Ses plus grandes interprétations se joueront sous la caméra de grands réalisateurs : Madame Miniver (1942) de William Wyler Madame Curie (1943) de Mervyn LeRoy, Les ensorcelés (1952) de Vincente Minnelli, La dernière fois que j'ai vu Paris (1954) de Richard Brooks , La tour des ambitieux (1954) de Robert Wise,