1000 films pour aimer le Western

La Chevauchée fantastique "Stagecoach" de John Ford  1939

Edition Lobster sortie Novembre 2019  (*)

Tous les superlatifs ont été donnés pour évoquer cette oeuvre transcendante qui s’inspirerait de Guy de Maupassant (1) et après moult louanges et une reconnaissance internationale – il fut un ou le premier western à glaner des prix dont 2 oscars; il est ardu de complimenter davantage ce joyau.

 Le canevas est simple une diligence – d’où le tire original – transporte des passagers qui quittent une ville par un besoin ; rejoindre son époux militaire pourLucy Mallory (Louise Platt) pour son métierSamuel Peacock (Donald Meek) pour fuir après une action frauduleuseHenry Gatewood (Berton Churchill)  par simple curiosité (Hatfield)  répondre ç un rejet social : Dallas une fille publique et le  Dr. Josiah Boone (Thomas Mitchell) , d’autres pour leur métier le shérifCurly Wilcox (George Bancroft)  et le conducteurBuck Rickabaugh V (Andy Devine ) . sur la route il rencontreRingo Kid ( John Wayne) qui lui fuit la justice avec qui il eut souvent maille. Ils seront escortés par l’armée durant une part du trajet. L’autre ils devront faire face à un accouchement prématuré et à une attaque indienne, c’est  s’affronter et affronter l’extérieur.

BUCK RICKABAUGH V: extravertie, jovial et goinfre tient les rênes de la diligence et s’émeut facilement tout débonnaire soit-il

SHÉRIF CURLY WILCOX: second conducteur de la diligence qui a connu le père de Ringo à qui il offrira le salut , las d’une justice trop expéditive

HENRY GATEWOOD est un banquier escroc qui se sauve avec le salaire des employés, un hypocrite marié à une bien pesante quiexclura Dallas de la ville

SAMUEL PEACOCK est un représentant en alcool don’t l’apparat stricte àmene son entourage à lui donner du “révérend”. Il est faible, influençable et père de 5 enfants.

HATFIELD incarne un joueur professionnel stylé, quelque peu méprisant qui se montre gentleman voire galant avec Lucy Mallory. De spn passé nous découvrons qu’il est pointé du doigt comme traite lors d’un duel où iltirât dans le dos,qui cache une ascendance bourgeoise (- fils de juge)

LUCY MALLORY venue rejoindre son époux, est charmée par tant de bienveillance de cet étranger   attirant dont elle semble partager les idées et  cache son état de grossesse

Dr. Josiah Boone : unmédecin ivrogne – enfin il se présente plus comme un homme heureux qui recherche plus l’ivresse que le déllirium trémens et va montrer ses qualités quis’avéreront salvatrice

 DALLAS est une prostituée – le mot n’est jamais pronocé- exclu de la ville, qui reste interdite devant la conduite respectueuse de Ringo qui reste une énigme pour elle

 RINGO  KID montre une galanterie moins feinte et moins formatée, il vient venger la mort de son père et de son frère tués par les frères Plummer. Il est avec le médecin le plus compréhensif , le plus indulgent  du lot , prêt à former union avec la belle Dallas malgré son passé.

 Cette palette riche aux personnages fouillés voire étoffés est dûe à 3 scénaristes de taille: Ernest Haycox, Dudley Nichols et Ben Hecht.

ERNEST HAYCOX écrivain verra ses livres adaptés, celui-ci  aura un remake faiblard en 1966, par Gordon Douglas, sous le titreLa Diligence vers l'Ouest, avec Alex Cord et Ann-Margret. Son roman Trouble Shooter (1936), à l'origine publié en feuilleton dans Collier's, est adapté en 1939, sous le titrePacific Express (Union Pacific), film réalisé par Cecil B. DeMille, avec Barbara Stanwyck et Joel McCrea. D’autres suivront tels  Apache Trail (1942) de Richard Thorpe tiré de "Stage Station"écrit en 1939  --en 1946 :Le Passage du canyon (Canyon Passage), film américain réalisé par Jacques Tourneur, d’aprèsCanyon Passage (1945)-- 1952 :Le Cavalier de la mort (Man in the Saddle), réalisé par André De Toth, d’aprèsMan in the Saddle (1938) etLes clairons sonnent la charge (Bugles in the Afternoon), film américain réalisé par Roy Rowland, d’aprèsBugles in the Afternoon (1943). Peu de ses récits furent traduits en français (2)

DUDLEY NICHOLS adapta la nouvelle et restera un des scénaristes attitrés de Ford avec qui iltravaillera surHommes sans femmes (Men Without Women) et   Born Reckless  en 1930 , sur La Patrouille perdue (The Lost Patrol) et Judge Priest en 1934 , sur une autre perleLe Mouchard (The Informer) en 1935 d’après le roman de Liam O'Flaherty, surLes Hommes de la mer (The Long Voyage Home) en 1940 , surDieu est mort (The Fugitive) d’après le roman de Graham Greene, La Puissance et la Gloire

BEN HECHT sera le chouchou scénaristique de Howard Hawks avec La Dame du vendredi (His Girl Friday) 1940--Le Banni(The Outlaw)  1952 etLa Chose d'un autre monde et  La Sarabande des pantins (O. Henry's Full House) 3 films co-signés sans omettre le superbeRendez-vous(The Shop Around the Corner) de Ernst Lubitsch, 1940 où l’on parlaitdéjà d’êtres esseulés Il sera un auteur averti  d’ALFRED HITCHKOCK : 1944 :Lifeboat1946 :Les Enchaînés-- 1945 :La Maison du docteur Edwardes(Spellbound)-- 1947 :Le Procès Paradine -- 1948 :La Corde-- 1951 :L’Inconnu du Nord-Express- iI œuvra pour  WILLIAM WYLER -- WILLIAM A. WELLMAN-- ERNST LUBITSCH -- JOSEPH L. MANKIEWICZ -- VITTORIO DE SICA travaux affirment  un scénariste intelligent  doublé d'un grand écrivain 

Les acteurs sont tous épatants mais comment ne pas l’être chez Ford.Nous avons donc

BERTON CHURCHILL avait commencé sa carrière à l’aube des années pour la clore 20 ans plus tard et sera cantonné dans des rôles d’homme sévère et intransigeant. Il incarne la speudo respectabilité et va se montrer tour à tour hargneux et colèreux.IL travaillera avec Frank Capra (1932 :La Ruée (American Madness) William A. Wellman (1933 : Héros à vendre (Heroes for Sale) et deux autres fois avec John Ford (1935 : Steamboat Round the Bend-- 1938 :Quatre hommes et une prière (Four Men and a Prayer))

DONALD MEEK au visage aussi malingre que son corpsjoue unbrave type chouchouté par le Josiah Boone pour son alcool. Il fit une centaine de films  don’t 3 autres avec le réalisateur : 1935 :Toute la ville en parle (The Whole Town's Talking)-- 1935 :Le Mouchard (The Informer)-- 1939 :Vers sa destinée(Young Mister Lincoln)et toujours dans des rôlesd’êtres exploités;

 DONALD MEEK+BERTON CHURCHILL+THOMAS MITCHELL 

ANDY DEVINE non moins comique est un acteur fordien connu pour sabonhomie et sa présence physiquement repérable de:Doctor Bull en 1933 àL'Homme qui tua Liberty Valance (The Man who shot Liberty Valance) en 1962 en passant parLes Deux Cavaliers (Two Rode Together) en 1961.IL est omniprésent dans le western: 1940 :When the Daltons Rode de George Marshall -- 1946 : Le Passage du canyon (Canyon Passage) de Jacques Tourneur -- 1952 :La Charge victorieuse(The Red Badge of Courage) de John Huston etLa Femme aux revolvers (Montana Belle) d'Allan Dwan  -- 1967 :Le Ranch de l'injustice (The Ballad of Josie) d'Andrew V. McLaglen

LOUISE PLATT très convaincante dons le rôle d’une épouse intriguée par  le profil du joeur de poker, tourna peu 7 films pour le grand écran et 10 pour le petit. Celui-cirestera son plus réussi

JOHN CARRADINE ne donna pas que des bons films, mais des grands acteurs  (David Carradine, Keith Carradine  et  Robert Carradine.) . Il incarne un être stylé, secret et  humain néanmoins avec une mentalité de perdant de la guerre de Secession.IL aurait mérité pour soin travail un oscar ne fusse que chez Ford pour qui il tourna 5 autres films dontLes Raisins de la colère (The Grapes of Wrath) en 1940 où il fut un prêtre trebelle et prolétaire.

Indissociable de Ford ( 1936 :Je n'ai pas tué Lincoln (The Prisoner of Shark Island) --1939 :Sur la piste des Mohawks (Drums Along the Mohawk)  -- -- 1962 :L'Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance) en adversaire politique querelleur de James Stewart et du western :1939 :Le Brigand bien-aimé (Jesse James), de Henry King --1939 :L'Aigle des frontières (Frontier Marshal)  de Allan Dwan -- 1940 : Le Retour de Frank James (The Return of Frank James) de Fritz Lang  etL'Odyssée des Mormons (Brigham Young)  de d’Henry Hathaway

THOMAS MITCHELL notre préféré, tonitruand, pathétique, réaliste et juste. Il eut l’oscar pour ce rôle et d’autres prix pour des films du maitre  pou qui il tourna l’année suivanteLes Hommes de la mer (The Long Voyage Home). Il est inoubliable comme second rôle ne fusse que pour Frank Capra  : 1937 :Les Horizons perdus (Lost Horizon) -- 1939 :Monsieur Smith au Sénat -- 1946 :La vie est belle de Frank Capra  -- 1961 :Milliardaire pour un jour. il sut représenter l’ami certes faible mais fiable du héros ; aussi Howard Hugues (1943 :Le Bannioù il fut un surprenant Pat Garrett)  Howard Hawks  (1939 :Seuls les anges ont des ailes) William A. Wellman (1944 : Buffalo Bill) Raoul Walsh  Fred Zinnemann  (1952 :Le train sifflera trois fois (High Noon) Fritz Lang  (1956 : La Cinquième Victime (While the City Sleeps)) le quémandèrent   pour des films  desœuvres non moindres

CLAIRE TREVOR retrouvera John Wayne dans 2 autres westerns : 1939 : Le Premier Rebelle (Allegheny Uprising) de William A. Seiter-- 1940 :L'Escadron noir (Dark Command) de Raoul Walsh. Elle ne quittera point le genre : 1941 :Franc jeu (Honky Tonk), de Jack Conway-- 1943: La Loi du far-west (The Woman of the Town) de George Archainbaud --- 1943 :Les Desperados (The Desperadoes) de Charles Vidor -- 1951 :Plus fort que la loi (Best of the Badmen) de William D. Russell -- 1953 :Les Massacreurs du Kansas (The Stranger wore a gun) d'André De Toth : croisant ainsi Randolph Scott  , Robert Ryan. Elle fut remarquée et remarquable en1948 pour  Key Largo de John Huston tout comme ce rôle de fille de joie qui va en apporter une au seul homme qui la regarde autrement. Elle eut comme partenaires des grandes pointures  en tant que premier rôle féminin : Spencer Tracy dansLa Neige en deuil(titre original : The Mountain) réalisé par Edward Dmytryk  en  1956 , Randolph Scott et Glenn Ford dansLes Desperados 1943 de Charles Vidor ; John Wayne de nouveau dans Écrit dans le ciel (The High and the Mighty) 1954 de William A. Wellman, Kirk Douglas dans   L'Homme qui n'a pas d'étoile (Man without a Star) en 1955 avec Kirk Douglas qu ‘elle retrouvera dansQuinze jours ailleurs (Two Weeks in Another Town) de Vincente Minnelli en 1962.

JOHN WAYNE avait tourné son premier western en tant que vedette en 1930 La Piste des géants (The Big Trail) de Raoul Walsh; les précédents furent en tant que figurantétrangement dans ceux de Ford 1928 :Maman de mon cœur-- La Maison du bourreau  -- Les Quatre Fils. Ce film ne sera pas tout à fait son point d’envoi, il devra en tourner plusieurs sous la houlette de Robert N. Bradbury (9 au total ) avant celui-ci qui le consacra enfin et qui fit de lui le porte drapeau de Ford qui venait quelque part de l’inventer et avec qui il tournera  durant plus de 3 décennies; unevingtaine de films  bien souvent des chefs d’oeuvres : 1948 :Le Massacre de Fort Apache et Le Fils du désert - (3 Godfathers)-- 1949 :La Charge héroïqueau titre original romantique (She Wore a Yellow Ribbon)  -- 1950 : Rio Grande   - 1956 :La Prisonnière du désert (The Searchers) – et en 1962 le non moins géant L'Homme qui tua Liberty Valance- The Man Who Shot Liberty Valance)

  Ford propose desscènes intimes qui valent leur pesant d’intimités telle celleoù Dallas sort avec le nouveau né et que les hommes- sauf le banquier - seregroupent autour d’elles , hébétés, admiratifs; avec filmé en gros plan, le regardpensif de Ringo sur Dallas . L’attaque finale est un grand moment ce cinéma, intense , concis, rythmé  et l’ultime duel qui oppose Ringo à lafratrie Plummer. Ford  est un libéral , un progressif , un amoureux de la nature humaine qu’il présente commefêlée, amoindrie à la recherche d’une vie autre , si ce n’est heureuse et dessine un des plus beaux couples du western avec ceux de Walsh autre peintre de la dure réalité, autre fervent de la deuxième chance.Même l’ultime scène amoureuse du couple Dallas – Ringo a des relents de religiosité, la lumière qui lesinonde n’est point un hasard

 Et dans cette vue d’ensemble il pointe du doigt les gredins, les biens pensants, les hypocrites et dresse un portrait satirique d’une société donneuse de leçons qui s’octroie le droit de juger et de condamner, un monde habité par  le racisme,exclusion et la ségrégation symbolisés ici par les dames patronnesses qui ne laisse aucune chance aux marginaux et c’est eux que Ford défend ,privilégie et aime.Il signe là un film militant, politique – mais tous les films le sont dès qu’ils expriment une idée -uneoeuvre de bonne volonté qui déstabilisa le genre l’obligeant à fuir les images d’Epinal et les sujets légers.

 (1) « Boule de Suif » de Guy de Maupassant.1879 résumé ainsi “Pendant l'hiver, 1870-71, durant la guerre franco-prussienne, la ville de Rouen (Normandie) est envahie par les Prussiens. Pour fuir l'occupation, dix personnes prennent la diligence de Dieppe : un couple de commerçants, un couple de bourgeois, un couple de nobles, deux religieuses, un démocrate et enfin, une prostituée, la patriotique Élisabeth Rousset, surnommée « Boule de Suif ».

Le voyage s'annonce difficile: les voyageurs ont faim et seule la jeune femme a pensé à emporter des provisions, qu'elle partage généreusement. Les voyageurs font un arrêt la nuit dans une auberge à Tôtes (sur le modèle de l'auberge du cygne), occupée par les Prussiens. Le lendemain, ils ne peuvent pas partir, l'officier prussien exerce un chantage, Boule de Suif doit coucher avec lui s'ils veulent repartir, mais elle refuse. Au début, tous sont choqués par le comportement du Prussien, mais les jours passant et l'ennui s'installant, ils font pression sur Boule de Suif qui finit par accepter.

Le lendemain, les voyageurs obtiennent donc de pouvoir repartir. Lors du déjeuner, tous à l'exception de Boule de Suif, ont pu faire le plein de provisions, mais aucun d'eux ne donnera ne serait-ce qu'un petit morceau de pain à la jeune femme. L'histoire se termine sur Boule de Suif en larmes, éperdue et désespérée”

(2) Alder Gulch (1942) Publié en français sous le titreLes Fugitifs de l’Alder Gulch, traduit par Jean Esch, Arles, Actes Sud, coll. L'Ouest, le vrai, 2016

The Adventurers (1954), publication posthume Publié en français sous le titreAdieu à Hollywood, traduit par Pierre Legrand, Paris, Éditions Mondiales, Collection Intimité no 21, 1955

A Rider of the High Mesa (1956), publication posthumePublié en français sous le titreDes Cavaliers dans la nuit, traduit par Florian Robinet, Paris, Librairie des Champs-Élysées, coll. « Western », 1974,

(*) Sortie en 2 disc ( Blu-Ray et DVD ) avec une présentation du film par Serge Bromberg  & deux films courts de John Ford  

         -- un western muet de 1919 : By Indian Post

         -- Rookie of the Year 1955 un téléfilm avec John Wayne, Vera Miles, Ward Bond