1000 films pour aimer le Western

BRAVADOS (the bravados)  de Henry King 1958 USA

                Sortie le 15 septemnre 2020  chez  Sidonis Calysta (*)

Le thème de la vengeance est un leitmotiv dans le western : le dernier train pour Gun Hill de John Sturges, L'Ange des maudits --Rancho Notorious) de Fritz Lang Le Sergent noir (Sergeant Rutledge, 1960), de John Ford.– parlent de viol suivi de mort.

Au début de cette entreprise l’acteur ne fut guère emballé de la première adaptation du roman de Frank O'Rourke (I) (1916–1989) auteur peu connu et peu adapté à qui l’on doit l’histoire de « Les professionnels » (1966) de Richard Brooks. Un second traitement mené par Philip Yordan le fera revenir sur sa décision tant l’épilogue l’impressionnait.

 L’histoire débute par l’arrivée d’un homme Jim Douglass venu assister à la pendaison de 4 condamnés qu’il croit coupables de la mort et du viol de sa femme. Les futurs pendus sont : Bill Zachary (Stephen Boyd) Ed Taylor (Albert Salmi)  Alfonso Parral (Lee Van Cleef) Leandro Lujan (Henry Silva). A la visite et aux questions de Jim aucun d’entre eux ne reconnait les faits et de plus la pendaison n’aura pas lieu puisqu’un complice qui avait usurpé la place du croque-mort va les aider à s’enfuir. Dès lors, autochtones, hommes de loi et une ancienne conquête de Jim Josefa Velarde vont partir à leur poursuite. Dans leur fuite les bandits vont tuer un voisin de Jim John Butler et l’un d’en d’entre va violer Emma Steinmetz une jeune fille. La vengeance de Jim ne sera que plus implacable et se révélera vaine puisque le véritable coupable. Jim devra s’eb remettre à l’homme d’église (Andrew Duggan) pour expier sa faute , son débordement de justice

Est-ce lui qui imposa ce final déconcertant, qui restructure l’histoire et donna au film un aura supplémentaire. HENRY KING nous le devinons ne veut être le porte-drapeau de la vengeance justifiée ou non ; il abhorre ces justiciers du dimanche ( Grégory Peck n’est pas toujours sympathique dans ce rôle) et nous le savons par sa filmographie : 1943 :Le Chant de Bernadette (The Song of Bernadette) ---1951 :David et Bethsabée (David and Bathsheba)  et se montre passionné par l’aventure humaine et par les grands écrivains : F. Scott Fitzgerald avecTendre est la nuit (Tender Is the Night) 1962 son ultime film ; Ernest HemingwayLes Neiges du Kilimandjaro (The Snows of Kilimanjaro) Le soleil se lève aussi (The Sun also rises) 1958 :Le Vieil Homme et la Mer (The Old Man and the Sea) non crédité ; Han Suyin avec enLa Colline de l'adieu (Love Is a Many-Splendored Thing)

 Il fut peu présent dans le western avec entre autre : le méconnuLa Conquête de Barbara Worth (titre original : The Winning of Barbara Worth 1926 muet avec Gary Cooper  -- Ramona  1936 et notre préféré en 1950 :La Cible humaine (The Gunfighter) où déjà il montrait un pacifisme convaincant et avouons -le nous somme pas toujours friand de son cinéma et ce film n’est point le plus désolant qu’il a réalisé.

Western emphatique, généreux, filmé de nuit bien souvent comme pas deux , qui offre un bleuté superbe par le directeur de la photographie LEON SHAMROY à qui l’on doit celles de : 1937 :J'ai le droit de vivre (You Only Live Once) de Fritz Lang ---   1944 :Buffalo Bill de William A wellman--- 1945 :Le Lys de Brooklyn (A Tree Grows in Brooklyn) Elia Kazan   --- 1947 :Ambre(Forever Amber) & 1947 :Femme ou maîtresse(Daisy Kenyon) 1959 : Porgy and Bess de 1963 : Le Cardinal (The Cardinal)-- 1968 :Skido (Skidoo)  œuvres de Otto Preminger et persévérera avec Henry King : 1944 : Le Président Wilson (Wilson)  -- 1949 :Échec à Borgia (Prince of Foxes) &  Un homme de fer(Twelve O'Clock High) --  1951 : David et Bethsabée (David and Bathsheba) -- 1953 : Capitaine King (King of the Khyber Rifles)  -- 1955 : La Colline de l'adieu (Love Is a Many-Splendored Thing)-- 1962 :Tendre est la nuit (Tender Is the Night). Le prolifique artiste tournera aussi avec Joseph L. Mankiewicz et ne glanera pas moins que 4 oscars.

GREGORY PECK excellent en homme tourmenté fit ce film pour lutter contre le maccarthysme ; cette « peur rouge » qui gangrénait l’Amérique via ses institutions. Il voulait démontrer via les auteurs (Henry King & Philip Yordan, ) et la société productrice du film (20th Century Fox ) qu’on ne peut être dans une démocratie juge, jury et bourreau attributs de toute dictature. L’homme aux idées libérales - il le montrera plus tard en étant producteur de films engagés- avec son réalisateur fétiche à une dénonciation d’un climat malsain contraire à la Constitution et malheureusement actif et destructif

PHILIP YORDAN fut un scénariste renommé imposant signant des synopsis superbes notamment pour Anthony Mann ( 7 films dont 1955 :L'Homme de la plaine (The Man from Laramie) --  1955 :La Charge des tuniques bleues (The Last Fronti) et non des moindres  et fit une  intrusion pertinente dans le western :  Le Souffle sauvage (Blowing Wild) d'Hugo Fregonese -- 1954 :Johnny Guitare (Johnny Guitar) de Nicholas Ray --1954 :Quand la marabunta gronde (The Naked Jungle) de Byron Haskin et La Lance brisée (Broken Lance) d'Edward Dmytryk  -- 1959 : LaChevauchée des bannis (Day of the Outlaw) d'André de Toth

GENE EVANS un excellent comédien que Fuller appréciait puisqu’il figure au générique de : 1951 : J'ai vécu l'enfer de Corée (The Steel Helmet)-- 1951 :Baïonnette au canon (Fixed Bayonets ! -- 1952 :Violence à Park Row (Park Row -- -- 1954 :Le Démon des eaux troubles (Hell and High Water)-- 1963 :Shock Corridor ; ce qui devrait suffire pour sa notoriété et ajoutons quelques westerns : 1954 :La Reine de la prairie (Cattle Queen of Montana) d'Allan Dwan -- 1961 :Le Trésor des sept collines(Gold of the Seven Saints) de Gordon Douglas-- 1966 :Nevada Smith d'Henry Hathaway-- 1967 :La Caravane de feu (The War Wagon) de Burt Kennedy-- 1970 :Un nommé Cable Hogue (The Ballad of Cable Hogue) de Sam Peckinpah. Son rôle est court mais capital puisqu’il est la clef de l’énigme.

ANDREW DUGGAN au rôle non moins important est la valeur morale de cette histoire, il fut aussi présent dans quelques  westerns : 1957 :Le vengeur agit au crépuscule (Decision at Sundown) et en 1959 :Le Courrier de l'or (Westbound) de Budd Boetticher --Domino Kid (1957) et Return to Warbow (1958) de Ray Nazarro -- Les compagnons de la gloire (1965)The Glory Guys -- Le cinéma se servit de sa voix singulière ; il est le narrateur du superbe drame de Elia Kazan :La fièvre dans le sang (1961) Splendor in the Grass et jouera dans des films tout aussi imposant tel :Les liaisons coupables (1962) The Chapman Report et se refugia dans des séries télé ( plus de 100)

LEE VAN CLEEFn’est plus à présenter ; il est dans sa période de troisième rôle qu’il avait commencé avec 1952 :Le train sifflera trois fois (High Noon) de Fred Zinnemann ; s’ensuivront moult films avant de tenir le haut de l’affiche

HENRY SILVA autre méchant par excellence qui inonda le western de sa figure inquiétante à le voir dansL’Homme de l'Arizona (The Tall T) de Budd Boetticher 1957 à 1966 :Les Fusils du Far West (The Plainsman) un piètre film de David Lowell Rich  en passant par 1958 :L'Étoile brisée (Ride a Crooked Trail) de Jesse Hibbs -- 1959 :Le Trésor du pendu (The Law and Jack Wade)  et 1961 :Les Trois Sergents (Sergeants 3) de John Sturges –Il incarne un indien plus futé que le héros et tout aussi pathétique. Pour une rare fois il incarne un bandit futé, malin quirévélera la vérité.

ALBERT SALMI autre figure inquiétante est omniprésent dans le genre souvent dans des rôles de pleutre : 1960 :Le Vent de la plaine (The Unforgiven) de John Huston -- 1964 :L'Outrage (The Outrage) -- 1967 :Sept secondes en enfer (Hour of the Gun) de John Sturges -- 1971 :L'Homme de la loi(Lawman) de Michael Winner

STEPHEN BOYD qui mourut à 45 ans est l’être le plus abject de cette histoire ; obsédé , violeur , impulsif eût son heure de gloire En 1958, Brigitte Bardot l'impose surLes Bijoutiers du clair de lune de Roger Vadim  et  en jouant dans des super productions :Ben-Hur de William Wyler qui le consacrât en star-- 1964 :La Chute de l'empire romain (The Fall of the Roman Empire) d'Anthony Mann  1966 :Le Voyage fantastique (Fantastic Voyage) de Richard Fleischer un des meilleurs films de science-fiction de ce la décennie  -- 1966 :La Bible (The Bible: In the Beginning…) de John Huston  et tournera sous la direction de Robert Rossen (1957 :Une île au soleil (Island in the Sun) Richard Fleischer (1961 : LeGrand Risque (The Big Gamble) Herbert J. Biberman (1969 : Esclaves -Slaves) ; le reste notamment les années 70 laissent à désirer

JOAN COLLINS 85 ans dont le rôle est presqu’inutile , joua souvent les brunes incendiaires : 1954 : La Terre des pharaons (Land of the Pharaohs) de Howard Hawks -- 1955 :La Fille sur la balançoire (The Girl in the Red Velvet Swing) de Richard Fleischer un de ses meilleurs rôles --:La terre des pharaons (1955) Land of the Pharaohs de Howard Hawks--- 1957 :Une île au soleil (Island in the Sun) un film sur fond de ségrégation raciale  -- 1958 :La Brune brûlante (Rally 'Round the Flag, Boys!) de Leo McCarey -- 1960 :Esther et le Roi (Esther and the King) de Raoul Walsh et Mario Bava  et comme son partenaire précédent la suite fut moins glorieuse . A ce jour à 87 ans elle tourne encore :American Horror Story , une série télé  après celle qui lui ramenât une notoriété Dynastie (1981–1989) totalisant une carrière de 70 années

GREGORY PECK tournera souvent pour Henry King 6 films dont un autre western 1950 :La Cible humaine (The Gunfighter) , pour Alfred Hitchcock (1945 :La Maison du docteur Edwardes (Spellbound) et 2 ans plus tard 1947 :Le Procès Paradine (The Paradine Case) pour Raoul Walsh (1951 :Capitaine sans peur (Captain Horatio Hornblower et en 1952 :Le monde lui appartient (The World in His Arms) pour William Wyler (1953 :Vacances romaines (Roman Holiday)  pour  Vincente Minnelli (1957 : La Femme modèle (Designing Woman)) pour Jack Lee Thompson  le très connu film de guerre (1961 :Les Canons de Navarone (The Guns of Navarone) pour Robert MulliganDu silence et des ombres (To Kill a Mockingbirdle superbe plaidoyer contre l’injustice et le racisme tiré du roman Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee et qu’il avait produit et qu’il lui apporta son unique oscar

 Il ne fut pas étranger au western qu’il abordât dès avec une œuvre forte de King Vidor  en 1946Duel au soleil (Duel in the Sun)  suivi en 1948  l’excellent western de William A. WellmanLa Ville abandonnée, ouNevada, (Yellow Sky) en 1951 :Fort invincible (Only the Valiant), de Gordon Douglas et retrouvera  William Wyler pour une autre œuvre mémorable en  1958 :Les Grands Espaces (The Big country) western de près de 3 heures et Robert Mulligan en 1968 pour un autre tout aussi noirL'Homme sauvage (The Stalking Moon). Ses autres westerns eurent moins de prestance : 1969 :L'Or de MacKenna (MacKenna's Gold) de Jack Lee Thompson-- 1971 :Quand siffle la dernière balle (Shout out) de Henry Hathaway -- 1973 :Un colt pour une corde (Billy Two Hats) de Ted Kotcheff -- 1989 :Old Gringo de Luis Puenzo. Martin Scorsese lui demandera d’apparaitre dans le remake de:Les Nerfs à vif (Cape Fear) en  1991 qu’il avait joué 30 ans plus tôt sous la direction d’un de ses réalisateurs fétiches :Jack Lee Thompson (Les canons de Navarone (1961)The Guns of Navarone ---L'homme le plus dangereux du monde (1969) The Chairman   &L'or de Mackenna (1969) Mackenna's Gold

(*) avec des superbes bonus et en Combo (DVD & BLU-RAY)   un livret inclut de 60 pages qui relate le parcours de GREGORY PECK et  Présentation de Patrick Brion et jean François Giré