1000 films pour aimer le Western

Je suis un aventurier (The Far Country)  d'Anthony Mann 1954   USA

             Sortie DVD & Blu-Ray le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta (*)

Voici un film phare des années 50 qui marque la quatrième et avant dernière collaboration de l’acteur avec ce cinéaste qui offrit au genre ses plus belles représentations avec ses onze westerns presque tous réussis. :  1950 : Winchester '73 -- 1952 : Les Affameurs (Bend of the River) --  1954 : Je suis un aventurier (The Far Country) – et le pur chef d’œuvre  1955 : L'Homme de la plaine (The Man from Laramie) d --L’histoire commence en 1896 quand un cowboy Jeff Webster (JAMES STEWART) suivi de son ami et partenaire Ben Tatem ( Walter Brennan) tente d’échapper à une arrestation en traînant son troupeau qu’il se voit confisquer par le shérif Gannon ( John Mc Intire ) abusant de ses droits pour une raison sibylline .

Dès lors Jeff qui acquiesce se met au service de l’autoritaire et sculpturale Ronda Castle (Ruth Rothman) qui lui demande de lui servir de guide et de régisseur. Arrivés à Dawson cette dernière ouvre un saloon tandis que Gannon la rejoint pour déposséder les chercheurs d’or de leurs concessions.

Actes non répréhensibles par absence de représentant de la loi et de voix contraires telle ceux de Jeff qui ne se mêle jamais des affaires d’autrui. Mais une agression contre sa personne et surtout contre celle de son ami Ben va l’amener la révolte suivie en cela par les habitants de la ville et Renée (Corinne Calvet) celle qui est depuis le début de conflit amoureuse de lui.

Le film est attachant dès qu’il décrit un groupe d’hommes dépourvus de résistance, désireux d’être loin de la mêlée, qui dit amen à tout enfin presque à  tout. Jeff Webster est un individualiste, à l’esprit pragmatique, ses seuls réflexes de défense répondent à des agressions sur sa personne. Cet égocentrisme le conduira à un rejet de la communauté ? Son unique planche de salut est la révolte pour retrouver la considération et l’admiration de son entourage et ne plus être au dessus de la mêlée. James Stewart  incarne à merveille cet être contradictoire, torturé, blessé qui devient un animal assoiffé de justice en lutte contre le prédateur qu’est Gannon, Il faut le voir enragé, désappointé, le regard plein de haine riposter comme un animal blessé par les mêmes armes qui l’ont fait tomber.

L’homme chez Anthony Mann n’est pas une entité parfaite, il se déshumanise pour arriver à ses fins , James Stewart le montra dans « l’appât »  il demeure ambigu comme Gannon et Ronda deux spécimens de méchants aimables , même Jeff n’est pas toujours sympathique et sa vision du bonheur n’a pas de définition comme par hasard . Anthony Mann non avare de chefs d’œuvre nous en offre un nouveau, véritable pépite ,encore plus sombre plus réaliste et dénonciateur de l’ambition humaine. Anthony Mann au même titre que Ford est et demeure le western dans toute sa splendeur et sa plénitude.

Nous avons signalé l’osmose parfaite entre cet acteur et ce réalisateur – 10 films ensemble- qui n’a d’égal que celle concernant Ford et Wayne. Le héros n’a pas que des qualités ; il est direct, dur et rancunier, nous le serions à peine face au méchant qui se montre affable, faussement généreux et condescendant. Tous deux sortent des images d’Epinalaperçues dans moult westerns       

                                                                             Le film doit aussi beaucoup au talentueux BORDEN CHASE romancier et scénariste américain qui le prouvera dans de bombreux westerns : 1948 : La Rivière rouge (Red River) d'Howard Hawks-- 1950 : Winchester '73 (Winchester '73)-- 1952 : Les Affameurs (Bend of the River) d'Anthony Mann-- 1954 : Vera Cruz (Vera Cruz) de Robert Aldrich  -- 1955 : L'Homme qui n'a pas d'étoile (Man Without Star) de King Vidor-- 1956 : Coup de fouet en retour (Backlash) de John Sturges que des perles où nous retrouvons ses femmes fortes et indépendantes qui font chavirer le héros   et des hommes décidés à conserver sa liberté et dont la colère s’avera destructrice.

Nous retrouvons des gueules connues : Robert J. Wilke , Steve Brodie, Royal Dano et l’inévitable Jack Elam . Ajoutons :

JAY C. FLIPPEN est lui aussi une figure du genre vu dans moult westerns : 1950 : Winchester '73   et en 1952 : Les Affameurs (Bend of the River) et 1954 : Je suis un aventurier (The Far Country) d'Anthony Mann souvent dans des rôles paternalistes ou de franc camarade -- 1956 : La Mission du capitaine Benson (7th Cavalry) de Joseph H. Lewis et Le Roi et Quatre Reines (The King and Four Queens) de Raoul Walsh -- 1957 : Le Jugement des flèches (Run of the Arrow) de Samuel Fuller -- 1957 : Le Survivant des monts lointains (Night Passage) de James Neilson  --- 1958 : La Fureur des hommes (From Hell to Texas) d'Henry Hathaway -- 1965 : Cat Ballou d'Elliot Silverstein -- 1968 : Les Cinq Hors-la-loi (Firecreek) de Vincent McEveety où il retrouve pour la énième fois James Stewart  sans oublier une foule de séries télé.

WALTER BRENNAN qu’on ne présente plus et qui est épzatant dans ce rôle de vieil ami raleur qu’il peaufina de western en western.

JOHN MCINTIRE qui habite le film et est tonitruand et même truand sur les bords est l’un des meilleurs seconds rôles :  1948 : Bandits de grands chemins (Black Bart) et Le Barrage de Burlington (River Lady) -- 1949 : Le Mustang noir (Red Canyon) 1953 : À l'assaut du Fort Clark (War Arrow)  4 films   de       George Sherman et  pour Anthony Mann :  1950 : Winchester '73 (Winchester '73)-- 1953 : À l'assaut du Fort Clark (War Arrow) : -- 1957 : Du sang dans le désert

 En outre il est au générique de westerns réputés : 1951  Convoi de femmes (Westward the Women)  de   William A. Wellman --1952 : Le Traître du Texas (Horizons West) de Budd Boetticher-- Le Juge Thorne fait sa loi (Stranger On Horseback) de Jacques Tourneur -- 1954Bronco Apache (Apache) est un film américain de Robert Aldrich --1956 : Coup de fouet en retour (Backlash)  où il est l’affreux père de Richard Widmark--- 1960 : Les Sept chemins du couchant (Seven Ways from Sundown) -- 1961 : Les Deux Cavaliers (Two Rode Together) de John Ford –

Dans les rôles féminins nousreconnaissons :

CORINNE CALVET actrice française qui débuta comme troisième rôle pour Jean Delannoy (La Part de l'ombre 1945) pour Marc Allégret ( Pétrus 1945) puis émogra aux USA où elle tourna une bonne trentaine de films dont Je suis un aventurier (1954) The Far Country de Anthony Mann avec James Stewart et d’autres westerns : Les pillards de la prairie (1959) Plunderers of Painted Flats de Albert C. Gannaway en premier rôle féminin comme celui-ci-et  face à . James Cagney dans une comédie signée John Ford Deux durs à cuire (1952)What Price Glory Le reste n’apporta rien à sa renommée toute minime .

RUTH ROMAN eut son heure de gloire avant de se tourner vers la télévision ; 1949 : Le Champion (Champion) de Mark Robson  --  1949 : La Garce (Beyond the Forest) de King Vidor-- 1956 : L'Or et l'Amour (Great Day in the Morning) de Jacques Tourneur --  --et  en tête d’affiche : 1950 : Colt .45 d'Edwin L. Marin--  1950 : Dallas, ville frontière (Dallas) de Stuart Heisler-- 1951 : L'Inconnu du Nord-Express (Strangers on a Train) d'Alfred Hitchcock et 2 autres westerns :  1953 : Le Souffle sauvage (Blowing Wild) de Hugo Fregonese et 1954 : Je suis un aventurier (The Far Country) d'Anthony Mann-- 1957 : Amère Victoire (Bitter Victory) de Nicholas Ray .

JAMES STEWART entame la fin des années 40 une imagecontradictoire de celles qu’ilprofilât dans ses filmsprécédant sil avait commencé dans les années 30 avec des personnages moins étoffés légers et drôles avec parfois des notes de gravité : 1938 : Vous ne l'emporterez pas avec vous (You Can't Take It with You) et 1939 : Mr. Smith au Sénat (Mr. Smith Goes to Washington) de Frank Capra tous deux et 1940 : La Tempête qui tue (The Mortal Storm) de Frank Borzage drame anti nazi et le cionémac de Hitchcock (1954 : Fenêtre sur cour (Rear Window)– 1958 : Sueurs froides (Vertigo) – 1948 : La Corde (Rope) ) , même son personnage dans les rares westerns est moins habillé : 1939 : Femme ou Démon (Destry Rides Again) de George Marshall .

il va donc rencontrer des réalisateurs plus ambitieux et tourner des westerns plus valorisants :  Preminger ( autopsie d’un meurtre) Delmer Daves ( le superbe western 1950 : La Flèche brisée (Broken Arrow) de Delmer Daves  et Billy Wilder 1957 : L'Odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of St. Louis) Il tournera de nouveau avec Capra pour le cultissime 1946 : La vie est belle (It's a Wonderful Life) où il est épatant et extraordinaire dans son jeu.Il croisera Clarence Brown , George Cukore  et Cecil B. DeMille et bien sur dans le phénoménal L'Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance) en 1962 de John Ford . les 2 décennies suivantes ( 60 et 70 furent moins prometteuses malgré la tenacité d’un Andrew V. McLaglen avec en 1965 : Les Prairies de l'honneur (Shenandoah)-- 1966 : Rancho Bravo (The Rare Breed) et 1968 : Bandolero! Où il n’est que l’ombre de lui-même

il est à ce titre un des symboles de l’américain moyen de ces décennies avec Henry Fonda, et Gary Cooper , qui reste grâce à Anthony Mann , Delmer Daves et Ford une des légendes du western.

(*)bonus alléchants : Contient :

le Blu-ray et le DVD du film

le livre « Les Îcones du Western » sur les 18 westerns de James Stewart par Marc Toullec (140 pages) REMARQUABLE

Présentation par Patrick Brion et Bertrand Tavernier

« Les Westerns d’Anthony Mann » et “Anthony Mann chez Universal : 2 documentaires uniquement sur le Blu-Ray

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