1000 films pour aimer le Western

LE PAYS DE LA HAINEDrangode

Hall Bartlett 1957 USA

Sidonis Calystasortie le 21 octobre 2022  

Pour la première fois en DVD

Avec une présentation du film par Patrick Brion et Jean-François Giré

Voilà l’un des scripts des plus originaux vu dans le western et ce particularisme va se développer tout au long de l’histoire.

Nous sommes au terme de la fameuse guerre de Sécession, deux soldats de l’Union : le major Clint Drango (Jeff Chandler) et le capitaine Banning (John Lupton)  arrivent dans une localité pour y administrer son quotidien fournissant vêtements et nourriture aux perdants et tenter de leur faire reprendra leur vie sociale avec l’ ouverture d’un journal de l’infirmerie et de l’école.

Mais la mission toute honorable soit-elle n’est pas apprécier des sudistes qui se montrent peu hospitaliers, vindicatifs et agressifs voire méfiants. Cette hostilité va aller en grandissant quand Drango va devoir défendre lors d’un procès l’un des autochtones Calder  qui s’est rangé du côté des vainqueurs et qui à son retour fut violenté et dut tuer son agresseur. Faute de participation il n’y aura pas de sentence   et pire encore l’accusé sera lynché.

 La fille de la victime Kate Calder (Joanne Dru) va redoubler de haine envers le militaire à ses yeux incapable de gérer la situation, toute comme le reste de la population notamment Clay Allen (Ronald Howard) le fils du juge Allen (Donald Crisp) chef la communauté.

L’armée survient avec un chargement de vivres et de vêtures avec à sa tête un colonel   peu compatissant et peu coopératif. La tâche sera d’autant plus ardue que population locale s’allie à l’affreux Clay Allen désireux de rebâtir une nation , de reprendre terres et perpétuer ses desseins maléfiques et son comportement outrageux même avec sa bien-aimée Shelby Ransom (Julie London). Drango seul du moins au début de l’intrigue e à l’exception du médecin local le docteur Blair  (Walter Sande) sera  son allié

Si la réalisation est honnête comprendre acceptable et sans grand relief bien que Hall Bartlett soit secondé par Jules Bricken  (1), le scénario est béton ne fusse que pour son évocation post-belliciste on ne peut réaliste d’un pays qui dut se battre contre les siens. Effectivement peu de films du genre évoquèrent ses lendemains douloureux où la reconstruction ne se fit pas sans heurts. Et ceux-ci sont décrits un par un ; rancune, haine, racisme vengeance , vol ,délation  incendie,  meurtre et tentative d’assassinat et rédemption et enfin un  pardon

HALL BARTLETT est un créateur complet puisqu’il scénarise et produits tous ses films et de surcroit en tourna peu une dizaine en 30 ans environ. Il adapta  en 1973 avec talent  le livre de Richard Bach :Jonathan Livingston le goéland ( Jonathan Livingston Seagull) sous forme de documentaire avec des voix de comédiens jouant les oiseaux en question . Fidèle à la littérature il s’attaqua au roman de  d'Oscar Lewis en1978  The Children of Sanchez avec comme interprètes : Anthony Quinn  et Dolores del Río

Ce cinéaste nous propose un script implacable, empli de désespoir, véritable miroir d’une société débranché de la loi et animée de ressentiments, des  habitants abandonnés à eux-mêmes et devenus enragés. Les personnages sont attachants dont le héros symbole de la réconciliation qui désire que la démocratie se réinstalle et que la vie revienne même s’il fut lui-même loin de tout reproche. Avec son matériau il tente de reconstruire et à élaborer une paix nouvelle ; c’est presque aussi fort que les scénarii de Sydney Lumet cinéasteobnubilé par les sociétés déviantes.

WALTERSANDE incarne le premier regard positif   , qui se distingue du lot et est prêt à le payer de sa vie . L’acteur au près de 200 films sans compter les séries TV incarne souvent une bonne quarantaine de fois des hommes de lois : 1951 : La Furie du Texas (Fort Worth) d'Edwin L. Marin--1957 : Le Shérif de fer (The Iron Sheriff) de Sidney Salkow--1959 : Le Dernier Train de Gun Hill (Last Train from Gun Hill) de John Sturges--

JOHN LUPTON à la carrière moindre et principalement sur le petit écran où il eut son heure de gloire  en1956-1958 avec: La Flèche brisée (Broken Arrow) et fut présent en troisième ou quatrième rôle dans des westerns : 1953 : Fort Bravo (Escape from Fort Bravo) de John Sturges--1955 : L'Homme au fusil (Man with the Gun) de Richard Wilson

RONALD HOWARD pas coutumier du western est un acteur britannique .Son principal titre de gloire est à la télévision avec son interprétation de Sherlock Holmes dans la série Sherlock Holmes (1954-55). Il n’eut pas tellement de films notables du moins comme premier rôle  et pourtant il est fort crédible en personnage venimeux et dévastateur, imbu de lui-même qui mettra le feu aux poudres

DONALD CRISP obtint un oscar en1941 : Qu'elle était verte ma vallée (How Green Was My Valley) :  de John Ford avec qui il avait tourné  en1936 : Mary Stuart (Mary of Scotland). il marqua le cinéma via deux trajets comédien et réalisateur ( pan de carrière moins connue et néanmoins il dirigera pas moins de 70 films de 1914 à 20 dirigeantDouglas Fairbanks et  Buster Keaton autres figures du muet . Pour son jeu d’acteur nous retiendrons outre le film précité, son rôle de patriarche en1955 : L'Homme de la plaine (The Man from Laramie) de Anthony Mann où déjà il devait assumer un fils complexe

JULIE LONDON est déjà impressionnante dans un personnage moins fouillé, mais il faudra 3 œuvres capitales , mémorables  qui démontrent sa dimension sauvageonne et ce furent des westerns  : 1958 :Libre comme le vent (Saddle the Wind), de Robert Parrish-- 1958 :L'Homme de l'Ouest (Man of the West), d'Anthony Mann et1959 :L'Aventurier du Rio Grande (The Wonderful Country), de Robert Parrish face successivement àRobert Taylor,Gary Cooper,Robert Mitchum. Le reste est plus ou moins digesteMais son renom fut ailleurs comme chanteuse avec un tube : en1955 Cry Me A River  repris plusieurs au cinéma  (2) et une trentaine d’albums

JOANNE DRU est la seconde personne tolérante qui malgré son malheur prend fait et cause pour  Drango. Elle reste une personnalité du western notamment avec en1952 :Return of the Texan, de Delmer Daves :1954 :L'Attaque de la rivière rouge (The Siege at Red River), de Rudolph Maté : 1959 :Le Bagarreur solitaire (The Wild and the Innocent), de Jack Sher et surtout1948 : LaRivière rouge (Red River), d'Howard Hawksoù elle damne le pion àJohn Wayne etMontgomery Clift en se montrant plus responsable et plus virile  sans omettre  en1949 :La Charge héroïque (She Wore a yellow ribbon), de John Ford) 1950 :Le Convoi des braves (Wagon Master) du même.Elle marqua moins avec ses autres films malgré quelques réussites : 1949 :Les Fous du roi (All the King's Men) de Robert Rossen et1953 :Le Port des passions (Thunder Bay), d'Anthony Mann

 JEFF CHANDLER & JOANNE DRU

JEFF CHANDLER à nouveau incarne un personnage pondéré prêt à aller jusqu’au bout dut-il dévoiler un pan de sa personnalité et monter d’un cran son autorité. C’est surement un homme droit , égalitaire en colère contre la guerre  admettant celle de  ses administrés. D’ailleurs il le prouva en endossant le rôle de Cochise chef indien conciliant dans1950 :La Flèche brisée (Broken Arrow) de Delmer Daves, puis  en 1952 :Au mépris des lois (Battle at Apache Pass) de George Sherman et en 1954 :Taza, fils de Cochise (Taza, son of Cochise) de Douglas Sirk. Autre élément il a produit en partie ce film et un autre western qui lui aussi dénonçait une société démissionnaire, lâche :La rançon de la peur1960 -ThePlunderers deJoseph Pevney.

 S’il disparut jeune (42 ans) il tourna une cinquantaine de films dont de nombreux westerns (3) des films d’aventure (4) où il put jouer de son physique aussi imposant que celui de Clint Walker (1,93 m) et qui ne resterons point. Il eut parfois des réalisateurs qui le mirent d’avantage dans la lumière : 1959 :Tout près de Satan (Ten seconds to hell) de Robert Aldrich eten 1961 :Les maraudeurs attaquent (Merrill's Marauders) de Samuel Fuller qui sera son dernier film

 (1) Jules Bricken fut un producteur (1964 :Le Train de John Frankenheimer)  et réalisateur surtout de séries quand il rencontra le cinéaste  et continuera dans ce même choix

 (2) Dont le célèbreV pour vendetta 2005  deJames McTeigue –Plus d’une cinquantaine de ses films reprirent ses chansons

 (3) 1950 Les Rebelles de Fort Thorn (Two Flags West) de  Robert Wise, de 1953 :L'aventure est à l'ouest(The Great Sioux Uprising) de Lloyd Bacon  et À l'assaut du Fort Clark (War arrow) de George Sherman :1955 :Les Forbans (The Spoilers) de Jesse Hibbs  1959 :Caravane vers le soleil(Thunder in the Sun) de Russell Rouse et 1959 :Violence au Kansas (The Jayhawkers!) de Melvin Frank plus le film précité

 (4) 1951Les pirates de Macao Smuggler's Island de Edward Ludwig--- 1952 Les boucaniers de la JamaïqueYankee Buccaneer de Frederick De Cordova—1953Yankee Pasha deJoseph Pevney