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Rubrique "L'Oubli des fondements"; Suite du billet N°2442.
Extrait de Philosophie pour tous, Tome II, A.Mendiri
Prochain billet demain jeudi 28 juin.
La notion de fondement est centrale pour toute réflexion de nature philosophique, autrement dit pour toute réflexion critique faisant un usage rigoureux de la raison afin d’analyser un problème quelconque. La notion de fondement se confond avec celle de justification des réponses apportées aux questions que le philosophe se pose. Les justifications se ramènent aux raisons qui rendent compte de nos conclusions. Mais lorsque nous évoquons les raisons de nos conclusions, il ne s’agit pas nécessairement de raisons rationnelles, transparentes à la raison logique. Car ce serait là un parti-pris philosophique, l’expression d’une conception particulière du monde selon laquelle l’Etre, autrement ce qui est vraiment au-delà des apparences, est d’ordre rationnel de part en part. Une telle conception est évidemment envisageable mais ce n’est qu’une conception des choses parmi d’autres. L’idée de raisons ne se réduit pas ou n’a pas un sens que dans le cadre d’une telle conception rationnelle de l’Etre. Affirmer que la démarche philosophique doit avancer des raisons ou des justifications à ses conclusions revient à dire qu’elle ne saurait se contenter de simples opinions, d’affirmations par ouï-dire, d’assertions de l’ordre de la simple croyance. Elle se doit d’argumenter, de rendre intelligible ses conclusions quitte à douter ou à nier la présence de raisons de l’ordre de la raison concernant les problèmes ou les réalités qu’elle soumet à son investigation.
Mais la recherche des fondements, propre à la démarche philosophique, peut et doit conduire assez loin. Car elle consiste, à chacune des étapes du raisonnement, à s’interroger sur la nature des conclusions et sur les non-dits implicites et cachés qui, souvent, interrompent l’analyse de manière prématurée. Nous savons que le prestige de ce que certains considèrent comme un des plus grands penseurs du XX° siècle, à savoir Martin Heidegger, tient au dévoilement que la philosophie classique, dominée par le rationalisme grec, a conduit à oublier la question de l’Etre au bénéfice de certaines de ses dimensions, notamment ses caractéristiques rationnelles, sacrifiant non seulement de multiples autres dimensions mais également et surtout la singularité forcément unique des réalités qui se présentent au sujet conscient. Nous aurons l’occasion d’y revenir. Mais en-deçà même de ce questionnement radical, il nous faut aborder l’oubli de certains fondements caractérisant maintes approches philosophiques. A la limite, les différends ou les oppositions, voire les contradictions mises au jour par des systèmes philosophiques différents tiennent la plupart du temps à leur type de cheminement ou plus précisément au fait qu’ils ne fixent pas la fin de leur investigation aux mêmes bornes sur ce chemin du dévoilement rationnel du sens ou de l’absence de sens.
Appuyons-nous sur un exemple qui nous est familier : en quoi la conception dite matérialiste de l’Etre nous semble s’arrêter en chemin de manière illégitime à nos yeux, d’un point de vue rationnel ? Rappelons que pour les conceptions matérialistes classiques, il n’existe qu’une seule réalité fondamentale au sein de l’Etre, à savoir ce qu’ils désignent par le terme de matière. Notre interrogation critique ne portera pas sur la question de savoir s’il existe une ou plusieurs substances de nature différente, comme la matière et l’esprit par exemple, dualité chère à la plupart des rationalismes classiques. Cette question est certes importante mais ne nous semble la première difficulté dans l’ordre logique que nous devons résoudre.
En effet, la notion de matière, contrairement aux apparences ou à ce que croit spontanément la pensée commune, n’est pas claire. La matière renvoie pour la plupart des sujets qui débattent de ce problème à la réalité sensible, celle qui apparaît et résiste à nos sens et à notre imagination, cette « folle du logis » selon Malebranche (XVII° siècle). Il semble pertinent de faire de la résistance des objets de notre investigation un critère de réalité. Cette résistance semble attester qu’il ne s’agit pas là d’un simple produit de notre subjectivité mais au contraire le signe patent d’une objectivité face à laquelle nous devons nous incliner et qui à ce titre est susceptible de faire l’accord des esprits.
Mais cette caractérisation légitime de la notion de réalité par la résistance qu’elle offre à notre subjectivité soulève alors un premier problème. Car il va de soi qu’il en va de même concernant par exemple une proposition ou une propriété mathématique. Dès lors que je trace un cercle sur un tableau, les propriétés de ce cercle s’imposent à moi, résistent à mes éventuelles fantaisies subjectives ou imaginatives, et conduisent au même accord des esprits que la résistance offerte par une réalité sensible quelconque. Pourtant, au premier abord, le cercle est une réalité qui n’est pas du même ordre que celle d’une pierre sur le chemin, d’un objet fabriqué comme une table, d’un être vivant comme un chien, toutes choses qui non seulement sont appréhendées par les organes des sens mais résistent à ces mêmes sens dans l’hypothèse où je m’efforcerais de nier leur présence, leur consistance, leur réalité.
Il n’en va pas de même concernant la réalité « cercle ». Certes, cette réalité répond à un support sensible. Je perçois le cercle sur un tableau ou une feuille de papier. Mais à la limite je pourrais raisonner sur ce cercle sans l’aide de ces supports sensibles mais uniquement sur des représentations que je m’en fais au sein de la pensée. Certes, on peut toujours objecter à cela, que ma représentation du cercle renvoie encore à une image interne que je m‘en fais. Apparemment je ne puis sortir ou m’extraire d’un support sensible ou d’ordre psychique. Pourtant, comme le remarque Descartes, mes capacités de représentation atteignent très vite leurs limites et si j’examine la nature et les propriétés du chiliogone ou du polygone à 1000 côtés, ce dernier échappe bien évidemment à tout support sensible, tout au moins au niveau de la représentation mentale. Dès lors, le cas du chiliogone notamment me dévoile ce qui pouvait rester masqué à propos du cercle, à savoir que les notions mathématiques sont avant tout des réalités d’ordre idéel ou de l’ordre de l’idée et non de la matière sensible.
Cependant, ce dernier constat n’est sans doute pas susceptible de troubler un esprit matérialiste pénétré par sa conception du monde et par sa conception de la notion de matière. Après tout, la représentation ou plus précisément les propriétés que je peux dégager à l’aide de la seule raison du chiliogone ne sont jamais que le reflet des milliards de connexions matérielles enchevêtrées constitutives de mon cerveau, résultat de millions d’années d’évolution aléatoires, et qui façonnent par là même ma manière de penser, de raisonner.
Cette conclusion contient sa part de légitimité éventuelle. Son tort est d’arrêter son investigation à celle-ci. Car cette conclusion soulève d’autres questions philosophiques. Cela signifie-t-il que les propriétés du chiliogone n’ont de sens et de vérité que pour un homo sapiens et pour le cerveau façonné par le hasard que l’évolution lui a confié ? Ou bien doit-on considérer que les propriétés qui se dégagent de l’écheveau complexe de son cerveau correspondent à des propriétés objectives de toute réalité matérielle, et par conséquent, de ce que nous appelons la nature ? Si tel est le cas, comment concilier le caractère aléatoire, désordonné, sans direction définie de l’évolution des êtres vivants et de la genèse d’un organe comme le cerveau humain avec cette étrange capacité à se retrouver en harmonie en quelque sorte avec les propriétés générales du monde qui l’a engendré par hasard et sous les coups de boutoir de myriades de hasards successifs ?
Supposons que cette heureuse conjonction de l’évolution résulte elle-même d’un hasard accidentel. Pourquoi pas. Cela signifierait que notre univers observable aurait abouti à ce véritable miracle d’engendrer un des rares mondes possibles parmi peut-être une infinité d’autres mondes envisageables et qui seraient pour leur part stériles. Mais alors il conviendrait de s’interroger sur la nature, l’origine, le sens à accorder à cette possibilité ontologique qui a pu éclore au sein de notre monde.
Bien entendu, nous reviendrons très prochainement sur cette problématique, sur cet écheveau de questions qui dans l’immédiat illustrent cette démarche en quête de radicalité et qui caractérise selon nous la démarche philosophique qui, si elle veut rester fidèle à sa vocation, ne peut et ne doit s’arrêter en chemin.
A.Mendiri