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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
31.01.2025
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Rome
De notre envoyé spécial permanent
Lorsque Jean de Plan Carpin arrive en Mongolie au beau milieu du XIIIe siècle, personne, à la cour de l’empereur Guyuk, ne fait vraiment attention à lui. Nous sommes en juillet 1246, et le religieux franciscain est le premier légat d’Europe occidentale envoyé aux dirigeants de cet empire dont les ambitions nourrissent toutes les craintes.
Jean de Plan Carpin est porteur d’un message écrit par le pape Innocent IV, inquiet des incursions en Europe des guerriers du petit-fils de Gengis Khan. Le pape y somme le dirigeant mongol de se soumettre à lui. À l’époque, la lettre de l’émissaire papal provoque indifférence et moquerie, et il repart au Vatican avec une fin de non-recevoir.
Près de huit cents ans ont passé et, cette fois, l’homme qui s’apprête à quitter Rome pour la Mongolie retiendra toutes les attentions. En se rendant dans ce pays d’Asie centrale – une première pour un pape –, du 31 août au 4 septembre, François, 86 ans, s’apprête à entamer un voyage aussi paradoxal qu’intrigant.
Paradoxal, car le pays dans lequel il posera le pied, vendredi matin, après plus de neuf heures de vol, compte l’une des plus petites communautés catholiques au monde : 1 394 croyants recensés sur les 3,3 millions d’habitants, accompagnés par 25 prêtres. Une petite Église emblématique des périphéries qu’affectionne le pape François, conduite par un missionnaire italien, Giorgio Marengo, devenu en 2022, à 46 ans, le plus jeune cardinal de l’Église catholique. « C’est une Église qui plaît au pape parce qu’elle est composée de croyants venant du bas de la société. C’est en quelque sorte une Église d’estropiés, très franciscaine »,explique un observateur étranger sur place.
Un voyage intrigant également, parce qu’en se rendant à Oulan-Bator, la capitale mongole, François fait le choix d’un pays coincé, « comme pris en sandwich »– fait-on remarquer au Vatican – entre la Russie et la Chine. En visite en Mongolie, début juillet, le ministre des affaires étrangère du pape, Mgr Paul R. Gallagher, a eu beau promettre que la visite papale ne comporterait aucun message pour d’autres pays de la région, les deux voisins de la Mongolie seront, durant quatre jours, semblables à des éléphants dans la pièce.
François n’a pu ignorer qu’en acceptant l’invitation du gouvernement mongol, en août 2022, c’est-à-dire six mois après le début de la guerre en Ukraine, ce voyage comporterait inévitablement des dimensions russe et chinoise. Dans ce pays doublement sous influence, le pape, régulièrement accusé de ne pas avoir condamné assez clairement les responsables russes depuis le début de la guerre, croisera des catholiques russes, venus assister à la messe du dimanche après-midi, organisée dans l’arène de hockey sur glace d’Oulan-Bator. Tout comme il pourra apercevoir une délégation chinoise conduite, selon nos informations, par l’évêque jésuite de Hong Kong, Mgr Stephen Chow Sau-yan, à qui François vient d’accorder la pourpre cardinalice.
Signe que ce voyage est bien plus qu’une visite à la seule Mongolie, le Vatican a abondamment diffusé, ces derniers jours, à travers son agence officielle Fides, des vidéos sur les enjeux de la visite à Oulan-Bator, toutes sous-titrées en chinois. Mais si les diplomates du Palais apostolique restent, en public, particulièrement prudents, c’est que les relations entre Pékin et Rome sont soumises, depuis plusieurs mois, à de particulières tensions.
En avril, la Chine a ainsi nommé un nouvel évêque à Shanghaï sans l’accord du Saint-Siège, violant les termes d’un accord conclu en 2018 entre les deux parties. « Il semble que le Vatican ne sache pas envoyer de messages à la Chine communiste », cingle un diplomate asiatique en poste à Rome. François aura pourtant une occasion formelle de le faire, puisque son avion survolera, à l’aller et au retour, le territoire chinois, provoquant l’envoi d’un traditionnel télégramme papal aux dirigeants du pays.
Au fond, au cours de ce voyage, il se trouvera dans une situation semblable à celle de la Mongolie elle-même, contrainte de trouver un équilibre entre ses deux inévitables voisins. « La stratégie de la Mongolie est de se maintenir à distance de Moscou et Pékin en développant les relations avec d’autres pays », souligne Antoine Maire, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, pour qui ce pays a « pour particularité de revendiquer démocratie et libéralisme, en fort contraste avec ce qu’il se passe dans le reste de la région ».
« Les dirigeants mongols comptent probablement sur le pape pour mettre en avant leur démocratie parlementaire et la défense des droits de l’homme qu’ils mettent en œuvre,abonde un diplomate occidental. Ils sont aussi très fiers de la tolérance interreligieuse et du dialogue interreligieux. »
Une tradition de coexistence des religions qui trouve sa source, elle aussi, au XIIIe siècle. C’est d’ailleurs sans doute en Mongolie qu’eut lieu l’un des tout premiers dialogues théologiques entre musulmans, chrétiens et bouddhistes, un jour de 1254, lorsque le franciscain Guillaume de Rubrouck, envoyé par Saint Louis, fut sommé par l’empereur Mongka de participer à une joute oratoire avec d’autres religieux pour exposer et défendre ce en quoi il croyait. François, quant à lui, s’adressera, dimanche matin, à des représentants de toutes les religions.
En marge de cette rencontre, s’entretiendra-t-il, de manière plus ou moins formelle, avec l’un des successeurs potentiels du dalaï-lama, un garçon de 9 ans qui vit à Oulan-Bator ? Et ce au risque de froisser Pékin, dont le moindre contact d’un dirigeant international avec le dalaï-lama provoque systématiquement des mesures de rétorsion. Peu probable, juge-t-on au Vatican, où plusieurs sources soulignent que l’Église se maintient à bonne distance des débats internes du bouddhisme, notamment sur la question délicate de la succession du dalaï-lama, 88 ans, qui n’a d’ailleurs jamais rencontré François.
Au cours de cette rencontre interreligieuse, le pape pourrait dans tous les cas s’appuyer sur les valeurs communes du bouddhisme et du catholicisme, dont la non-violence et le respect de l’environnement, expliquent plusieurs sources vaticanes. Il poursuivra ainsi le dialogue entamé il y a trente ans par les missionnaires catholiques avec les responsables bouddhistes, en particulier à travers le cardinal Marengo, très actif dans ce domaine.
Cette dimension sera omniprésente au cours du voyage dans ce pays où le bouddhisme est ultra-majoritaire. « En se rendant là-bas, François veut sans doute porter un message pour l’avenir,analyse un bon observateur de la Curie. Mais on le saura plus tard. Peut-être que dans des dizaines d’années, on dira : c’était vraiment prophétique. »