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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
31.01.2025
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EnquêteA l’Elysée, le conseiller mémoire du président, Bruno Roger-Petit, est devenu un élément-clé du dispositif d’Emmanuel Macron, fédérant autour de lui des fidèles. Le petit groupe formé notamment de Jonathan Guémas, Pierre Charon ou Clément Léonarduzzi a défendu le scénario de dissolution de l’Assemblée nationale. Il se place aujourd’hui aux avant-postes de la campagne des législatives.
De Gaulle, Aron, Mendès-France… C’est simple, il a des grands hommes plein la bouche, Bruno Roger-Petit, ce fameux dimanche 9 juin. Après le triomphe de l’extrême droite aux élections européennes (37 %) et le score riquiqui (14,6 %) de la majorité présidentielle, « BRP » (son surnom chez les initiés) et Jonathan Guémas, conseillers du président de la République, Emmanuel Macron, ont convoqué la presse à une audioconférence pour expliquer, tard dans la soirée, le choix de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives anticipées, les 30 juin et 7 juillet.
Conseiller spécial chargé de la communication et de la stratégie, Jonathan Guémas décrypte les ressorts de ce coup de poker politique avec à ses côtés Bruno Roger-Petit, en théorie simple conseiller mémoire. En théorie seulement. « Respiration démocratique », « audace, dépassement », « moment de clarification »…Le duo distille savamment les éléments de langage. Depuis quelques mois, « BRP » et Jonathan Guémas sont les pistoleros les plus en vue de l’Elysée. Les compères construisent ce dimanche soir un récit bien plus simple et lisse que la réalité : jusque dans l’après-midi, le scénario de la dissolution, qu’ils ont contribué à préparer en cachette depuis quelques semaines, n’était pas validé. Emmanuel Macron espérait encore dépasser les 20 % et attendre l’automne pour abattre sa carte.
Pour donner de la hauteur à l’ouvrage, Bruno Roger-Petit exhume quelques citations. « Pierre Mendès-France disait : “En démocratie, il faut convaincre.” Je le cite souvent, je vais le refaire ce soir »,commence-t-il. Voilà ensuite Raymond Aron et sa « célèbre formule », « l’histoire est tragique », puis, en réponse à la question d’un journaliste, hop ! le « Général » en personne fait irruption : « Comme disait de Gaulle, ce sont les circonstances qui dictent les décisions. Raisonner de manière figée, c’est faire de la petite politique. » Le conseiller mémoire zappe François Mitterrand, qu’il place pourtant au sommet de son Panthéon personnel. Ce n’est sans doute pas le bon moment pour convoquer l’ancien président socialiste, qui a laissé le souvenir d’un tango mortifère avec le Front national de Jean-Marie Le Pen pour se maintenir au pouvoir. Emmanuel Macron est lui-même accusé, ce soir, de jouer avec le péril de l’extrême droite pour réveiller le front républicain.
Vite sur la toucheJamais la bande de BRP n’a paru si puissante que ce 9 juin. Cette décision de dissoudre a été tenue secrète jusqu’au dernier moment par un petit groupe d’une dizaine de personnes. Même le premier ministre, Gabriel Attal, la découvre au dernier moment. Bruno Roger-Petit se paye le luxe de sous-entendre que la dissolution, c’était son choix. Au fil des heures, il rode le récit d’une décision qui doit beaucoup à sa petite équipe. En coulisse, il y a l’ami Clément Léonarduzzi. « Je suis loin »,répète à qui veut l’entendre l’ancien conseiller spécial d’Emmanuel Macron.