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LALIIUANIE AU BOUTDES DOIGTS

Publié le 13/09/2024 à 19:42 par papilacabane Tags : prix sur vie france place saint monde voyage enfants musique maison création femmes annonce automne pouvoir film

Muza Rubackytè, la Lituanie au bout des doigts Muza Rubackytè, la Lituanie au bout des doigts

 

Environ 200 événements ponctueront l’automne, dont la projection d’un film sur la vie d’artiste et de militante de la pianiste. Ludo Segers

 

Si Muza Rubackytè aime et admire autant Franz Liszt, c’est bien entendu pour son génie de pianiste et de compositeur. Mais aussi « parce qu’il incarne la figure de l’artiste européen, puisant dans les traditions de sa terre d’origine, la Hongrie, et portant inlassablement la création, la sienne comme celle des autres, par-delà les frontières».

Alors que s’ouvre la Saison de la Lituanie en France, la pianiste entame un voyage de Paris à Toulouse, et de Lens à Monaco. Son objectif : faire découvrir et aimer le répertoire musical de son pays natal. Née dans la ville de Kaunas, port fluvial qui fut de 1918 à 1940 la capitale de la République de Lituanie, Muza Rubackytè a connu et partagé les vicissitudes de cette république balte assujettie à l’URSS après la Seconde Guerre mondiale.

« Tout a fleuri très vite »

Des études au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, de nombreux prix, dont en 1981 le grand prix du Concours international de piano de Budapest, une carrière qui s’envole… jusqu’à ce qu’elle s’engage pour l’indépendance de la Lituanie. Son passeport lui est alors retiré, elle ne peut plus quitter l’Union soviétique jusqu’à la levée du rideau de fer. « Pendant cinquante ans, nous avons été à l’écart du monde, dissous dans le bloc soviétique. Mais nous attendions et nous préparions avec espoir », se souvient l’artiste.

Souriante, tout de blanc vêtue devant son grand piano noir, elle fait étape quelques jours dans sa retraite parisienne – où elle s’est installée en 1991, tout en conservant un ancrage en Lituanie et en Suisse. Son français parfait lui permet de doser avec précision la passion et l’analyse, la détermination et cette poésie racée qui caractérise aussi son jeu. « Certes canalisée, la culture était soignée par le pouvoir qui y voyait un bras armé. L’enseignement était de haut niveau. La libération a permis que tout fleurisse très vite, avec une énergie folle ! »

Répertoire d’hier et d’aujourd’hui

Dans le domaine des arts, de la technologie, « de la gastronomie avec de nouvelles tables étoilées chaque année »,s’enthousiasme Muza Rubackytè, qui ne songe pas à cacher sa « fibre patriotique ».Elle est ravivée par l’invasion de l’Ukraine, un pays si proche. « Ce pourrait être nous… Même si notre appartenance à l’Otan depuis 2004 change la donne. Mais le gouvernement a fait stocker de l’eau dans les sous-sols et les familles ont toutes des adresses à l’étranger pour envoyer les enfants et les personnes fragiles… au cas où. »

Très impliquée dans la Saison de la Lituanie en France, la pianiste a conçu un programme musical en forme de pèlerinage de la Baltique à l’Adriatique, de Vilnius à Venise. Elle tenait en effet à honorer une fois encore l’homme de sa vie musicale, Franz Liszt, ici inspiré par la Sérénissime. « Mais je commencerai par un panorama en trois temps de la création en Lituanie, hier et aujourd’hui »,annonce-t-elle.

Voici donc Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (1875-1911), « notre grand compositeur national, qui était aussi un remarquable peintre symboliste. Sa musique s’en ressent, hautement picturale et coloriste». Quant à Raminta Šerkšnytė (née en 1975), elle illustre la vitalité contemporaine de la musique lituanienne « et la place éminente des femmes dans l’art », plaide Muza Rubackytè.

Vilnius, Jérusalem du nord

Enfin, il était essentiel de témoigner du rôle fondamental de la pensée et de la culture juives en Lituanie, avant que les nazis n’éliminent entre 1941 et 1944 jusqu’à 85 % de la population juive du pays. « On surnommait Vilnius “la Jérusalem du Nord” », rappelle la pianiste, qui interprétera des pièces de Leopold Godowsky (1870-1938), compositeur et prodigieux virtuose né en Lituanie.

Si on lui demande quelle est la singularité de la musique lituanienne, Muza Rubackytè prend le temps de réfléchir. « Je dirais, une relation profonde aux idées et à la littérature, le souci de la profondeur plus que du divertissement, une dette envers la tradition populaire qui se traduit par un souci d’authenticité, de sincérité. »

Active depuis vingt-cinq ans auprès de la Fondation Rostropovitch pour les enfants surdoués, fondatrice en 2009 d’un festival à Vilnius, « ville de 500 000 habitants qui compte deux orchestres symphoniques, deux orchestres de chambre, un opéra et une foule de chorales, l’art vocal étant une tradition du pays », la pianiste ne limite pas son engagement à son pays bien-aimé. « À partir de janvier 2025, je serai la marraine de la maison de Claude Debussy à Saint-Germain-en-Laye »,annonce non sans fierté cette ardente francophile.

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Un automne lituanien en France

Du 12 septembre au 12 décembre 2024, la Saison de la Lituanie en France « Se voir en l’autre » vise à faire dialoguer différences et familiarités culturelles entre les deux pays.

Environ 200 événements autour de 16 disciplines, de la musique classique au design, de la littérature au cinéma, de la gastronomie à la danse ou de l’art contemporain au jazz…

500 artistes présents et de multiples rencontres.

La pianiste Muza Rubackytè y sera présente à travers une tournée de récitals et la projection d’un film consacré à sa vie d’artiste et de militante.