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prESIDENTIELLE AMERICAINE

Publié le 24/10/2024 à 08:33 par papilacabane Tags : sur blog bonne base vie moi saint monde chez homme maison société femmes 2010 nature annonce cadre pouvoir

Présidentielle américaine 2024 : l’émergence d’une nouvelle garde conservatrice catholique

Assis devant son café latte dans une des cafétérias du Sénat américain, Robert (1) lève les yeux au ciel. Il fait le compte. « Là tout de suite, je pense à au moins dix personnes autour de moi, travaillant aussi dans des institutions américaines, qui se sont converties au catholicisme. Mon voisin de bureau, par exemple. »Juriste pour le Sénat à Washington DC, Robert est aux premières loges pour observer ce phénomène – sous-jacent depuis plusieurs années – des nombreuses conversions au catholicisme parmi l’élite intellectuelle conservatrice américaine. Doctorants et professeurs d’université, hommes et femmes politiques, salariés du Congrès américain ou de think tanks sur la colline du Capitole…

« C’est assez impressionnant parmi les juristes, explique Laura (2), catholique recommençante et avocate pour une ONG de promotion de la liberté religieuse près du Capitole. Dans ma faculté de droit sur la côte Est, où la messe en semaine a toujours été proposée, le prêtre était souvent seul lorsqu’il célébrait, il y a quelques années. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’étudiants tous les jours, y compris des protestants ! »

Si ces conversions – dont les statistiques sont inexistantes – restent un épiphénomène, restreint au petit monde de la nouvelle garde conservatrice américaine, « elles ont un impact disproportionné, du fait de l’influence de ces personnes », explique Francis Maier, journaliste spécialiste du catholicisme américain. Beaucoup d’entre eux, de fait, préfèrent garder l’anonymat.

J.D. Vance, partie émergée de l’iceberg

De ce phénomène, la partie émergée de l’iceberg n’est autre que James David Vance, sénateur républicain et colistier de Donald Trump, que beaucoup dans ce petit monde appellent « J.D. ». Né dans une famille évangélique puis devenu athée, Vance annonce sa conversion au catholicisme en 2019, et se fait baptiser dans une paroisse de Cincinnati (Ohio) confiée aux dominicains. En 2020, dans le bimensuel catholique The Lamp, il raconte sa conversion dans un billet intitulé « Comment j’ai rejoint la résistance ». Il explique comment la lecture de saint Augustin est venue bousculer sa vision du libéralisme américain, et ses propres convictions religieuses.

De fait, nombreux sont ceux pour qui la conversion est d’abord intellectuelle avant d’être spirituelle. Assis devant un burger sur une terrasse de Capitol Hill, Luke Foster est de ceux-là. Né dans une famille de missionnaires évangéliques, le désormais professeur de philosophie politique au Hillsdale College de Washington se passionne dès le début de ses études pour la philosophie et la théorie politique.

« Mais je ne trouvais pas chez les évangéliques de position commune sur la doctrine ou l’éthique. Ce qu’on me proposait, c’était de prier, de lire la Bible et de décider moi-même quoi penser sur un sujet, sans autorité supérieure »,résume-t-il.

À l’université Columbia à New York, où il étudie l’histoire et la littérature, le programme commun inclut la lecture de ce que l’on appelle communément les « Great Books » : Platon, Aristote, Cicéron. « Ces auteurs abordaient directement les questions que je me posais : qu’est-ce une vie bonne ? qu’est-ce que la nature humaine ? »

Dans le cadre de son cours, Luke lit les Pères de l’Église : saint Augustin, saint Thomas d’Aquin. « Ils répondaient aux questions soulevées par leurs prédécesseurs mais à la lumière de la Révélation. » Son intérêt piqué au vif, l’étudiant creuse et continue de lire pendant trois ans… avant de demander la confirmation dans l’Église catholique.

« Ils cherchent une forme d’ordre, pour pallier le désordre autour d’eux. »

« Ce genre d’histoire revient assez souvent, en fait », assure Alan (2), un doctorant en philosophie politique venu étudier à Notre-Dame, la plus grande Université catholique des États-Unis. Cela fait des années qu’Alan observe autour de lui ce phénomène, surtout présent dans les universités de la côte Est, plus sécularisées.

« Aux États-Unis, on baigne dans une culture fondée sur le libéralisme et la pensée moderne », développe-t-il. « Pour beaucoup, la découverte de ces auteurs et de la pensée prélibérale est un séisme intellectuel puisque ces lectures bouleversent toute la base de leur pensée politique et morale. »

Peu à peu, l’Amérique leur apparaît comme le pays moderne et libéral par excellence, « mais aussi superficiel, désuni, manquant de profondeur culturelle, intellectuelle et spirituelle,insiste Alan. Ils cherchent une forme d’ordre, pour pallier le désordre autour d’eux. »

De fait, s’il est difficile de dater ce phénomène de conversions, l’instabilité politique et sociale aux États-Unis ne fait qu’encourager cette recherche de structure. « Par ailleurs, l’université est une période où beaucoup ont l’impression de flotter dans le monde, de ne pas avoir de racine, explique David Lantigua, professeur de théologie à l’université Notre-Dame. La foi offre ce sentiment d’ancrage. »

Chris (1) est un de ces catholiques dits recommençants. Costume marron et cheveux gominés, il travaille dans l’un des plus influents think tanks conservateurs de Capitol Hill, à Washington. « Aujourd’hui, on n’a plus d’autorité morale, ni de nos parents, ni du gouvernement, ni de la société, explique-t-il. Les principes de l’Amérique sont fondés sur la liberté : on a le droit de faire ceci ou cela. Mais personne ne nous dit ce qu’on devrait faire. »

Ces conservateurs jugent que les Églises protestantes ont décliné, en nombre, en influence et en doctrine. « Tandis que l’Église catholique a un enseignement, une structure et une hiérarchie qui nous donnent un ordre moral, une autorité. Et elle a 2 000 ans ! »

Une communauté catholique locale dynamique

Avec son ami catéchumène David (1), lui aussi salarié d’un think tank, il fréquente la paroisse de l’Immaculée-Conception, connue pour sa communauté dynamique et très engagée, à quelques centaines de mètres de la Maison-Blanche. Ce dimanche matin, de nombreuses familles et jeunes professionnels se retrouvent sur le parvis. Tous passionnés de politiques, ces jeunes intellectuels conservateurs ne se trouvent pas par hasard dans la capitale américaine.

À Washington, l’intérêt intellectuel personnel est stimulé par l’émulation collective et se change bientôt en conversion spirituelle. « Quand j’habitais à Washington, on se donnait rendez-vous à l’adoration, puis on allait boire des coups. Après la messe, on allait bruncher tous ensemble », explique Zachary (1). Doctorant à Notre-Dame, il est aussi revenu à la foi après avoir lu les « Great Books ».

« Washington est un terreau catholique assez exceptionnel, avec des paroisses dynamiques, des groupes d’étude biblique, des événements, des jeunes très convaincus », concède le père Aquinas Guilbeau, dominicain et aumônier de l’Université catholique américaine de Washington. Dans son bureau, il reçoit beaucoup de jeunes conservateurs et leurs questions de foi.

« La religion disparaît peu à peu de la sphère publique, mais à Washington elle est très visible,résume Chris. Et je pense que le fait qu’on soit si proches des institutions politiques et du pouvoir en action fait qu’on réfléchit vraiment à toutes ces questions de morale et de doctrine. »

En phase avec l’évolution de l’Église catholique américaine

Parmi les communautés paroissiales les plus dynamiques de la ville, l’Immaculée-Conception est l’une des plus appréciées : chose rare aux États-Unis, l’ordinaire de messe y est dit en latin. « Beaucoup de ces jeunes convertis tendent à être sceptiques vis-à-vis de Vatican II, qu’ils voient comme l’irruption du libéralisme dans l’Église,explique Alan, doctorant. Seulement une petite minorité se dit traditionaliste, mais tous rejettent le catholicisme de leurs parents. » Plutôt orgue que guitare, ils assistent à la messe en semaine, prient le bénédicité et recherchent une vie en communauté.

Des goûts liturgiques en phase avec cette nouvelle génération de catholiques américains. « L’avenir du catholicisme américain est conservateur », lance Chris entre deux gorgées de son café post-messe dominicale. En 2023, une étude de l’Université catholique d’Amérique à Washington estime que 80 % des prêtres ordonnés depuis 2020 se disent conservateurs. Aucun ne se disait « très progressiste ».

À Washington, où plusieurs paroisses proposaient la messe en latin, le motu proprioTraditionis custodes du pape François limitant largement les conditions de célébration de la messe tridentine est resté en travers de la gorge de beaucoup. « Le pape François, on le respecte, mais on en parle un peu comme si c’était notre père et qu’il prenait une décision avec laquelle on n’est pas d’accord,estime Chris. C’est notre père, on le respecte. Mais parfois c’est dur. »

Une recomposition de la droite américaine

Cette vague de conversions parmi la nouvelle garde conservatrice intervient dans un contexte de reconfiguration de la droite américaine. Depuis le milieu des années 2010, une alternative à la droite néoconservatrice et libérale façon George W. Bush émerge, à qui l’élection de Donald Trump en 2016 sert de catalyseur : « The New Right ». Ce terme, assez large, désigne au sein du camp conservateur une nouvelle réflexion vers une politique économique plus protectionniste vis-à-vis des travailleurs, moins interventionniste en matière de politique étrangère, et partageant une inquiétude vis-à-vis de la « guerre culturelle » en cours aux États-Unis.

Parmi la nébuleuse de cette nouvelle droite, qui se perçoit comme une forme de troisième voie, figurent quelques-uns de ces conservateurs catholiques. « C’est évident que ces catholiques vont, d’une manière ou d’une autre, influencer l’avenir de la politique américaine : ils représentent la prochaine génération de professeurs, d’hommes et femmes politiques, de juristes, de prêtres aussi ! »,insiste Alan.

De son côté, Zachary se prend à imaginer un J.D. Vance président en 2028 : plus intelligent, meilleur homme d’État, plus apte à gouverner que Donald Trump… « L’élite intellectuelle de ce pays a toujours été protestante, glisse-t-il. Mais aujourd’hui les catholiques commencent à prendre le relais. »