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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
03.03.2025
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Au nom de la charte de Venise (1964), il avait été promis « une restauration à l’identique »de Notre-Dame. Sa beauté renouvelée frappe les visiteurs qui s’y pressent. Dès l’entrée, en ce mardi midi d’hiver étincelant, la lumière illumine les vitraux, décore les murs immaculés de multiples taches de couleur, les rosaces étincellent de tons surprenants. Que de redécouvertes : garde-corps du triforium, clés de voûte et mur de sculptures autour du chœur retrouvent leur éclat. Une splendeur, que l’on contemple et savoure à loisir. Partout la beauté et la blondeur des pierres.
Mais est-ce un « monument », qu’il fallait restaurer ? Qu’en est-il du lieu de culte, qu’en est la raison d’être et la fonction ? Au cœur, au sens strict de la cathédrale, qu’est devenu l’autel voulu par le cardinal Lustiger, s’appuyant sur les figures des évangélistes et des grands prophètes de l’Ancien Testament, réalisé par un authentique sculpteur ? Il a été remplacé par une forme qui rappelle la baignoire d’un empereur porphyrogénète ; le designer qui l’a réalisé déclare dans la presse « en avoir longuement discuté avec le clergé ». À se demander si ses interlocuteurs savaient que depuis le Premier Testament, l’autel est la table du repas offert à Dieu, qui descend des hauteurs pour festoyer avec les hommes et demeurer avec eux.
Notre-Dame de Paris, relique socialePourquoi cette substitution malheureuse ? Il était facile de rebâtir « à l’identique »l’autel précédent, puisque cartons et moules nécessaires existaient chez les créateurs. Les nouveaux sièges des célébrants accentuent la lourdeur de l’ensemble. Ont aussi « disparu » candélabres, statuaires (les trois hiérarques), évangéliaire. Oubliés « le refus du joli et du sentimental, le traitement abrupt des matériaux… invitant les participants à transformer leur regard. Les formes plastiques offertes, au lieu de conforter l’intime en lui donnant ce qu’il s’attendait à voir, l’appelaient à sortir de lui-même pour aller à la rencontre d’un Autre et le recevoir» (Jean Touret, Art sacré/Art prophétique, AAM Éditions). Enfermer la cathédrale dans un statut de « monument », de relique sociale, empêche de la concevoir comme lieu d’une foi vivante dont les formes évoluent.
La visite fait découvrir les choix malheureux et datés de Viollet-le-Duc : les chromos sulpiciens des chapelles latérales sont morts, prisonniers d’une imagerie mièvre et a-historique ; ils confortent ceux qui tiennent Puvis de Chavannes, Bouguereau, Constant Troyon pour de grands artistes, ceux qui confondent foi chrétienne et sentiment religieux, art sacré et illustration. Surprise devant le nouveau reliquaire pour la couronne d’épines : rond et massif comme un calendrier maya (pourquoi pas ?), mais la relique ressemble à un trophée. La précédente présentation avait le mérite de la simplicité. Le tour du chœur continue de régaler avec son mur de scènes sculptées. Quel contraste avec la saleté précédente : depuis près de cent cinquante ans, l’intérieur de la cathédrale n’avait jamais été nettoyé.
Heureuse initiative, des tapisseries modernes font écho aux grands Mays retrouvés et relancent l’attention sur les vitraux contemporains en hauteur. Les grisailles de Viollet-le-Duc, sans intérêt, vont enfin être remplacées, mais l’oukase du « figuratif » inquiète : après Soulages à Conques, on pouvait espérer que le projet soit confié au dominicain Kim En Joong à la suite de sa réussite à Brioude. Un dernier regard sur l’ensemble de la nef pour remercier Suger, sa théologie de la lumière et des couleurs. Il faudra absolument revenir, en espérant que les liturgies, comme la cathédrale, y seront remises à neuf. Mais quel neuf et sur quelles bases ?
Centrer cœur, intelligence et action sur l’ÉcritureL’« oubli » des réflexions exégétiques et théologiques du cardinal Lustiger sur l’aménagement de la cathédrale aurait pu n’être qu’une coïncidence malheureuse si son héritage artistique ancré dans la vision biblique n’avait été « remplacé » auparavant dans l’église dont il avait été curé. Sa formation (piano) et ses origines avaient donné un regard retrouvant – ou suscitant – dans des expressions artistiques contemporaines la tradition millénaire de l’Église, dans laquelle les sacrements donnent sens et figure à la vie de tous les jours.
Musique (H. Paget), sculpture, peinture (Jean Touret), à travers le refus de la représentation, du « joli », de l’émotif, contribuaient à centrer cœur, intelligence et action sur l’Écriture, dont il fallait (re)donner à tous – et aux clercs – le goût. Dans cet espace liturgique reconstruit, les chants, strictement bibliques, et leur musique exigeante y ont étonné et plus tard séduit à Notre-Dame, quand ils y ont résonné pour la seule et unique fois il y a quelques années.
Une extrême sobriété d’expressionNotre-Dame aurait mérité une véritable fidélité qui fasse droit, non à un fétichisme plus ou moins historique, mais à une vision rigoureuse et prophétique : l’art sacramentel du culte, de la prière, de la messe nous rapproche et nous permet de comprendre l’acte « spirituel » du sculpteur. Ce qu’a fait matériellement le sculpteur, c’est une œuvre que l’on peut matériellement toucher, mais qui reste bien en deçà de ce qu’elle représente et de ce qu’elle signifie…
« Le sacrement est en quelque sorte une œuvre d’art réduite à sa plus extrême sobriété d’expression : un acte esthétique du Christ où les hommes reçoivent en partage la suprême beauté de la vie, une œuvre d’art où la liberté de Dieu éveille àla liberté l’hommesa créature »(J.-M. Lustiger, Le Saint-Ayoul de Jeanclos, Fayard). C’est ce qui a disparu avec la restauration des fresques de Viollet-le-Duc et le remplacement de l’autel et des sculptures de Jean Touret. Ce serait la même erreur de faire payer l’entrée de Notre-Dame.