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RechercherDerniers commentairesmerci à vous. olivier barde-cabuçon
Par Anonyme, le 10.04.2023
sacrée bonne femme. la version "bad ***" de marilyn, excessive. qu'est ce qu'elle m'a plu... http://chez-ra ou
Par chez-raoul, le 13.04.2020
ça donne envie de le lire
Par Anonyme, le 09.08.2018
merci pour vos commentaires élogieux !
si je puis me permettre, vous devriez insérer des sauts de paragraphe
Par Anonyme, le 11.06.2017
many thanks for the review of my book. merci beaucoup. http://www.mil larcrime.com.c enterblog.net
Par sam millar, le 22.04.2016
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Date de création : 30.03.2011
Dernière mise à jour :
02.02.2025
485 articles
Si vous avez déjà vu (et adoré) Raging Bull, le film de Martin Scorcese avec Robert De Niro et Joe Pesci, vous n'avez pas nécessairement eu pour autant l'occasion de lire le témoignage dont il est tiré. Car « Comme un taureau sauvage », s'il est sorti une première fois en France en 1971, n'a que partiellement servi de matériau de base à l'adaptation cinématographique qu'en a tiré Scorcese, qui s'est focalisé sur La Motta adulte, entre combats pour la couronne mondiale, sautes d'humeur et reconversion chaotique.
Ce n'est évidemment pas un hasard si De Niro fut récompensé d'un Oscar pour sa performance, prenant 30 kilos pour figurer la déchéance d'un champion du monde, renvoyé dans les cordes par les aléas de l'existence (dont un passage en prison pour une accusation de proxénétisme contestée par le principal intéressé). Car Jake La Motta eut une existence véritablement « bigger than life », que l'on découvre en détails au travers de cette radioscopie, récit sans fard au cours duquel le pugiliste baisse sa garde et n'hésite pas à se présenter sous un jour cru, imparfait et donc terriblement humain.
Enfance pauvre dans le Bronx auprès d'une mère effacée et d'un père mauvais cogneur, adolescence délinquante durant laquelle « faire le coup de poing » était devenu une seconde nature et une forme d'instinct de survie dans un quartier où le respect se gagnait en ne reculant devant aucune combine, Jake est taraudé par le remords quand il tue accidentellement un bookmaker lors d'une agression foireuse. Ce dont la police ne le soupçonne même pas. En revanche, elle l'expédie en maison de correction pour d'autres incartades, univers pré carcéral qui va le marquer durablement et l'éloigner du chemin de croix qu'il était en train de se tracer, grâce à un prêtre qui lui prédit un destin de champion du ring, s'il veut bien s'en donner la peine. Ce à quoi il s'ingénie alors, enchaînant les séances d'entrainement et abordant les combats officiels avec une rage au cœur, une haine dévastatrice qui va lui valoir le surnom de « Raging Bull », taureau du Bronx capable de l'emporter par K.O face à des adversaires réputés pourtant coriaces, animé d'une foi en lui nouvelle, synonyme de rédemption.
Argent facile, filles au diapason, vie dissolue : le quotidien d'un sportif de haut niveau qui tente de s'élever vers les sommets de sa discipline est, comme l'enfer, toujours pavé de bonnes intentions (il suffit de lire la presse actuelle pour s'apercevoir à quel point ce genre d'adages n'a rien perdu de son universalité !). Acariâtre, mauvais mari, ami maladroit et frère pas commode (Joey son cadet, campé par Joe Pesci dans le film de Scorcese, devant endurer ses sautes d'humeur permanentes), Jake ne se dépeint pas comme un saint. Bien au contraire. A travers les anecdotes qu'il évoque, sa confession se veut avant tout sincère. Et c'est pour cela qu'elle nous touche, à condition de se garder de tout jugement à son égard. Violent, violeur, volontiers bourreau des cœurs et des corps féminins, Jake commet énormément d'erreurs quand il doit mener un combat contre son moi profond et perd la plupart des rounds au point, quand il n'est pas K.O debout à chaque nouvelle séparation, à chaque nouveau divorce.
Et nul doute que là où il donne le meilleur de lui-même, c'est sur un ring. Refusant tout d'abord de verser dans les manigances de la Mafia qui régente le circuit pugilistique d'une main de fer dans un gant de plomb, Jake finit par comprendre que pour devenir le champion du monde de sa catégorie, ou tout au moins pour avoir l'opportunité de défier les meilleurs challengers en vue de remporter enfin le titre tant convoité, il n'a d'autre alternative que de se compromettre avec des truands qu'il exécre. Acceptant de se coucher lors d'un premier combat « test », il obtient alors le droit de se mesurer aux pointures de l'époque : les prestigieux Sugar Ray Robinson, Tony Zale et Marcel Cerdan. En cette fin des années 40, la concurrence est sauvage et devenir champion du monde, une fin en soi pour des hommes qui ont tous eu, très jeune, une revanche à prendre sur la vie. A force de volonté, d'entrainements intensifs, d'abnégation et de méchanceté avérée le rongeant de l'intérieur, à la fois conspué par certains et idolatré par d'autres, Jake La Motta finit par devenir champion du monde, le 16 juin 1949, au terme d'un combat contre Marcel Cerdan resté dans toutes les mémoires. Et dont la revanche n'eut jamais lieu, Cerdan périssant dans l'accident d'avion que l'on sait en se rendant de Paris à New York pour tenter de reconquérir son titre. Pendant près de deux ans, La Motta va vivre sur un petit nuage, enfin comblé, avant de connaître comme tout champion son chant du cygne. Après avoir raccroché les gants, il s'installe à Miami, ouvre un night club, atterrit en prison selon lui pour de mauvaises raisons, retourne dans son New York natal et s'improvise comédien là encore à force de travail, lecteur féru de toutes sortes de savoirs.
Personnalité complexe et pour le moins attachante, Jake La Motta demeure une icône de la boxe mais c'est avant tout l'homme pétri de contradictions que cette autobiographie révèle. Pour avoir eu l'occasion de rencontrer quelques champions du monde de boxe, il émane d'eux une aura très particulière, quelque chose qui force le respect car le sport qu'ils ont choisi est certainement le plus brutal, le plus viscéral et en définitive le plus pur qui se puisse trouver. Ce n'est pas un hasard si on qualifie la boxe de « Noble Art ». Le boxeur est un artiste, un trapéziste volant qui exécute ses crochets et ses jabs sans filet. Et quelqu'un de noble au sens chevaleresque du terme, à la fois gladiateur et cavalier sans monture d'une joute où ses poings remplacent la lance des tournois de jadis, le corps à nu offert au voyeurisme d'un public venu voir son sang couler. Qui a vu et senti l'odeur de ce sang gicler et souiller le ring, au pied des cordes, recevra cette introspection comme l'uppercut marquant qu'elle évoque. Celui balancé par un drôle de bonhomme, qui du haut de ses 90 ans révolus a vécu plusieurs vies en une et finalement survécu à la plupart de ses contemporains. A noter qu'un « Raging Bull II » avec le fascinant William Forsythe dans le rôle de La Motta est annoncé aux USA pour cet été et qu'un site assez remarquable lui est entièrement dédié : http://officialjakelamotta.com/biography.
Ce livre épatant qui vient de paraître chez 13ème Note Editions au format poche est agrémenté d'une généreuse postface consacrée au monde de la boxe. A se procurer d'urgence et à savourer pleinement en réécoutant Claude Nougaro scander ses fameuses « Quatre Boules de Cuir » (http://www.youtube.com/watch?v=_TRCs4SAjYI).