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Date de création : 30.03.2011
Dernière mise à jour : 02.02.2025
485 articles


Very Wells Mister Lodge !

Publié le 12/02/2012 à 23:44 par lesartsausoleil Tags : bonne amour coeur homme vie chez enfants travail femmes art mer jeux lecture

Entre deux romans épinglant les travers d'un milieu universitaire qu'il connait par coeur, David Lodge aime à se livrer à un travail érudit en redonnant vie à ses illustres aînés. Après avoir rendu hommage à Henry James dans « L'auteur, l'auteur », formidable biographie romancée d'un être tout entier dévoué à son art qui sera en quelque sorte passé complètement à côté de sa vie d'homme, tout en retenue comme si son fluide spermique avait pu contrarier celui de son inspiration, il explore l'existence radicalement opposée de H.G Wells, dont on se souvient avant tout des oeuvres fantastiques. A la lecture de ce pavé foisonnant de plus de 700 pages, on découvre un Wells méconnu, humaniste, visionnaire, fortement impliqué politiquement dans la vie de son pays mais également un Wells insatiable sur le plan sexuel, coureur de jupons invétéré et Pygmalion dans l'âme (bien qu'ironiquement souvent opposé à G.B Shaw au sein de leur propre camp socialiste). Il y a souvent de l'Alexandre Dumas chez Wells qui devient un auteur lu et reconnu contre toute attente, alors que rien dans son parcours initial ne le prédestine à devenir l'un des écrivains majeurs de son temps. Car Wells doit sans cesse produire dès lors qu'il décide de vivre sur la base d'un train de vie sinon princier du moins digne d'un bon bourgeois, alternant séjours à la campagne, au bord de la mer, vie mondaine à Londres et vacances à l'étranger, au gré de ses humeurs, de ses envies et de ses opportunités extraconjugales. Volontiers zélateur de l'amour libre, Wells se vantait d'avoir épousé à chaque fois des femmes acceptant tout de lui, infortunes conjugales comprises, ce qui donne lieu à de savoureux dialogues quand dans l'intimité du foyer le grand homme réclame non seulement l'assentiment de sa conjointe mais également son avis autorisé sur les questions qu'il se pose. En plus de ne rien lui cacher de ses frasques, de ses plaisirs pris, comme des scandales qui menacent leur nom et sa réputation quand il s'amourache de jeunes filles de bonne famille à peine majeures, au grand dam de certains de leurs proches, il tient à recueillir son sentiment sur la marche à suivre quand il s'évertue à se débarrasser de l'une ou à installer l'autre dans un meublé pour l'entretenir comme maitresse officielle. Et ces dames se rencontrent, s'estiment, gravitant autour du grand penseur comme des satellites autour d'un astre, flattant son ego et le rassurant sur sa capacité à séduire, lui qui vieillit sous nos yeux et dont le corps et l'aspect physique évoquaient moins Don Juan qu'un personnage de notaire à la Dickens, petit et replet. Ce qui ne l'empêchait pas de plaire, bien au contraire et de compter au nombre de ses conquêtes des plumes prometteuses ou des personnalités hautes en couleurs. Profondément marqué par les deux conflits mondiaux, le premier à distance relative puisque les combats ne se déroulaient pas sur le sol anglais et le second en qualité de témoin malheureusement privilégié des progrès de la science dont il pressentait les dangers quand les bombes nazies s'abattirent sur Londres pendant le Blitz, Wells s'éteignit peu après la fin des hostilités. Génie protéiforme, moins sensuel qu'insatiable sexuellement (il se revendiquait peu romantique mais d'un appétit conséquent), dessinateur doué, inventeur du wargame avec figurines (ce que Lodge décrit très bien au travers des jeux qu'il pratiquait avec ses enfants), Wells est passé à la postérité comme l'un des pères fondateurs de la science fiction. Plus prosaïquement, parce que derrière tout écrivain il y a d'abord un être humain, David Lodge a parfaitement résumer dans le titre français de l'ouvrage sa conception du bonhomme qui restera pour le lecteur grisé par tant de maestria narrative : « Un Homme de Tempérament » (paru chez Rivages, maison d'édition attitrée de David Lodge).