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Date de création : 30.03.2011
Dernière mise à jour : 23.01.2025
484 articles


LA CITÉ SOUS LES CENDRES : L’ADIEU AUX ARMES DE DON WINSLOW

Publié le 03/06/2024 à 18:46 par lesartsausoleil
LA CITÉ SOUS LES CENDRES : L’ADIEU AUX ARMES DE DON WINSLOW

Dernier volet de sa trilogie initiée par La Cité en flammes, mais hélas dernier opus tout court de ce grand maitre du polar qui a décidé de raccrocher les gants (même si d’évidence il n’écrit pas avec une telle paire au bout des doigts !), La Cité sous les cendres traduit par Jean Esch pour HarperCollins Noir est de ces romans qu’on quitte en retardant le moment d’en refermer l’ultime chapitre.

Aussi fort que Le Parrain ou Les Affranchis, digne d’un Dennis Lehane au meilleur de sa forme, la fin de ce triptyque démarre là où s’interrompait La Cité des rêves, quand Danny Ryan débarque à Las Vegas après avoir quitté Hollywood, pour aller justement au bout de ses rêves, ambitionnant de devenir l’empereur du monde des casinos en édifiant les hôtels les plus extraordinaires que Sin City ait jamais vu s’élever vers le ciel.

Dans une prose qui vous happait déjà dans les deux volumes précédents sans jamais vous lâcher en cours de route, Winslow maitrise sa saga d’une main d’orfèvre, entremêlant les fils de ses intrigues précédemment laissées en suspens pour les faire converger en direction de Vegas, tout en opérant des détours du côté de Providence là où tout avait commencé.

On retrouve ici les familiers de Danny Ryan qui l’entourent et le protègent depuis ses débuts dans le monde du crime organisé, bien qu’il mette tout en oeuvre à présent pour s’offrir enfin une certaine forme de respectabilité dans le monde des affaires de Vegas où naviguent encore en sous-main des individus peu recommandables pour ne pas dire dangereux, directement liés à la mafia.

Rivalités entre barons des machines à sous s’exacerbant de page en page et fatum rattrapant tous les protagonistes dans un crescendo de violence et de destins brisés, coups bas et tordus mais aussi coups de fusils et de poings mêlés dans le dernier tiers du récit, on savoure d’autant plus volontiers la trame frénétique de l’intrigue qu’on est conscient d’avancer vers les adieux aux armes d’un des plus grands auteurs de son époque.

Et Don Winslow de nous foudroyer d’émotion quand l’épilogue de sa trilogie s’en vient se noyer dans les vagues de l’Atlantique, les cendres du titre prenant alors la pleine mesure de leur portée humaine.

Au point qu’on espère un revirement de sa part et l’annonce future d’un comeback au polar, tant il va grandement manquer à ses fans dont nous sommes et pas qu’un peu !

 

 

 

STELLA ET L’AMÉRIQUE : UN PUTAIN DE POLAR ICONOCLASTE !

Publié le 19/05/2024 à 16:01 par lesartsausoleil
STELLA ET L’AMÉRIQUE : UN PUTAIN DE POLAR ICONOCLASTE !

Dans la lignée des romans de Charles Williams (on pense notamment à Fantasia chez les ploucs), Stella et l’Amérique signé avec brio par Joseph Incardona aux éditions Infinitude a le don de vous happer dès les premières lignes pour ne plus vous lâcher pendant plus de 220 pages.

Avec son héroïne incroyable, jeune guérisseuse en passe de devenir sainte tant elle a le don miraculeux de rendre la vue aux aveugles et leurs jambes aux paraplégiques, ce polar prend d’emblée la tangente loin des codes balisés du genre en nous dévoilant l’art et la manière qu’elle a de pratiquer la chose, en couchant tout bonnement avec les hommes qu’elle soigne au-delà de toute logique cartésienne.

Et de toute morale, aux yeux de l’église catholique qui bien que preneuse en théorie d’une nouvelle sainte, estampillée originalement made in USA, prend vite ombrage en la personne du pape de cette Marie-Madeleine des temps modernes au comportement sacrilège.

Pourchassée par un duo de tueurs aux ordres du Vatican, Stella prend alors la tangente, épaulée par un prêtre en mal de rédemption qui va tout mettre en œuvre pour lui éviter d’être sacrifiée sur l’autel du trône de Saint Pierre, leur cavale en forme de road movie tarantinesque convoquant en guise de seconds rôles hors norme aussi bien un vieux couple attendrissant de bohémiens que des Hell’s Angels en colère.

Bref, un pur régal d’apologie de la candeur, confrontée à l’hypocrisie des corps constitués face aux corps se dénudant, nous embarquant dans une traversée de l’Amérique dont l’acmé du côté de Las Vegas vaut son pesant de scènes picaresques.

Un vrai petit miracle de polar intrinsèquement iconoclaste et fier de l’être, tout à la fois drôle et d'une violence latente, prête à nous exploser entre les doigts à chaque chapitre pour notre plus grand plaisir.

 

 

UN MÉTIER DANGEREUX, BEAU TABLEAU FÉMINISTE DU WILD WEST

Publié le 03/05/2024 à 14:19 par lesartsausoleil
UN MÉTIER DANGEREUX, BEAU TABLEAU FÉMINISTE DU WILD WEST

Dans une traduction de Carine Chichereau, Un métier dangereux de la grande romancière américaine Jane Smiley (Prix Pulitzer 1992) paru récemment chez Rivages nous transporte sur la côte Pacifique californienne, pile au mitan du 19ème siècle, du côté de Monterey, ville balnéaire que cette grande femme de lettres connait d’autant mieux qu’elle réside à quelques encablures de là, dans la charmante ville de Carmel.

Pour qui s’est déjà promené dans ce petit coin de paradis rendu célèbre par John Steinbeck qui en fit le décor de plusieurs de ses romans dont Rue de la sardine, la plume de Jane Smiley restitue au mieux le climat comme la faune et la flore de l’endroit, éminemment plus rude et plus sauvage alors qu’il ne peut l’être en cette première moitié du 21ème siècle.

Sur les traces de son héroïne, Eliza Ripple, une toute jeune veuve subsistant en faisant commerce de ses charmes dans l’une des maisons de tolérance de l’endroit, on découvre tout un microcosme de marins, de petits bourgeois, de fermiers et d’aventuriers en tous genres, hantant ce claque bien tenu pour y prendre quelques minutes de plaisir, avec plus ou moins de rudesse ou de bienveillance envers ces dames dites de petite vertu.

La découverte de plusieurs cadavres, victimes d’un potentiel tueur en série s’en prenant violemment aux prostituées du cru plonge Eliza et son amie Jean dans une forme de stupeur intriguée, que la lecture d’Edgar Poe va transformer en volonté délibérée de démasquer le meurtrier, en véritables émules du Dupin de Double assassinat dans la rue Morgue.

Avec beaucoup de délicatesse pour ne pas dire de tendresse pour ces deux hétaïres du Far West, Jane Smiley dépeint parfaitement la condition féminine de l’époque, à travers ce duo de femmes plus fortes qu’elles n’en ont l’air, éprises de leur indépendance obtenue au prix de leur corps et épaulée pour ce qui concerne Eliza par une tenancière de maison close moins mère maquerelle que protectrice au sens plein du terme.

Sans jamais juger son personnage central, à la moralité valant bien celle de ses contemporains sans foi ni presque loi, Smiley mélange parfaitement tableau de mœurs et enquête palpitante avec pour toile de fond pour ne pas dire personnage à part entière du récit la ville de Monterey et ses alentours.

Un vrai régal pour qui s’est un jour promené le long des plages et des collines de cette contrée quelque peu magique, en baguenaudant notamment de Point Lobos jusqu’à Big Sur et que l’on retrouve avec plaisir dans le Play misty for me (Un frisson de nuit) de et avec Clint Eastwood qui fut par ailleurs maire de Carmel.

Si vivre est pour les femmes un métier dangereux en soi comme l’exprime ici Jane Smiley à travers le titre même de son ouvrage, écrire si bien est assurément un don plus qu'un métier, à nul autre pareil.

 

 

POINT DE RUPTURE : COMME UN AIR DES TROIS JOURS DU CONDOR

Publié le 27/04/2024 à 18:29 par lesartsausoleil
POINT DE RUPTURE : COMME UN AIR DES TROIS JOURS DU CONDOR

Un duo d’enquêteurs intègres, un témoin d’origine irakienne exilé malgré lui aux Etats-Unis hanté par son passé tragique et une jeune journaliste portée sur la bouteille se retrouvent impliqués dans une enquête criminelle dépassant de loin les enjeux d’une simple investigation de routine ; tel pourrait être le résumé succinct de Point de rupture, le nouvel opus de Kevin Powers paru chez Stock dans une traduction d’Emmanuelle et Philippe Aronson.

Dès l’entame, la découverte sur une plage de Virginie du corps d’un parfait inconnu par Arman Bajalan, ancien interprète de l’armée américaine à Mossoul, enclenche une implacable mécanique mortelle dont la logique échappe tant à ce dernier qu’à la lieutenante Catherine Wheel ainsi qu'à son équipier le sergent Lamar Adams, avant qu’ils ne comprennent que tout cela les ramène vers l’Irak et un certain consortium militaire complotant à des fins mercantiles en lien avec les plus hautes sphères du pouvoir.

A l’instar du personnage campé par Robert Redford dans Les 3 Jours du Condor de Sidney Pollack d’après le roman de James Grady, nos trois protagonistes bientôt rejoints par la journaliste lancée en parallèle sur la piste de ce fameux consortium doivent affronter d’implacables tueurs bien résolus à faire place nette, en éliminant impitoyablement quiconque se dresse sur leur route, avec pour seul mot d’ordre d’éradiquer toute menace potentielle pour leur commanditaire et son business lucratif.

Comme dans un volet de la saga Jack Reacher, les coups pleuvent et les cadavres s’amoncellent dans un récit mené tambour battant par l’auteur de Yellow Birds qui connait mieux que bien les traumas du conflit irakien pour y avoir combattu très jeune.

Aussi violent que désenchanté par moments, bien que teinté d’espoir dans ces derniers paragraphes, son roman se dévore en retenant notre souffle, tant on redoute que ses héros de papier ne finissent par payer au prix fort leur sens aigu de la justice.

Du sens de l’honneur, il est également pleinement question dans ce thriller plus qu’haletant qui ne ménage pas plus le lecteur que ceux qui en forgent la trame de leur sueur et de leur sang, en imaginant aisément quel excellent synopsis Hollywood pourrait en tirer pour le grand écran.

Pour 400 et quelques pages de tension pure, sur l’autel de laquelle la psychologie des personnages n’est toutefois jamais sacrifiée, teintant d’une rare émotion certains passages aussi poignants que bouleversants.

KATIE, LA PLUS MARTEAU DES HEROINES QUI SOIT

Publié le 21/04/2024 à 22:32 par lesartsausoleil
KATIE, LA PLUS MARTEAU DES HEROINES QUI SOIT

Après la South Gothic saga ‘’Blackwater’’, véritable succès éditorial amplement mérité qui nous a fait découvrir en mode feuilletonesque le talent du regretté Michael McDowell, auteur à succès de vrais bons romans populaires dans les années 80 et 90, encensé par Stephen King mais totalement méconnu dans l'hexagone, après ‘’Les Aiguilles d’Or’’, plongée haletante dans les arcanes d’un New York à la Dickens, voici venue ‘’Katie’’, nouvelle perle rare du créateur de Beetlejuice, disparu prématurément en 1999.

Cet opus qui se déroule en 1871 et que Michael McDowell présentait volontiers comme le plus plaisamment coupable qu’il ait eu à écrire côté séquences gore oppose dans un New Jersey encore agricole l’infiniment bonne Philoxema Drax à sa simili cousine Katie Slape (la Katie du titre), voyante surdouée n’aimant tant rien que lire l’avenir à son prochain, en assortissant certaines de ses consultations de furieux coups de marteau.

Saisissant affrontement au long cours entre deux jeunes femmes que tout oppose mais que le destin s’ingénie avec malice à confronter violemment tout au long du récit, l’intrigue jonchée de cadavres suit à la trace sanglante le parcours criminel de Katie, flanquée d’un père et d’une belle-mère pareillement dépourvus de scrupules.

S’acharnant sur Philomexa pour mieux la spolier de toute forme de bonheur domestique possible, en la désignant au passage à sa place à la vindicte populaire pour mieux échapper à la justice, Katie s’affirme de page en page comme l’une des plus épouvantables méchantes que la littérature anglo-saxonne ait jamais engendrée.

C'est peu de dire que l'on se délecte de ce mano à mano entre deux demoiselles pareillement résolues à s'élever au-dessus de leur condition, en faisant montre de nobles qualités de coeur pour l'une quand l'autre emprunte résolument la voie du crime, telles les deux face d'une même médaille ou plutôt d'une même pièce de monnaie au pays du dollar roi.

Pour un duel à mort entre le vice et la vertu qui nous promène de New York à Saratoga avec maestria, en digne héritier des penny dreadful d’antan truffé de rebondissements aussi rocambolesques que violents, Michael McDowell truffant volontiers son propos d'une pointe de sadisme pour rendre le tout encore plus pimenté.

Aussi beau que bon, voilà un nouvel opus encore magnifiquement édité par Monsieur Toussaint Louverture à dévorer toute affaire cessante dans une traduction de Jean Szlamowicz.

Avis aux amateurs ! 

 

DESCENTE : L’HÉROÏSME AU NOIR SELON LOU BERNEY

Publié le 16/04/2024 à 19:00 par lesartsausoleil
DESCENTE : L’HÉROÏSME AU NOIR SELON LOU BERNEY

Après November Road et Seuls les vivants, le nouveau roman noir de Lou Berney paru chez HarperCollins dans une traduction de Souad Degachi et Maxime Shelledy nous entraine dans une petite ville américaine lambda où réside Hardly, jeune employé d’un parc d’attractions d’un autre âge, vivotant entre son job sans grand intérêt et la consommation de stupéfiants qui le font planer au-dessus de son quotidien routinier.

Jusqu’à ce qu’il croise inopinément la route de Pearl et Jack, deux bambins dont il détecte la détresse muette, en repérant des stigmates marquant leurs petits corps, comme s’ils avaient été brûlés à la cigarette par quelque main criminelle.

Suspectant les parents de ces derniers de maltraitance, Hardly se lance alors avec les moyens qui sont les siens dans une croisade à la Don Quichotte, se fiant à son instinct et à sa seule volonté de bien faire pour mettre un terme à leurs potentiels agissements.

Face à des services sociaux aussi incrédules que sclérosés, il s’en remet à son inspiration pour entreprendre ce qu’il estime être juste et délivrer peu ou prou ces innocents des griffes de leurs géniteurs aberrants.

Narré à la première personne, le récit de cette quête de la vérité se double d’une introspection sensible, Hardly se révélant un être fort attachant au fil de chapitres où il tente d’agréger quelques bonnes volontés susceptibles de l’épauler dans sa démarche.

Tous les personnages secondaires avec lesquels ils tissent des liens amicaux voire charnels sont parfaitement bien campés, à l’instar de la description de ce microcosme sociétal, fin résumé d’une Amérique oscillant entre violence latente et grands sentiments, sans manichéisme manifeste.

On se laisse rapidement prendre aux pièges haletants de cette histoire mouvementée, dont le héros involontaire se révèle à lui-même, au gré de rebondissements assez imprévisibles dont on se gardera bien de révéler l’acmé.

Conte cruel moderne, Descente se veut moins une plongée en enfer qu’une réinterprétation du rêve d’Icare auquel l’auteur fait explicitement référence, toute élévation vers la lumière induisant le fatum mythologique que l’on sait, revers de la médaille d'une postérité à haut risque.

 

 

UN ENFANT QUI MORD, HISTOIRE DE VAMPIRE EN HERBE ALPESTRE

Publié le 13/04/2024 à 15:00 par lesartsausoleil
UN ENFANT QUI MORD, HISTOIRE DE VAMPIRE EN HERBE ALPESTRE

Vingt-cinquième opus d’une collection fleurant bon le pulp d’antan et l’air pur des sommets alpins, soudain vicié par quelque malédiction locale, cet Enfant qui mord signé de notre cher Jean-Pierre Andrevon et paru chez Gore des Alpes se glisse en bonne place dans cette belle anthologie du lugubre et de la terreur, à la mode d’un terroir fertile en la matière.

Variation sur la thématique éternelle du vampirisme, ce récit de plus de cent trente pages nous relate par le menu la descente aux enfers d’un assistant-réalisateur expédié en plein Vercors, en compagnie d’une équipe de tournage des actualités régionales l’abandonnant incidemment un dimanche soir, en rase campagne.

Livré à lui-même, le jeune Yann Flandrin trouve refuge au cœur d’un village à la Brigadoon de Vincente Minnelli, dans un hôtel hors d’âge où il reçoit nuitamment la visite d’une demoiselle aux allures de goule, qui non contente de se glisser nue dans son lit lui affirme plus de neuf mois après qu’il est le père de son étrange bébé.

Un enfant de l’amour ou plutôt de la mort évoquant le terrible rejeton du Monstre est vivant de Larry Cohen, prêt à tout pour croitre en se repaissant de sang humain, quitte à saigner à blanc son propre géniteur comme ses relations passant à sa portée.

Avec le talent narratif qu’on lui connait, le père du Furet travaille au corps ses personnages comme le lecteur, horrifié par ce conte aussi sensuel que glaçant, en forme de cauchemar sans fin fleurant bon ces terrifiantes légendes dans la veine palpitante de La Vouivre de Marcel Aymé.

A se procurer chez Gore des Alpes : https://goredesalpes.ch

 

VINE STREET : SOHO SUR MEURTRES À LA ELLROY

Publié le 10/04/2024 à 14:18 par lesartsausoleil
VINE STREET : SOHO SUR MEURTRES À LA ELLROY

Avec Vine Street paru chez Rivages/Noir dans une traduction de Bernard Turle, Dominic Nolan s’impose incontestablement comme le nouvel auteur britannique à suivre, fort de ses 672 pages d’énigme criminelle palpitante de bout en bout.

Nous plongeant dans les bas-fonds londoniens des années 30 aux années 60 avec la même maestria que James Ellroy le faisait dans ceux de Los Angeles dans son mythique Dahlia Noir, Nolan cisèle une intrigue reconstituant à merveille l’ambiance babylonienne de Soho durant ces trois décennies, épisode dramatique du Blitz comprise.

Comment ne pas se passionner pour l’enquête menée par Leon Geats, flic à la brigade des mœurs et night-clubs de la police du district de Westminster, véritable spécialiste de la lie de cette enclave s’animant la nuit au détour de multiples lieux de plaisirs et de débauche dans lesquels se côtoient gibiers de potence, musiciens de jazz, prostituées, bourgeois voire dames de la haute-société, s’encanaillant frénétiquement dans un tourbillon de libations, sexe et drogues en tous genres.

Une enquête consacrée aux agissements d’un mystérieux assassin, aussi impitoyable qu’insaisissable, agissant au nez et à la barbe de la justice comme jadis, plus à l’est dans la capitale, un certain Jack l’Eventreur; le Brigadier ici à l’œuvre n’ayant rien à envier dans le genre au sinistre tueur londonien de la fin du 19ème siècle.

Non content de nous offrir en fil rouge un saisissant portrait de Londres et tout particulièrement de Soho et du West End qui se fait moins cadre du récit que personnage à part entière de celui-ci, l’auteur entremêle en mode poupées russes une autre intrigue dans l’intrigue, laissant planer sur l’existence même de Geats de gros points d’interrogation quand le rideau se lève sur le couple des protagonistes au centre de l’histoire, collègues et amis de ce limier au destin singulier.

Qu’il décrive Londres sous les bombardements nazis, le quotidien de ses habitants à la merci de cet enfer venu du ciel ou les règlements de comptes plombant la pègre locale sur fond d’espionnage et de magouilles de toutes sortes, Nolan dessine avec une acuité poignante toutes ces trajectoires plus ou moins tragiques, en évitant toute forme de pathos même dans ses chapitres les plus poignants.

Si les hommes en prennent volontiers pour leur grade tant les femmes tendent à subir dans l’intrigue la malignité du sexe dominant, elles prennent pour certaines néanmoins leur revanche en s’émancipant du mieux qu’elles le peuvent, au gré de leurs revers de fortune et des vicissitudes de l’Histoire en marche.

A la source de laquelle Nolan tire son inspiration, convoquant là quelques figures féminines emblématiques de l’époque, de la volontiers provocatrice actrice Tallulah Bankhead aux sulfureuses sœurs Mitford, lesquelles confère la patine de vérisme voulue pour rendre ce saisissant pavé encore plus fascinant.

Pour une vraie réussite littéraire qui dépasse le seul giron du polar et consacre là un grand auteur tout court.

HOLLY, LE GRAND KING DE L’HORREUR A ENCORE BIEN FRAPPÉ !

Publié le 02/04/2024 à 18:21 par lesartsausoleil
 HOLLY, LE GRAND KING DE L’HORREUR A ENCORE BIEN FRAPPÉ !

Dernier opus en date de Stephen King paru comme à l'accoutumée chez Albin Michel (dans une traduction de Jean Esch), Holly et ses plus de 500 pages écrites au présent nous entrainent à la poursuite du Mal à visage humain dans ce qu’il peut avoir de plus « prosaïque et extravagant » comme le définit parfaitement lui-même l’auteur de Misery.

Un de ses romans cultes auquel il emprunte du reste certaines caractéristiques puisqu’il est ici aussi question de séquestration, mais pour des motifs assez différents de ceux qui poussaient l’infirmière Annie Wilkes à confiner à demeure l’écrivain Paul Sheldon.

Faisant de la détective privée Holly Gibney - apparue dans Mr Mercedes - le fil conducteur de cette enquête hors norme se déroulant en 2021, King profite de son polar horrifiant pour brosser le portrait d’une Amérique aux prises avec la pandémie de Covid et de manière sous-jacente pour brocarder les partisans de Donald Trump rêvant de voir revenir au pouvoir leur ex-président déchu.

Tentant de retrouver la trace d’une jeune femme disparue sans crier gare, Holly finit par découvrir qu’elle n’est pas la seule à s’être ainsi volatilisée, comme si quelque force mystérieuse s’était emparée d’elle et de ses compagnons d’infortune dans un périmètre pourtant quelque peu circonscrit.

Prenant le parti de nous dévoiler assez tôt dans le récit l’identité des auteurs de ces rapts, King s’y entend pour décrire par le menu les mobiles d’un tandem haut en couleur, couple follement dérangé au point de se comporter tel un redoutable ogre bicéphale.

Pour un conte de fées moderne qui stigmatise au passage racisme, homophobie et délires complotistes en tous genres, aussi résolument combattus par son attachante héroïne que la démente théorie criminelle à l’œuvre, scandant l’intrigue jusqu’à la crise de foi(e).

Moins roi de la terreur que tout simplement littérateur hors pair, le King nous gratifie là encore d’une œuvre diaboliquement bien troussée, aussi haletante que pétrie d’empathie envers les victimes de tous les Jekyll & Hyde de la terre.

 

 

 

AU NORD DE LA FRONTIÈRE : GRAND CRU CLASSÉ DE R.J. ELLORY

Publié le 21/03/2024 à 18:01 par lesartsausoleil
AU NORD DE LA FRONTIÈRE : GRAND CRU CLASSÉ DE R.J. ELLORY

Dans une ultime traduction de Fabrice Pointeau (révisée par Pierre Delacolonge) auquel le roman est quelque peu dédié à travers une émouvante page de remerciements de l’auteur, le nouveau polar en date de l’auteur de Seul le silence qui vient tout juste de paraitre chez Sonatine a vraiment tout pour enthousiasmer les fans.

Expédiant son lecteur en plein cœur des Appalaches au début des années 90, Ellory imagine la drôle d’enquête menée par Victor Landis, le shérif solitaire d’un petit comté de Géorgie confronté à une série de découvertes macabres dépassant de loin ses prérogatives juridictionnelles, couplée au décès de son frère Franck dans des circonstances pour le moins équivoques.

Ce dernier, également shérif dans un comté frontalier, a en effet été retrouvé sans vie sur le bas-côté d’une route où quelque chauffard semble l’avoir percuté avant de lui rouler dessus et de l’y laisser pour mort ; disparition ressemblant moins à un accident qu’à une exécution en règle au regard de l’état du corps, victime de multiples fractures.

Brouillé avec le défunt, Victor découvre à cette occasion l’existence d’une jeune nièce dont il ignorait tout jusque-là, laquelle lui réclame sans ambages de faire en sorte de résoudre le mystère entourant ce fort probable meurtre prémédité.

Imbriquant les états d’âme introspectifs de Victor Landis à un récit criminel palpitant, sur fond de corruption et de violence sournoise hantant la contrée à la manière d’un classique opus de James Lee Burke, brossant là le portrait fascinant d’une communauté aux prises avec ses mensonges et ses monstres à l’affut, Au nord de la frontière distille son lot de suspense et d’émotions en creusant au plus profond des fêlures de son héros attachant.

Dialogues savoureux (mention spéciale pour ceux rythmant les échanges entre Victor et son impayable secrétaire Barbara), séquences d’extrême tension réussies quand il s’agit de faire tomber les masques de certains protagonistes en leur extorquant avec les moyens du bord des aveux décisifs, peinture immersive au possible de l’Amérique de ces années-là comme d’une nature omniprésente ; ces presque 500 pages de bonne littérature populaire se dévorent avec gourmandise, en véritable page-turner emblématique du genre. Un vrai régal pour les amateurs !