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Date de création : 30.03.2011
Dernière mise à jour : 23.01.2025
484 articles


LE CERCLE DES OBLIGÉS : UNE BIEN ÉTRANGE AFFAIRE IRRÉSOLUE

Publié le 23/01/2025 à 19:01 par lesartsausoleil
LE CERCLE DES OBLIGÉS : UNE BIEN ÉTRANGE AFFAIRE IRRÉSOLUE

De Philippe Brunel, émérite journaliste sportif dont on a pu apprécier la fine connaissance du monde du cyclisme dans son « Vie et mort de Marco Pantani », les amateurs d’œuvres originales retiennent volontiers ses récits en forme d’enquêtes intimes, à l’instar de « La Nuit de San Remo » relatant la mort tragique du chanteur transalpin Luigi Tenco le grand amour de Dalida et de son « Laura Antonelli n’existe plus » dédié à la mémoire de l’actrice italienne.

Le Cercle des Obligés paru en ce début d’année chez Grasset est de cette bonne veine-là, mélange de souvenirs convoqués le long de la côte hyéroise et d’évocation de l’affaire Markovic, du nom de l’homme à tout faire d’Alain Delon, assassiné en toute impunité par quelque main criminelle, à ce jour toujours non identifiée, et pour un mobile qui reste encore à éclaircir.

Entremêlant au récit de ses débuts auprès d’un mentor lancé sur la piste du ou des mystérieux assassins de l’ambigu jeune homme le portrait de cet être qui tel Icare a fini par se brûler les ailes en jouant probablement de trop près avec le feu, l’auteur égrène les hypothèses entourant ce meurtre sordide, tout en nous brossant un tableau haut en couleur du milieu varois.

Car tout indique que Markovic - qui frayait dans des sphères interlopes tout en jouant à un jeu fort dangereux avec son fameux employeur - s’est d’évidence retrouvé dans la ligne de mire de personnages sans états d’âme au moment de lui infliger une correction éminemment létale.

Peu importe en définitive de savoir véritablement qui tenait l’arme fatale et qui a commandité cet assassinat, sachant que son prédécesseur avait connu une fin tout aussi tragique à Los Angeles dans le sillage d’un Delon décidément poursuivi par le sort en la matière.

Ce qui compte pour Brunel c’est moins de résoudre cette énigme que d’user de ce fait divers pour convoquer au détour de chapitres nostalgiques d’une époque révolue les fantômes de Jean-Pierre Melville comme de ses propres parents, avec pour cadre temporel celle de la France de la fin des années élyséennes de De Gaulle, quand le petit monde de la politique, du showbiz, des barbouzes et du Milieu faisait plus ou moins bon ménage.

Histoire d’amitiés, de fidélité, de trahisons aussi, Le Cercle des Obligés nous parle d’un temps que les moins de vingt ans comme de trente et quarante ne peuvent pas vraiment connaitre, sous la forme d’une étude de mœurs à tous les sens du terme qui tend à nous passionner de bout en bout tant le sujet inspire et transcende son auteur dans un style éminemment plaisant, ce qui ne gâte rien.

 

SANS SOLEIL, BONNE DOUBLE DOSE DE SUSPENSE MALÉFIQUE !

Publié le 17/01/2025 à 19:00 par lesartsausoleil
SANS SOLEIL, BONNE DOUBLE DOSE DE SUSPENSE MALÉFIQUE !

Évènement éditorial hexagonal de ce début d’année, la sortie du nouvel opus de Jean-Christophe Grangé fait voir double aux fans de l’auteur des ‘’Rivières Pourpres’’ puisque son ‘’Sans Soleil’’ se décline chez Albin Michel en deux volumes au style très prenant, nous offrant là tous les ingrédients d’un bon vieux roman feuilleton d’antan.

Nous entrainant du Paris des années 80 à Haïti, en passant par le Maroc et la touffeur de la canopée africaine, l’intrigue brosse le portrait de trois êtres dont les destins se télescopent à la faveur d’une sombre enquête criminelle se déroulant dans les milieux homosexuels de la capitale, sur fond de découverte et de propagation du SIDA.

Unissant leurs forces, un flic, un médecin spécialiste de la maladie et l’amie d’une victime littéralement dépecée par un être maléfique jouant de la machette avec une rage folle se lancent à la poursuite de ce tueur insaisissable, qui frappe comme la foudre en toute impunité et semble même se dédoubler au gré de rebondissements évoquant l’univers glauque du Cruising de William Friedkin avec Al Pacino.

Reconstituant avec talent l’ambiance du Paris interlope des années 80 dans le premier tome (‘’Disco Inferno’’) avant de dépeindre non moins brillamment dans sa suite (‘’Le Roi des ombres’’) la violence latente d’une Haïti devenue l’ultime terrain de chasse de notre trio, plus que jamais aux trousses de sa terrible Némesis, l’auteur mêle habilement aux ingrédients classiques du thriller une touche de fantastique, en faisant de son serial killer une sorte d’incarnation vaudou d’un Mal quelque peu protéiforme.

Laquelle évolue vraiment comme un poisson dans l’eau dans une ambiance de giallo tropical aux accents baroques en diable, propre à vous distiller autant de nuits blanches que de sueurs froides, jusqu’au dénouement final dont on se gardera bien d'évoquer peu ou prou la teneur, pour laisser au lecteur le plaisir d'en savourer le puissant climax haletant.

 

                   .

CHIENS DES OZARKS : PAR LA FORCE DES LIENS DU SANG

Publié le 03/01/2025 à 17:21 par lesartsausoleil
CHIENS DES OZARKS : PAR LA FORCE DES LIENS DU SANG

Nouveau venu chez Sonatine dans l’univers déjà riche du polar made in USA, Eli Cranor nous offre en ce début d’année - dans une traduction d’Emmanuelle Heurtebize - un roman dense et tendu loué par la critique de son pays comme par ses pairs à l’instar de S.A. Cosby.

Plantant son intrigue au cœur des monts Ozarks qu’il connait d’autant mieux qu’il réside dans le secteur, Cranor nous brosse le portrait de deux familles rivales amenées à s’affronter dans la petite bourgade de Taggard, Arkansas, à la faveur d’une soirée festive tournant au cauchemar éveillé.

C’est ainsi que Joanna Fitzjuris, lycéenne s’apprêtant à quitter l’endroit pour s’en aller étudier à l’université, se retrouve kidnappée par les Ledford, des dealers de meth accessoirement affilié au Klan qui envisagent de l’échanger auprès d’un trafiquant mexicain contre un bon peu de drogue.

Élevée de manière fort protectrice par son grand-père Jeremiah, patron d’une casse automobile et pas accessoirement sniper vétéran du Vietnam, Joanna ne manque pas de ressource mais on la sent vite assez mal embarquée face à la détermination vengeresse des Ledford, désireux de lui faire payer la mort d’un des leurs, abattu par son propre père.

Alors que la nuit s’avance et que Jeremiah se lance sur le sentier de la guerre, déterminé à délivrer coûte que coûte sa petite-fille chérie, des années de rancœur et de secrets enfouis remontant à la surface forment soudain sous nos yeux le plus détonnant des cocktails, la violence déferlant alors sur Taggard, et ce, sans que la shérif du cru ne puisse faire mieux que de compter les morts tombant comme des mouches sous les balles du vieil homme en colère.

Avec son lot de surprises et de rebondissements tragiques, Chiens des Ozarks nous tient en haleine de bout en bout, ces 304 pages se dévorant d’une seule traite tant on souhaite connaitre le fin mot de ce récit violent et ténébreux se déroulant dans un environnement minéral et métallique parfaitement dépeint ; tout en évoquant au passage toute la tragédie sociale d’un Etat ravagé par la crise économique au point de trouver dans le trafic des stupéfiants en tous genres un funeste second souffle.

Bref, un parfait polar importé d'outre-atlantique pour bien débuter l’année, dont l'auteur est désormais à suivre de près !

JAWS, UNE ÉDITION COLLECTOR POUR LES 50 ANS D’UN MYTHE

Publié le 28/12/2024 à 19:11 par lesartsausoleil
JAWS, UNE ÉDITION COLLECTOR POUR LES 50 ANS D’UN MYTHE

Avant de devenir le blockbuster de l’année 1975 à même de définitivement lancer la carrière du surdoué Steven Spielberg, Les Dents de la mer ont d’abord pris le large dans les rayons des librairies sous la plume de Peter Benchley (1940-2006), un journaliste américain alors en mal de succès littéraire loin de se douter de la déferlante médiatique qui l’attend.

Cherchant un sujet susceptible de toucher le plus grand nombre, Benchley conçoit un monstre de cauchemar à la portée de toutes les imaginations en ancrant dans le réel son récit rappelant à bien des égards le ‘’Moby Dick’’ de Melville comme ‘’Le vieil homme et la mer’’ d’Hemingway dans une version nettement plus mordante.

Adoptant le point de vue du squale vedette de son intrigue, il nous fait découvrir au passage sa complexe mécanique à l’œuvre sous les flots quand elle se met en chasse pour devenir le plus redoutable de tous les prédateurs aquatiques semant la terreur au large de la petite cité balnéaire d’Amity.

Et ce, sans pour autant négliger en surface ses héros bipèdes, Benchley s’y entendant à merveille pour dresser en parallèle le portrait de notables du cru davantage soucieux des retombées économiques de la saison touristique que du sort des vacanciers barbotant à la merci du Grand Blanc déchainé.

Sans oublier celui du shérif Brady dont le couple bat quelque peu de l’aile, avant que ce tenant de l’ordre établi ne soit obnubilé par sa Némesis marine au point de la poursuivre de sa vindicte de la manière que l’on sait, en compagnie d’un vieux loup de mer et d’un jeune océanographe un peu trop proche de son épouse à son goût.

Dans cette belle édition collector, nous sont glissés d’instructifs bonus évoquant la genèse du roman, retraçant le tournage via tout un lot de photos explicites et donnant en postface la parole à l’auteur de manière posthume pour rappeler son engagement sans faille pour la protection de l’écosystème marin, lui qui regrettait que son œuvre ait pu peu ou prou légitimer le sort funeste réservé aux requins, intensivement chassés de par le monde au point de devenir une espèce aujourd’hui menacée

A se procurer en guise d'étrennes chez Gallmeister dans une nouvelle traduction d'Alexis Nolent.

BRONSTEIN DANS LE BRONX : TROTSKI À L’ASSAUT DE L’AMERIQUE

Publié le 11/12/2024 à 18:14 par lesartsausoleil
BRONSTEIN DANS LE BRONX : TROTSKI À L’ASSAUT DE L’AMERIQUE

Sous la plume alerte du grand Robert Littell qui à près de 90 ans (il les aura le 8 janvier prochain) n’a rien perdu de sa verve bien au contraire, Bronstein dans le Bronx (paru chez Flammarion dans une traduction de Cécile Arnaud) nous invite à revivre par un frais matin de janvier 1917 l’arrivée de Lev Davidovitch Bronstein dit Léon Trotski dans le port de New York en compagnie de sa petite famille pour le moins illégitime ; étape américaine d’un exil itinérant qui depuis son évasion d’une prison sibérienne lui a valu de parcourir l’Europe avant de s’embarquer pour les Etats-Unis.

Accueilli par les autorités locales de manière toute particulière puisque son interlocuteur sur place n’est alors rien moins qu’un certain John Edgar Hoover, futur grand patron indéboulonnable du FBI et farouche chasseur de rouges devant l’éternel s’il en fut, Trotski doit montrer plus ou moins patte blanche afin d’obtenir l’autorisation de séjourner dans ce temple du capitalisme incarné qu’est New York, pour y vivoter au gré des articles qu’il va fourbir au profit de confidentielles publications du cru.

Bien décidé à répandre la bonne parole révolutionnaire sur tout le territoire américain malgré les mises en garde du jeune Hoover, Trotski emménage dans le Bronx avant de se lancer à la conquête bolchévique de Manhattan, croisant sur sa route métropolitaine toute une galerie de fervents adeptes de son discours marxiste végétant dans l’attente d’un hypothétique Messie, susceptible de les mener vers une improbable révolution prolétarienne à quelques encablures de Wall Street.

Entre meetings politiques, clubs de jazz et gaudriole, alors que de l’autre côté de l’Atlantique bruissent les prémisses de la révolution d’Octobre et que perdure le premier conflit mondial, Trotski s’essaie à éveiller autant qu’à enflammer les consciences des ouvriers new yorkais tout en courant le guilledou, dialoguant avec sa conscience prenant la forme du propre père de l’auteur dans un joli méli-mélo d’anecdotes et de pure fiction que Littell assemble avec une drôlerie permanente.

Un peu comme si cet intermède presque hors du temps se jouait des années plus tragiques à venir en leur adressant un facétieux pied-de-nez, tout au long des 240 truculentes bonnes pages de ce clin d'oeil à l'Histoire en forme d’un Il était une fois Trotski en Amérique méritant vraiment le détour.

 

TALISMAN, LES 40 ANS D’UNE BELLE SOMME DE TALENTS

Publié le 25/11/2024 à 18:17 par lesartsausoleil
TALISMAN, LES 40 ANS D’UNE BELLE SOMME DE TALENTS

Publié en 1984 et réédité en France chez Albin Michel cet automne dans une superbe version collector pour célébrer les 40 ans de sa première parution outre Atlantique, augmentée d’une interview inédite de l’auteur de ‘’Carrie’’, ‘’Talisman’’ occupe une place à part dans l’œuvre foisonnante de Stephen King.

En effet, l’ouvrage s’avère être le fruit de son amicale collaboration avec Peter Straub disparu en 2022 (‘’Koko’’, ‘’Ghost Story’’), premier volet d’un diptyque composé d’une suite baptisée ‘’Territoires’’ et peut-être à terme d’un triptyque si King parvient à rédiger seul le manuscrit de cet ultime chapitre resté à l’état de projet entre les deux compères, ‘’Talisman’’ nous conte au sens littéral du terme les mésaventures de Jack Sawyer (on appréciera la référence au héros iconique de Mark Twain) un enfant de douze ans, confronté au cancer de son ancienne star de mère.

Une ex-reine de séries B venue s’exiler hors saison dans une station balnéaire du New Hampshire pour attendre comme résignée que la mort vienne l’y cueillir.

Errant le long du front de mer désemparé à l’idée de ne rien pouvoir faire pour empêcher que l’inéluctable ne survienne, Jack fait alors la connaissance d’un vieux joueur de blues appointé comme gardien d’un parc d’attractions qui lui ouvre les portes d’un lieu magique baptisé les Territoires.

Là, se trouverait caché un talisman capable de guérir sa mère, à supposer qu’une fois le Graal atteint Jack se sorte indemne de son incursion inopinée dans ce drôle de monde parallèle peuplé de personnages inquiétants.

A la fois poignant et haletant, préfigurant à bien des égards ‘’A monster calls’’ de Patrick Ness adapté pour le grand écran par Juan Antonio Bayona en 2016, cet hymne à l’amitié et à l’amour filial nous entraine dans une suite de rebondissements baignant dans un univers de fantasy propre à rendre ce parcours initiatique en forme de rite de passage vers l’âge adulte toujours aussi envoutant, quel que soit désormais l'âge et la génération de ses lecteurs.

UN SIÈCLE DE S.F., FANTASTIQUE PANORAMA AMOUREUX DU GENRE

Publié le 17/11/2024 à 16:46 par lesartsausoleil
UN SIÈCLE DE S.F., FANTASTIQUE PANORAMA AMOUREUX DU GENRE

Aidé par ses éminents compères Jean-Pierre Fontana et Claude Ecken, notre ami Jean-Pierre Andrevon nous livre avec ce Siècle de S.F., sous-titré ‘’écrite et dessinée vue de France des années 1920 à nos jours’’ une anthologie passionnée et passionnante d’un genre que tous trois servent avec brio depuis quelques belles lunes en tant qu’auteurs.

Raison pour laquelle on les retrouve légitimement cités au cœur d’un ouvrage aux entrées alphabétiques balayant aussi bien les meilleurs faiseurs d’imaginaire que ceux qui les éditent, notules entrecoupées d’analyses des thématiques irriguant ce vaste tout foisonnant.

C’est ainsi que l’on y passe avec le même bonheur érudit et didactique de Gustave Le Rouge à Van Vogt, de Robert Silverberg aux frères Strougatski, d’Asimov à Lovecraft, de James à Frank Herbert, de Stephen King à Richard Matheson, Schuiten précédant le steampunk, Pierre Boulle renvoyant à Robert Merle, sans oublier de citer Rosa Montero et Anna Kavan, Philip K. Dick et Aldous Huxley, Jack Vance et Octavia Butler, Le Vagabond des Limbes et Valerian côté BD, Enki Bilal et Giger, l’écologie et les mondes perdus, au gré des plus de 600 épatantes pages de cette somme magistrale.

Qui plutôt que de prétendre à l’exhaustivité vise surtout à satisfaire la soif de curiosité des fans de longue date de ce genre protéiforme, comme de ceux qui s’en viennent à présent l’explorer, tout en tendant la main aux générations futures puisque l’avenir appartient au même titre que le passé à ceux qui adorent à bon droit la science-fiction, clé des champs de tous les possibles auxquels elle ne cessera jamais de nous inviter.


A se procurer dans la collection Travaux de chez Encrage, émérite éditeur s’il en est.

 

LE RÊVE DU JAGUAR, PRIX FEMINA AUX ACCENTS DE GARCIA MARQUEZ

Publié le 07/11/2024 à 21:36 par lesartsausoleil
LE RÊVE DU JAGUAR, PRIX FEMINA AUX ACCENTS DE GARCIA MARQUEZ

Couronné cet automne par le Grand Prix du roman de l’Académie Française puis le prix Femina, ce Rêve du Jaguar paru chez Rivages récompense en Miguel Bonnefoy un auteur trentenaire déjà quelque peu confirmé, possédant l’art et la manière de nous raconter des histoires avec une verve et une imagination évoquant pour plus d’un de ses lecteurs l’univers foisonnant et baroque de Cent ans de solitude.

Décrivant sur plusieurs décennies les destins familiaux d’une belle brochette de personnages gravitant autour de l’emblématique Antonio, appelé contre toute attente en dépit de son abandon tout bébé aux marches d’une église de Maracaibo à un grand destin scientifique national, l’auteur mélange descriptions sensuelles d’un Venezuela où plongent ses propres racines et tribulations aux confins du fantastique d’êtres aussi attachants que romanesques en diable.

De manière tout à la fois poétique, évocatrice et confidentielle, il nous glisse comme à l’oreille les secrets les mieux gardés d’un microcosme dont les membres s’élèvent pour les uns en étudiant la médecine avec une soif de connaissance inextinguible et pour les autres en faisant corps avec le monde des esprits, nous entrainant dans une suite de mésaventures chamaniques mais également dans l’œil du cyclone des révolutions ayant vraiment ébranlé le pays au fil des années.

Tout à la fois histoire d’amour, au pluriel du reste, conte moderne parfois cruel, souvent truculent et toujours fort tendre, hanté par des figures paternelles et maternelles inoubliables, Le Rêve du Jaguar nous emporte loin et pas seulement d’un pur point de vue géographique ou temporel, tout en nous ramenant en France au détour de chapitres là encore non sans lien avec la propre histoire familiale de l’auteur.

On y grandit envers et contre tous dans l’espoir de trouver sa voie, on y séduit en confectionnant un bouquet de recueil d’idylles, on y glane des objets précieux pour ceux qui les reçoivent, il y est question de mer et de dévotion, de sortilèges et de sacrifices, de maisons pleines d’âmes et de fleurs et de révérences tirées avec l’élégance qui sied à ceux dont la vraie noblesse se blasonne au cœur.

Et on referme le tout avec le regret d’être déjà parvenu au bout de ce voyage au pays d’un imaginaire roi, transcendé par une prose donnant envie de se plonger dans les précédentes œuvres de ce fort digne héritier du grand Gabriel Garcia Marquez.

 

 

 

LES ÂMES FÉROCES, COMME UN AIR DE THOMAS H. COOK AU FÉMININ

Publié le 03/11/2024 à 15:33 par lesartsausoleil
LES ÂMES FÉROCES, COMME UN AIR DE THOMAS H. COOK AU FÉMININ

Lauréat du Prix du Roman FNAC 2024, Les Âmes Féroces de Marie Vingtras paru aux éditions de l’Olivier possède la force narrative d’un grand roman choral qui nous embarque de la première à la dernière page sans que l’on puisse supputer d’emblée vers quelles contrées l’auteure de Blizzardentend nous emmener.

Très subtilement, celle-ci tisse sa toile autour de nous en nous plongeant en guise de prologue sur une scène de crime, en plein cœur d’une petite bourgade des États-Unis, au pied du corps sans vie d’une adolescente devenue pour la shérif locale une énigme criminelle à résoudre coûte que coûte.

Au sein de cette communauté où tout le monde se connait, ou du moins semble se connaitre, pour autant que l’on sache précisément de quoi les pensées puis les actes de nos voisins se nourrissent, les ragots vont bon train, qu’ils aient trait à la vie de la victime comme à celle de cette enquêtrice lesbienne, honnie par le maire du patelin qui va dès lors tout mettre en œuvre pour qu’elle ne puisse pas briguer un second mandat d’affilée.

Laissant la parole à ses proches, le récit nous fait découvrir la défunte à travers les yeux et la voix de sa meilleure amie, avant de s’intéresser de près à l’un de leurs professeurs, vite suspecté par les autorités d’avoir un lien direct avec ce décès soudain, et pour cause.

D’insinuations en révélations, chaque chapitre apporte son lot de questionnement et de réponses alambiquées, en quête d’une vérité qui se dessine et se dérobe à mesure que l’on s’en approche, comme dans les polars d’un Thomas H. Cook passé maitre dans l’art de nous dérouter lors d’un twist final inattendu.

Ici, chacun parait porter sa part de responsabilité dans l’enchainement implacable des circonstances dramatiques débouchant sur cette mort prématurée, tous acteurs d’une tragédie prenant racine aux sources mêmes de leur intimité, contée avec style par une langue vivement inspirée au point que l’on ne se pose jamais la question de savoir si le roman est hexagonal ou importé d’outre-Atlantique.

C’est dire s’il se savoure de manière aussi haletante et émouvante qu’il est troussé, vraie réussite dont on ne sort pas plus indemne que ses personnages, ponctué cependant d’une note d’espoir puisque la promesse d’une (re)naissance y affleure malgré le poids des regrets éternels pesant sur leurs épaules.

 

HURLEMENTS : AU FAR WEST PERSONNE NE VOUS ENTENDRA CRIER !

Publié le 27/10/2024 à 09:28 par lesartsausoleil
HURLEMENTS : AU FAR WEST PERSONNE NE VOUS ENTENDRA CRIER !

S’inspirant de faits réels, en l’occurrence ceux tragiquement endurés par les membres de l’expédition Donner lancée au mitan 1840 dans la traversée du Grand Ouest américain, la romancière Alma Katsu nous livre avec ‘’Hurlements’’ paru chez Sonatine dans une traduction de Nadège Dulot sa version de cette odyssée vers la peur et la mort. Laquelle a déjà été retracée à sa manière sur grand écran par Antonia Bird en 1999 dans l’excellent Vorace opposant Robert Carlyle à Guy Pearce.

C’est ainsi que sous nos yeux quatre-vingt-sept pionniers cherchant un raccourci pour rallier la Californie en chariot depuis Springfield s’échinent à franchir les montagnes de l’Utah et le désert du Grand Lac Salé avant d’être bloqués en novembre 1846 en pleine Sierra Nevada.

Campant près d’une étendue d’eau à laquelle le convoi finira par donner son nom (le lac Donner), ces naufragés de l’hiver endurent intempéries glaciales et faim tenace au point de se livrer à des actes d’anthropophagie pour permettre notamment aux femmes et aux enfants de survivre au beau milieu de cette nature hostile.

Sur la foi d’éléments authentiques tels que les patronymes des acteurs du drame, l’auteure teinte son récit d’une touche horrifique et surnaturelle de plus en plus prononcée à mesure que s’installe un climat de terreur paranoïaque et de suspicion latente parmi les protagonistes de cette longue marche cauchemardesque, volontiers racontée du point de vue de ses émérites héroïnes féminines.

Le lecteur voit ainsi planer sur leurs têtes au fil des chapitres la menace de créatures évoquant tout aussi bien la légende du loup-garou popularisée par les films en noir et blanc de l’Universal que celle du non moins monstrueux Wendigo du folklore algonquien, la présence de ces démons de l’ombre s’avérant parfois moins prégnante que la concupiscence émanant de certains membres mâles de cette caravane en perdition.

Cruel et désespéré à bien des égards, cet insolite western littéraire scandé de manière chorale rappelle également le marquant Bone Tomahawk de S. Craig Zahler avec Kurt Russell et ses séquences gore illustrant lui aussi bien férocement un retour à l’état de nature le plus primitif qui soit à tous égards.