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dimanche 7 décembre 2014

Bulletin Météo de 2050

Au cours de la Conférence sur les changements climatiques qui se déroule à Lima du 1 au 12 décembre 2014 (COP20), Météo France en collaboration avec l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) ont voulu alerter l'opinion publique sur l'état d'urgence du réchauffement climatique.
Selon les dernières simulations, à  l'allure où vont les choses, si les gouvernements ne prennent pas de mesures plus drastiques et continuent à libérer autant de gaz carbonique dans l'atmosphère (700 millions de tonnes de CO2 chaque seconde), l'effet de serre va s'emballer provoquant une augmentation de la température moyenne du globe de plus de 4°C vers la fin du XXIeme siècle (certaines simulations envisagent même 6° d'augmentation).
Pour nous sensibiliser et montrer l'impact d'une telle hausse des températures, Météo France et l'OMM ont publié le bulletin météo du 18 août 2050 pour plusieurs pays dont la France.


Quatre degrés aux effets dévastateurs
Que représentent concrètement 4 degrés d'augmentation ? D'abord il s'agit d'une température moyenne; il y aura donc localement et en fonction des microclimats des pics très supérieurs en été (canicules) et très inférieurs en hiver (blizzard, etc) pouvant même se répéter.
La planète sera confrontée à des phénomènes météos plus violents et plus fréquents aux effets également plus dévastateurs (tempêtes, inondations, incendies, etc). Pour certains, la "loi des séries" prendra un sens très concret.
Dans le détail, plus de la moitié des glaciers vont disparaître (le processus a déjà commencé), les réserves d'eau douce qu'ils abritent condamneront des habitants de villages entiers à l'exil, la banquise va disparaître (et avec elle les ours blancs) et la plus grande partie de l'Arctique va fondre sous la chaleur (de 1979 à 2000, l'Arctique a perdu 33% de sa surface et la banquise diminue de plus de 3% chaque décennie). 
Evolution du taux de gaz carbonique
dans l'atmosphère d'ici 2100.
L'effet du réchauffement en Antarctique est plus difficile à évaluer et reste actuellement indéterminé.
Néanmoins les icebergs sont localement plus nombreux, la glace de mer est plus souvent morcelée (comme près du Groenland) et on observe plus de failles et de grottes que jadis.
Le permafrost des régions polaires va également fondre, libérant localement de grandes quantité de méthane actuellement prisonnier qui viendra accélérer l'effet de serre.
Selon certains modèles, suite à la baisse des précipitations, la forêt amazonienne pourrait se transformer en savane en 2100, éliminant une partie de la biodiversité (50% des pluies  tombant sur l'Amazonie proviennent de l'Atlantique et 50% de l'évapo-transpiration de la forêt. Aujourd'hui, la quantité de pluie a déjà diminué de 10% comparativement à 1975).
Sous les latitudes européennes, les climats régionaux vont devenir plus continentaux voire tropicaux et globalement plus secs; les rivières déjà peu alimentées en été vont totalement s'assécher, les nappes aquifères vont se tarir et les cultures pour la plupart inadaptées à ce nouveau régime trop chaud et trop sec vont dépérir.
Les vins, les céréales, les arbres fruitiers, les fleurs perdront leurs propriétés, des pans entier de l'agriculture traditionnelle risquent de disparaître au profit de nouvelles régions plus nordiques qui deviendront les nouveaux eldorado économiques.
Et on ne parle pas encore des effets possibles de la fonte des glaces sur la salinité de l'eau de mer et la circulation des courants océaniques qui à terme pourraient priver l'Europe de la chaleur du Golf Stream et nous faire connaître les rigueurs des hivers du Canada. Si cet évènement se produit, son effet pourrait durer plus de 1000 ans.
Scénario catastrophe ou réalité d'un futur annoncé, mieux vaut ne pas attendre de savoir qui a gagné à ce jeu de simulation mais changeons plutôt tous ensemble et tout de suite notre manière de consommer l'énergie.
Bienvenu en l'an 2050 !
Gaïa a besoin de nous
Aujourd'hui nous consommons 40 fois plus d'énergie qu'un animal ayant notre poids et nous occupons sur Terre 30 fois l'espace que nous devrions utiliser en vertu des lois de la sélection naturelle. Nous avons échappé à l'influence de dame Nature, mais n'oublions pas que loin des yeux, nous sommes aussi loin du coeur du problème.
Aurait-on oublié notre devoir envers la Terre ? Si nous voulons sauver Gaïa nous devons d'urgence réévaluer notre place dans la nature et protéger Gaïa. Alors seulement nous aurons sauvé la planète. Nos petits enfants nous remercierons.
Pour plus d'informations
L'effet de serre, Luxorion
La Terre, une planète fragile, Luxorion
Biosphère 2, Luxorion.

samedi 15 novembre 2014

Des applis pour identifier le chant des oiseaux

Analyser le chant des oiseaux par ordinateur et être capable ensuite de les identifier est un traitement complexe qui nécessite des algorithmes spécialisés, un échantillonnage à haute résolution, beaucoup de ressources processeur et des bus de données très rapides.

Chant simple et non déformé (type "bloui bloui bloui") du canari.
L'essentiel du chant est émis entre 2 et 6 kHz.
S'il existe des analyseurs de spectres comme Adobe Audition ou Raven, ces logiciels se limitent à générer des spectrogrammes et autres sonogrammes. Ils ne sont pas reliés à des bases de données qui permettraient d'identifier ces oiseaux ou d'autres animaux.
Il y a encore quelques années, il était impossible de trouver un tel logiciel. Seuls quelques chercheurs, souvent des zoologues, planchaient sur la question en collaboration avec des startups spécialisées dans l'analyse des signaux.
Bonne nouvelle, aujourd'hui des applications pour smartphones et ordinateurs permettent de combler cette lacune.
Cela veut dire que depuis les années 1980, époque où je me suis intéressé à la question, en un peu plus d'une génération, grâce à la loi de Moore, le développement de l'Internet mobile et beaucoup d'ingéniosité, les ingénieurs ont réussi à intégrer toute la puissance de calcul et la technologie nécessaires dans le volume d'un smartphone. Cette évolution technologique est extraordinaire.
Shazam
Tous les Geeks connaissent la fameuse application Shazam qui permet d'identifier un titre musical et même une émission de TV à partir d'un extrait diffusé en streaming. Cette application gratuite est proposée pour la plupart des plates-formes, les smartphones et tablettes sous iOSAndroid (ou via Google Play) et Blackberry ainsi que les ordinateurs sous OS X et Windows.
Il existe au moins trois applications similaires capables d'identifier un oiseau à partir d'un enregistrement direct de son chant.

Un rouge-gorge en train de chanter (cf. YouTube).
Bird Song Id
Cette application développée en Angleterre par Isoperla Ltd est capable d'identifier un oiseau à partir de son chant. Il vous suffit de tendre votre smartphone pendant 30 secondes en direction de l'oiseau en train de chanter pour que l’application l'analyse en temps réel.
Au terme des 30 secondes, le système vous propose une liste d'espèces avec leur photographie et extrait de leur chant avec un pourcentage de confiance. Testée sur 1000 chants différents, cette application serait fiable à 85%. Voyez la démo ci-dessous.



L'application est disponible en français, géolocalisée et permet de sauver les informations dans le smartphone ou de les envoyer par email. Bird Song Id est payante et téléchargeable sur iTunes.

L'appli Bird Song Id pour iOS. A gauche, le chant enregistré correspond à au moins cinq oiseaux dont celui de la fauvette des jardins (garden warbler) avec 42% de confiance.
Notons que le même éditeur propose également une appli pour reconnaître les fleurs mais elle n'effectue pas de reconnaissance de forme par photographie et se base uniquement sur la sélection manuelle de critères de plus en plus précis (nombre et forme des pétales, couleur, etc).
En revanche, les deux applis suivantes ne sont pas encore commercialisées.
Birdify
La société française Biosong basée à Carignan-de-Bordeaux (33) développe actuellement "Birdify" en étroite collaboration avec Shazam et le soutien de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO).
Birdify sera capable d’identifier 150 espèces d’oiseaux d’Europe, elle sera géolocalisée et capable d'enrichir une base de données.
Les enregistrements des chants d'oiseaux seront téléchargés vers un serveur dans une base de données ornithologique qui sera interrogeable par tous les utilisateurs via l'application.
Birdify sera disponible sous iOs et Android d'ici quelques mois.
A ne pas confondre avec le jeu du même nom proposé par Microsoft pour les enfants.
Warblr
En 2014, Dan Stowell et Mark Plumbley de l'université Queen Mary de Londres ont développé un algorithme d'analyse spectrale du son très performant (plus de 80% de reconnaissance) qu'ils ont voulu mettre à disposition du public en l'adaptant aux smartphones. Cela aboutit à la création de l'appli Warblr, un nom dérivé du mot anglais "warbler" signifiant fauvette.

L'appli Warblr.
Pour l'instant cette application est encore en développement. Elle fut toutefois testée par un journaliste de la BBC qui a déclaré qu'elle n'était pas encore au point (sic!) et reconnaissait difficilement les espèces enregistrées, ce que l'éditeur a reconnu.
La difficulté vient du fait que la même espèce peut émettre des sons différents selon le moment de la journée, l’âge de l’oiseau ou lorsqu'il est en période de reproduction.
A terme, il est prévu que cette application soit capable de reconnaître 88 espèces de Grande Bretagne. L'application Warblr devrait être disponible au printemps 2015.
Grâce à ces applis, dorénavant en vous promenant dans la nature, il vous suffira de shazamer pour identifier les oiseaux grâce à leur chant et d'en savoir en plus plus sur la biodiversité locale. Quel bonheur !
Pour plus d'informations
Une liste d'applications pour smartphones a été publiée sur le site Ornithomedia. Cette liste comprend principalement des guides pratiques comprenant des photographies et des sons préenregistrés tel que le Collins Bird Guide pour iOS.
Rappelons aussi que les associations d'ornithologie vous permettent d'apprendre à identifier les oiseaux à partir de leur chant.
Plusieurs sites proposent également des enregistrements de chants d'oiseaux, par exemple Web Ornitho, Randonneur et Deezer.
Revue de logiciels d'analyse de signaux (en anglais, Luxorion)
La banque de données des oiseaux, Oiseaux.Net

dimanche 15 juin 2014

Le scandale du marché parallèle des déchets high-tech

Nous connaissons tous le problème de l'obsolescence programmée. Un jour où l'autre l'un de nos appareils électroniques tombe en panne et se pose la question de sa réparation ou de sa mise à la poubelle.
Depuis le début des années 1990, le choix est vite fait. Pour des produits valant moins de 1000€ à l'état neuf et arrivés au terme de la période de garantie, souvent la réparation auprès du service après vente de la marque coûte soi-disant trop cher quand on ne vous annonce pas que c'est simplement impossible.
A regret, on place donc l'appareil défectueux dans un centre de recyclage et on achète un nouvel appareil, plus performant et peut-être même moins cher. Et le cycle recommence.
Même principe pour les articles démodés et amortis des entreprises. Après une vérification sommaire, certains sont mis en vente auprès du personnel. Si personne n'en veut, ils partent soit en déchetterie soit en Afrique ou en Asie s'ils sont encore en bon état où ils sont revendus pour quelques dollars.
La seconde vie de nos déchets high-tech
Du moins c'est la filière théorique que doit suivre tout produit high-tech déclassé ou mis en déchetterie et c'est ce que tout le monde croit.
Car peu de personnes ont jusqu'à présent suivi l'appareil défectueux qu'elles avaient mis en déchetterie ou dans un centre de recyclage.
Greenpeace a effectué cette expérience en Angleterre avec une vieille télévision dans laquelle ils ont placé un traceur GPS. Quelle ne fut par leur surprise de constater qu'au bout de plusieurs semaines, leur TV qui devait en théorie être recyclée via la filière du fabricant s'est retrouvée sur un marché local... au Ghana !
Greenpeace a eu de la chance de la retrouver mais doublement car si la TV avait été défectueuse, elle se serait retrouvée parmi les milliers d'autres déchets démantelés sur une décharge publique au Ghana en train de polluer les terres et les eaux !
Le reportage suivant décrit toute cette filière exploitée par nos entreprises européennes pour contourner les lois. Le constat est édifiant et consternant.
Heureusement, dans cet immense marché de dupe qui profite à des industriels sans scrupules, il y a tout de même un petit espoir, c'est la seconde vie de nos appareils high-tech : le recyclage et l'obsolescence reprogrammée.

jeudi 10 avril 2014

Grains de sable au microscope

Gary Greensberg est un biologiste et photographe américain qui s'intéresse depuis des années aux grains de sable notamment.
Il existe deux types de sable : celui des déserts et celui des plages. Gary s'intéresse en particulier à celui des plages.
Au fil du temps il a rassemblé une centaine de petites jarres contenant du sable récolté sur la côte Est des Etats-Unis, à Hawaii, aux Bermudes, en Europe et en Asie.
Il a publié un premier livre sur les grains de sable en 2008 et travaille actuellement sur l'illustration d'un second volume.
Observés au microscope, les grains de sables présentent des formes et des couleurs étonnantes. Mesurant généralement entre 0.08 mm et 2 mm, les grains sont souvent colorés et irréguliers.
Selon leur provenance, ils contiennent des débris de roches (granit), de lave, de coquillages, des métaux ainsi que des fragments de matière organique comme des épines d'oursins et du corail.
Voici des photographies grossies 100x à 150x montrant toute la diversité et la beauté des grains de sable. Ils reflètent la géologie et la biologie du lieu où ils furent récoltés.

Grains de sable récoltés à Maui, Hawaii.
Grains de sable (quartz) récoltés en Belgique.
Grains de sables récoltés à Okinawa.
Documents Gary Greenberg.
Nos plages disparaissent
Nous faisons bien d'observer le sable au microscope car il représente une grande valeur.
Savez-vous que le sable de nos plages est en train de disparaître ? Bientôt ces photographies seront  des documents historiques et exposés comme tels dans les musées !
En effet, le secteur de la construction a besoin d'énormément de sable pour fabriquer le ciment et bâtir nos habitations ainsi que les infrastructures publiques.
Les ingénieurs ont bien essayé de fabriquer du ciment à partir du sable du désert mais cela ne fonctionne pas; les habitations s'écroulent car le sable extrait du désert est constitué de granules érodées qui roulent les unes sur les autres mais ne s'agrègent pas. Dubaï l'a appris à ses dépens.

Grains de sable du désert de Gobi. Document Wikipedia.
Aussi, le seul sable utilisable en construction est le sable marin, c'est-à-dire le sable qu'on trouve sur les plages ou à quelques kilomètres du rivage, récolté sur le fond sédimentaire.
Mais ce sable est salé et le sel corrode le béton armé. Il faut donc débarrasser le sable marin de son sel, le laver avant de pouvoir l'utiliser dans la construction.

Remblayage à Dubaï dans le cadre du projet de construction de Palm Islands (Palm Jumeirah).
En 1998, lors de l'Exposition Mondiale de Lisbonne, un chiffre alarmiste était affiché dès l'entrée : 60% de la population mondiale vivait en bordure des océans, et en particulier dans une bande de 20 km le long du littoral. Ce chiffre a été confirmé par l'étude de J.J. et D. Bavoux et cité par l'UNESCO.
La concentration des agglomérations en bordure des côtes à des conséquences écologiques qu'on ne soupçonnait pas il y a une génération.
En effet, un million, deux millions ou dix millions d'habitants le long d'une côte exigent des ressources et des infrastructures.

Le remblayage de nos plages. Document Arte TV.
Les ingénieurs doivent donc continuellement bâtir de nouvelles constructions en puisant le sable là où il se trouve, c'est-à-dire sur les côtes sablonneuses.
En parallèle ils doivent stocker l'eau douce transportée par les rivières et les fleuves afin d'alimenter la population vivant sur le littoral.
Les sédiments qui s'accumulent dans nos fleuves et qui en théorie sont charriés jusqu'à la mer sont également dragués et utilisés en construction.
Revers de la médaille, les 45000 barrages qui existent aujourd'hui dans le monde (on en inaugure 2 nouveaux chaque jour) et le dragage incessant des fleuves sont autant d'obstacles au transport des sédiments vers la mer et au renouvellement des plages. Si ce sable ne se renouvelle pas, les plages vont disparaître.

Distribution des barrages dans le monde. Les points rouges sont les barrages construits entre 1950 et 2010. Les points noirs indiquent les barrages construits avant 1950. Source Planetoscope.
Aujourd'hui, on estime que 75% des plages du monde ont été englouties dans les projets des magnats de la construction. Le pillage est organisé à l'échelle mondiale et nous sommes arrivés à une situation tellement alarmante que l'ONU doit sensibiliser les gouvernements sur la bonne gestion des littoraux.
En l'espace de 10 ou 20 ans selon les endroits, les vagues se sont déjà rapprochées dangereusement du seuil des portes des habitations bâties en bordure de mer dont certaines ont même emportées par la houle.
Nous avons des exemples aux quatre coins du monde, sur la côte Est des Etats-Unis, aux Maldives, à Bombay, au Maghreb, et en Europe.
Si les scientifiques comprennent bien le fonctionnement des écosystèmes du littoral, il manque au pouvoir politique une vrai conscience écologique.
Aussi, à défaut de prendre des mesures en faveur de la nature mais qui déplaisent à l'électorat, tous les 20 ans environ les communes du littoral sont obligées de remblayer leurs plages en allant chercher du sable à quelques encablures du rivage à coût de dizaines ou centaines de millions d'euros.
C'est aujourd'hui au tour de la Belgique où la commune de Wenduine et Le Coq (De Haan) ont décidé en 2014 de remblayer leurs plus belles plages.
Mais ce jeu est perdu d'avance car un écosystème ne se laisse pas dompter sans conséquences. Il faut comprendre son fonctionnement et éviter de créer ou d'aggraver des problèmes. Aujourd'hui nos politiciens font tout le contraire et la population semble applaudir !
Le littoral est un écosystème en soi avec ses règles et son équilibre qu'il faut respecter. Que l'homme interfère ou décide de contrecarrer ce que la Nature a minutieusement fabriqué au cours de milliers d'années, et bien dans ce cas nos petits enfants assumeront l'irresponsabilité de leurs aïeux.


Si rien ne change, nos enfants ne pourront que pleurer en regardant le sable et les coquillages disparaître, les vagues s'écraser directement sur la berge des terres arables ou sur les falaises. Il est grand temps de réagir.
Pour plus d'informations
Galerie d'images de Gary Greenberg
Votre plage va disparaître, La Libre.be, 2013

vendredi 7 février 2014

Into Eternity : la gestion des déchets radioactifs d'Onkalo

Au nord de la Finlande, à Onkalo (caverne en finnois), à 500 mètres de profondeur, dans une gigantesque grotte artificielle de 5 km de galeries creusées dans le granit se trouve le centre de stockage permanent des déchets nucléaires de la Finlande. C'est le plus grand site d'enfouissement au monde et actuellement le plus sûr.
Dans l'abîme du futur nucléaire
C'est dans ce site enfui dans une nature sauvage que sont stockés les déchets nucléaires dont la radioactivité restera létale pour toute les formes de vie durant 100000 ans.
Si ce site ne craint ni les tremblements de terre ni les changements climatiques, son plus grand ennemi potentiel est l'homme.
Si de nos jours nous contrôlons le site, lorsqu'il sera rempli de déchets radioactifs il sera scellé et abandonné. Un autre sera construit, et ainsi de suite.
La loi finlandaise stipule qu'il faut informer les générations futures de son existence (on pourra par exemple y placer un marqueur constitué d'une stèle affichant des informations de sécurité), mais même cette question fait débat.
En effet, vaut-il mieux ne rien savoir pour éviter tout risque de rallumer le feu, avec le risque que nos descendants le découvre par accident, ou est-il préférable de tout savoir durant mille siècles pour mieux l'oublier ?
Pour l'Eternité
Dans ce documentaire de réalité-fiction intitulé "Into Eternity", le réalisateur Michael Madsen s'adresse aux générations futures et décrit ces travaux gigantesques, posant en filigrane la problématique de l'élimination des déchets radioactifs et la responsabilité des générations futures, nous forçant à réfléchir dans une autre échelle de temps.
100000 ans... on ne peut pas concevoir de telles durées. Pas plus qu'imaginer ce que sera le monde à cette époque.
Comment réagiront les humains dans 10, 100 et 1000 siècles en apprenant l'existence de ce sanctuaire quand nous avons déjà tant de difficulté pour comprendre le rôle des pyramides et la culture de l'homme de Néanderthal ?
Empreint d'intelligence et d'un peu d'ironie, ce film pose des questions fondamentales qui deviennent plus urgentes à chaque accident nucléaire.
Le film qui est sorti au cinéma le 18 mai 2011 est rediffusé durant le mois de février 2014 sur quelques chaînes francophones dont Ushuaïa TV.
N'ayant pu trouver la version complète en français sur Internet, voici le film complet en anglais :


Voici des extraits de la versions française :

 
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mardi 28 janvier 2014

Les flammes bleues du volcan de Kawah Ijen

En Indonésie, à l'Est de Java se trouve le volcan Kawa Ijen dont le cratère contient un magnifique lac turquoise mesurant 800 m dans sa plus grande longueur. Mais ne tentez pas de vous y baigner car c'est aussi le plus grand lac d'acide chlorhydrique et sulfurique du monde.
Les pentes du cratère rejettent des gaz toxiques, soufrés et acides, issus des entrailles de la terre ainsi que du soufre liquide qui se cristallise à l'air.
De jour comme de nuit, au péril de leur vie, des mineurs à peine protégés par un tissu humide et munis d'une barre à mine s'empressent de récolter le soufre dans des paniers en osier (Cf. cette vidéo).
Chargés de 80 à 90 kg sur le dos, les mineurs font plusieurs fois par jour l'aller-retour jusqu'à l'usine tant que leur corps résiste au poids, aux émissions de radon, de gaz sulfureux et d'acides.
Chaque jour les mineurs récoltent ainsi 5 à 6 tonnes de soufre qui sont ensuite purifiés et vendus en fragments. 60% de la production sert à blanchir le sucre. Le reste est utilisé dans l'armement et l'industrie (fabrication du souffre des allumettes, parfois comme fongicide, répulsif ou antiacidifiant notamment).
Travaillant dans des conditions extrêmes, ces hommes sont reconnus par les Indonésiens comme étant les plus courageux et sont très respectés.



Une vision d'Enfer
Le Kawah Ijen est le seul volcan sur terre où nous pouvons observer des rivières de flammes bleues émises par l'hydrogène sulfuré incandescent (des récits relatent que l'Etna libérait aussi des flammes bleues du temps des Romains). On discerne aussi des flammèches oranges produites par le souffre.
Les gaz sous haute pression et corrosifs atteignent 600°C et montent sous forme de grandes volutes opaques à plus de 5 mètres de hauteur, rendant l'exploitation du site dangereuse et difficile, même la journée.
Les lueurs évanescentes bleues, généralement auréolées de fumerolles, sont surtout visibles de nuit où le paysage devient fantastique au point qu'on se croirait sur une autre planète !
Si vous passez près du Kawah Ijen, faites le détour, le spectacle est captivant ! Si l'Enfer existe, il est ici.



Les conditions de tournage
Olivier Grunewald photographia le spectacle des flammes bleues au cours de six voyages en compagnie de Régis Etienne, président de la Société de volcanologie de Genève.
Tous deux portaient quasiment en permanence un masque anti-gaz. Ils portaient aussi un talky-walky et un GPS pour ne pas se perdre la nuit car lorsque le vent rabattait les fumerolles vers eux, ils ne voyaient même plus leurs mains !


En raison de l'acidité des gaz, Grunenwald a perdu un appareil photo et deux objectifs au cours de ses expéditions. Il précisa également qu'il lui fallait deux à trois semaines après son retour en Europe pour que sa peau ne sente plus l'odeur du soufre.
Pour plus d'information consultez le site web du photographe Olivier Grunewald.

lundi 13 janvier 2014

Pando, menace sur les plus vieux arbres du monde

Nous savons que quelques espèces d'arbres peuvent vivre plusieurs milliers d'années. Ainsi, le Ginkgo qu'on trouve en Chine et au Japon notamment, vit plus de 2000 ans, le pin de Californie (Pirus Aristata) vit plus de 4700 ans et le pin Bristlecone (Pinus longaeva) surnommé "Mathusalem" vivant en Californie est âgé de 4846 ans (2014).
Par clonage (les branches au contact du sol se transforment en racines adventives ou les racines remontent en surface et germent), on atteint des âges qui défient l'entendement.
Ainsi, un épicéa vivant au nord-ouest de Stockholm en Suède a dépassé 9555 ans et un groupe de pins Huon du nord-ouest de la Tasmanie est âgé de 10500 ans !
Le créosotier "King Clone" qui vit dans le désert de Mojave en Californie serait âgé de 11700 ans, un chêne de Palmer (Quercus palmeri) vivant sur la colline de Jurupa en Californie aurait plus de 13000 ans tandis que le Lomatia tasmanica ainsi que ses graines vivent plus de 43500 ans voire trois fois plus longtemps.
Le peuplier faux-tremble
Le record est toutefois détenu par une colonie clonale de peupliers faux-trembles, "Quaking Aspen" en anglais (Populus tremuloides) prétendument âgée de 80000 ans. Cette population d'arbres au tronc blanc moucheté et dont le feuillage présente une belle couleur jaune dorée ou verte est considéré comme le plus vieil organisme vivant sur Terre. Imaginez qu'il a cotoyé l'Homo sapiens !


Toutefois cette information qui s'est vite propagée en Europe n'est pas confirmée par les scientifiques comme l'a expliqué la généticienne et écologiste moléculaire Karen Mock de l'Université d'Etat d'Utah.
Pando, Utah
Ce que l'on sait c'est que cet arbre est issu d'une seule graine et d'une racine mère unique qui se propage en envoyant des pousses souterraines qui émergent pour devenir des arbres. Cette forêt est donc composée de milliers d'arbres clones reliés par leurs racines.
Quand cette forêt fut découverte il y a quelques décennies, les scientifiques lui ont donné un nom latin signifiant "je répands", Pando.
En 1976, Burton Barnes et ses collègues de l'Université du Michigan ont provisoirement cartographié les limites de Pando et publié leurs résultats dans un journal scientifique canadien. C'est depuis cette publication que Pando est sorti de l'anonymat.
La forêt comprend plus de 47000 arbres individuels et couvre 43 ha dans la Fishlake National Forest située au nord du Parc National de Bryce Canyon, dans le centre de l'Utah où cette espèce fait partie du paysage depuis des milliers d'années.
Voici sa position dans Google Maps et en 3D où on reconnaît très bien les peupliers faux-trembles à leur couleur jaune-orangée.

Distribution du peuplier faux-tremble. Document IRC.
Comme on le voit sur la carte ci-dessus, le peuplier faux-tremble est commun en Amérique du Nord. Outre en Utah, il existe des forêts de peupliers faux-trembles en Arizona, au Colorado, en Californie et dans le Wyoming mais leur population est limitée, fragile et doit être protégée.
Ils sont plus nombreux dans les Etats du nord et dans l'Est, en Idaho, aux Dakota Nord et Sud ainsi que dans la région des Grands Lacs (Michigan, Wisconsin, Minnesota, Indiana, Ohio), ainsi qu'au nord-est, en Pennsylvanie, Wisconsin, New York, etc. Ils prolifèrent dans une grande partie du Canada jusqu'à 55° de latitude et même au-delà de 65° de latitude dans les Territoires du Nord-Ouest et en Alaska.
Cet arbre s'est adapté à des climats secs et chauds endurant des températures de plus de 40°C dans le sud aux climats polaires de -40°C.

Peupliers faux-trembles dans le parc national de Grand Teton au Wyoming.
Ces dernières années, Karen Mock a voulu savoir si la réputation de Pando selon laquelle il serait le plus vieil organisme connu de la planète n'était pas exagérée. "Nous avons décidé de le confirmer ou de l'infirmer", dit-elle dans une interview accordée au webzine Deseret News en 2010.
L'ADN de 209 spécimens a été analysé et les scientifiques confirment qu'ils sont tous clone et qu'ensemble ils pèsent environ 6615 tonnes (par comparaison, les plus grands séquoia pèsent 2000 tonnes). Mais il est impossible de connaître leur âge avec précision.
En effet, il n'existe pas de moyen fiable pour déterminer l'âge d'un clone de peuplier faux-tremble car les cernes ne se conservent pas d'une génération à l'autre. Mais étant donné leur mode de reproduction, il est certain que ces arbres sont vénérables : "Les estimations commencent avec de faibles valeurs, peut-être quelques milliers d'années et vont même jusqu'à un million d'années", explique Mock. "Personne ne le sait vraiment et nous n'avons aucune bon moyen de le savoir à ce stade, malheureusement".

Peupliers faux-trembles à Fishlake National Forest, Utah. Document Scott.
En fait, il faudrait trouver des spécimens fossiles dans la population locale et calculer leur âge par datation au carbone-14 comme on l'a fait pour déterminer l'âge du Lomatia tasmanica.
Un ordre de grandeur raisonnable donne à cette population de peuplier faux-tremble un âge compris entre 5000 et 10000 ans mais il est probable que de plus vieux individus existent dans la région.
Un état de santé préoccupant
Aujourd'hui Pando est en état d'alerte. L'écologiste Paul Rogers et des collègues de l'Université d'Etat d'Utah ont examiné les arbres et constaté qu'en quelques années les spécimens adultes de l'ouest du parc étaient en train de mourir de sécheresse et grignotés par les coléoptères. C'est typique du peuplement des trembles en Occident et cela n'est pas inquiétant en soi. Ce qui est alarmant c'est que les jeunes pousses et les petits arbres ont disparu.


De plus, comme le rélève ce bulletin d'information, au sommet des collines, 75% de la canopée de Pando souffre de maladie et est en train de mourir, et cette contamination descend dans les vallées.
En 2010, Rogers visita la région après 2 ans d'absence et constata que Pando était en sérieuse difficulté : "je dirais que c'est une crise", déclara-t-il.
Quand il visita Pando en 2008, le clone semblait en assez bonne santé. Mais quand il est revenu avec des experts forestiers en septembre 2010, il a été choqué : "il n'y avait pas de régénération, il n'y avait pas d'arbre d'âge moyen. Vous pensez trouver des jeunes pousses et des juvéniles, mais il n'y a plus de jeunes arbres pour remplacer les arbres morts. Ça doit donc déclencher la sonnette d'alarme. Nous cherchons une solution pour planter rapidement de nouveaux arbres, d'ici quelques années".
Il y a une surabondance de cerfs et de wapitis dans la région et Rogers pense qu'ils se sont nourris des jeunes pousses. Il y a également des animaux dans les pâturages mais ils jouent un rôle mineur.
Les responsables de la réserve ont constaté qu'en clôturant une petite partie de Pando, moins de 10%, les arbres se sont régénérés et sont en plein essor. Ils envisagent donc d'agrandir d'urgence cette clôture et qu'elle soit suffisamment haute pour retenir les cerfs, mais le projet est controversé par les éleveurs qui ont un droit de pâturage dans la région.

Peupliers faux-trembles aux pieds du Mont Moran, à Grand Teton, au Wyoming.
Leur population est fragile et à tendance à diminuer.
La situation est similaire dans d'autres Etats de l'ouest américain où sa population régresse en raison de la sécheresse et de maladies. Au Canada, au contraire, le peuplier faux-tremble est envahissant et parfois considéré comme une mauvaise herbe.
Mais en Utah, Pando fait partie de l'héritage culturel. Si Pando doit mourir, ce serait vraiment dramatique pour un organisme aussi singulier et de cet âge, le plus ancien organisme vivant jamais étudié.
Rogers estime qui si rien n'est fait, la surface de Pando risque de rétrécir et devenir l'ombre de son ancienne gloire : "Nous avons vraiment besoin de nous accrocher à ce trésor international", a déclaré Rogers. "Mais il se dérobe très rapidement".
Pour éviter que Pando ne disparaisse, Rogers fonda en 2009 la Western Aspen Alliance dont la mission est de gérer durablement la population de peupliers faux-trembles dans tout les territoires de l'ouest des Etats-Unis, d'y maintenir la diversité tout en conciliant les intérêts sociaux et économiques.
Le futur emblème de l'Utah
Fin 2013, des comités de protection ainsi que des mouvements de jeunesse locaux ont demandé à Gary Herbert, gouverneur de l'Utah, de changer la législation afin que l'arbre national qui jusqu'à présent est l'épicéa bleu du Colorado, une hérésie pour certains, devienne le peuplier faux-tremble de l'Utah. Pando serait ainsi protégé dans un cadre légal, tout en valorisant le tourisme à travers son image emblématique. Le dossier est en cours. Affaire à suivre.


Peupliers faux-trembles au Colorado.

 
L'état alarmant de Pando en Utah en 2013.

Pour plus d'informations
Fishlake National Forest, NPS
The World's Largest Known Organism In Trouble, Interview de Karen Mock et Paul Rogers, 2013
The World's Largest Known Organism Is In Utah-And It's Dying, Salt LakeCity News, 2013
Aspen Decline PNAS Study, 2012
Central Utah's Pando, world's largest living thing, is threatened, Deseret News, 2010
Quaking Aspen, Coconino National Forest
Western Aspen Alliance

vendredi 3 janvier 2014

Le coupé hybride XL1 au catalogue de VW

Cela fait quelques années qu'on parle du concept car XL1 de VW. Le projet fut lancé en 2002 par le Dr. Ferdinand Piëch, actuel président du conseil de surveillance du groupe Volkswagen et voit son aboutissement seulement aujourd'hui.
La version XL1 actuelle est dérivée du concept car développé en 2009 qui fut présenté au Salon de Genève en 2013 mais dont la date de commercialisation n'était pas encore annoncée.


Après beaucoup de rumeurs, aujourd'hui VW a confirmé sa commercialisation. Mais elle ne sera produite qu'à 200 exemplaires pour un prix d'environ 110000 €. Décidément les économies d'énergie se payent encore au prix fort !
Considérons donc ce modèle comme une étude de faisabilité (proof of concept) plutôt qu'un véhicule destiné au "peuple".
Le Dr. Hackenberg, membre du comité de direction et responsable Développement Produit chez VW reconnaît d'ailleurs que la XL1 est "trop extrême" pour le grand public mais contient de bonnes idées que ne manqueront pas de reprendre les concurrents. Lorsque cette technologie sera exploitée à grande échelle, ce jour là ce genre de voiture sera accessible au grand public.
La voiture la plus économique du monde
La XL1 affiche un Cx de 0.189, un record dans sa catégorie. Si le concept car offrait deux places en tandem, la XL1 est un vrai coupé 2 places mais dont le siège passager est légèrement en retrait.
Le véhicule mesure 3.97 m de longueur, 1.68 m de large et un peu plus de 1.15 m de hauteur (30 cm de moins qu'une Golf 7) pour un coffre offrant une capacité de 80 litres. Il est équipé d'ailes papillons.
On peut a priori lui reprocher un manque de visibilité à l'arrière et de ne pas disposer de rétroviseurs extérieurs. Mais si vous observez bien les portes, de petites caméras profilées y sont fixées (ce qui réduit aussi le Cx global) reliées à un écran LCD placé à l'intérieur des portes. Futé !
C'est le genre d'innovation que pourraient bien récupérer les autres constructeurs...


La XL1 comprend un moteur hybride bicylindre de 800 cm3 (un demi 1.6 litres) diesel de 48 ch développant 35 kW combiné à un moteur électrique de 27 ch développant 20 kW. Sa consommation est de 0.9 litres aux 100 km et elle ne rejette que 21 g de CO2 par kilomètre, autant d'autres records dans sa catégorie.
Pour la propulsion électrique, la XL1 est équipée de batteries Lithium-ion d'une capacité de 5.5 kWh lui offrant une autonomie de 50 km.


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La voiture est équipée d'une boîte de vitesses robotisée à double embrayage DSG 7.
Côté performances, la XL1 atteint les 100 km/h en 12.7 secondes pour une vitesse maximale de 209 km/h mais auto-limitée à 162 km/h.
Grâce à une carrosserie et un châssis alliant la fibre de carbone à un alliage de magnésium, un train moteur pesant 227 kg et quelques renforts de protection en acier (23%), la XL1 ne pèse que 795 kg.
VW devrait également produire un modèle XL Sport équipé d'un moteur 1200 Ducati de 190 ch et 123 Nm de couple.
Notons que certains éléments de la XL1 seront utilisés sur d'autres modèles du constructeur allemand. Son moteur hybride par exemple équipera notamment la VW Up! fin 2014.

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Notons que VW propose au public une cinquantaine de modèles de la XL1 en test, afin d'avoir un retour d'expérience des utilisateurs. Si cela vous intéresse, inscrivez-vous sur la liste d'attente et justifiez votre intérêt.
NB. La XL1 est sans doute aussi un futur modèle de collection, avis aux amateurs.

mardi 10 décembre 2013

Record de froid de -93.2°C en Antarctique

Les chercheurs du centre américain du National Snow and Ice Data Center (NSIDC) sont parvenus à déterminer l'endroit le plus froid de la Terre : il se situe en Antarctique, par 82.86°S, 135°O.
Pour y parvenir, les scientifiques ont analysé les données provenant de plusieurs satellites de télédétection, dont l'instrument MODIS embarqué sur le satellite Aqua de la NASA et TIRS6 du satellite Landsat 8.


Après avoir analysé 32 années de données de température enregistrées par plusieurs instruments embarqués sur des satellites, le point le plus froid du globe a été localisé à la surface de l'Antarctique, à côté d'une crête de glace qui s'étend du Dôme Argus au Dôme Fuji.
Dans de petites dépressions de 2 à 5 mètres de profondeur, il existe des endroits où la température a battu des dizaines de fois des records de froid.
La température la plus basse a été enregistrée le 10 août 2010 avec -93.2° C.
Le précédent record était détenu par la station de recherche Vostok avec une température de -89.3°C le 21 juillet 1983.

samedi 7 décembre 2013

Des étranges bruits dans l'atmosphère

Depuis 2011, un peu partout dans le monde, des vidéastes amateurs publient sur Internet et les réseaux sociaux les enregistrements d'étranges bruits qu'ils auraient entendus dans l'atmosphère. La télévision s'en fit même l'écho.
Ces phénomènes semblent sans rapport avec une activité visible à la surface de la Terre ou dans l'air. Cela se produit de jour comme de nuit, en été ou en hiver, en ville ou dans les bois, par temps calme ou venteux, en présence ou non du Soleil ou de nuages, bref a priori dans toutes les conditions et n'importe où.
Sans exclure le canular, voici ce qu'ont rapporté les témoins.
Le phénomène
Ces bruits qui ressemblent au son émis par une corne de brume, au brame d'une horde de cerfs, aux grincement ou aux frottements d'un objet en métal sont généralement très puissants, longs (ils durent parfois plus d'une minute) et certains ont été entendus simultanément à mille kilomètres de distance, notamment au Canada.
Selon les journalistes, ni les scientifiques (acousticiens, géophysiciens, météorologues, experts de l'ionosphère, astronomes) ni les militaires ne connaissent l'origine de ces bruits.
Il est difficile de dire s'il s'agit de l'oeuvre de plaisantins (des vidéos truquées) ou de véritables phénomènes sonores non identifiés, des OSNI.
Certains webzines à sensations évoquent déjà des résonances liées à une anomalie du champ géomagnétique ou des phénomènes liés à l'activité des tremblements de terre, des tornades, quand on n'évoque pas des phénomènes à l'échelle globale voire extraterrestres.
Personnellement, de tels phénomènes n'ayant jamais été reportés jusqu'à aujourd'hui, j'aurais tendance à les considérer comme des canulars et d'autant plus considérant la facilité déconcertante avec laquelle on peut truquer des vidéos de nos jours.
Mais il faut garder l'esprit ouvert tout en étant critique et bien admettre qu'il existe des phénomènes inexpliqués et ceux-ci pourraient en faire partie.
Appel aux scientifiques
Parmi les scientifiques qui seraient à la meilleure place pour avancer une explication, il y avait les chercheurs du projet HAARP qui étudent les propriétés radioélectriques de l'ionosphère, un projet géré conjointement par l'USAF et l'Université d'Alaska.
Il existe d'autres projets notamment tous ceux sponsorisés par le DARPA pour le compte de l'armée américaine.
Il serait étonnant qu'aucun scientifique des agences américaines et des laboratoires high-tech qu'il finance n'aient pas entendu parlé de ce phénomène. L'absence de toute réaction de la communauté scientifique et de la plupart des journalistes est donc déjà un signe qui ne trompe pas.
En attendant que le mystère éventuel soit levé, toutes les spéculations sont possibles et ces bruits feront encore échos dans la presse à sensations tant que les scientifiques ne se penchent pas sur la question.
Rappelons que ces dernières années l'atmosphère nous a offert quelques phénomènes très inhabituels comme les sprites découverts en 1989 dans l'ionosphère liés à l'activité des nuages d'orages et  la grande spirale bleue apparue dans le ciel de Norvège en 2009 qui était la trace laissée par le lancement raté d'un missile russe.
Alors avant de se moquer, essayons d'abord de nous renseigner et de comprendre pourquoi la Terre gémit.
Dernières nouvelles
L'affaire s'est dissipée et plus personne n'en parle à l'image de l'écho d'un mystère rapidement éventé comme le sont tous les canulars.
Notons qu'un phénomène similaire réapparut en 2016.

mercredi 11 septembre 2013

Deux pandas géants attendus au printemps à Pairi Daiza

Le parc animalier de Pairi Daiza (ex Paradisio) à Brugelette accueillera bientôt deux pandas géants prêtés par la Chine, a confirmé le Premier ministre chinois Li Keqiang à son homologue belge Elio Di Rupo, qu'il a rencontré le 11 septembre.
Pairi Daiza a déclaré dans un communiqué de presse que les deux pandas arriveront en Belgique au printemps 2014. Le couple y vivra pendant 15 ans.
Ce partenariat s'inscrit dans le cadre d'un programme international de sauvegarde et de reproduction des pandas géants, emblèmes des espèces en voie de disparition,
Les deux pandas seront visibles dans le jardin chinois, spécialement aménagé pour la circonstance, où de nouvelles installations ultramodernes ont été intégrées dans un paysage rappelant la province du Sichuan où vivent les derniers pandas géants.
Une équipe de scientifiques chinois sera également sur place en permanence pour veiller à la santé des deux pandas, âgés de quatre ans.
Aujourd'hui, dans le monde il y 46 pandas géants en captivité. Ils vivent dans 17 zoos dont 4 en Europe (Beauval, Vienne, Edimbourg et Madrid). Brugelette sera donc le 5eme parc animalier européen ayant le privilège d'abriter des pandas géants.



Cette décision a suscité l'émoi et la jalousie du Zoo d'Anvers, qui a déploré dans la presse de ne pas recevoir les pandas en priorité. Les membres de la N-VA n'ont pas hésité à en faire une histoire communautaire.
Une espèce en voie de disparition 
Selon le WWF, en Chine, en 2004 la population de pandas géants fut estimée à environ 1600 individus, soit 40% de plus qu'en 1980. L'espèce est toujours menacée d'extinction (Cf. la liste rouge de l'IUCN), d'où l'intérêt qu'ils se reproduisent en captivité.
Certains ont été réintroduits dans leur milieu naturel, mais ce fut un échec car on ne peut pas apprendre à ce sympathique nounour les stratégies pour survivre dans la nature.
Donc la captivité ne sauvera pas les pandas géants; elle vise uniquement à sensibiliser le public et les gouvernements pour qu'ils participent à la protection de leur habitat naturel.

jeudi 1 août 2013

Doel, un village abandonné

Doel est un petit village belge de la commune flamande de Beveren située au nord d'Anvers, sur la rive gauche de l'embouchure de l'Escaut, à quelques brasses des docks où accostent les supercontainers du monde entier.

Vue aérienne du village de Doel sur la rive gauche de l'Escaut.
Pour arriver dans le village, suivez la direction de Doel, dirigez-vous vers les docks 1708-1800 où s'alignent les hangars d'entreprises puis roulez encore quelques kilomètres vers le nord, localement dans une zone non balisée (j'ai l'impression d'être au bout du monde), pour rejoindre la chaussée Engelsesteeweg. C'est une longue voie sans issue orientée vers l'est qui conduit à Doel et qui se termine devant une digue culminant à environ 15 mètres de haut, protégeant le village d'une éventuelle crue du canal.

Doel vu depuis la digue. La chaussée d'Engelsesteweeg est sur la droite, coté nord.
Le Vieux Doel
Le village est délimité au sud par la rue Camermanstraat, au nord par la chaussée Engelsesteenweg, à l'ouest par la rue Hoofhuistraat et à l'est par l'Escaut. La centrale nucléaire de Doel est située 1 km plus au nord dont on voit les réfrigérants depuis le canal.
Réduit à un espace habité d'environ 150 ha, le village s'articule autour de 3 ou 4 rues perpendiculaires et comprend environ 300 habitations. 26 personnes y résident encore.
Profitant d'un weekend ensoleillé, je suis arrivé à Doel le dimanche 28 juillet 2013 au matin. A part les noeuds autoroutiers et les périphériques urbains un plus plus denses, la route était dégagée.

Les premières maisons qu'on aperçoit en arrivant à Doel, sur le côté droit de la chaussée d'Engelsesteenweg.
10h30. En arrivant à Doel, j'ai le sentiment étrange que le village est endormi. Tout est calme, trop calme, même pour un dimanche à la campagne.
Je ne vois personne et à peine une poignée de voitures sont garées le long d'Engelsesteeweg. Même le moulin à vent s'est figé. Je ne croise personne, juste une voiture s'éloigne et semble déserter le village.

Les surprises se succèdent...
Le temps est serein et je me dis qu'en principe le village devrait doucement se réveiller. Mais à mesure que l'heure avance, tout reste calme et inanimé. C'est étonnant car la chaussée principale est entretenue et rien ne laisse présager ce que je vais découvrir.


A mesure que je me rapproche de la digue qui se profile à l'horizon je découvre un rez-de-chaussée condamné et partiellement tagué, plus loin un graffiti sur une façade, puis deux puis c'est l'envolée fantastique !
C'est alors que je réalise que je suis bien arrivé dans ce village qu'on dit abandonné... Que s'est-il passé à Doel ? Comment un village peut être abandonné en Belgique ?

 

L'extension du port d'Anvers
Tout commença en 1963, lorsque le gouvernement décida d'augmenter la capacité du port d'Anvers et d'agrandir les docks, ce qui devait entraîner l'expropriation de tous les propriétaires de Doel et du pays de Waas et la disparition du village.

 
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En 1968, on interdit les nouvelles constructions puis vint la crise des années '70 et le projet tomba à l'eau. Mais le projet d'expropriation n'a jamais réellement été abandonné et est revenu à l'ordre du jour des gouvernements flamands successifs, y compris d'Agalev, les Ecolo flamands. 


En 2002, le conseil d'Etat gela toute modification du plan de secteur, Doel restait une zone résidentielle. Mais en 2007 la Région flamande prit la décision de construire un nouveau bassin à marée, le "Saeftinghedok", qui exigeait l'expropriation et la démolition de l'ancien Doel.


Certains habitants irréductibles se sont opposés au projet et ont reçu le soutien de divers artistes qui sont venus dessiner des graffiti sur les immeubles abandonnés.


Les médias se sont faits l'écho du combat des habitants et ont fait la renommée du village et de ses graffiti. Depuis c'est le status quo. 
D'ailleurs, au premier étage de cette maison située au carrefour de Pastorijstraat et Visserstraat je lis "Doel moet blijven !!!" (Doel doit rester !!!). C'est une banderole du comité de soutien Doel 2020 qui s'oppose à l'expropriation.

 

Près de l'ancienne pompe à essence un graffiti rappelle également leur action. Le combat n'est pas terminé.

 

Des graffiti et la désolation partout
A la fois curieux, incrédule et excité par ce que je découvre, j'explore le village. Soudain, au détour d'une rue je découvre un rat de dix mètres de long dessiné sur toute la façade d'une maison en brique ! La plupart ont été peints à la bombe en 2009 par Jiem, Roa et Resto. D'autres ont été peints à la brosse et la bombe en 2010 par Emer.K, Flavia et Grolou.

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Plus loin plusieurs graffiti ornent tout le rez-de-chaussée d'une maison. Près de la digue, une maison entière a été peinte en rouge et des silhouettes ornent les fenêtres du premier étage. Mais l'intérieur est saccagé.
D'ailleurs la Gazette locale rappelle que les rares habitations encore meublées sont périodiquement cambriolées.


Au hasard de mon exploration, j'entre dans une maison abandonnée et découvre sur le mur du garage un immense graffiti aux couleurs chatoyantes que peu de visiteurs ont sans doute eu l'occasion de voir. 

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Dans cette allée de parking, toutes les portes de garages ont été taguées et les tagueurs n'ont pas manqué d'imagination. Voici quelques exemples.

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Plus loin les fenêtres sont couvertes de graffiti colorés. Entre deux blocs de maisons je découvre un terrain vague, une grande table en bois pourrie et des chaises en plastique renversées d'un autre âge. Ca ne me réjouit pas, ce coin est vraiment en friche et c'est la même situation un peu partout dans le village.


A mesure que je m'avance et parcours les rue je ressens une grande désolation : les rues sont désertes, dans beaucoup d'habitations les portes et fenêtres ont été condamnées, fermées par des plaques de contreplaqués ou même en métal.
Parfois les vitres sont brisées, les volets sont baissés, les portes de garage ont disparu ou les plans d'eau sont envahis de mousses et de détritus.


Même les pompes à essence ont été éventrées et taguées. Mises à vif, ces trois machines ressemblent encore plus à des robots, leur donnant un look de fin du monde.

Ces pompes vandalisées sont à l'entrée du village sur Engelsesteenweg.
D'autres endroits sont plus lyriques. Au fond d'une prairie, sur une barricade en ciment je découvre le graffiti d'un cochon bleu apparaissant entre des berces du Caucase, une plante invasive et toxique.


Sur le mur aveugle d'une autre maison en ruine, une sorte de corbeau a été dessiné dans son contexte. Un peu plus loin c'est un merle.

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Malgré l'état délabré des lieux, même Mona Lisa a trouvé sa place au-dessus des ruines d'un feu ouvert.


Je m'enfonce dans une allée de garages et découvre les débris d'un banc et d'autres graffiti perdus parmi les fleurs sauvages. Ici aussi les tagueurs ont pris soin de mettre le personnage en situation.


Je visite une autre rue. Un chat abandonné attend sur le trottoir que le temps passe. Un autre s'est installé au Soleil à l'abri des regards indiscrets.
Voilà encore un mur tagué. Il mêle formes abstraites et personnages chimériques.

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Au loin, entre les herbes sauvages je distingue deux têtes très colorées peintes sur le mur extérieur d'un hangar abandonné. Les herbes sont déjà hautes et dans quelques années les graffiti ne seront probablement plus visibles de la route.


Des peintures sur bois ont également été exposés sur certaines fenêtres.

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Des hommes et des fleurs parmi les graffiti
Tiens, des fleurs décorent l'appui de fenêtre extérieur de cette belle maison de maître en briques et un peu plus loin je découvre une habitation visiblement entretenue. Je suis dans la rue Hooghuistraat. Ici plusieurs dizaines de maisons sont encore habitées, en témoignent les voitures garées devant les portes.


Quelqu'un vient justement de sortir sa voiture du garage et s'en va avec son enfant. C'est étrange, comme si les graffiti et cette atmosphère de désolation ne dérangeaient pas cette famille.
Plus loin un habitant ouvre la porte d'un immeuble en bon état et en sort quelques colis. La maison lui appartient toujours mais il n'y habite plus. Il repart sans s'attarder.
L'église aussi est entretenue et vient de sonner midi ! Il y a donc encore un peu de vie à Doel !


Il y a également un café taverne baptisé "Doel 5" rue Parkstraat. Lui au moins n'est pas tagué ! Il est fréquenté par quelques touristes de passage et des jeunes qui discutent sur la terrasse.
Le "Doel5" donne sur un petit parc pour enfants. Le toboggan rouge et bleu est entretenu ainsi que les plantations mais le parc est désert et comme partout ici les murs des habitations qui l'entourent sont couverts de graffiti.


Le contraste est navrant et ne donne pas trop envie d'y jouer, d'ailleurs il n'y a pas d'enfants ici.
En revanche, il y a toujours un abri d'autobus et un bus municipal s'y arrête quelques fois par jour.
Au détour d'un raccourci je découvre une série de graffiti dans une allée et un portrait digne d'une BD signé MDZ. Quand il est bien dessiné, un graffiti vaut le détour.

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Mais ce n'est pas partout le cas. Sur certaines façades les tagueurs se sont exprimés, occupant l'espace, sans plus. Les graffiti ont si peu de style qu'ils ne rendent pas hommage aux autres artistes. Je ne les ai pas présentés ici.
L'intérieur des habitations est pire encore. Certaines portes sont entr'ouvertes ou ont été retirées, laissant entrevoir un chaos de débris. Ces immeubles sont insalubres et certains devraient être rasés par sécurité.

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Il est temps pour moi de faire une pause. Je m'installe sur un banc face à l'Escaut. Je croise quelques habitants de la région qui se promènent en famille ou se baladent à vélo sur la digue.
On dirait que deux mondes se croisent : d'un côté les touristes qui ne voient que les graffiti, de l'autre les habitants de la région qui ne les regardent même plus.


Sur la digue aussi le contraste est étonnant, entre tradition et modernité : le moulin à vent se dresse toujours face à la centrale de Doel... Oui, il y a de l'énergie à revendre ici.


Images infrarouge à 665 nm
Pour terminer cette visite, je profite de l'occasion pour faire quelques photos en proche infrarouge à 665 nm avec un APN spécialement converti à cet usage. Voici deux images composites prises en lumière blanche (les graffiti) et en IR (l'arrière plan). On se croirait vraiment sur une autre planète !

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Répertoire des villes et objets abandonnés
Detroit, a city in decay, blog Desert Places
50 villes fantômes et abandonnées à travers le monde, Urban Ghosts
33 plus beaux endroits abandonnés du monde, BuzzFeed
Les villes fantômes les plus étranges du monde, iO9
17 villes abandonnées autour du monde (avec géolocalisation), Though Catalog.
Cet article a été consulté par plus de 1500 internautes et a été référencé sur d'autres sites. Il a également inspiré un reportage TV de la Une (RTBF) fin 2013. Merci pour votre intérêt.